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FÉLONIE
FÉLONIE

FÉLONIE

Rupture, par le seigneur ou par le vassal, du lien d’homme à homme résultant de l’hommage. Dans la plupart des cas de félonie, il s’agit de la rébellion du vassal contre son seigneur, chose difficilement concevable aux temps postcarolingiens, lorsque le seigneur assurait au vassal la plus efficace des protections, mais devenue inévitable à partir du XIe siècle lorsque se multiplièrent les hommages à des seigneurs différents, inspirés par le seul souci d’acquérir ou de conserver des fiefs. La multiplicité des hommages — même après l’introduction de la réserve de fidélité à un seigneur principal et enfin de l’hommage lige — mettait nécessairement le vassal dans l’obligation de choisir son parti, dès lors que ses seigneurs entraient en conflit.

Pour les moralistes de l’époque féodale, et notamment pour les auteurs des chansons de geste, la félonie est un crime, comparable à la violation du lien entre père et fils. Une égale sévérité s’applique au vassal félon et au seigneur oublieux de ses devoirs, qui sont de protéger son vassal et de lui assurer bonne justice. Le développement du pouvoir public et de la puissance royale, en diminuant le rôle des moyens individuels de sécurité, rendit moins fréquente la félonie du seigneur.

Le vassal félon était puni par la commise, c’est-à-dire la confiscation de son fief, que seule la cour du seigneur pouvait prononcer. En fait, le plus difficile était de reprendre ce fief, ce qui ne pouvait le plus souvent se faire que par la force. Mais l’engagement d’une épreuve de force, entre le vassal et son seigneur, constituait — avec le refus des services dus — l’un des cas ordinaires de félonie. Le développement de la pratique du fief-rente, non assigné en terre, que permit, à partir du XIIe siècle, la reprise d’une économie monétaire, résolut quelques cas difficiles, car le seigneur pouvait aisément cesser de payer le fief du félon. Le fief-rente, cependant, ne supplanta jamais le fief assigné, beaucoup plus apprécié des vassaux.

La félonie devait être constatée et formellement dénoncée lors d’une cérémonie (l’inverse de l’hommage), au cours de laquelle la partie lésée rompait un objet symbolique (fétu, branchage, etc.) représentant le lien vassalique; elle fut pratiquée dans les pays où la mentalité vassalique était le plus enracinée (Europe du Nord-Ouest); elle disparut devant les progrès de la procédure judiciaire.

félonie [ felɔni ] n. f.
• fin XIe; de félon
Féod. Déloyauté du vassal envers son suzerain. forfaiture, trahison. Commettre un acte de félonie.
Littér. Acte déloyal. « Cette félonie lui paraissait odieuse, et, soudain, lui remontaient à la mémoire tous les mensonges, toutes les impostures, toutes les ignominies » (Madelin).

félonie nom féminin (de félon) Déloyauté, offense ou trahison d'un vassal envers son seigneur. Littéraire. Acte déloyal, forfaiture : Commettre une félonie.félonie (synonymes) nom féminin (de félon) Déloyauté, offense ou trahison d'un vassal envers son seigneur.
Synonymes :
- déloyauté
- perfidie
Littéraire. Acte déloyal, forfaiture
Synonymes :
- forfaiture
- trahison

félonie
n. f. FEOD Déloyauté envers son seigneur.
|| Par ext. Litt. Acte déloyal.

⇒FÉLONIE, subst. fém.
A.— DR. FÉOD. Comportement, attitude de félon. Synon. forfaiture, trahison. La colère de Baudoin IV devant cet acte de félonie fut terrible (GROUSSET, Croisades, 1939, p. 231).
B.— P. ext. Caractère de ce qui est déloyal, perfide; p. méton. au plur., acte de déloyauté, trahison. En politique il faut réussir, fût-ce par des félonies (BARRÈS, Cahiers, t. 1, 1896, p. 63). Il faut que cela soit ainsi pour la pleine dictature de l'état-major, qui rétablit l'ancien régime au profit de ses félonies (CLEMENCEAU, Vers réparation, 1899, p. 222).
REM. Félonnerie, subst. fém., rare. (Quasi-)synon. de félonie B. Sa condition [au propriétaire], quoi qu'il fasse, est l'improductivité et la « félonnerie »; il ne peut cesser de gaspiller et de détruire qu'en cessant d'être propriétaire (PROUDHON, Propriété? 1840, p. 258).
Prononc. et Orth. :[]. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. [Ca 1050 felunie « manque de fidélité, trahison » (Alexis, éd. Chr. Storey, 475, voir note de l'éd.)] 1. ca 1100 felonie « méchanceté, cruauté » (Roland, éd. J. Bédier, 1472); 2. 1155 repris de felonie « convaincu de déloyauté » (WACE, Brut, éd. I. Arnold, 2304); 3. 1508 « déloyauté du vassal envers son suzerain » (Cout. de Chartres, art. 43 ds Nouv. Coutumier général t. 3, p. 707b). Dér. de félon; suff. -ie. Au sens 3, attesté en lat. médiév. dès le XIIe s. (NIERM.) Fréq. abs. littér. :45. Bbg. BOULAN 1934, p. 107. — GAMILLSCHEG (E.). Etymologische Miszellen. Rom. Jahrb. 1950, t. 3, pp. 288-289. — GOHIN 1903, p. 314.

félonie [felɔni] n. f.
ÉTYM. V. 1050, felunie; de félon.
1 Féod. Déloyauté du vassal envers son suzerain. Forfaiture, trahison. || Commettre un acte de félonie, une félonie.
2 Par ext. (archaïque ou iron.). Acte de déloyauté. Déloyauté, perfidie. || Agir ainsi serait une félonie (Académie). || Ne voir que sottise ou félonie chez autrui (→ Côté, cit. 36).
1 Cette félonie lui paraissait odieuse, et, soudain, lui remontaient à la mémoire tous les vols, tous les mensonges, toutes les impostures, toutes les ignominies que, pour le garder à son service, il avait tolérés.
Louis Madelin, Talleyrand, XXIII, p. 232.
2 Votre ironie ne me touche guère. Ce que je veux, c'est vous montrer les preuves, les documents, oui, les preuves de votre félonie.
Ionesco, Rhinocéros, p. 134.

Encyclopédie Universelle. 2012.