répugner [ repyɲe ] v. tr. <conjug. : 1>
• 1213 « résister à »; lat. repugnare « lutter contre, être en contradiction avec »
I ♦ V. tr. ind. RÉPUGNER À.
1 ♦ Éprouver de la répugnance pour (qqch.), être dégoûté par la perspective de. « Personnellement il ne répugnait pas à la perspective d'une guerre » (Romains). (Suivi de l'inf.) « Sa jeune fierté répugnait à paraître parmi la noblesse de la province » (Gautier).
2 ♦ (1718) Inspirer de la répugnance à (qqn); faire horreur. Cette nourriture lui répugne. ⇒ dégoûter, déplaire. « La maîtresse du Prussien... Ah ! non, par exemple ! Il est affreux, il me répugne » (Zola). — Impers. Il lui répugne d'avoir à quémander.
II ♦ V. tr. Littér. Dégoûter, rebuter (qqn). « Labre, dont la vermine et la puanteur répugnaient les hôtes mêmes des étables » (Huysmans).
⊗ CONTR. Attirer, charmer.
● répugner verbe transitif indirect (latin repugnare, s'opposer à) Inspirer à quelqu'un du dégoût, de la répugnance, de l'aversion physique : Cette nourriture lui répugne. Inspirer à quelqu'un du mépris, de l'écœurement, de l'aversion morale : Cet individu me répugne. Éprouver de l'aversion à faire quelque chose : Je répugne à accuser un ami. ● répugner (synonymes) verbe transitif indirect (latin repugnare, s'opposer à) Inspirer à quelqu'un du dégoÛt, de la répugnance, de l'aversion...
Synonymes :
- écoeurer
- rebuter
Contraires :
- allécher
- attirer
- plaire
Inspirer à quelqu'un du mépris, de l'écœurement, de l'aversion morale
Synonymes :
- dégoûter
- déplaire
Contraires :
- adorer
- aimer
- brûler de
- charmer
- fasciner
- se plaire à
- séduire
Éprouver de l'aversion à faire quelque chose
Synonymes :
- abominer
- détester
- renâcler
Contraires :
- désirer
- rêver de
répugner
v. tr. Dégoûter. Son aspect me répugnait fort.
|| Répugner à: éprouver de la répugnance pour. Répugner à la violence.
|| (Suivi d'un inf.) Répugner à mentir.
⇒RÉPUGNER, verbe trans. indir.
A. — Qqc. répugne (à) qqn/qqc.
1. [La cause est phys., concr.] Inspirer de la répugnance à. Synon. dégoûter, écœurer.
a) Rare, vieilli. [Avec un compl. d'obj. dir.] J'ai à décrire les Bienheureux qui sont, pour la plupart, déplorablement sales: Labre, dont la vermine et la puanteur répugnaient les hôtes mêmes des étables (HUYSMANS, Là-bas, t. 2, 1891, p. 27).
b) [Avec un compl. d'obj. indir.] Si les perruques de cheveux (...) ont le malheur de répugner à votre altesse sérénissime, que votre altesse essaie des perruques de soie! (BOURGES, Crépusc. dieux, 1884, p. 193):
• ... beaucoup d'entre elles [les femmes] sont sujettes à des fleurs blanches (...). Quelques auteurs ont proposé l'inspection de la partie souffrante, pour s'assurer quel est le siège et l'origine de l'écoulement. Mais, outre que ce moyen répugne à la pudeur des femmes honnêtes, il est souvent incertain et trompeur.
GEOFFROY, Méd. prat., 1800, p. 528.
2. [La cause est morale, abstr.] Être en opposition, en contradiction avec. Synon. déplaire, dégoûter, faire horreur. L'association répugne à l'homme autant qu'elle lui est nécessaire (PROUDHON, Syst. contrad. écon., t. 2, 1846, p. 104). Une de ces carrières toute remplie d'occupations extérieures répugne à mes goûts (MASSIS, Jugements, 1923, p. 46).
— Rare. [Le compl. désigne un inanimé] Ces antiques provinces [telle la Bretagne] étaient un étang; courir répugnait à cette eau dormante; le vent qui soufflait ne les vivifiait pas, il les irritait (HUGO, Quatre-vingt-treize, 1874, p. 23).
