transitif, ive [ trɑ̃zitif, iv ] adj.
• 1550; « passager, changeant » 1310; lat. transitivus, de transire « passer »
1 ♦ (lat. verbum transitivum) Se dit d'un verbe qui régit son complément sans intermédiaire, par un passage direct du sujet à l'objet.
♢ Se dit de tout verbe dont l'énoncé appelle un complément d'objet. Verbes transitifs directs. Verbes transitifs indirects, dont le complément est construit avec une préposition (à, de). Emploi absolu des verbes transitifs. Discours transitif. Construction transitive.
2 ♦ Philos., log. Qui modifie, agit sur autre chose que l'agent. Action, causalité transitive. — Log. Se dit d'une opération ou d'une relation qui, lorsqu'elle lie un premier terme à un second, et ce dernier à un troisième, lie de la même façon le premier terme au troisième (et ainsi de suite). Les relations « égale », « plus grand », « plus petit que... », « antérieur », « postérieur à... », « implique... » sont transitives. Relations réflexives, symétriques, transitives. ⇒ équivalence.
⊗ CONTR. Intransitif, neutre.
● transitif nom masculin Verbe transitif. ● transitif, transitive adjectif (bas latin transitivus, du latin classique transitum, de transire, aller au-delà) Se dit d'un verbe qui est construit avec un complément d'objet direct (transitif direct : « il mange une pomme ») ou un complément d'objet indirect (transitif indirect : « il obéit à ses instincts »). Se dit d'une forme, d'un emploi, d'une construction caractéristiques d'un verbe transitif. Se dit d'une action dont la cause est extérieure à l'agent. ● transitif, transitive (citations) adjectif (bas latin transitivus, du latin classique transitum, de transire, aller au-delà) Francis Ponge Montpellier 1899-Le Bar-sur-Loup 1988 Notre âme est transitive. Il lui faut un objet, qui l'affecte, comme son complément direct, aussitôt. Nouveau Recueil Gallimard ● transitif, transitive (expressions) adjectif (bas latin transitivus, du latin classique transitum, de transire, aller au-delà) Cause transitive, selon Spinoza, cause qui agit hors d'elle-même, par opposition à la cause immanente. Relation transitive, relation binaire qui, si elle est vérifiée pour les éléments a et b, ainsi que pour b et c, l'est aussi pour a et c.
transitif, ive
adj.
d1./d GRAM Verbe transitif (direct), qui demande ou admet un complément d'objet direct (ex.: il mange un oeuf).
— Verbe transitif employé absolument, sans complément (ex.: il mange).
|| Verbe transitif indirect, qui est suivi d'un complément d'objet indirect (ex.: plaire à). Ant. intransitif.
d2./d PHILO Cause transitive, dont l'action s'exerce sur un objet étranger au sujet agissant (par oppos. à cause immanente).
d3./d MATH, LOG Se dit d'une relation binaire R telle que x R y et y R z entraînent x R z. L'égalité est une relation transitive (si x = y et si y = z, on a: x = z).
⇒TRANSITIF, -IVE, adj.
A. — 1. LINGUISTIQUE
a) [En parlant d'un verbe] Qui se construit avec un complément d'objet. Le français moderne rend la notion de complément direct uniquement par la position du substantif après le verbe transitif (cf. je cueille une fleur), tandis que le latin et d'autres langues le font par l'emploi de l'accusatif, caractérisé par des désinences spéciales (SAUSS. 1916, p. 191). V. intransitif ex. 1:
• Nous connaissons une autre langue où un verbe transitif, tel que tuer, aimer, a son régime direct au génitif s'il s'agit d'êtres animés, et à l'accusatif pour les objets inertes. On tue un homme, un bœuf, un cheval, au génitif; on détruit un mur, on lance une flèche, de la boue, à l'accusatif.
BALLY, Lang. et vie, 1952, p. 51.
♦ Verbe transitif direct. Verbe construit avec un complément d'objet direct (ex. lire quelque chose). Verbe transitif indirect. Verbe construit avec un complément d'objet indirect (ex. succéder à quelqu'un).
Rem. Dans une grammaire vieillie, ce cas est classé parmi les verbes intransitifs. Verbe transitif en construction absolue. Verbe dont le complément d'objet n'est pas exprimé (ex. il lit). Les syntagmes nominaux compléments des verbes transitifs peuvent être effacés:Pierre mange quelque chose Pierre mange; sans cesser d'être transitifs, ces verbes sont alors employés intransitivement (Ling. 1972).
