INCENDIES
La vie moderne entraîne un accroissement constant des dangers d’incendie. L’utilisation courante de nouveaux produits extrêmement inflammables, la concentration toujours plus grande de biens et matériels de valeur conduisent à une aggravation des sinistres en nombre et en importance, tout particulièrement dans le secteur industriel. On considère généralement que les pertes dues aux incendies ont quadruplé entre 1970 et 1980, malgré les progrès réalisés dans le domaine de la prévention et de la protection.
En 1980, aux États-Unis, 3 millions 300 000 incendies ont provoqué la mort de 6 500 personnes et causé 6 250 millions de dollars de dégâts. En Grande-Bretagne, avec 300 000 sinistres et 1 000 morts, les pertes s’élèvent à 459 millions de livres. En Belgique, on compte 14 000 sinistres et 122 morts. En France, en 1980, on dénombre officiellement 158 931 sinistres ayant provoqué la mort de 319 personnes et causé 7 850 millions de francs de dégâts. Toujours en France, le nombre des sinistres aurait été en 1986 de 239 603 et, en 1991, de 304 111.
Les montants des dégâts indiqués ci-dessus ne concernent que les pertes directes remboursées par les compagnies d’assurances incendie. Si l’on ajoute les pertes indirectes (cessation d’activité, diminution de bénéfices), on arrive à des chiffres plus considérables encore. Les incendies ont également d’autres conséquences graves, et en premier lieu le chômage consécutif à la destruction d’une usine, ou la ruine de toute une région, lorsqu’il s’agit de feux de forêts par exemple. De plus, des œuvres d’art, des souvenirs irremplaçables sont détruits chaque année par le feu.
1. Historique
L’homme, ayant conquis le feu, en avait fait une divinité qu’il fuyait sans combattre lorsque le dieu déchaîné se transformait en incendie. Il avait pourtant compris qu’une pluie abondante l’éteignait et que les zones humides échappaient au sinistre. Les premiers hommes à oser affronter l’incendie utilisèrent donc l’eau.
Les Hébreux et les Grecs organisèrent les premiers, semble-t-il, des rondes de veilleurs de nuit chargés de donner l’alarme et de combattre le feu. On retrouve cet usage dans la Rome primitive avec les triumviri , puis les decemviri nocturni , chargés en même temps de la police des rues et qui devinrent plus tard les aediles incendiorum exstinguendorum . Ces vigiles étaient au nombre de 600 sous le règne d’Auguste et équipés de façon remarquable.
Sous le règne de Néron, l’incendie de Rome en l’an 64 provoqua la mise en application d’importantes mesures de prévention pour éviter le retour de semblables catastrophes. Pline le Jeune raconte dans ses Lettres que les vigiles disposaient de seaux, d’échelles et de siphons (siphones publici ), l’alimentation en eau étant assurée par les aqueducs. La Gaule bénéficia de l’expérience des conquérants romains, mais au début du Moyen Âge, à la suite des invasions qui détruisent tout ce que les Romains ont apporté, la lutte contre l’incendie redevient précaire, et pendant de nombreux siècles plus rien n’est fait pour lutter contre le fléau.
En 1254 fut institué le «guet bourgeois», assuré par divers corps de métier; puis, en 1363 et 1367, le «guet assis», poste de garde à certains carrefours. Le tocsin alertait les habitants désignés qui devaient combattre l’incendie et faire la «part du feu».
Charles V prend en 1371 diverses mesures de prévention: fermeture des soupiraux, interdiction de travailler à la lumière après le «couvre-feu», obligation de placer des seaux pleins d’eau à l’entrée des maisons. Ces mesures de sécurité seront complétées ensuite par de nombreuses ordonnances.
Le premier engin destiné à lutter contre les incendies paraît être la ctesibica machina , sorte de pompe aspirante et foulante inventée en l’an 130 avant J.-C. par Ctesibius d’Alexandrie. C’est seulement aux XVe et XVIe siècles qu’apparaissent les matériels autres que le classique seau d’eau, tout d’abord la «seringue» contenant trois à quatre litres, puis l’extincteur à vis de Jacques Besson.
