rebrousser [ r(ə)bruse ] v. <conjug. : 1> I ♦ V. tr.
1 ♦ Relever (les cheveux, le poil) dans un sens contraire à la direction naturelle. Elle gratte « en rebroussant les poils du tapis » (Queneau). — Par ext. Le vent qui rebrousse les feuilles, les palmes. — Pronom. Des sourcils « dont le poil se rebroussait en virgule » (Gautier). — (1723) Techn. Passer un instrument sur (le cuir) de manière à abattre le grain et l'adoucir.
2 ♦ (v. 1590) Cour. REBROUSSER CHEMIN : s'en retourner en sens opposé au cours d'un trajet (cf. Revenir sur ses pas). Ne pouvant passer, il dut rebrousser chemin. — Rebrousser le cours d'un fleuve.
II ♦ V. intr. Vx ou techn. Ne pas mordre sur la matière qu'on veut couper. « son aubier est si dur qu'il fait rebrousser les meilleures haches » (Bernardin de Saint-Pierre).
● rebrousser verbe transitif (ancien français reborser, de rebours) Relever le poil, les cheveux, etc., dans le sens contraire à leur sens naturel : Rebrousser le poil d'un chat. ● rebrousser (expressions) verbe transitif (ancien français reborser, de rebours) Rebrousser chemin, revenir en arrière. Rebrousser le poil à quelqu'un, le mécontenter, le mettre de mauvaise humeur.
rebrousser
v. tr.
d1./d Relever (les poils, les cheveux) dans un sens contraire à la direction naturelle. Le vent rebroussait la crinière du cheval.
d2./d Rebrousser chemin: faire demi-tour.
⇒REBROUSSER, verbe
I. — Empl. trans.
A. — Rebrousser qqc.
1. Relever, dresser dans le sens contraire au sens naturel ou habituel. Rebrousser les poils d'une fourrure. Je vais me promener à pas comptés dans des landes, me faire rebrousser les cheveux par le vent (GIONO, Bonheur fou, 1957, p. 286). Avant d'utiliser une brosse: la rebrousser à plusieurs reprises pour éliminer les soies mal fixées (BONNEL-TASSAN 1966, p. 138). V. houppe B ex. Part. passé adj. Il se teignait la moustache, qu'il portait toute raide et rebroussée (DUHAMEL, Notaire Havre, 1933, p. 97).
♦ Expr. fig. Rebrousser le poil à qqn. Irriter, contrarier quelqu'un. Il suffit que l'on possède pour leur devenir ennemi, surtout que l'on possède par héritage... Cela leur rebrousse le poil... (PESQUIDOUX, Livre raison, 1932, p. 41).
— PEAUSS. Rebrousser les peaux. Les passer à la marguerite ou à la paumelle pour abattre le grain et les adoucir. (Dict. XIXe et XXe s.).
2. Synon. de retrousser. Le soleil le contraignait à cligner des yeux, en rebroussant la lèvre supérieure sur les dents. Sa grimace se changea en une petite convulsion désolée (COLETTE, Naiss. jour, 1928, p. 41). Elle se couche, rebrousse sa jupe, écarte les jambes, et voilà mon Gagou sur elle (GIONO, Colline, 1929, p. 101).
3. Loc. Rebrousser chemin. Revenir en arrière. Un temps affreux nous fit rebrousser chemin vers le nord (GIDE, Journal, 1910, p. 294). Rebrousser le cours d'une rivière, d'un fleuve. Naviguer en remontant le courant. Des barques, traînées par de forts chevaux, rebroussoient le cours du fleuve (CHATEAUBR., Natchez, 1826, p. 225).
B. — Au fig. Rebrousser qqn. Irriter, contrarier. Maintenant avant toute chose, il faut être cagot. J'ai le devoir et le droit de protéger mon fils contre qui que ce soit, fût-ce contre vous. Même si, bien des fois, il me rebrousse et m'attriste. Même s'il n'est pas tout à fait ce que je voudrais qu'il fût (MONTHERL., Fils personne, 1943, II, 5, p. 309). Ce qui me rebrousse dans cette bigoterie, c'est qu'on y prend les manières des riches et des puissants (GIONO, Voy. Ital., 1953, p. 193).
