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INDONÉSIE
INDONÉSIE

L’INDONÉSIE est tellement immense, tellement ancienne et tellement complexe, qu’on y perd très vite son sanscrit. Dès qu’on croit avoir commencé à comprendre un problème humain, aussitôt on observe, on apprend quelque chose qui remet tout en question. Tout ici est démesuré: les distances (cinq mille kilomètres d’ouest en est, soit autant que de Paris à Dakar et mille kilomètres de plus que la largeur des États-Unis, d’un océan à l’autre), le climat égal et noyé (on compte ici les hauteurs de pluie en mètres), un archipel de plus de dix mille îles, l’alternance des fosses et des plates-formes marines (de cinquante à dix mille mètres de fond), des centaines de volcans, des arbres hauts de soixante-dix mètres, des lianes longues de deux cents mètres, six cents variétés d’orchidées, la fleur la plus grande du monde (Rafflesia , qui dépasse un mètre de diamètre), le pays des épices, du poivre, des clous de girofle, des noix muscades, du tigre, du buffle sauvage, de l’éléphant, du rhinocéros, de l’orang-outan, du dragon volant, du lézard géant, des merles mandarins et des oiseaux de paradis. Et des ressources naturelles qui paraissent illimitées: du riz au caoutchouc, de l’étain au pétrole.

Avec près de 185 millions d’habitants, l’Indonésie est au quatrième rang des pays les plus peuplés du monde. Sur ce point, seuls la Chine, l’Inde et les États-Unis la dépassent. À part une minorité de race noire – mélanésienne ou papoue – à l’est et en Irian (Nouvelle-Guinée), les habitants sont des Malais ou des «parents» de ceux-ci, sans qu’on puisse d’ailleurs savoir ou définir exactement ce qu’est un Malais, tant les différences physiques frappent le voyageur, à commencer par la taille, qui varie entre 1,60 m à Java et 1,80 m à Madura. En fin de compte, on rencontre ici presque tous les types asiatiques, mais l’œil n’est généralement pas bridé et les cheveux sont loin d’être toujours raides. Quant au caractère, il n’est certes pas identique partout et on peut discuter à perte de vue sur la fameuse «impassibilité» javanaise (onbewogenheid ), tant vantée par les Hollandais. Java renferme, au demeurant, près des deux tiers de la population indonésienne, et sa culture raffinée rendait «comme fou» (wie wahnsinnig ), en 1923, le peintre allemand Walter Spies. Fixé à Bali, il est de ceux qui ont le plus contribué à la réputation fabuleuse de l’«île aux seins nus» (qui ne mérite plus son nom depuis longtemps), dont l’envoûtement – de plus en plus mis, hélas, à la portée des touristes – ressort de la lecture de l’admirable livre de Vicki Baum, Sang et volupté à Bali (Liebe und Tod auf Bali ), qui parut en 1937 et doit sans doute beaucoup au séjour que l’auteur fit chez Walter Spies, en 1930.

Trop de gens ont tendance à réduire l’Indonésie à Bali et à ses temples, à ses danses, à sa musique, à ses crémations. On ne finira pas d’énumérer ce que l’étranger ignore, ce qu’il ne soupçonne même pas. Il est vrai que rien n’est facile. Il fait si chaud et tout est si loin. L’obstacle des langues est, la plupart du temps, insurmontable (si l’indonésien est bien la langue officielle et nationale, le trait d’union entre tant de peuples divers, la plupart des Indonésiens ne sont encore vraiment à l’aise que dans leur langue maternelle, dont le javanais est la principale), et surtout, ici comme ailleurs, «on n’observe qu’en raison de ce qu’on sait».

Sans provoquer des confidences – et même des «aveux étudiés» –, jamais on n’aura la moindre idée de ce que le kris , ce poignard à lame généralement ondulée, représente pour son possesseur, jamais on n’imaginera que le wajang n’est pas un simple théâtre d’ombres chinoises, mais un office, presque une sorte de messe ou comme un de nos anciens «mystères». Walter Spies encore, dans une lettre du 12 mars 1924, compare l’émotion, l’extase, qu’il a ressentie un soir de wajang , à Jogjakarta, à celle qui l’étreignait jadis devant la Passion selon saint Matthieu .