— Empl. subst. V. intransitif ex. 2.
b) Qui est propre à cette catégorie de verbes. Emploi transitif d'un verbe; construction, tournure transitive. Il est enfin possible de parler d'une construction doublement transitive, avec un objet direct et un objet indirect:J'accorde cette possibilité à Jacques, je pousse Jacques à cette action (Lang. 1973).
2. MATH., LOG. Relation transitive. ,,Relation R dans un ensemble E telle que, pour tout triplet (x, y, z) d'éléments de E, R(x, y) et R(y, z) ⇨ R (x, z)`` (CHAMB. 1981). Les relations « égale », « plus grand que », « plus petit que », « antérieur à », « postérieur à », « implique », sont des relations transitives. Une relation transitive concerne trois termes: elle est ternaire. (...) Elle se caractérise en effet par le fait que, si le premier terme a la relation avec le second et si le second l'a avec le troisième, le premier l'a avec le troisième (JOLLEY, Trait. inform., 1968, p. 217). Une relation d'ordre présente quelques analogies avec une relation d'équivalence. En particulier c'est une relation réflexive et transitive (WARUSFEL, Math. mod., 1969, p. 77).
3. PHILOS. ,,Se dit des causes qui modifient ou agissent sur autre chose que l'agent lui-même`` (AUR.-WEIL 1981). Anton. immanent. L'ennemi nous attaquera encore, le voleur volera. Telle est l'idée de la « cause efficace », opposée en philosophie à la « cause efficiente » ou transitive, qui se dépense en produisant son effet, à la manière d'un bien fongible (LALANDE, Raison et normes, 1948, p. 55). Pour Aristote, la causalité pratique est immanente, la causalité poétique transitive (AUR.-WEIL 1981).
♦ Action transitive. Selon cette conception traditionnelle, si Vénus, par exemple, « influe » sur les amours de monsieur Dupont, ce n'est pas en tant que corps céleste exerçant une action transitive, en l'occurrence en irradiant quelque rayon: c'est en tant que cet astre est un symbole de ce qui se déroule dans le cœur de cet homme (BARBAULT, De psychanal. à astrol., 1961, p. 24).
4. PSYCHOL. Mouvement transitif. Mouvement spontané (ou réaction motrice) exécuté en fonction d'un but (par exemple le saut, la préhension d'un objet) (d'apr. THINÈS-LEMP. 1975).
B. — Vieilli
1. GRAMM. Conjonction transitive. Conjonction qui marque un passage ou une transition d'une chose à une autre. Or, au reste, cependant sont des conjonctions transitives (Ac. 1835, 1878).
2. GÉOL. Terrain transitif. Terrain, couche qui forme passage entre deux formations successives. (Dict. XIXe et XXe s.).
3. MUS. ,,On nomme (...) A[ccords] transitifs ou de passage ceux qui servent de liaison entre deux tonalités`` (BRENET Mus. 1926, p. 8).
REM. 1. Transitivement, adv. a) Ling. D'une manière transitive. Verbe qui se construit transitivement. Monter, descendre peuvent s'employer transitivement (Ac. 1935). b) Math., log. Groupe opérant transitivement. ,,Groupe d'opérateurs sur E tel que, pour tout couple (x, y) ∈ E2, il existe ∈ G vérifiant y = x`` (BOUVIER-GEORGE Math. 1979). 2. Transitivisme, subst. masc., psychol. ,,Transfert d'une sensation ou d'un sentiment sur un objet ou une personne extérieure, reposant sur la perte des limites strictes entre le sujet et le monde extérieur`` (THINÈS-LEMP. 1975). Possible chez le jeune enfant normal, le transitivisme pathologique se rencontre dans la schizophrénie, les bouffées délirantes et les délires chroniques (THINÈS-LEMP. 1975).