B. — Empl. impers. Il (cela) répugne à qqn de + inf. Il est contraire aux goûts, aux tendances de quelqu'un de. Il lui répugne [au Grec] de se courber vers la terre (ABOUT, Grèce, 1854, p. 63). Mary-Ann fit observer à son tour qu'il lui répugnait de quitter ses pendants d'oreilles (ABOUT, Roi mont., 1857, p. 157).
— Vieilli. Il répugne que. Il ne répugne donc pas qu'un moderniste soit arrivé à ses conclusions indépendamment de Kant et de Spencer (Théol. cath. t. 4, 1 1920, p. 811).
C. — Qqn répugne à qqc. Éprouver beaucoup d'aversion pour quelque chose, être rebuté par quelque chose, l'accepter difficilement. Ceux (...) qui répugnent aux remèdes proposés (SAINTE-BEUVE, Port-Royal, t. 2, 1842, p. 117). On peut vivre dans le siècle et croire à l'éternel. Cela s'appelle accepter. Mais je répugne à ce terme et je veux tout ou rien (CAMUS, Sisyphe, 1942, p. 118).
♦ [P. méton. du suj.] Le moralisme et l'idéalisme suisses ont répugné absolument au roman naturaliste (Arts et litt., 1936, p. 38-4).
♦ Rare. Qqn répugne qqc. La marquise bien faible, toujours couchée, pauvre femme, répugnant toujours la soupe à l'ail (A. DAUDET, Port-Tarascon, 1890, p. 205).
— [L'obj. est un subst. d'action] C'est pour moi-même, pour mes aises propres, que je répugne à la dépense (GIDE, Ainsi soit-il, 1951, p. 1168). L'on répugne à l'établissement d'un statut juridique global (SCELLE, Fédéralisme eur., 1952, p. 47).
— Répugner à + inf. Je répugne à voir couler le sang (A. FRANCE, Dieux ont soif, 1912, p. 73). La plupart des romanciers répugnent à écrire pour le théâtre (MAURIAC, Journal 3, 1940, p. 257).
♦ Rare [Le suj. désigne un inanimé] Les maisons répugnent à ouvrir des fenêtres sur l'extérieur, les communications intérieures s'opèrent par des passages couverts (MEYNIER, Paysages agraires, 1958, p. 36).
REM. Répugné, -ée, part. passé en empl. adj., rare. Qui éprouve de la répugnance. Synon. dégoûté, écœuré. Il courut chez une prostituée qu'il connaissait (...). Jamais il n'avait plus exécré la chair, jamais il ne s'était senti plus répugné, plus las qu'au sortir de cette chambre! (HUYSMANS, Là-bas, t. 1, 1891, p. 151).
Prononc. et Orth.:[], (il) répugne [-]. Ac. 1694, 1718: repugner; dep. 1740: ré-. Étymol. et Hist. 1. a) 1213 repugnant part. prés. adj. « contraire, opposé, résistant » venins forz et si repugnanz (Faits des Romains, éd. L. F. Flutre et K. Sneyders de Vogel, p. 612, ligne 25); ca 1365 [ms. XVe s.] repugner a « s'opposer à, être contraire » (N. ORESME, Monnaies, éd. Wolowski, p. XIII); b) 1662 « mettre obstacle à » (CORNEILLE, Sertorius, Au lecteur ds Œuvres, éd. Ch. Marty-Laveaux, t. 6, p. 359); 2. a) av. 1553 « ressentir une grande aversion à faire quelque chose » repugnant part. prés. adj. (HUGUES SALEL, Ballade de deux amoureux, 25 ds Œuvres poét., éd. L. A. Bergougnioux, p. 265); b) 1643 « manquer d'enthousiasme pour faire quelque chose (+ inf. ou nom verbal) » (ROTR.[OU], Bélis., IV, 8 ds LITTRÉ); 3. 1718 « (d'une chose ou de personnes) inspirer de la répugnance à quelqu'un » (Ac.); cf. 1785 [une] saveur [...] répugnante (BUFFON, Hist. nat. des minéraux, Paris, Impr. royale, t. V, p. 93). Empr. au lat. class. repugnare « lutter contre, s'opposer à; être incompatible avec quelque chose ». Fréq. abs. littér.:912. Fréq. rel. littér.:XIXe s.: a) 985, b) 1 602; XXe s.: a) 1 392, b) 1 340.
répugner [ʀepyɲe] v.