Tel est le cas, entre autres, de l’histoire de l’Indonésie. Comment ne pas perdre pied, comment être sûr de rien, à moins de céder à cette pente naturelle de l’esprit humain, à ce que Bossuet appelait «le pire dérèglement: celui de croire que les choses sont comme on voudrait qu’elles soient»? Un certain nombre de faits, de documents, ont servi de base à des hypothèses séduisantes, mais qui ne résistent pas plus à l’examen que certains spécialistes n’ont résisté à la tentation de donner, à leurs propres photographies, le «coup de pouce» indispensable... Que de mécomptes pour l’épigraphiste! Les noms, les dates, des tombes musulmanes en particulier, sont souvent indéchiffrables et il serait plus honnête d’en convenir. Le plus grave, c’est qu’ici comme en Afrique noire, par exemple, les manuels scolaires nationaux reproduisent purement et simplement les conjectures ou les théories des anciens colonisateurs, qui résultent parfois d’une erreur de lecture élémentaire.

On dit volontiers ici qu’il y a trois sujets tabous: la corruption, la religion et les Chinois. Ils le sont d’ailleurs de moins en moins. La corruption (korupsi ) est la cible favorite et quotidienne des chroniqueurs et il n’est pas de jour sans qu’un journal au moins ne s’en prenne à une haute personnalité qui vit vraiment un peu trop au-dessus de ses revenus. La presse est infiniment plus libre qu’on ne le croit en Europe et l’un de ses représentants les plus influents n’a pas hésité à lancer une campagne violente contre la Société nationale de pétrole Pertamina, qu’il accusait de ne rendre compte à personne de ses bénéfices et de subventionner la plus célèbre des divisions militaires. On peut voir, dans les rues de la capitale, des manifestations ou des défilés d’étudiants, dont un des chars symboliques est occupé par un «général» en tenue tenant à la main une bouteille d’essence. Étudiants et lycéens sont baptisés «le parlement dans la rue». Même s’ils sont bien loin d’avoir retrouvé le rôle de fer de lance qui fut le leur, en 1966, pour éliminer Sukarno, ils restent souvent en alerte, et leur mot d’ordre dans la lutte contre la dilapidation des deniers publics est «Kami ingin tahu! » («Nous voulons savoir!»). Cette exigence à la bouche, ils sont reçus dans les ministères et ils ont obtenu la création d’une commission d’enquête.

Dans ce pays où le revenu moyen par tête et par an n’était que de 80 dollars en 1970 et de 639 dollars en 1991 (contre respectivement 1 940 et 26 936 dollars au Japon!), où le paysan mange à sa faim sur un sol prodigieusement riche, mais où les traitements des fonctionnaires sont dérisoires (même assortis d’avantages en nature), tout le monde se débrouille de son mieux, en pratiquant trois ou quatre métiers à la fois, en acceptant des pots-de-vin – qui seraient plutôt, ici, des «épices» – et en ne reculant devant aucune «combine». La démographie galopante aggrave les choses: la population de l’Archipel s’accroît, chaque année, de plus de deux millions de bouches nouvelles à nourrir et la régulation des naissances n’a pas encore donné plus de résultat qu’en Inde. Dans ces conditions, comment ne pas être tenté d’accepter un pourboire, qui est ici, selon le cas, plutôt un «pour fumer» (uang rokok ), «pour le cyclopousse» (uang bétja ), ou «pour l’essence» (uang bénsin ). L’écolier, s’il a la chance de pouvoir se faire inscrire, doit payer pour tout: c’est l’«argent de l’école» (uang sekolah ), qui peut, pour l’étudiant en médecine, atteindre ou dépasser plusieurs centaines de milliers de roupies (scolarité, livres anglais, frais de toute sorte), c’est-àdire parfois près de mille dollars! On comprend que cette jeunesse, avide de s’instruire et qui sait bien qu’elle ne trouvera de débouché (si elle en trouve) qu’avec un diplôme, soit exaspérée et au bord de la révolte.

