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GENTRY
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GENTRY

C’est au XVIe siècle en Angleterre que le terme de gentry en vient à désigner officiellement un ordre. Au Moyen Âge, la distinction fondamentale passe entre les nobiles et les ignobiles ; le terme de gentleman recouvre celui de nobilis . La séparation du peerage et de la gentry , des noblemen et des gentlemen correspond à l’ascension des parvenus dans la noblesse et aussi, semble-t-il, à l’abandon de la terre par une partie de celle-ci.

Dès le début du XVe siècle, l’enrichissement de nouvelles couches bourgeoises suscite une forte demande de titres de noblesse. En 1417, le College of Heralds est chargé de délivrer des certificates of gentility , qui sont autant de titres d’appartenance à la bonne société; les familles les plus riches se fabriquent des généalogies et des blasons. Une telle pratique donnera lieu non seulement à cette époque mais tout au long du XVIe siècle à des scandales; des juges de haute noblesse se laisseront corrompre pour accorder des titres. En outre, sous l’effet des difficultés économiques, consécutives notamment aux ravages effectués par la peste noire, un certain nombre de jeunes nobles ont quitté leur terre; ils ont cherché à faire fortune dans les guerres menées en France ou encore se sont attachés à la cour ou à une grande maison; ils se sont fait alors appeler gentlemen .

À l’époque élisabéthaine, les rapides transformations survenues dans la répartition de la propriété des terres provoquèrent un courant sans précédent d’anoblissement. Entre 1560 et 1589, par exemple, plus de deux mille familles ont fait leur ascension dans la gentry. Malgré les tentatives faites périodiquement pour enrayer l’inflation des titres, celle-ci n’a depuis lors cessé de s’étendre, jusque sous la Restauration.

En dépit de l’expansion du capitalisme industriel et de la démocratie qui ont ruiné ses prérogatives, la gentry est demeurée un milieu qui prétend se distinguer par son style de vie de la bourgeoisie mercantile.

L’ère victorienne n’a pas effacé l’image du gentleman. Quelle que soit son insertion dans le monde des affaires, il ne confond pas sa condition avec celle du bourgeois, qui, si riche ou si puissant qu’il soit, est incapable de produire une généalogie.

gentry [ dʒɛntri ] n. f.
• 1669; mot angl.
Noblesse anglaise non titrée. Des gentrys ou des gentries.

gentry, gentries nom féminin (anglais gentry) En Angleterre, ensemble des nobles ayant droit à des armoiries, mais non titrés (par opposition à la nobility). [Au XVIIe s. et surtout au XVIIIe s., l'influence de la gentry était considérable, notamment à la Chambre des communes, qu'elle domina jusqu'à la réforme électorale de 1832.]

⇒GENTRY, subst. fém.
Petite noblesse anglaise non titrée, haute bourgeoisie, [par opposition à la Nobility, noblesse titrée]. Tous les documens nous montrent le nombre de propriétaires fonciers augmentant prodigieusement, et les terres passant en grande partie aux mains de la gentry ou petite noblesse, et des bourgeois (...). Il y avait donc (...) grande mutation dans la richesse foncière (GUIZOT, Hist. civilisation, 1828, p. 8).
P. ext. Haute société française. Gentry académique, parisienne, provinciale; la gentry de l'Institut. Chez tous deux [Mallarmé et Whistler] (...) la distinction suprême d'une gentry intellectuelle, (...) protestataire tacite contre la démocratisation générale (MAUCLAIR, De Watteau à Whistler, 1905, p. 329).
Prononc. : []. Étymol. et Hist. 1688 (CHAMBERLAYNE, Etat Présent d'Anglet., I, 328 ds BONN., p. 64). Empr. à l'angl. gentry « noblesse de naissance ou de rang, qualités d'un homme de bonne condition », d'où « l'ensemble des nobles, la classe des gens de qualité », attesté en moy. angl. sous les formes gentrie, genterie (MED) à côté de gentleri, gentelie, dér. de gentil, gentle (cf. gentleman) apparentés à l'a. fr. gentilise, gentelise dont les var. d'agn. et a. norm. genterise (XIIe s. ds T.-L.) puis genterie, gentrie (XIVe s., N. Bozon, ibid.) sont à l'orig. des formes de moy. angl. qui ont donné gentry (FEW t. 4, p. 110a et p. 112a, note 4). Bbg. BONN. 1920, p. 64. - BOULAN 1934, p. 108. - RITTER (E.). Les Quatre dict. fr. B. de l'Inst. nat. genevois. 1905, t. 36, pp. 431-432.

gentry [dʒɛntʀi] n. f.
ÉTYM. 1669; mot angl., « noblesse », de même orig. que gentil.
Didact. (anglicisme).
1 Noblesse anglaise non titrée (par oppos. à nobility « noblesse titrée »). || La gentry et la noblesse titrée.
2 (1846, in Höfler). Par ext. En France, La haute société. Monde (beau, grand).Plur. des gentrys ou gentries.
1 Il (Bumbo) supplie la noblesse, la gentry de Clare, de se séparer de cette misérable aristocratie de Dublin, de cette meute altérée de sang, et de se joindre au peuple pour le salut commun.
Balzac, Feuilleton des journaux politiques, Œ. diverses, t. I, p. 647.
2 J'étudiai très curieusement cette espèce de gentry, et je trouvai difficile de comprendre comment ils pouvaient être pris pour des gentlemen par les gentlemen eux-mêmes.
Baudelaire, Trad. E. Poe, Histoires extraordinaires, « L'homme des foules ».

Encyclopédie Universelle. 2012.