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rabelaisien

rabelaisien, ienne [ rablɛzjɛ̃, jɛn ] adj.
• 1828; du nom de Rabelais
1Qui concerne l'œuvre de Rabelais.
2Qui a la gaieté libre et truculente, parfois cynique et grossière que l'on trouve chez Rabelais. Plaisanterie, verve rabelaisienne. gaulois. Scarron « avait une liberté de langage toute cynique et toute rabelaisienne » (Gautier).

rabelaisien, rabelaisienne adjectif Qui rappelle la verve truculente de Rabelais ; gaulois.

rabelaisien, enne
adj. Qui rappelle la verve truculente de Rabelais. Plaisanterie rabelaisienne.

⇒RABELAISIEN, -IENNE, adj.
A. — HIST. DE LA LITT.
1. Qui appartient à Rabelais, à son œuvre. Personnage, texte, style rabelaisien; prose rabelaisienne. Panurge, qui, dans l'œuvre rabelaisienne, symbolise le peuple, car ce nom est composé de deux mots grecs qui veulent dire:Celui qui fait tout (BALZAC, Splend. et mis., 1847, p. 527). Le Rabelais auquel ils [les hommes du XVIe siècle] songent, c'est bien un ivrogne et un bouffon, puisqu'il incarne en lui toutes les beuveries, les gaudrioles et les facéties du roman rabelaisien (L. FEBVRE, Sur Rabelais, [1931] ds Combats, 1953, p. 253):
1. Nulle part la vallée de la Loire n'est aussi animée et joyeuse que dans cette large ouverture qu'encadrent les coteaux de Chinon, de Bourgueil et de Montsoreau. L'esprit est alerte et la langue colorée, sur cette terre rabelaisienne où se déroule, entre Picrochole et Gargantua, une guerre moins fertile encore en coups qu'en paroles.
VIDAL DE LA BL., Tabl. géogr. Fr., 1908, p. 168.
2. Qui concerne Rabelais et son œuvre. Études rabelaisiennes. [Plattard] n'a cessé de participer aux recherches rabelaisiennes; nombres d'articles en témoignent et quelques études plus étendues, sur L'adolescence de Rabelais en Poitou notamment, sans compter une édition du texte même de Rabelais (L. FEBVRE, Sur Rabelais, [1931] ds Combats, 1953, p. 247). L'exégèse rabelaisienne nous montre aujourd'hui dans Gargantua et Pantagruel une boule de neige, qui ramasse toute l'humanité sur son passage, mais qui puise dans les environs de Chinon, dans la Devinière et Lerné, les mêmes origines qu'Ubu dans la classe du P H, Rennes et Thorigné (THIBAUDET, Réflex. litt., 1936, p. 172).
B. — 1. Qui rappelle les personnages de Rabelais, leur apparence physique, leur comportement, leurs propos; qui est énorme, gigantesque; qui aime bien manger et bien boire. Synon. gargantuesque, pantagruélique. Face, mine, panse rabelaisienne. Gérard contemplait la mine sensuelle et réjouie de Marius, large des épaules, rablé et maflu comme frère Jean des Entommeures, et il s'étonnait que cette poésie funèbre et macabre pût sortir de cette tête rabelaisienne (THEURIET, Mariage Gérard, 1875, p. 18). La démarche dandinante, un ventre plein d'embonpoint, laisse éclater (...) un sentiment rabelaisien et tout sensuel de la vie (THARAUD, Marrakech, 1920, p. 188). V. gaudisserie ex. de Balzac.
Empl. subst. Personne grosse et bonne vivante. C'était un gros rabelaisien à figure enluminée. Il ressemblait à ces moines que des illustrateurs plaisants, héritiers de l'esprit de Voltaire, représentent trinquant dans un cellier (JAMMES, Mém., 1922, p. 92).