Les Chinois attirent aisément la foudre. Ils sont près de trois millions en 1970, dont la moitié sont citoyens indonésiens. Deux cent cinquante mille sont considérés comme «étrangers» (ressortissants de Pékin) et plus d’un million sont apatrides. On prétend qu’ils tiennent dans leurs mains expertes, à l’ongle du pouce gauche démesuré, encore 80 p. 100 de l’économie et 70 p. 100 de la monnaie. Même si ces chiffres sont exagérés (et ils le sont), on constate qu’il suffit aux Chinois des grandes villes de prendre peur et de fermer boutique pour que tout soit paralysé. Ils continuent à jouer un rôle de premier plan dans la production du sucre, du kapok de Java, du poivre blanc et surtout de l’étain, du bois de la mangrove de la partie orientale de Sumatra, du riz et du caoutchouc de Pontianak (Bornéo-Ouest) et surtout dans le commerce. Les Indonésiens leur reprochent leurs liens familiaux et leurs réseaux de relations patiemment tissés de Hong Kong à Singapour, où ils investissent infiniment plus qu’en Indonésie. Ils sont métissés, parlent indonésien (les jeunes ont oublié le chinois depuis qu’il n’y a plus d’écoles chinoises) et s’assimilent tout doucement. Plus de cent mille sont devenus catholiques (c’est une bonne protection). On les rançonne quand on peut, et les deux plus grandes salles de jeux de Djakarta n’ont d’autre but que de faire passer une partie de leur argent dans les caisses de la municipalité (ou de ses représentants). Il faut dire aussi qu’on les soupçonne, non sans contradiction, d’être, en même temps que d’odieux capitalistes, des partisans sournois de la Chine populaire. Après tout, le Parti communiste indonésien (P.K.I.) revendiquait fièrement, en juin 1964, dix-huit millions de militants et de sympathisants, soit un Indonésien sur six. La voix populaire accuse, bien entendu, les Chinois d’avoir fourni de gros contingents au P.K.I., naturellement accusé d’aventurisme pro-chinois par la tendance moscovite.

Et pourtant, ces Chinois d’Indonésie sont, au moins en partie, les descendants de fils du Ciel fixés ici depuis des siècles. Les annales des deux parties gardent le souvenir d’une bataille où la flotte chinoise de mille vaisseaux, transportant vingt mille hommes à l’est de Java, se fit battre par les Indonésiens en 1293. Ces premiers Chinois d’Indonésie étaient, souvent, de confession musulmane, comme le montre le témoignage du voyageur Ma Huan, écrit en 1416. Il ne semble pas discutable, en fin de compte, malgré le paradoxe apparent, que des Chinois musulmans aient fortement contribué à introduire l’islam dans l’est de Java, dès avant le XVe siècle. Aujourd’hui, il n’y a pratiquement plus guère de Chinois musulmans en Indonésie.

L’islam est, bien entendu, la religion majoritaire (80 p. 100 de la population), ce qui fait de l’Indonésie, avec le Pakistan, le premier pays musulman du monde. Mais il s’agit souvent, surtout au centre de Java, d’un islam dit statistique, qui est en réalité un syncrétisme hindouiste appelé «rouge» (en javanais abangan ), par opposition à la couleur blanche orthodoxe (putih ). Et pourtant, quelque sept millions de chrétiens (deux tiers de protestants et un tiers de catholiques) ont un comportement «majoritaire». C’est là le troisième sujet tabou et, en fait, le point le plus délicat des structures institutionnelles. En effet, l’État indonésien se veut pluriconfessionnel et reconnaît officiellement, depuis le décret présidentiel no 1 de 1965 (donc sous le régime de Sukarno), six religions seulement: islam, protestantisme, catholicisme, hindouisme, bouddhisme et confucianisme (pour ces deux derniers, il s’agit en réalité du culte des ancêtres, pratiqué, comme partout ailleurs, par les Chinois). D’autre part, aux termes de la loi fondamentale de 1945, chacun doit reconnaître les «Cinq Piliers» de l’État (les Pantja Sila ) alors imaginés par l’esprit syncrétique de Sukarno: monothéisme, humanisme, nationalisme, démocratie, justice sociale. Ce programme est assez généreux et assez vague pour contenter tout le monde, sauf justement une bonne partie des musulmans qui voulaient un État théocratique conforme à la Charte de Djakarta (Piagam Djakarta ), dont ni Sukarno ni son successeur ne veulent. Comme les chrétiens sont mieux organisés, relativement plus unis, plus riches, et qu’ils ont de meilleures écoles, ils occupent des postes clefs, officiels ou non, et leur influence est infiniment supérieure à leur nombre. De plus, il y a confusion entre la confession religieuse et l’ethnie tribale, et les deux premières questions que se posent deux inconnus (après l’échange obligatoire de civilités traditionnelles) sont toujours: «Dari mana? » («D’où es-tu?») et «Beragama apa? » («Quelle est ta religion?»).

