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usé

usé, ée [ yze ] adj.
• 1508; « accoutumé, usité » 1165; de user
1Altéré par un usage prolongé, par des actions physiques. détérioré; vieux. Vêtements, tissus usés. avachi, déchiré, déformé, défraîchi, fatigué, mûr, 2. râpé. Loc. Usé jusqu'à la corde. Chaussure, semelle usée. éculé. Pièces de monnaie usées. fruste.
Hors d'usage. Remplacer les pièces usées d'un moteur. usagé.
Sali, souillé par l'usage. Évacuation des eaux usées.
2Diminué, affaibli, par une action progressive. émoussé, éteint, fini. « Tout est usé, aujourd'hui, même le malheur » (Chateaubriand). Théories usées. démodé. Fam. C'est usé ! c'est inutile, sans intérêt.
3Dont les forces, la santé sont diminuées. décrépit, épuisé. Le duc d'Orléans « était usé, à cette époque, fini de corps et de cœur, très faible d'esprit » (Michelet). « C'est une femme usée, ravagée, pas une vieille » (Aragon).
4Qui a perdu son pouvoir d'expression, d'évocation par l'usage courant, la répétition. banal, commun, éculé, rebattu. Des termes vagues et usés. Fig. Un argument usé jusqu'à la corde. « Dites-moi, de grâce, un calembour usé, quelque chose de bien rebattu » (Musset). Rajeunir un sujet usé.

usé, ée
adj. Détérioré par l'utilisation. Pull-over usé aux coudes.
Eaux usées, salies par l'usage.
(Abstrait) Sujet usé, qui n'a plus d'intérêt pour avoir été trop employé.
|| (Personnes) Affaibli, fatigué. Femme usée par les épreuves.

⇒USÉ, -ÉE, part. passé et adj.
I. — Part. passé de user.
II. — Adjectif
A. — Qui est altéré, détérioré par un usage prolongé, par des agents physiques. Synon. usagé. Banc, dalle, marche usé(e); chaussures, semelles usées; cravate, pantalon, vêtement usé(e); linge, tapis, tapisserie, tissu usé(e); pièce usée. Comme on parlait des loups, elle sortait le fusil au dos, le fusil du fils, rouillé, avec la crosse usée par le frottement de la main (MAUPASS., Contes et nouv., t. 2, Mère Sauvage, 1884, p. 234). Ses traits affinés, son visage clair rasé de très près, la coupe de ses vêtements, si usés qu'ils fussent, lui donnaient toujours l'air plus soigné que ses camarades (MARTIN DU G., Thib., Été 14, 1936, p. 45).
En partic. [En parlant d'un liquide consommable] Qui a été souillé, qui est devenu impropre à la consommation. Eaux usées; huiles usées. [Les canalisations] emmenant à l'égout les eaux usées: pluviales, ménagères ou de vidange (ROBINOT, Vérif., métré et prat. trav. bât., t. 4, 1928, p. 102).
ŒNOL. Vin usé. Vin qui a perdu l'essentiel de ses qualités, de ses caractéristiques (d'apr. REN. Vin 1962).
B. — P. anal. ou au fig.
1. [En parlant d'une pers., de ses qualités physiques, intellectuelles] Qui est diminué, affaibli. Corps, femme, homme, santé, vieillard, visage, voix usé(e), traits usés; avoir le goût usé. Elle étendait sa main tremblante, sa main usée de travail, où se gonflaient des veines noueuses, où des muscles saillaient comme des cordes (MOSELLY, Terres lorr., 1907, p. 290). Brusquement les coins de sa bouche s'abaissèrent et elle eut un air usé de femme mûre (BEAUVOIR, Invitée, 1943, p. 249).
2. Qui est diminé, affaibli; qui perd de sa vigueur, de sa force. Passion usée; sentiment usé; dogme, théorie usé(e). Son odeur, sa chaleur me saoulaient et j'ai senti que ma vie me quittait, ma vieille vie avec ses soucis, ses fatigues, ses souvenirs usés (BEAUVOIR, Mandarins, 1954, p. 328).
C. — Au fig. Qui a perdu sa force expressive, son pouvoir évocateur à force d'être employé trop fréquemment. Synon. banalisé, rebattu. Sujet, terme usé; anecdote, calembour, maxime usé(e). Ces chefs, ne pouvant plus employer utilement les anciens épouvantails, les mots jacobin et sans-culotte, décidément trop usés, avaient remis à neuf le mot démagogue (HUGO, Napol. le Pt, 1852, p. 47). Il ne craignait point de restituer aux métaphores les plus usées du langage sacré une vie nouvelle et singulière, en les prenant pour des réalités (ARAGON, Beaux quart., 1936, p. 67).
Prononc. et Orth.:[yze]. Att. ds Ac. dep. 1694. Fréq. abs. littér.:2 010. Fréq. rel. littér.:XIXe s.: a) 2 875, b) 3 183; XXe s.: a) 2 791, b) 2 710.

