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ISTANBUL
ISTANBUL

ISTANBUL

Principale ville de la Turquie, Istanbul est l’héritière d’une vieille cité au passé prestigieux. En \ISTANBUL 658 ou \ISTANBUL 657, des colons grecs originaires de Mégare s’établirent dans ce site privilégié de péninsule rocheuse, vers 100-120 mètres d’altitude, entre la Marmara et la profonde ria de la Corne d’Or, face au débouché du Bosphore dans la Marmara. La ville vécut de son rôle d’escale et de carrefour des routes maritimes provenant de la mer Noire. Mais, isolée aux confins septentrionaux du monde grec, au milieu de voisins à demi barbares, la colonie des Mégariens végétait assez médiocrement. L’Empire romain, réunissant les Balkans et l’Asie Mineure, assurant la sécurité des relations commerciales, permit la mise en valeur des extraordinaires virtualités d’une situation commandant le passage d’Europe en Asie. Cette fonction économique et stratégique s’exprime, dès la fin du IIe siècle, dans l’importante extension de la ville que concrétise la nouvelle enceinte de Septime Sévère. Elle explique la décision de Constantin qui, en 324, y fixe le siège de l’Empire: une organisation et un contrôle rapide des passages d’armées d’un continent à l’autre se révélaient essentiels face aux deux dangers, également pressants, de l’Empire perse et des Barbares d’Europe. Rebaptisée Constantinople, la ville fut enserrée dans une nouvelle muraille qui en quintupla la superficie. Celle-ci fut encore doublée en 413 par l’enceinte de Théodose II, qui reste pour l’essentiel actuellement visible. Capitale de l’Empire byzantin pendant plus d’un millénaire, la ville s’agrandit alors au nord de la Corne d’Or, où se développèrent les faubourgs de Galata et de Péra, occupés par les commerçants génois dès le XIIe siècle.

Presque dépeuplée lorsque les Turcs s’en emparèrent en 1453, la ville fut systématiquement recolonisée par des apports en provenance de tout l’Empire et comptait 600 000 habitants dès le milieu du XVIe siècle. Elle reçoit un nouveau nom, Istanbul, du grec eis tên polin (dans la ville), réponse des Grecs aux nouveaux arrivants qui demandaient où ils se trouvaient. Lors du repeuplement, le plan se transforme par l’invasion anarchique de maisons de bois à un étage du type des maisons rurales nord-anatoliennes; elles prolifèrent en désordre et donnent à la ville un aspect de gigantesque campement où subsistent, seuls, les principaux repères de la charpente urbaine antérieure et où s’efface la trame des rues byzantines. À partir du milieu du XIXe siècle, le mouvement s’inverse et une influence progressive de l’Occident s’amorce: des quartiers neufs réguliers apparaissent, en particulier à l’occasion des gigantesques incendies qui ravagent périodiquement de vastes espaces, recolonisés alors selon des plans systématiques. À partir de 1950, de larges percées viendront aérer la ville, où espaces à plan régularisé et espaces désordonnés s’équilibrent à peu près au sud de la Corne d’Or. Mais, au nord de celle-ci s’est développée, par-delà l’ancien faubourg génois, une ville nouvelle, d’aspect spécifiquement européen: de hauts immeubles, des rues étroites et régulières regroupent les ambassades, les quartiers d’affaires et les sièges des sociétés franques et levantines qui dominent l’activité économique dans les derniers temps de l’Empire ottoman; la ville moderne reste longtemps à majorité chrétienne et les musulmans ne s’y installent que timidement à la fin du XIXe siècle. La rive d’Asie, où se trouve le quartier traditionnel d’Üsküdar (Scutari), est reliée par deux ponts suspendus à Istanbul.

Dans cette ville typiquement polynucléaire, deux structures indépendantes s’opposent fortement de part et d’autre de la Corne d’Or. Au sud, l’immense quartier du Bazar concentre commerce et artisanat traditionnels, tandis que les quartiers d’affaires modernes s’étendent au nord de la Corne d’Or, à Beyo face="EU Caron" ギlu; sur la côte d’Asie, les banlieues résidentielles s’y ajoutent. Le port est également dissocié, tout au long du front de mer de Galata et au nord de la péninsule de la vieille ville. L’industrie reste très dispersée, à l’extérieur des murailles ou le long des rives de la Corne d’Or.

Les fonctions économiques, commerciales et industrielles constituent la base de l’activité d’Istanbul. Son port, avec son annexe d’Izmit, est le premier du pays (trafic de 29 millions de tonnes en 1989). La fonction de redistribution des produits importés s’avère capitale, et la plupart des organismes de liaison entre la Turquie et l’extérieur sont localisés dans la ville. Istanbul est, de très loin, le premier centre industriel de la Turquie, avec une gamme très variée d’industries de consommation. Déchue de sa fonction politique depuis la fin de l’Empire ottoman, la ville a néanmoins gardé un rôle culturel essentiel: centre universitaire, centre de presse et centre d’édition.

Istanbul comptait sans doute 1 150 000 habitants au début du XXe siècle. La perte des fonctions de capitale et l’exode d’une grande partie des populations étrangères ramenèrent ce chiffre à 690 000 au recensement de 1927.

La permanence et le développement des fonctions économiques permirent la reprise d’une croissance très rapide: 740 000 habitants en 1935, 850 000 en 1945, 900 000 en 1950, 1 460 000 en 1963, 2 535 000 en 1975 et 6 620 000 en 1990. Son rayon d’attraction s’étend sur la quasi-totalité du pays. Alors que la ville du milieu du XXe siècle était au large dans un tissu urbain devenu lâche, des ceintures de bidonvilles sont apparues à partir des années 1960. Cette population s’est en outre homogénéisée rapidement: musulmane pour 40 à 45 p. 100 au début du XXe siècle, elle l’est devenue quasi entièrement, avec de très faibles composantes grecque, arménienne ou israélite (de nationalité turque).

Istanbul
(anc. Byzance, puis Constantinople) princ. v. et port de Turquie, sur le Bosphore et la mer de Marmara; ch.-l. de l'il du m. nom; 6 331 900 hab. La ville est située de part et d'autre de la Corne d'Or (baie de la ville européenne) et du Bosphore. On distingue: sur la rive européenne, au nord de la Corne d'Or, l'anc. ville franque, avec les faubourgs de Galata et de Péra, au sud, la ville turque (ancienne Byzance); sur la rive asiatique, üsküdar (Scutari), ville turque. Centre comm. et industr.
Universités. Basilique Ste-Sophie (532-537). Mosquée du sultan Bayazid (1501). Mosquée Süleymaniye (1550-1557). Palais Topkapi.
Prise par les Turcs (1453), l'anc. Constantinople fut, sous le nom d'Istanbul, la capitale de l'Empire ottoman jusqu' en 1923.

Encyclopédie Universelle. 2012.