Après quarante ans de fascination par le romantisme syncrétique et flamboyant de Sukarno (1901-1970), l’Indonésie est, depuis 1966, sous un régime militaire. Mais les contradictions ne manquent pas. On est anticommuniste, on pratique la «chasse aux sorcières», et près de 80 000 «suspects» sont sous les verrous. Mais on est d’abord nationaliste et l’on reste anticolonialiste. On essaie de maintenir une façade de politique extérieure d’indépendance active (bébas aktif ). On évite de tout miser sur le camp américain. Les Indonésiens tiennent, par-dessus tout, à leur personnalité et à leur culture, à leur synthèse originale entre le fonds indigène, l’apport hindouiste, l’islam et le septentrion. Puissent-ils réussir à se garder du cauchemar climatisé et de l’univers concentrationnaire!

Indonésie
(république d') (Republik Indonesia), état d'Asie du Sud-Est constitué par un archipel de plus de 3 000 îles qui s'étire d'O. en E., sur plus de 5 000 km, entre l'océan Indien et l'océan Pacifique. Les îles les plus import. sont: Sumatra, Java, Bornéo (dont l'Indonésie possède la majeure partie: Kalimantan), les Célèbes (ou Sulawesi), les Moluques, l'Irian Jaya (ouest de la Nouvelle-Guinée); au total, 1 919 270 km2; 184 600 000 hab., croissance démographique: 2 % par an; cap. Djakarta. Nature de l'état: rép. de type présidentiel. Langue off.: bahasa indonesia (forgé à partir du malais commercial). Monnaie: rupiah. Pop.: malaise en grande majorité. Relig.: islam (88 %), christianisme (9 %), bouddhisme, hindouisme. Géogr. phys. et hum. - L'archipel est constitué de deux ensembles physiques: Bornéo et les îles proches sont faiblement immergées (50 à 75 m); Célèbes et les îles de la Sonde (Sumatra, Java, Bali, Lombok, Sumbawa, Flores, Timor, Céram) correspondent aux sommets d'une chaîne qui, bordée au S. de profondes fosses marines (fosse de Java), constitue la plus importante guirlande volcanique du monde (120 des 500 volcans sont en activité). Le climat équatorial, chaud et pluvieux, entretient une forêt dense, mais les terres sont très défrichées dans les îles anciennement occupées et menacées de déboisement dans les autres. La répartition de la pop. est très inégale, bien que le gouv. veuille peupler et mettre en valeur l'E. de l'archipel. Java groupe 55 % des hab. sur 7 % du territoire; ses zones rizicoles ont les densités rurales les plus fortes du monde; à l'opposé, l'Irian Jaya groupe moins de 1 % des hab. sur 22 % du territoire. La composition ethnique est très variée: Proto-Malais, Malais, Mélanésiens (Papous d'Irian Jaya), Négritos de Célèbes, etc., et 3 500 000 Chinois. L'Indonésie est le plus vaste état musulman du monde. Malgré la baisse de la natalité, due au planning familial, la population est très jeune. L'essor urbain est réel, mais 70 % des hab. sont encore des ruraux. écon. - Jusqu'en 1997, l'Indonésie a fait figure de "nouveau dragon" dans la zone Pacifique: forte croissance, réduction des déséquilibres extérieurs, succès de l'ouverture à l'étranger. L'agriculture emploie encore plus de 50 % des actifs. Le riz a bénéficié des progrès de la révolution verte (deux à trois récoltes par an): surpeuplée, Java couvre ses besoins et le pays exporte, les bonnes années. Les cultures de plantation sont nombreuses: hévéa, café, thé, canne à sucre, tabac, coprah, arachide, huiles essentielles, épices. L'Indonésie est devenue le premier exportateur de bois tropicaux du monde. La prod. croissante de pétrole et de gaz naturel (à Sumatra, dans la mer de Java et au sud-est de Bornéo) assure d'importantes recettes, ainsi que l'exploitation minière. à partir de 1988, le développement industriel a bénéficié de la privatisation partielle et de l'ouverture aux capitaux étrangers (japonais et américains surtout) qu'attirait une main-d'oeuvre peu coûteuse. Les secteurs industriels se sont multipliés (près de 10 millions d'ouvriers). La balance commerciale a dégagé d'importants excédents et les exportations se sont diversifiées. Mais, depuis 1997, la tempête boursière qui a soufflé sur l'Asie du Sud-Est nuit d'autant plus à l'économie indonésienne que l'aide internationale se porte surtout sur la Corée du Sud. Hist. - Le peuplement de l'Indonésie a été précoce (pithécanthrope du N.