ÉTYM. 1213, « résister à »; lat repugnare « lutter contre, s'opposer à, être en contradiction avec ».
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I V. intr. || Répugner à.
A Vx. Être opposé à…; être en contradiction avec… || « Cette proposition répugne à la première » (Académie, 1694).
1 (XVIe-XVIIe). Éprouver de la répugnance (B.) pour (qqch.). || Son estomac répugne aux nourritures nouvelles (→ aussi 1. Prime, cit. 2). || Personnellement il ne répugnait pas à la perspective d'une guerre (→ Civil, cit. 12). — Répugner à…, suivi de l'inf. (⇒ Haïr, vx; → aussi fonds, cit. 16; forme, cit. 81; 1. or, cit. 15). — Rare. || Répugner de… || « Ils répugnent de montrer leurs corps sans vêtement » (Raucat, l'Honorable Partie de campagne, in Sandfeld).
0.1 Tâchons de nous vaincre, et nous conviendrons bientôt de leur saveur; nous répugnons aux médicaments, quoiqu'ils nous soient pourtant salutaires; accoutumons-nous de même au mal, nous n'y trouverons bientôt plus que des charmes (…)
Sade, Justine…, t. I, p. 200.
1 L'auteur de ce livre connaît autant que personne les nombreux et grossiers défauts de ses ouvrages. S'il lui arrive trop rarement de les corriger, c'est qu'il répugne à revenir après coup sur une œuvre refroidie.
Hugo, Cromwell, Préface.
2 Sa jeune fierté répugnait à paraître parmi la noblesse de la province aux fêtes et aux chasses sans l'équipage convenable à sa qualité.
Th. Gautier, le Capitaine Fracasse, I.
3 Fils d'un ouvrier maçon, venu du Limousin, né à Paris et répugnant à l'état de son père, il s'était engagé dès l'âge de dix-huit ans.
Zola, la Débâcle, I, I.
4 (…) le peuple répugne toujours à admettre la mort naturelle des grands personnages.
M. Barrès, Leurs figures, p. 149.
2 (1718). Inspirer de la répugnance physique ou morale à (qqn). || Cette nourriture lui répugne. ⇒ Dégoûter (1.), déplaire. || L'odeur de la musaraigne (cit.) répugne aux chats. || Des procédés qui nous répugnent. ⇒ Abominer, dégoûter, horreur (faire horreur à). → 1. Politique, cit. 16.
5 (…) ils se gênent toute leur vie à faire ce qui leur répugne, et n'omettent rien de servile pour commander.
Rousseau, Rêveries…, VIe promenade.
6 — La maîtresse du Prussien… Ah ! non, par exemple ! Il est affreux, il me répugne (…) Non, non, jamais; j'aimerais mieux mourir !
Zola, la Débâcle, III, VI.
♦ Absolt. || Cela répugne. — Impers. || Il me répugne de…, suivi d'un infinitif.
7 Le catholicisme, pour l'immense majorité de ceux qui le professent, n'est plus le catholicisme; c'est la religion. Il répugne de passer sa vie comme la brute, de naître, de contracter mariage, de mourir sans que quelque cérémonie religieuse vienne consacrer ces actes saints.
Renan, l'Avenir de la science, XXIII, Œ. compl., t. III, p. 1115.
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II V. tr. (1882, cit. 8). Dégoûter, rebuter (qqn). → Inappétence, cit. 4. || Elle était… sale à répugner une paroisse (→ Pot, cit. 5).
8 Le chat faisait le gros dos; puis, après avoir flairé longuement la grande barbe blanche, répugné sans doute par l'odeur de colle, il retourna dormir en rond sur la banquette.
Zola, Nana, V.
9 (…) Labre, dont la vermine et la puanteur répugnaient les hôtes mêmes des étables (…)
Huysmans, Là-bas, XII.
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répugné, ée p. p. adj.
1 (1880). Vx. Qui exprime la répugnance. || Des regards répugnés.
2 (1885, Zola). Personnes. Qui éprouve de la répugnance.
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CONTR. (Du sens I, 3) Charmer.
DÉR. Répugnant.
Encyclopédie Universelle. 2012.