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tramer

tramer [ trame ] v. tr. <conjug. : 1>
XIIIe; lat. pop. °tramare, de trama trame
1Former (un tissu) en croisant les fils de trame avec les fils tendus de la chaîne. tisser. Former avec le fil de trame (des dessins, des rayures).
Photogr. Tirer ou agrandir (un phototype) avec une trame. P. p. adj. Clichés tramés, ou subst. des tramés.
2(XVIe) Fig. Élaborer par des manœuvres cachées. combiner, machiner, ourdir. « l'évasion fut tramée chez un Portugais, dirigée par un Suédois » (Michelet). Pronom. (pass.) « vous me tiendrez au courant de ce qui pourrait se tramer contre moi » (F. Mauriac). Impers. Il se trame quelque chose.

tramer verbe transitif (latin populaire tramare, du latin classique trama, trame) Disposer, entrelacer les fils de la trame avec ceux de la chaîne tendus sur le métier à tisser. Recouvrir d'une trame. Préparer une mauvaise action : Tramer une conspiration. Tirer ou agrandir un phototype avec une trame. ● tramer (homonymes) verbe transitif (latin populaire tramare, du latin classique trama, trame)tramer (synonymes) verbe transitif (latin populaire tramare, du latin classique trama, trame) Préparer une mauvaise action
Synonymes :
- machiner
- manigancer
- ourdir

tramer
v. tr.
d1./d TECH Tisser en passant la trame entre les fils de chaîne.
d2./d Fig. élaborer par une savante préparation (une intrigue, un complot). Syn. ourdir.
|| v. Pron. (impers.) Il se trame qqch de louche.

⇒TRAMER, verbe trans.
A. — TISS. Croiser les fils de trame avec les fils de chaîne préalablement tendus sur un métier de manière à former un tissu, une étoffe. Elle était toute vêtue de perles (...) et les arabesques de sa robe tramée d'argyrose étaient de l'or le plus fin (LORRAIN, Contes chandelle, 1897, p. 36).
P. métaph. C'était le printemps, tramé, lamé d'or et d'azur, avec de larges bandes d'argent et d'un bleu plus profond (L. DAUDET, Amour. songe, 1920, p. 219).
Empl. pronom. Étoffe qui se trame avec du coton (ROB. 1985). P. métaph. Mais nul des dormeurs ne s'éveillait et les ronflements se tramaient et se chaînaient, comme une belle étoffe sonore et sans trou (ARNOUX, Abisag, 1919, p. 193).
B. — P. anal., PHOTOGRAV., part. passé en empl. adj. Photographie, cliché tramé(e). Photographie, cliché exécuté(e) au moyen d'une trame. Les ateliers d'un grand quotidien peuvent exécuter toutes ces opérations, depuis la photographie tramée jusqu'au cliché prêt à l'impression en quarante-cinq minutes (PRINET, Phot., 1945, p. 60).
C. — Au fig. Nouer des intrigues dans le but de nuire. Synon. combiner, machiner, manigancer, ourdir. On dirait que M. Cavaignac a pris la parole tout exprès, au Mans, pour justifier ce mot d'Urbain Gohier que « les éternels ennemis du peuple et de la patrie, les internationaux de Coblentz et de Rome, ont tramé ce complot: de lancer sur la nation l'armée nationale » (CLEMENCEAU, Vers réparation, 1899, p. 297). Alors dans la nuit même, il écrivit au prince de Conti pour lui dire ses découvertes et sa décision de demeurer en France et de « s'exposer, armé de sa seule innocence, à tous les complots que la puissance, la ruse et l'injustice pouvaient tramer contre elle » (GUÉHENNO, Jean-Jacques, 1952, p. 261).
Empl. pronom. Se préparer en cachette, s'ourdir. Il eut un moment l'espérance de surprendre Bordeaux, où se tramait une conjuration en faveur des Français; mais elle fut découverte (BARANTE, Hist. ducs Bourg., t. 2, 1821-24, p. 353). Et si je cédais aux exhortations d'un confesseur scrupuleux, si j'éclairais la justice sur les complots abominables qui se trament dans ma demeure? (ADAM, Enf. Aust., 1902, p. 367).
REM. Tramage, subst. masc. ,,Confection des canettes, trames ou bobines destinées à constituer la trame proprement dite pour le tissage`` (Lar. encyclop.). Les tissus à une trame (tramage uni) sont tissés à l'aide d'une tête d'amenée (...) dans laquelle le fil de trame reste enfilé en permanence (THIÉBAUT, Fabric. tissus, 1961, p. 175).
Prononc. et Orth.:[], (il) trame []. Att. ds Ac. dep. 1694. Homon. trame, tram. Étymol. et Hist. A. 1. XIIIe s. [ms.] (Dit des Outils de l'ostel, 23 ds T.-L.: Mainages tist [...] et traimme Dras et buriaus); 1306 euvres tremées (GUILLAUME GUIART, Royaux lignages, éd. N. deWailly et L. Delisle, 17219); 2. 1935 terme de photograv. (Arts et litt., p. 2815). B. Fin XVIe s. trans. tramer des conjurations encontre (quelqu'un) (E. PASQUIER, Rech., V, 25 de Œuvres, t. 1, Amsterdam, libraires assoc., 1723, col. 498); 1792 réfl. (BEAUMARCHAIS, Mère coupable, I, 2: Il se trame ici quelque horreur). Dér., dès le lat. tardif, de trama (trame); cf. ital. tramare, cat. esp. port. tramar (FEW t. 13, 2, p. 196 a). Fréq. abs. littér.:188.
DÉR. Trameur, -euse, subst., tiss. a) Ouvrier, ouvrière chargé de disposer sur les canettes les fils de trame. (Dict. XIXe et XXe s.). b) Subst. fém. Machine qui produit les fils de trame. (Dict. XIXe et XXe s.). [], fém. [-ø:z]. Att. ds Ac. dep. 1694. 1res attest. a) ) 1313 « tisserand » Jehan le tremeur (Taille de Paris l'an 1313, fol. 12c, éd. K. Michaëlsson, p. 68), ) 1723 « personne qui dispose les fils de trame pour la fabrication des étoffes » (SAVARY), b) 1587 fig. trameur « celui qui trame un complot, des troubles » (VIGNIER, Bibl. hist., III, 297 ds GDF. Compl.); de tramer, suff. -eur2.
BBG. — GEORGE (K.). Les Désignations du tisserand ds le dom. gallo-rom. Tübingen, 1979, p. 28, 95 (s.v. trameur).