Vers 1700 apparaît en France la pompe portative munie de tuyaux, appelés alors boyaux, construite par François Dumouriez du Périer qui en avait vu fonctionner de semblables au cours de ses voyages, notamment en Allemagne. Les moines qui, depuis plus de deux siècles, étaient chargés de la lutte contre les incendies, sont remplacés peu à peu dans les grandes villes par des corps de pompiers. Nommé directeur des pompes en 1716, Dumouriez du Périer organise le service d’incendie de Paris. De nombreuses capitales d’Europe s’inspirent de son organisation, laquelle sera transformée en 1759 par Antoine de Sartine.
C’est en 1811, à la suite d’un grave sinistre, que Napoléon militarise le corps de sapeurs-pompiers de Paris. Mouret de Sourville invente l’appareil «pare-flammes», précurseur de l’extincteur, et cet appareil est adopté par de nombreux théâtres.
Le premier corps de pompiers suisse est créé à Genève par Robert Céard. Celui de Bâle est constitué en 1845. En Allemagne, après le terrible incendie de Hambourg en 1842, des corps permanents de pompiers équipés de pompes sont créés dans les principales villes. La pompe à vapeur, inventée par l’Américain Abel Schwak, apparaît en 1860 en Amérique et en Angleterre. Elle est introduite en France en 1867. Aux environs de 1900 les pompes attelées sont remplacées par des engins automobiles et, avant la Grande Guerre de 1914-1918, le fourgon-pompe succède à la pompe à vapeur.
Aujourd’hui, dans la plupart des pays, des corps de sapeurs-pompiers sont équipés de matériel normalisé moderne et efficace, apte à combattre tous les feux. Le service d’incendie est placé sous la responsabilité des autorités communales, et il est assuré par des pompiers volontaires, sauf dans les villes d’une certaine importance où sont constitués des corps de pompiers professionnels communaux. En Italie, il existe un corps national professionnel secondé par des volontaires. La Grande-Bretagne, pendant la Seconde Guerre mondiale, avait militarisé les sapeurs pompiers et créé un corps national. Aujourd’hui la lutte contre le feu est à nouveau organisée en service d’incendie par comtés, avec un plan d’entraide national (Fire Services Act du 31 juill. 1947). Généralement, l’action des organisations de secours des villes ou communes est supervisée ou coordonnée par une direction départementale, provinciale ou régionale. Au Canada, dans la province du Québec, par exemple, il existe une direction générale des incendies qui normalise, édicte les règles de prévention, coordonne les achats, etc.
En France, la protection contre l’incendie relève du ministre de l’Intérieur (service national de la protection civile). Les préfets sont chefs du service départemental d’incendie et de secours, et sont aidés dans cette tâche par des inspecteurs départementaux. Les corps communaux relèvent cependant directement de l’autorité communale; les services départementaux d’incendie conseillent techniquement les corps communaux et sont chargés de l’organisation générale des secours dans le cadre départemental. Les sapeurs-pompiers sont généralement des volontaires, sauf dans les grandes villes et dans certaines régions où sont constitués des corps de professionnels. Ceux-ci peuvent être: des sapeurs-pompiers militaires, comme ceux de la brigade des sapeurs-pompiers de Paris; des sapeurs-pompiers départementaux, chargés de la défense de régions particulièrement exposées au risque d’incendie, dans les Landes notamment; des sapeurs-pompiers professionnels communaux, employés municipaux dans certaines villes importantes, qui sont affectés en permanence au service de défense contre l’incendie.
2. Les causes des incendies
Il arrive parfois que le feu s’évade des limites que l’homme lui a fixées, provoquant un incendie avec ses redoutables conséquences. Qu’est-ce, en effet, qu’un incendie? «C’est un feu, ou plus généralement une combustion, qui se développe sans contrôle dans le temps et dans l’espace» (L. Amy). Une combustion est une réaction chimique qui se produit entre deux corps dont l’un est appelé combustible et l’autre comburant. La combustion ne s’amorce généralement qu’avec l’aide d’une source extérieure d’énergie. Il existe cependant des cas de combustion spontanée. Pour qu’un corps prenne feu, il doit être porté à une certaine température. Dans les incendies, le seul comburant que l’on ait à considérer est l’air, ou plus exactement l’un de ses constituants: l’oxygène. Les combustibles, en revanche, sont très nombreux, et les techniques modernes en créent chaque jour de nouveaux, souvent fort dangereux. On peut répartir les causes d’incendie en causes chimiques (réactions de certains corps au contact de l’air, de l’eau ou d’autres composés), mécaniques (transformation de l’énergie mécanique en chaleur par frottements), biologiques (inflammation due à l’action des ferments, des bactéries dans le cas notamment de stockage de végétaux, en particulier si ceux-ci restent humides), et électriques (court-circuit classique ou étincelles provoquées par l’accumulation d’électricité statique).