II. — Empl. intrans.
A. — 1. Se relever en sens contraire, se hérisser. Ses cheveux rebroussent (DUB.).
— Empl. pronom. Mademoiselle Marie (...) avait (...) quelques mèches folles et rebelles (...) il y en avait une entre autres, qui s'obstinait, quoi qu'on pût faire, à se rebrousser hors du peigne et des rubans (FEUILLET, Camors, 1867, p. 204).
2. Dépasser, déborder. [Manette] les enfonçait [ses pieds] en se dressant, sur le tapis de Smyrne: le bout de ses ongles rougis blanchissait, et un peu de chair rebroussait par dessus (GONCOURT, Man. Salomon, 1867, p. 213).
B. — 1. Revenir en arrière, en sens contraire. Des chiens, sous l'échafaud, léchaient le sang de la veille. Brotteau rebroussa vers la rue Honoré (A. FRANCE, dieux ont soif, 1912, p. 179).
— Reculer, battre en retraite. Il eut, en ce temps-là, mille vassaux en trousse, Serfs et soudards, bandits de la plaine et du Rhin, Son cri de guerre étant: Sus! Oncques ne rebrousse! (LECONTE DE LISLE, Poèmes trag., 1886, p. 113).
♦ Constr. factitive. Ils vaguaient au hasard le long des grands chemins, Haillonneux et geignant et se tordant les mains, Et faisant rebrousser les loups, rien qu'à la mine! (LECONTE DE LISLE, Poèmes barb., 1878, p. 280).
— CHASSE. [Le suj. désigne un animal traqué] Forcer la ligne des rabatteurs pour revenir en arrière (d'apr. Chasse 1974). Un ou deux fusils peuvent être placés sur la ligne des batteurs pour tirer les lapins qui « rebroussent » et seulement ceux-ci (VIDRON, Chasse, 1945, p. 48).
2. Remonter, aller en arrière. Les rivières rebrousseront contre leur source, vers leur source, avant que... (Ac.). P. métaph. Pour que je vous chérisse encore, il faut que je remonte les années, que je rebrousse vers ce passé qui ne reviendra plus! (TOEPFFER, Nouv. genev., 1839, p. 85).
C. — Rebondir sur un corps résistant. Le poignard, au lieu de pénétrer dans la poitrine du comte, rebroussa émoussé (DUMAS père, Monte-Cristo, t. 2, 1846, p. 351).
— Constr. factitive. Son écorce est si dure, qu'elle fait rebrousser le fer des haches (BERN. DE ST-P., Harm. nat., 1814, p. 221).
Prononc. et Orth.:[], (il) rebrousse []. BARBEAU-RODHE 1930: je rebrousse [], []. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. A. Verbe intrans. 1. 1160-74 reborser « empirer, diminuer » (WACE, Rou, éd. A. J. Holden, III, 5536); 2. ca 1500 rebourser « revenir en arrière » (Un ms. interpolé de la Chronique scandaleuse ds Bibl. de l'Ecole des Chartes, t. 17, p. 559); 1580 rebrousser (MONTAIGNE, Essais, éd. P. Villey et V. L. Saulnier, p. 738); 3. 1539 rebourcer « rebondir en arrière d'un obstacle » (G. CORROZET, Les Blasons domestiques d'Amour et d'une dame, Poésies fr. du XVe et XVIe s., VI, p. 284); 4. ca 1465 la pointe se rebroussa (G. CHASTELLAIN, Chroniques, éd. K. de Lettenhove, t. 4, p. 170). B. Verbe trans. 1. 1178 « retrousser la peau d'un animal » (Renart, éd. E. Martin, br. 14, 785); 2. fin XIVe s. « relever en sens contraire du sens naturel » (E. DESCHAMPS, Balade, Des têtes chauves à la cour ds Œuvres, éd. Queux-de-St-Hilaire, t. 5, p. 47); 3. 1452 rebourser le chemin (JEAN DE BUEIL, Le Jouvencel, éd. L. Lecestre, t. 2, p. 16); 1576 rebrousser de chemin (VIGENERE, Comm. de Cesar, p. 365 ds GDF.); 1589 rebrousser chemin (C. PINSELET, Particularites notables des massacres et assassinats... de Mr Le Cardinal de Guyse et de Mgr le Duc de Guyse, p. 39 ds LITTRÉ); 4. 1723 peauss. rebrousser les peaux (SAVARY). Dér. de rebours; dés. -er. Rebourser est devenu rebrousser, peut-être sous l'infl. de trousser. Fréq. abs. littér.:315. Fréq. rel. littér.:XIXe s.: a) 347, b) 519; XXe s.: a) 486, b) 466.