tramer [tʀame] v. tr.
ÉTYM. XIIIe; d'un lat. pop. tramare, dér. de trama. → Trame.
1 Former (un tissu, une étoffe) en disposant, en croisant (grâce aux navettes) les fils de trame avec les fils tendus de la chaîne. Tisser.Former avec le fil de trame.
1 Lorsque l'on veut fabriquer des tissus à plusieurs trames, parce que l'on désire « tramer » des rayures de couleur, de finesse ou de textiles différents (ou mieux mélanger des trames…), il importe d'employer des métiers dits « à boîtes multiples » c'est-à-dire à plusieurs navettes.
Raymond Thiébaut, le Tissage, p. 53.
2 (Les bruits de la grande ville) s'entremettent entre ce qui est différent. Ils rejoignent ce qui est lointain. Ils trament un tissu d'allusions et de correspondances.
J. Romains, les Hommes de bonne volonté, t. III, XII, p. 162.
2 (1596, mais antérieur; → Trameur, étym.). Fig. Former (une intrigue secrète), élaborer par des manœuvres cachées. Trame (II., 2.); brasser (des intrigues), combiner, comploter, conjurer, conspirer, couver, fricoter (fam.), machiner, manigancer, ourdir. || Tramer des complots (cit. 1), une conspiration. || Assez méchante pour tramer une pareille noirceur (→ Mégère, cit. 2).
3 Et qui croira qu'un cœur si grand en apparence (…)
Trame une perfidie inouïe à la cour ?
Racine, Britannicus, III, 6.
4 À Paris, l'évasion fut tramée chez un Portugais, dirigée par un Suédois; la voiture qui y servit fut cachée chez un Anglais.
Michelet, Hist. de la Révolution franç., IV, XII.
5 Ils avaient tramé assurément quelque détestable mystification dont ils étaient contents et fiers.
France, le Chat maigre, VII, Œ., t. II, p. 205.
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se tramer v. pron. (sens passif).
1 Étoffe qui se trame avec du coton.
2 (1792). Fig. Se machiner, s'ourdir. || Un endroit où se trament un complot, des calomnies ( Officine, fig.). || Ce qui se trame à l'arrière (cit. 5). Apprêter (s'), préparer (se).Impers. || Il se trame ici quelque horreur (cit. 44).
6 (…) vous me tiendrez au courant de ce qui pourrait se tramer contre moi.
F. Mauriac, le Nœud de vipères, XVI.
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tramé, ée p. p. adj.
|| Une étoffe tramée de coton, de soie, et, ellipt., tramée coton, soie…Par métaphore. || « Combinaisons compliquées, tramées, tressées, entrelacées et embrouillées » (cit. 7).(1898, in Année sc. et techn. 1899, p. 296; de trame, I., 2.). || Photogravure tramée plus ou moins fin. || Clichés tramés.N. m. || Un tramé.
DÉR. Tramage, trameur.

Encyclopédie Universelle. 2012.