Il ne faut cependant pas perdre de vue que pratiquement presque tous les sinistres ont pour origine le contact d’une flamme ou source de chaleur extérieure avec des matières combustibles. Entrent alors en jeu des principes physiques et chimiques valables pour tous les incendies, quelle qu’en soit la cause. Enfin, tout corps peut brûler si certaines conditions sont remplies.
À ces causes naturelles, il faut ajouter les causes humaines qui sont à l’origine de presque toutes les catastrophes. En effet, bien que les causes scientifiques existent à l’état latent en tout endroit, à tout instant, le nombre des sinistres serait très certainement moins élevé sans l’imprudence et la négligence des hommes qui, trop souvent, ignorent ou veulent ignorer les règles élémentaires de la prudence et de la prévention.
3. Les techniques de lutte contre le feu
Pour qu’un corps combustible brûle, il faut nécessairement qu’il se trouve porté et maintenu à une certaine température (degré d’inflammation) et qu’il y ait dans l’atmosphère où il se trouve la quantité de comburant permettant la combustion. Il faut distinguer pour les combustibles liquides le point d’éclair , qui est la température à laquelle ce corps émet suffisamment de vapeurs pour que le mélange dans l’air puisse prendre feu au contact d’une flamme ou d’un point chaud, de la température d’inflammation , qui est celle à laquelle ce corps doit être maintenu pour que la combustion se poursuive. La température d’auto-inflammation est celle à laquelle doit être porté un corps pour qu’il puisse s’enflammer spontanément, même en l’absence de flamme ou de point chaud.
Pour obtenir l’extinction, il faut étouffer le foyer en l’isolant de l’oxygène ou procéder par refroidissement pour ramener le foyer à une température inférieure au degré d’inflammation, ou, mieux encore, agir simultanément par étouffement et par refroidissement du foyer. Pour cela, on peut séparer le combustible du comburant, soit en privant le foyer d’oxygène (coupure du tirage), pour descendre au-dessous de la limite d’inflammabilité, soit en isolant le combustible de l’air en le recouvrant d’un produit extincteur. On peut encore abaisser la température en procédant par refroidissement ou, plus exactement, en transférant une certaine quantité de chaleur du corps en feu dans un autre corps, celui-là incombustible. Cette méthode dite thermique est la plus employée, et l’eau apparaît comme étant l’un des agents possédant les meilleures qualités pour ce genre d’opération.
Avant d’examiner les qualités propres aux différents produits extincteurs utilisés de nos jours, il est utile de rappeler les classes de feux qu’ils peuvent avoir à combattre.
Les différents feux
Les feux de la classe A (feux dits secs ) intéressent généralement des matériaux à base de cellulose tels que bois, tissu, papier, etc., dont la combustion peut être vive, avec flammes, ou lente, sans flamme mais avec formation de braises incandescentes.
La classe B est celle des feux de solides et liquides, dits gras . Tels sont les feux d’hydrocarbures et de solvants divers (alcools, cétones, etc.).
La classe C est celle des feux dits de gaz (méthane, propane, butane, gaz de ville, etc.).
Certains feux d’un caractère particulier n’ont pu à ce jour être répartis en classe bien définie (feux de métaux, de plastiques, etc.).
Il s’agit là de la classification française. Certains pays ajoutent la classe D (feux survenant en présence de conducteurs électriques sous tension) et la classe E (feux spéciaux, principalement de métaux).
