saisissement [ sezismɑ̃ ] n. m.
• 1170; de saisir
1 ♦ Vx Le fait de saisir. « La main qui l'avait étreint [et dont] il avait senti le saisissement » (Hugo).
2 ♦ (1548) Impression, effet brusque, soudain, d'une sensation (ne se dit guère que du froid), d'une émotion, d'un sentiment. Éprouver un saisissement au contact de l'eau glacée. ⇒ frisson. — Fig. Sentiment brusque, soudain; émotion vive qui saisit. « cela m'a fait un tel saisissement, que je suis resté un grand quart d'heure tout pâle » (Gautier). ⇒ émoi, émotion. Un saisissement de joie. Il était muet, pâle de saisissement.
● saisissement nom masculin Sensation de froid subite et violente. Émotion ou surprise vive et soudaine : Être muet de saisissement. ● saisissement (synonymes) nom masculin Émotion ou surprise vive et soudaine
Synonymes :
- choc
- coup
- ébranlement
- frisson
- secousse
saisissement
n. m. émotion soudaine causée par une impression vive. Il s'évanouit de saisissement.
⇒SAISISSEMENT, subst. masc.
I. — A. [Corresp. à saisir I B 1] Fait d'être sous une impression saisissante, subite, violente; résultat de cette impression.
1. [Cette impression est causée par]
a) [le froid] Elle a éprouvé un saisissement qui l'a rendue malade. Le passage subit du froid au chaud ou du chaud au froid entraîne toujours un saisissement incommode, qui s'affaiblit et cesse enfin si la température de l'atmosphère se soutient à un degré constant (BICHAT, Rech. physiol. vie et mort, 1822, p. 60). — Pour moi, je sais qui tu es, comme un enfant merveilleux, caresse, récompense des parents; car si tu poses tes mains sur le cœur, elles l'empêchent de battre, causant un saisissement comme celui de l'eau froide (CLAUDEL, Ville, 1893, 1, p. 311).
— P. métaph. Engourdissement. Voici la rigueur de l'hiver, adieu, ô bel été, la transe et le saisissement de l'immobilité. Je préfère l'absolu. Ne me rendez pas à moi-même. Voici le froid inexorable, voici Dieu seul! (CLAUDEL, Gdes odes, 1910, p. 255).
b) [un malaise, un accident, une émotion, une sensation, un élément de la vie psychique, mor.] Occasionner un saisissement mortel; il est mort de saisissement; crier de saisissement; rester immobile, muet de saisissement; un saisissement de plaisir, de joie, de gratitude, de surprise. Berthe, le premier du mois, avait éprouvé un saisissement de bonheur, en le voyant mettre, le soir, sous la pendule de la chambre à coucher, trois cents francs pour sa toilette (ZOLA, Pot-Bouille, 1882, p. 259). Je n'ai pas eu le temps d'éprouver la peur autrement que comme une contraction physique, celle que provoque un grand bruit, que déjà il m'est accordé le soupir de la délivrance. Je devrais éprouver le saisissement du choc. Puis la peur, puis la détente. Pensez-vous! Pas le temps! J'éprouve le saisissement, puis la détente (...). Il manque une étape: la peur (SAINT-EXUP., Pilote guerre, 1942, p. 349).
2. Subst. (durée, élément) + de saisissement. Après la première secousse de saisissement, il [Fontan] trouva un jeu de physionomie pour s'en tirer à son honneur (ZOLA, Nana, 1880, p. 1286). Il était impossible au commandant de Frémeuse de se méprendre (...). Après quelques secondes de saisissement muet: — Madame, dit-il (...) vous m'accusez de prétendre, sous un faux semblant d'amitié, à votre main... ou plutôt à votre dot (FEUILLET, Veuve, 1884, p. 95).
B. — [Corresp. à saisir II A 2; ici p. métaph., p. réf. au fait d'appréhender]:
• La foi est beaucoup plus une évidence vécue, une « sensation » du transcendant; dépouillée de tout « psychologisme » elle est l'esprit expérimentant les évidences (...). C'est le saisissement de l'existant par le dedans, car pour se laisser voir l'invisible élève l'homme à son niveau.
Philos., Relig., 1957, p. 50-15.
II. — DR. [Corresp. à saisir II A 2, à propos d'une autorité, d'une juridiction] Fait d'être saisi. Anton. dessaisissement. Le Conseil ou l'Assemblée peut être saisi en premier lieu et il n'y a point d'obstacle en principe à ce que le Conseil et l'Assemblée examinent en même temps la question. Autrement dit, le saisissement de l'un n'entraîne pas le dessaisissement de l'autre (Cons. S.D.N., 1938, p. 32).
Prononc. et Orth.:[], [-e-]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. 1170 avoir seisissement de qqn « s'en rendre maître » (THOMAS, Horn, 1199 ds T.-L.); 2. 1463 « action de faire la saisie de quelque chose » (doc. ds BARTZSCH, p. 84); 3. a) 1559 [éd.] au fig. « émotion vive et soudaine qui frappe l'esprit, bouleverse la sensibilité » (MARGUERITE DE NAVARRE, L'Heptaméron, Paris, J. Cavellier, f ° 71 v °); b) 1762 « sensation physique soudaine et violente qui affecte l'organisme tout entier » (ROUSSEAU, Émile ds Œuvres, éd. B. Gagnebin et M. Raymond, t. 4, p. 482). Dér. de saisir; suff. -ment2. Fréq. abs. littér.:294. Fréq. rel. littér.:XIXe s.: a) 418, b) 309; XXe s.: a) 812, b) 238.
saisissement [sezismɑ̃; sɛzismɑ̃] n. m.
ÉTYM. V. 1180; avoir saisissement « prendre possession »; de saisir.
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1 Vx. Fait de saisir (qqch.). || « La main qui l'avait étreint (cit. 1) et dont il avait senti le saisissement » (Hugo). || Le saisissement de qqch. par qqn.
2 (1548). Mod. Impression, effet brusque, soudain, d'une sensation (ne se dit guère que du froid). || Éprouver un saisissement au contact de l'eau glacée. ⇒ Frisson, froid. — Fig. Sentiment brusque, soudain; émotion vive qui saisit. || Un saisissement de joie, de peur… (→ Mutilation, cit. 1) : un mouvement subit qui envahit l'esprit, l'âme. ⇒ Émoi, frisson (→ Enthousiasme, cit. 11). || Le vague saisissement d'une angoisse (→ Malheur, cit. 26). ⇒ Horreur. || Un saisissement de surprise. — (Sans compl.). || Être muet (cit. 6) de saisissement. || Il a failli en mourir de saisissement.
1 L'embarras où il voyait Mme de Clèves par sa faute, et la pensée du juste sujet qu'il lui donnait de le haïr, lui causa un saisissement qui ne lui permit pas de répondre. Mme la Dauphine voyant à quel point il était interdit (…)
Mme de La Fayette, la Princesse de Clèves, III.
2 Quand on me l'a amené (ce cheval), cela m'a fait un tel saisissement, que je suis resté un grand quart d'heure tout pâle, sans me pouvoir remettre (…)
Th. Gautier, Mlle de Maupin, I.
3 Suivons ce saisissement qui nous prend à toute lecture de Booz (…) Laissons-nous prendre à cette prise. Écoutons, suivons cet avertissement qui ne trompe pas, ce saisissement qui ne trompe jamais.
Ch. Péguy, Victor-Marie, comte Hugo, p. 126.
Encyclopédie Universelle. 2012.