Prononc. et Orth.:[], fém. [-i:v]. Att. ds Ac. dep. 1762. Étymol. et Hist. 1. a) 1310 [date du ms.] « passager, changeant » (BRUNET LATIN, Trésor, éd. P. Chabaille, p. 17, var. ms. S); b) 1845-46 géol. (BESCH.); 2. a) 1550 verbe transitif (MEIGRET, Traité de la grammaire fr. ds GDF. Compl.); b) av. 1715 cause transitive « dont l'action se transmet du sujet à un objet distinct de celui-ci » (MALEBRANCHE ds LAL.). Empr. au lat. transitivus « transitif », dér. de transitum, supin de transire « passer de l'autre côté » (transir); cf. pour le sens 2 b causa immanens (1677, SPINOZA, Ethique, I, 18 ds LAL.). Fréq. abs. littér.:41.
DÉR. Transitivité, subst. fém. Caractère de ce qui est transitif. a) Ling. ,,Propriété d'un verbe transitif``. On distingue une transitivité de relation, qui est l'aspect le plus général du phénomène, et une transitivité d'inhérence, qui est celle des verbes dits attributifs:devenir grand, paraître triste (MAR. Lex. 1951). b) Log. Propriété d'une relation transitive. La transitivité est moins visible; mais chacun de nous en connaît une forme populaire, dans le célèbre adage « les amis de nos amis sont nos amis » (WARUSFEL, Math. mod., 1969, p. 75). — []. — 1re attest. 1879 (A. KLINT, La Transitivité du verbe fr.); de transitif, suff. -ité.
BBG. — CORBIN (D.). Le Monde étrange des dict. Lexique. 1982, n° 1, p. 41 (s.v. transitivement). — DUB. Dér. 1962, p. 39 (s.v. transitivité). — QUEM. DDL t. 26 et 39 (s.v. transitivité).
transitif, ive [tʀɑ̃zitif, iv] adj.
ÉTYM. 1550, gramm.; « passager, changeant », XIIIe; du lat. transitivus, de transire « passer ».
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1 (1550, Meigret, Traité de la grammaire franç. : « Nous appelons un verbe actif transitif, quand son action se peut transférer en un autre »; du lat. verbum transitivum. — REM. Le mot est très rare jusqu'au XIXe s.; l'Encyclopédie le donne comme t. de grammaire hébraïque; on disait actif). Se dit d'un verbe qui régit son complément sans intermédiaire, par un passage (transitum) direct du sujet à l'objet.
1 Les verbes transitifs s'opposent aux verbes intransitifs par la propriété qu'ils ont d'être tournés à la voix passive. En passant à cette voix ils prennent pour sujet grammatical le terme qui était leur complément d'objet à la voix active.
Wagner et Pinchon, Grammaire franç. classique et moderne, p. 277.
♦ Se dit d'un verbe dont l'énoncé appelle un complément. — On distingue en ce sens les verbes transitifs directs (sens précédent) et les verbes transitifs indirects, dont le complément est construit avec une préposition (à, de…), et qui étaient traditionnellement appelés intransitifs. → Intransitif, rem. 2. — Tournure, construction transitive.
2 Si « transitif », c'est par définition même « ce qui passe » (ou « peut passer »), pourquoi refuser ce nom à l'action du verbe, sous prétexte que sa façon de passer n'est pas directe, mais indirecte ?
G. et R. Le Bidois, Syntaxe du franç. moderne §682.
3 (…) dans les dictionnaires, ces derniers verbes (les transitifs indirects) sont considérés comme intransitifs, parce que leur complément n'est pas direct. Le nom de transitif y est réservé aux verbes de forme active qui prennent un objet direct. C'est là le sens étymologique et traditionnel des deux appellations.
F. Brunot, la Pensée et la Langue, p. 308.
2 (Déb. XVIIIe, Malebranche). Didact. Philos., log. Qui modifie, agit sur autre chose que l'agent. || Action, causalité transitive (par oppos. à immanent, vx). — « Qui se dépense dans son effet » (Lalande). || Cause transitive. — Log. Se dit d'une opération ou d'une relation qui, lorsqu'elle lie un premier terme à un second, et ce dernier à un troisième, lie de la même façon le premier terme au troisième (et ainsi de suite). || Ex. : dans A = B et B = C, la relation « égale » est transitive et A = C. || Les relations « égale », « plus grand », « plus petit que… », « antérieur », « postérieur à… », « implique… » sont transitives. || Relations réflexives symétriques, transitives. ⇒ Équivalence.
3 Rare. Qui forme une transition, caractérise une transition. Géol. || Terrains transitifs (vx).
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DÉR. Transitivement, transitivité.
Encyclopédie Universelle. 2012.