Les produits extincteurs
L’eau
Lorsqu’on projette de l’eau sur un foyer, elle s’échauffe et se vaporise en même temps que la température du foyer s’abaisse peu à peu. L’extinction se produit lorsque la masse du combustible est amenée au-dessous de son point d’inflammation ou de combustion. L’eau est très efficace pour combattre les feux de catégorie A et certains feux de catégorie B (hydrocarbures lourds). Il faut noter que l’eau, non seulement refroidit le foyer, mais également coule sur la surface de celui-ci et l’isole ainsi de l’air.
L’eau restant très peu de temps en contact avec la masse, il faut obtenir le plus rapidement possible l’élévation maximale de sa température. C’est la raison pour laquelle on utilise souvent l’eau en pulvérisation de façon qu’elle absorbe plus rapidement une plus grande quantité de chaleur. La non-conductibilité électrique de l’eau utilisée en jet pulvérisé présente un très gros avantage par rapport au jet plein ou «jet bâton».
Le pouvoir extincteur de l’eau se trouve amélioré sensiblement par l’adjonction de produits «mouillants» employés surtout en pulvérisation. Les mouillants sont des composés synthétiques tensio-actifs; leur pouvoir mouillant résulte en fait, principalement, de l’équilibre précis entre les propriétés lipophiles et hydrophiles du produit. Pratiquement ce sont des liquides ou des poudres à dissoudre dans l’eau et qui favorisent la pénétration de celle-ci. Additionnée de mouillant, l’eau convient non seulement pour les feux de la classe A, mais aussi pour ceux de la classe B.
On peut classer dans cette catégorie de produits un nouvel agent extincteur, l’«eau légère» (light water ), qui peut être également considéré comme une mousse légère; c’est un concentré synthétique à base de mouillant fluoré, très efficace sur les feux d’hydrocarbures.
Les liquides ignifuges
Contrairement à l’eau qui, si elle n’est pas utilisée directement à partir du réseau de distribution, doit être propulsée soit au moyen d’une pompe, soit à l’aide d’une pression de gaz auxiliaire, le liquide ignifuge est projeté au moyen du gaz provenant de la réaction d’une solution acide, généralement de l’acide sulfurique, sur une solution basique constituée le plus souvent de bicarbonate de soude. Le produit extincteur lui-même résulte de la réaction de ces deux solutions. Le liquide ignifuge peut être utilisé en jet plein ou en jet pulvérisé. Il convient, dans le premier cas, pour les feux de classe A et, dans le second, pour les feux de classe A et certains feux de classe B.
La mousse
Comme le liquide ignifuge, la mousse dite chimique est créée par l’action d’une solution acide sur une solution basique, cette dernière contenant un produit émulsifiant. On peut aussi obtenir une mousse dite physique par l’effet d’une pression auxiliaire sur une émulsion ou une solution contenant un émulsifiant protéinique. L’extinction se fait par étouffement, et la mousse, ayant la propriété de flotter sur les liquides, est utilisée aussi bien pour les feux de classe A que pour ceux de classe B, y compris l’essence. Depuis quelques années, on se sert d’un nouveau type de mousse physique, dite mousse à haute expansion, dont le coefficient de foisonnement, très élevé par rapport à celui des mousses classiques, est obtenu par une pulvérisation extrêmement fine.
Les hydrocarbures halogénés
Les dérivés halogénés de certains hydrocarbures constituent des agents extincteurs efficaces pour lutter contre les feux de classe B. Certains de ces produits sont gazeux à la température ordinaire. Ils sont parfois toxiques, et leur utilisation est généralement réglementée, ainsi l’emploi du bromure de méthyle et du tétrachlorure de carbone comme agents extincteurs est interdit en France.
L’anhydride carbonique liquéfié
L’anhydride carbonique, incombustible et incomburant, peut être stocké à l’état liquide dans des volumes relativement réduits. Il a la particularité de se maintenir en phase liquide à la température ordinaire et de passer à l’état solide (neige carbonique) sous l’effet de la détente au moment de l’emploi. L’extinction est obtenue par étouffement, le gaz inerte (CO2) étant substitué à l’oxygène de l’air, et par une action mécanique due à l’interposition entre les flammes et le combustible d’une mince couche de gaz carbonique. On admet aussi que le refroidissement dû à la température très basse de la neige carbonique (face=F0019 漣 78 0C) contribue, mais pour une faible part, à l’extinction. La projection est obtenue par la pression permanente créée par le produit lui-même. Celui-ci convient pour l’extinction des feux de classe B.