-E. de Sumatra: 500 000 ans av. J.-C.). Les Malais qui pratiquaient la culture sur brûlis (ladang) ont repoussé dans les montagnes les groupes négroïdes au néolithique (début du IIe millénaire av. J.-C.) qui furent submergés par d'autres vagues de Malais qui maîtrisaient les techniques de la rizière irriguée, du fer et de la navigation. Par la suite, les migrations ont été faibles numériquement, mais importantes culturellement: les Chinois ont noué des liens comm. dont l'empreinte est toujours perceptible; l'hindouisme et le bouddhisme vinrent de l'Inde. Des princes chassés du S. de l'Inde par les conquêtes des Gupta fondèrent à Java et à Sumatra des royaumes; celui de Shrivijaya (VIIe-XIV<sup>e</sup> s.), à son apogée, s'étendait jusqu'au Cambodge, à Ceylan et aux Philippines. Au XIVe s., l'empire de Madjapahit réunit l'Indonésie et la péninsule malaise, à une époque où l'islam pénétrait le nord de Sumatra. Les principautés qui s'insurgèrent contre le Madjapahit marquèrent, par leur victoire, le triomphe de l'islam en Indonésie (1520). Au début du XVIe s., des Portugais, puis des Hollandais rencontrèrent des princes locaux. De la fin du XVIe s. jusqu' en 1940, les Néerlandais colonisèrent l'Indonésie au grand profit de la métropole: cult. et comm. des épices, du café, du thé, de la canne à sucre, de l'hévéa, du coton, du tabac; extraction des prod. miniers. Cette exploitation, interrompue par les Anglais de 1811 à 1816, entraîna le travail forcé des populations rurales. à partir de 1877, une relative autonomie fut accordée, en même temps que naissaient des mouvements nationalistes et révolutionnaires (Union sociale indonésienne, parti communiste indonésien, parti national indonésien d'Achmed Sukarno). Après l'occupation japonaise (de 1942 à 1945), Sukarno proclama l'indépendance indonésienne (17 août 1945), et les Néerlandais intervinrent militairement, provoquant une guérilla. En 1949, la conférence de La Haye reconnut la création des États-Unis d'Indonésie. Le centralisme excessif de Djakarta a renforcé les revendications autonomistes, sévèrement réprimées, notam. aux Moluques (1955), à Sumatra et aux Célèbes (1958). En 1963, l'Irian, laissée d'abord aux Hollandais, fut réunie à l'Indonésie. à l'extérieur, Sukarno se fit le champion du non-alignement (conférence de Bandung en 1955). En 1965, profitant d'une tentative de coup d'état par des militaires nationalistes de gauche, suivie d'une sanglante répression anticommuniste (plus de 600 000 personnes massacrées), l'armée prit le pouvoir, dirigée par le général Suharto. élu président en 1968 et sans cesse réélu, Suharto s'est rapproché des È.-U., qui ont formé les économistes dont il s'est entouré pour ouvrir son pays à l'écon. libérale. Un mouvement de guérilla perdure dans l'île de Timor, conquise en 1975 et annexée en 1976, au prix de massacres. De son côté, Sumatra connaît une agitation islamique. Enfin, les classes moyennes apparues à la suite de la forte croissance écon. revendiquent la démocratisation du régime (émeutes de Djakarta en déc. 1996). En 1997, le parti de Suharto remporte une nouvelle fois les élections à une très large majorité, mais la campagne électorale est marquée par des incidents sanglants. La fin de l'année 1997 a été dramatique pour l'Indonésie: un gigantesque incendie a embrasé Bornéo et pollué l'atmosphère jusqu'à Djakarta; une crise financière sans précédent a frappé l'écon. indonésienne. L'inflation a suscité en fév. 1998 des émeutes qui ont notam. porté leurs coups contre les commerçants chinois.

Encyclopédie Universelle. 2012.