usé, usée [yze] adj.
ÉTYM. 1508; « accoutumé, usité », 1165; « habitué (à) », v. 1155; de 1. user.
1 Vx. Dont on a fait usage; qui a été détruit par la consommation. || Matières usées (→ Excrétion, cit. 2).
2 (1508). Altéré par un usage prolongé, par des actions physiques (frottement, etc.). Détérioré; vieux. || Vêtements, tissus usés; hardes (cit. 7) usées. Avachi, déchiré, déformé, défraîchi, fatigué, fripé, mûr (fam.), râpé. || Usé jusqu'à la corde ( Élimé). || Usé et déchiré ( Délabré). || Harnais (cit. 13) usés, raccommodés. || Cuir usé. Culotté. || Tapisserie usée, élimée, passée (cit. 160) de ton. || Chaussure (→ Sale, cit. 1), semelle usée. Éculé.Banc (cit. 1) usé; margelle usée d'une fontaine (cit. 8). || Pièces de monnaie (cit. 1) usées. Fruste.Par ext. Que l'usure rend difficile à déchiffrer. || Inscription usée. || Initiales usées, sur un médaillon (cit. 2).Hors d'usage. || Remplacer les pièces usées d'un moteur.REM. En parlant de machines, de moteurs, de véhicules, etc., on se sert plutôt de vieux, hors d'usage, usagé, et, fam., foutu, mort. — Par métaphore. || Je me sens vieux, je suis une machine usée (→ Breloque, cit. 4).
Sali, souillé par l'usage. || Eaux usées.
1 (…) dans le faux petit matin des égouts où ruisselaient interminablement des eaux sans éclat et tiédies que les urbanistes appellent les « eaux usées » (…)
Pierre Gascar, les Bêtes, p. 105, 1953.
3 Diminué, affaibli, par une action progressive. Émoussé, éteint, fini. || « Tout est usé, aujourd'hui, même le malheur » (→ Multitude, cit. 4). || Souvenirs (2. Souvenir, cit. 6) usés. || Passion usée, refroidie. || Théories usées. Démodé.
Fam. || C'est usé ! prononcé sans liaison [sɛyze]  : c'est inutile, sans intérêt.
4 (1636). Choses humaines; personnes. Dont les forces, la santé sont diminuées. || Corps usé, usé par l'âge. Décrépit, dévasté (→ Supportable, cit. 1). || Les sens usés, usés par les excès. Blasé (cit. 3). || Avoir le goût usé. || Usé de corps et d'âme (→ Lampe, cit. 17).Usé jusqu'à la fibre (→ Ingrat, cit. 10, au moral) : qui n'a plus de goût à vivre, qui est blasé, dégoûté (→ aussi Ennuyer, cit. 9). Lassitude.
2 En 1836, Lousteau, fatigué par seize années de luttes à Paris, usé tout autant par le plaisir que par la misère, par les travaux et les mécomptes, paraissait avoir quarante-huit ans, quoiqu'il n'en eût que trente-sept.
Balzac, la Muse du département, Pl., t. IV, p. 85.
3 Il n'était pourtant pas facile de faire un chef de parti de ce duc d'Orléans; il était usé, à cette époque, fini de corps et de cœur, très faible d'esprit.
Michelet, Hist. de la Révolution franç., I, V.
4 Ce n'est pas une vieille. C'est une femme usée, ravagée, pas une vieille.
Aragon, la Semaine sainte, XII.
5 (1690, Furetière). Qui a perdu son pouvoir d'expression, d'évocation par l'usage courant, par la répétition. Banal, commun, éculé, rebattu. || Mots usés (→ Expressif, cit. 2), dont le sens est usé. || Termes vagues et usés (→ Horreur, cit. 1).Maxime usée et triviale (cit. 1). || Calembour usé, rebattu (cit. 4). || Les redites les plus usées (→ Retentissement, cit. 3). || Rajeunir (cit. 5) un sujet bien usé. || Images vieilles et usées (→ Emprunter, cit. 16). Ressassé.
5 — On dirait qu'il y a dans les dictionnaires certains mots usés qui attendent qu'il paraisse un grand écrivain pour reprendre toute leur énergie.
Rivarol, Littérature, I, VI.

Encyclopédie Universelle. 2012.