La poudre sèche
La poudre sèche est pratiquement le seul agent extincteur utilisé sous forme solide. Les produits pulvérulents les plus employés sont les bicarbonates de sodium et de potassium. La protection est obtenue au moyen d’une pression de gaz auxiliaire. La granulométrie est déterminée par le fabricant en fonction du type d’appareil utilisé. La poudre sèche doit être parfaitement protégée de l’humidité afin d’éviter qu’elle ne s’agglomère en un bloc compact. L’hydrofugation est obtenue en enrobant chaque grain de particules grasses, stéarate en général, ou d’un film isolant d’autre nature. Cette opération d’hydrofugation donne de plus à la poudre la fluidité indispensable à sa bonne utilisation. On considère généralement que les qualités extinctrices de cet agent extincteur sont dues au rôle d’inhibiteur joué par la poudre au sein de la réaction chimique que constitue le feu.
La poudre sèche classique est efficace sur les feux de classe B et de classe C. Il est à noter que, d’une façon générale, les produits convenant pour les feux de classe B éteignent également les feux de classe C. Il existe depuis quelques années des poudres polyvalentes permettant d’intervenir à la fois sur les feux de classes A, B et C; certaines permettent également d’obtenir de bons résultats sur les feux de métaux.
Les peintures et produits ignifuges
Les peintures et produits ignifuges font partie des moyens mis en œuvre pour prévenir les incendies ou empêcher leur propagation. La technique de l’ignifugation consiste à imprégner ou à enduire des matériaux combustibles avec des produits ayant la propriété de les rendre non inflammables ou difficilement inflammables. La composition des produits ignifuges (peinture, vernis) varie selon la nature des matériaux à protéger. Il existe des produits spéciaux pour l’ignifugation des fibres, papiers ou tissus, et des peintures dites intumescentes qui ont la propriété, sous l’action de la chaleur, de produire une mousse isolante. Les produits intumescents sont utilisés principalement pour la protection des constructions et charpentes métalliques. Des produits spéciaux, à base de phosphate d’ammonium liquide, permettent d’ignifuger préventivement les bords des voies ferrées et des routes, et de ralentir la progression du sinistre en cas d’incendie de forêt.
Les matériels
La plupart des agents extincteurs sont utilisés au moyen, soit d’appareils mobiles, soit de véhicules, soit enfin d’installations fixes automatiques.
Les extincteurs mobiles
Les extincteurs sont des appareils qui permettent de projeter, à l’aide d’une pression intérieure et en dirigeant le jet, un agent extincteur sur un foyer d’incendie. La pression est fournie soit par une compression préalable, soit par une réaction chimique ou la libération d’un gaz auxiliaire, soit enfin par la manœuvre d’une pompe. On différencie les extincteurs entre eux en fonction de la nature de l’agent contenu, des conditions d’utilisation de chacun d’eux et de leurs possibilités. Les capacités usuelles varient de 0,2 litre à 12 litres pour les extincteurs portables et de 50 à 150 litres pour les extincteurs sur roues; certains constructeurs fabriquent des appareils de plus grande capacité (250 à 500 l).
Pour les appareils à mousse ou à liquide ignifuge la pression est obtenue par la réaction d’une solution acide sur une solution basique. Les appareils à eau et à poudre sont, soit à pression permanente, soit mis en pression au moment de l’emploi par l’ouverture d’une cartouche de gaz, ou sparklet. Les appareils chargés d’anhydride carbonique ou d’hydrocarbures halogénés sont à pression permanente.
Dans certains pays, tel le Japon, la présence d’extincteurs est obligatoire dans tous les immeubles et sur les véhicules automobiles. Dans d’autres, comme la Belgique, cette obligation ne s’applique qu’aux véhicules. En France, il n’existe pas de réglementation aussi contraignante, sauf pour certains risques, mais la fabrication des extincteurs fait l’objet de normes très précises ayant un caractère obligatoire.