DÉR. 1. Rebroussage, subst. masc. a) Bonnet. ,,Empilage de mailles d'un tricot sur les poinçons d'un peigne ou sur les aiguilles d'un métier, afin de continuer le tricotage dans les mêmes mailles`` (Lar. encyclop.). b) Peauss. ,,Opération qui a pour but d'assouplir le cuir, de lui rendre son grain naturel`` (DUVAL 1959). — []. — 1re attest. 1959 « opération qui a pour but d'assouplir le cuir » (ibid.); de rebrousser, suff. -age. 2. Rebroussis, subst. masc. État de ce qui est relevé à rebours, à contre-poil. Tout le feuillage s'anime ensemble, s'émeut d'un bruit léger d'averse: une pluie d'été allègre (...) chuchotement des feuilles vibrantes, vertes et lisses au rebroussis d'argent (GENEVOIX, Routes avent., 1958, p. 173). — []. — 1re attest. 1905 (TOULET, Nane, p. 217); de rebrousser, suff. -is.
rebrousser [ʀ(ə)bʀuse] v.
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I V. intr.
1 Vieilli. Revenir en arrière, sur ses pas. || Rebrousser en arrière (cit. 7, La Fontaine). ⇒ Retourner.
2 Techn. Manquer à couper en marquant un recul, en parlant d'un instrument tranchant. || Aubier dur qui fait rebrousser les meilleures haches (cit. 2).
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II (XIIIe). V. tr.
1 Relever (les cheveux, le poil) dans un sens contraire à leur direction naturelle (→ Manier à contre-poil, à rebours, à rebrousse-poil). || Rebrousser les poils (cit. 30) d'un tapis. — Par ext. || Le vent qui rebrousse les feuilles, les palmes (→ Bruit, cit. 7). — Pron. || Se rebrousser (→ Circonflexe, cit. 3).
♦ (1723). Techn. || Rebrousser le cuir : passer un instrument sur la fleur de manière à en abattre le grain (⇒ Corroyage).
2 ☑ (V. 1590). Rebrousser chemin (cit. 7) : se déplacer, diriger sa marche dans un sens opposé au sens antérieur. ⇒ Aller (en arrière).
1 (L'arche) força le Jourdain de rebrousser son cours.
Racine, Athalie, V, 1.
♦ Remonter (le cours d'un fleuve).
2 (…) des barques, traînées par de forts chevaux, rebroussaient le cours du fleuve.
Chateaubriand, les Natchez, VII.
3 (…) les cent frénétiques reculant pas à pas comme une bête rebroussée, gestes abattus, jusqu'à la limite de l'ombre où la foule s'ouvrit devant eux.
Malraux, Antimémoires, Folio, p. 178.
4 Techn. || Rebrousser les mailles. ⇒ Rebroussage.
➪ tableau Verbes exprimant une idée de mouvement.
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DÉR. Rebroussage, rebroussement, rebrousseur, rebroussoir.
COMP. Rebrousse-poil (à).
Encyclopédie Universelle. 2012.