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songe-creux

songe-creux [ sɔ̃ʒkrø ] n. m. inv.
• 1554 adj. « qui réfléchit beaucoup »; n. pr. 1527; de songer et creux, adv.
Personne qui nourrit son esprit de chimères. Bonaparte « estimait Sieyès trop spéculatif, un songe-creux politique » (Madelin).

songe-creux nom masculin invariable Littéraire. Personne qui n'a que des idées chimériques ; utopiste.

⇒SONGE-CREUX, subst. masc. inv.
Personne qui vit, se plaît dans les rêveries, les chimères. Il s'ennuyait d'ailleurs dans cette retraite, convenable à un songe-creux de mon espèce (CHATEAUBR., Mém., t. 1, 1848, p. 268). Or, à cette même table (...) un homme d'imagination et de rêverie, un de ces songe-creux en qui il y a du philosophe et du poète, restait silencieux (COPPÉE, Contes rap., 1889, p. 83).
Péj. Idéaliste, utopiste. Un songe-creux idéaliste. Il se donne pour un grand penseur; mais ce n'est qu'un songe-creux (Ac. 1935). Ces songe-creux de révolutionnaires pouvaient bien démolir la société et en rebâtir une autre, ils n'ajouteraient pas une joie à l'humanité (ZOLA, Germinal, 1885, p. 1440). Ces songe-creux (...) qui habillent le réel d'inutiles oripeaux parce qu'ils se refusent à le contempler dans sa nudité (Chr. CHARRIÈRE, La Forêt d'Iscambe, 1980, p. 52). V. gousset ex. 2.
Empl. adj. C'était une mécanique bonne à pas grand'chose, une espèce de joujou, une rêverie d'inventeur songe-creux, une utopie (HUGO, Misér., t. 1, 1862, p. 152).
Prononc. et Orth.:[]. Att. ds Ac. dep. 1694. Plur. inv. Étymol. et Hist. 1. Ca 1527 nom propre ([JEAN DE L'ESPINE DU PONT-ALAIS, dit SONGECREUX], La Pronostication de maistre Albert Songecreux, Biscain d'apr. CIORANESCU 16e, 13588), v. aussi Rec. poés. fr. XVe-XVIe s., éd. A. de Montaiglon et J. de Rothschild, t. 12, pp. 168-171; 2. [ca 1500 subst. d'apr. FEW t. 12, p. 87b] 1554 « qui réfléchit beaucoup » (OL. DE MAGNY, Gayetez, A Jan de Lomenie ds GDF. Compl.); 1580 « qui médite profondément » (MONTAIGNE, Essais, I, XX, éd. P. Villey et V.-L. Saulnier, p. 87: Je suis de moy-mesme non melancholique, mais songecreux. Il n'est rien dequoi je me soye [...] plus entretenu que des imaginations de la mort); 3. 1611 péj. « rêveur, mélancolique, distrait » (COTGR.). Forme du syntagme verbal m. fr. songier creux [songer et creux à l'empl. adv.] (1480, GUILLAUME COQUILLART, Nouveaulx droitz, 1499 ds Œuvres, éd. M. J. Freeman, p. 206). Fréq. abs. littér.:25.

songe-creux [sɔ̃ʒkʀø] n. m. et adj. invar.
ÉTYM. Mil. XVIIe; adj., 1580; « personne qui pense profondément », v. 1500; de songer, et creux en emploi adverbial.
Personne qui nourrit son esprit de chimères. || Des songe-creux.
1 On boit, on mange, on rampe, on chuchote, on oublie,
L'ordre n'est plus troublé par un noir songe-creux (…)
Hugo, la Légende des siècles, XLIX, I.
2 Bonaparte (…) estimait Sieyès trop spéculatif, un songe-creux politique (…)
Louis Madelin, Talleyrand, VIII, I, p. 95.
Adj. || « Une rêverie d'inventeur songe-creux » (Hugo, in G. L. L. F.).

Encyclopédie Universelle. 2012.