Avant de passer à l’étude des véhicules proprement dits, il faut citer les motopompes, engins portatifs ou remorquables équipés d’un moteur et d’une pompe accouplés et qui peuvent être mis «en aspiration» sur une nappe d’eau ou branchés sur une prise d’eau d’incendie. Les motopompes peuvent refouler, à l’aide d’une ou plusieurs lances, 30, 60 ou 120 mètres cubes d’eau à l’heure.
Les véhicules
On peut distinguer quatre catégories principales de gros matériel: les véhicules à eau, les véhicules à mousse, les véhicules à poudre et les engins spéciaux. Les véhicules à eau utilisés par les sapeurs-pompiers sont de deux types, suivant qu’ils possèdent ou non une réserve d’eau.
Les engins porteurs d’eau (premiers secours, fourgon-pompe tonne, fourgon-pompe mixte et camion-citerne) peuvent transporter de 250 à 3 500 litres d’eau selon les types et sont équipés de pompes pouvant dans la plupart des cas débiter 60 mètres cubes à l’heure. Ces véhicules sont ceux qui sont le plus fréquemment utilisés en France. Ils font l’objet d’une normalisation très précise.
Les véhicules à mousse sont des porteurs d’eau équipés d’une réserve d’émulsifiant et d’un dispositif de production et de projection de mousse physique.
Les véhicules à poudre sèche fonctionnent comme de très gros extincteurs. Ils ont une forte puissance d’action et sont parfois jumelés avec un dispositif à mousse physique ou à neige carbonique.
Les véhicules utilisant les hydrocarbures halogénés peuvent être considérés comme des engins spéciaux, de même que ceux intervenant sur les aérodromes ou dans les raffineries de pétrole. Pour ces derniers risques, on utilise des véhicules de grande puissance, équipés à la fois de deux ou plusieurs systèmes d’extinction (eau, poudres sèches, hydrocarbures halogénés, anhydride carbonique).
Enfin, parmi les véhicules dont se servent les services de secours, citons les échelles et les plates-formes de sauvetage, les camions-grues, les engins de décontamination, les fourgons compresseurs, les fourgons électroventilateurs, etc.
Les installations fixes
Les installations fixes d’extinction sont destinées à la protection d’un bâtiment soit dans sa totalité, soit, sous certaines conditions, dans ses parties considérées comme les plus dangereuses. Elles font appel aux différents produits extincteurs connus et sont mises en fonction par un système utilisant les manifestations qui accompagnent un début d’incendie, notamment: élévation de température; rayonnements, visibles ou non, produits par les flammes; fumée ou gaz de distillation; dilatation provoquée par la chaleur dégagée. Les installations fixes comprennent, de façon générale, des réservoirs ou sources de produits extincteurs, des moyens de propulsion de ces produits (pompes, gaz de fluidisation) ainsi que des canalisations pour les véhiculer, des dispositifs de projection, des systèmes d’alarme, de signalisation, de commande soit manuels, soit automatiques, soit les deux à la fois.
On appelle dispositif d’extinction automatique tout moyen de premier secours agissant sans intervention humaine et conçu pour détecter et éteindre un début d’incendie, et en tout cas limiter ou freiner sa propagation. Parmi ces dispositifs, les plus connus sont les extincteurs automatiques à eau ou «installations sprinklers» lesquelles comprennent essentiellement un réseau de protection constitué de canalisations d’eau sous pression placées au plafond des locaux à protéger et équipées de têtes de projection, ou sprinklers, une ou des sources d’eau alimentant ce réseau, et un ou plusieurs postes de contrôle destinés à assurer le fonctionnement de l’installation et à donner l’alarme.
La détection
Le détecteur d’incendie est un appareil qui, sous l’influence de certains phénomènes physiques ou chimiques précédant ou accompagnant un début d’incendie, provoque la signalisation immédiate de celui-ci. Les phénomènes dus au début d’incendie et qui servent à la détection sont essentiellement la production de chaleur, de fumée, de rayonnement. De ce fait, les appareils utilisés usuellement sont des détecteurs thermiques, des détecteurs de fumée ou de gaz de combustion et des détecteurs optiques.