2. Qui rappelle la langue, le style, l'esprit des œuvres de Rabelais; qui est gai, licencieux, grivois, parfois grossier et cynique. Synon. gaillard, gaulois, truculent. Langage, style rabelaisien; plaisanterie, verve rabelaisienne. L'esprit [des comédies napolitaines] est grossier, franchement rabelaisien (TAINE, Voy. Ital., t. 1, 1866, p. 101). [Georges Brassens] a, cette année, le goût de la chanson rabelaisienne et il en multiplie les échantillons. Dommage, car les plus belles de ses œuvres, ce sont ces histoires tendres, chaudes, qu'il sait si bien raconter (Le Nouvel Observateur, 28 sept. 1966, p. 39, col. 1):
2. La verve gauloise du temps de Henri IV était peu favorable à la mysticité. Tout n'était pas mauvais dans la franche gaieté rabelaisienne qui, à cette époque, n'était pas tenue pour incompatible avec l'état ecclésiastique.
RENAN, Souv. enf., 1883, p. 201.
Rire rabelaisien. Rire épanoui, moqueur. Tous trois s'attablèrent en analysant la société présente et riant d'un rire rabelaisien (BALZAC, Fille Ève, 1839, p. 110).
3. Subst. masc. Connaisseur de Rabelais, de son œuvre; partisan de sa doctrine; écrivain dont l'œuvre s'inspire de Rabelais. Le suffrage que quelques rabelaisiens très-précieux (BLOY, Journal, 1899, p. 370). À ce coup, Panurge se met très en colère (...) Molière, grand Rabelaisien, a mis cette scène dans son Mariage Forcé (A. FRANCE, Rabelais, 1909, p. 149).
REM. Rabelaisant, -ante, adj. et subst. masc. (Personne) qui étudie, qui est spécialiste de Rabelais, de son œuvre. Ayant pratiqué Rabelais beaucoup moins qu'il ne l'a fait lui-même (...) il y aurait quelque impertinence à disputer au pied levé avec un rabelaisien si rabelaisant (A. FRANCE, Vie littér., 1891, p. 30). On se demande parfois si ce rabelaisant de marque [J. Plattard] goûte Rabelais vraiment, profondément (L. FEBVRE, Sur Rabelais, [1931] ds Combats, 1953, p. 259). V. pantagruélique ex. de L. Febvre.
Prononc. et Orth.:[], [-ble-], fém. [-]. Att. ds Ac. 1935. Étymol. et Hist. 1. 1828 adj. « qui a rapport à Rabelais, à son œuvre » (SAINTE-BEUVE, Tabl. poés. fr., p. 278: le genre rabelaisien); 1829 (L. J. CATALAN, Galerie rabelaisienne, ornée de 76 gravures, Paris ds Catal. gén. des l. imprimés de la Bibl. Nat.); 1903 R. Ét. rabelaisiennes; 1836 subst. « partisan de Rabelais » (LAND.); 2. 1830 adj. « qui rappelle la verve, les personnages de Rabelais » (BALZAC, Œuvres, Feuilleton des journaux politiques, 3 mars, XXII, p. 32, Calmann-Lévy ds QUEM. DDL t. 12: pensée rabelaisienne); 1830 (ID., Œuvres div., t. 1, p. 430: les joyeusetés rabelaisiennes); 1839 rire rabelaisien (ID., Fille Ève, p. 110). Dér. au moyen du suff. -ien de Rabelais, nom d'un écrivain fr. du XVIe s. Cf. au XVIe s. les synon. rabelaitique (1566-67, H. ESTIENNE, Avertissement de l'Apologie pour Hérodote, éd. P. Ristelhuber, t. 1, p. XII: des trais Rabelaitiques) et rabeliste (1571, M. DE LA PORTE, Épithètes, 168 v °: Mocqueur [...] rabeliste), et l'angl. Rabelaisian (1817 ds NED Suppl.2: Rabelaisian humour). Fréq. abs. littér.:44.

rabelaisien, ienne [ʀablɛzjɛ̃, jɛn] adj.
ÉTYM. 1830, in D. D. L.; du nom de Rabelais.
1 Qui se rapporte à Rabelais, est digne de Rabelais.
(1903). Par ext. Qui concerne l'œuvre de Rabelais. || Études rabelaisiennes.
2 Qui a la gaieté libre et truculente, parfois cynique et grossière, que l'on trouve chez Rabelais. || Plaisanterie, verve rabelaisienne. Gaulois.|| « Il est très rabelaisien dans ses propos » (Académie).
0 Sous cette douce influence, Scarron, qui avait une liberté de langage toute cynique et toute rabelaisienne, se corrigea de ses vilains mots et de ses équivoques.
Th. Gautier, les Grotesques, X, p. 390.

Encyclopédie Universelle. 2012.