Les détecteurs thermiques sont, selon les types, sensibles à la vitesse d’élévation de la température (détecteurs thermovélocimétriques), sensibles à un écart de température (détecteurs thermodifférentiels) ou à un seuil de température (détecteurs thermostatiques).
Les détecteurs de fumée fonctionnent généralement au moyen de sels radio-actifs permettant de surveiller l’état d’ionisation de l’atmosphère. Ils contiennent une chambre d’ionisation dont l’air est rendu conducteur par la présence d’une source radio-active. Lorsqu’une fumée ou un gaz de combustion pénètre dans cette chambre, la conductibilité de l’air ionisé diminue, ce qui provoque l’alarme. Il existe plusieurs variantes de ce procédé.
Les détecteurs optiques sont le plus souvent constitués d’une cellule photorésistante ou émissive éclairée en permanence par une source de lumière, le déclenchement de l’alarme se produisant lorsqu’un écran de gaz ou de fumée s’interpose entre la source de lumière et la cellule. Signalons enfin l’existence de détecteurs fonctionnant en cas de variation de la conductibilité électrique de l’atmosphère.
Les détecteurs, quel que soit leur type, sont reliés à un tableau de contrôle dont le rôle est de transformer le signal reçu en un avertissement sonore ou lumineux permettant de localiser le danger. Ils sont fréquemment utilisés pour déclencher le fonctionnement d’installations automatiques de protection.
La prévention
La prévention est un ensemble de mesures ayant pour but d’éviter la naissance d’un incendie et, en cas d’éclosion de celui-ci, de prévoir les matériels d’extinction nécessaires, ainsi que les dispositifs destinés à limiter la propagation du feu et à assurer le sauvetage des personnes. Si les règles de simple prudence ou de prévention élémentaire peuvent être aisément appliquées par chacun, la prévention des risques industriels ou celle des bâtiments publics est affaire de spécialistes.
La prévention commence lors de la construction des bâtiments, usines, écoles, magasins, etc. Il faut aménager les locaux en isolant les activités ou les zones dangereuses, prévoir des issues pour faciliter l’évacuation du public ou du personnel. Il est nécessaire, dans certains cas, d’ignifuger les tissus et les cloisons. On peut encore citer les portes coupe-feux, dont la fermeture est commandée automatiquement en cas d’incendie, ainsi que les dispositifs évacuateurs de fumée, qui fonctionnent également de façon automatique.
Les systèmes de détection peuvent être reliés directement à la caserne des sapeurs-pompiers ou à un service spécialisé de surveillance. Il faut organiser des exercices d’évacuation, former et pourvoir en matériel une équipe spécialisée pour combattre le feu.
Toutes ces mesures doivent, bien sûr, être étudiées en fonction de chaque risque, mais si l’on veut réaliser une bonne organisation d’autodéfense en attendant l’arrivée des sapeurs-pompiers, il faut nécessairement prévoir la prévention, la formation du personnel et l’équipement en matériel de lutte contre le feu. En France, la réglementation concernant la lutte contre l’incendie vise principalement la protection des personnes sur les lieux de travail ou dans les établissements ouverts au public (cinémas, théâtres, magasins, hôtels, administrations, églises, établissements sanitaires, musées, etc.).
La formation et la recherche
Dans la plupart des pays, la formation de spécialistes de la lutte contre le feu est confiée aux services de la protection civile, aux organisations de sapeurs-pompiers et à des organismes créés soit par les sociétés d’assurances, soit par des industriels spécialisés dans la lutte contre l’incendie. Il existe également des services de prévention qui forment et entraînent le personnel de leurs clients sur le lieu même du travail.
Dans le domaine de la recherche fondamentale (étude physico-chimique de la flamme) ou appliquée (action des inhibiteurs par exemple), diverses études sont actuellement en cours dans de nombreux laboratoires en liaison avec les fabricants de matériels. C’est surtout dans les essais-tests que cette collaboration avec les constructeurs s’avère la plus efficace et permet de définir le meilleur emploi des procédés ou matériels existants sur telle ou telle catégorie de feux. Ces recherches ont permis une amélioration constante des techniques d’extinction et la mise au point d’un matériel moderne adapté aux risques nouveaux.
Encyclopédie Universelle. 2012.