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LILIALES
LILIALES

L’ordre des Liliales groupe les plantes monocotylédones les plus typiques: plantes en majorité herbacées, à organes souterrains persistants (bulbes, rhizomes), à fleurs trimères.

Son importance numérique est variable puisque, selon les auteurs, il comporte de deux à dix-sept familles. La plus représentative, tant du point de vue systématique même que du point de vue numérique et économique, est sans aucun doute celle des Liliacées: ail, oignon, poireau (le grand genre Allium ), asperge (genre Asparagus ) sont consommés dans l’alimentation; beaucoup constituent la plupart des plantes à bulbe des horticulteurs appréciées pour leur floraison printanière (tulipe, jacinthe, fritillaire, muscari, scille...) ou estivale (lis, hémérocalle...).

Gravitant autour des Liliacées se retrouvent des plantes ornementales comme les amaryllis et les narcisses (Amaryllidacées), les glaïeuls et les iris (Iridacées), les agaves, les yuccas et les sansevières (Agavacées).

Enfin, quelques Liliales sont utilisées dans l’industrie des parfums, des textiles, des produits alimentaires et pharmaceutiques.

Un exemple: le lis blanc

Cultivé et représenté par les artistes depuis plus de 3 000 ans, le lis blanc (Lilium candidum ) est originaire de la Grèce, de l’Asie Mineure, du Liban et du nord de la Galilée.

Cette plante entièrement glabre possède un gros bulbe souterrain vivace ovoïde, aux nombreuses écailles ovales appliquées les unes contre les autres (fig. 1). Chaque année se développe une tige aérienne non ramifiée, qui atteint un mètre et plus; elle porte de nombreuses feuilles étroites disposées en spirale, les inférieures plus longues, les supérieures plus courtes, et se termine par une grappe simple de cinq à vingt fleurs. Ces fleurs, en forme d’entonnoir, ont six tépales insérés en deux verticilles, six étamines également en deux verticilles et un gynécée à trois carpelles. Les tépales sont grands, blancs, libres entre eux et marqués à la base de leur face interne d’un sillon longitudinal nectarifère. Les étamines se caractérisent par leur grande anthère jaune attachée par le milieu au sommet d’un long filet qui facilite leurs oscillations (anthères versatiles). Au centre de leur fleur, l’ovaire supère se prolonge par un long style, dont le sommet stigmatique est épais et trilobé. Les trois loges carpellaires contiennent de nombreux ovules axiles, anatropes et pourvus de deux téguments. Le fruit, qui mûrit rarement dans les jardins, est une capsule septicide. Les graines nombreuses, aplaties et ailées, on un albumen charnu entourant un petit embryon à un seul cotylédon.

Le genre Lilium compte quatre-vingts espèces réparties dans les régions tempérées de l’hémisphère Nord. Ce sont des plantes poilues ou glabres, dont les fleurs souvent odorantes sont disposées en grappes plus ou moins denses. L. martagon , à fleurs rose violacé, piqueté de pourpre, se rencontre dans les prairies alpines; L. pyrenaicum , à corolles jaunes, est endémique des pelouses pyrénéennes. Dans les jardins se cultivent diverses espèces à fleurs colorées (L. bulbiferum orangé, L. rubrum rouge orangé. L. tigrinum tacheté) ou d’un blanc pur (L. candidum , L. speciosum , L. longiflorum ), leurs nombreuses variétés et divers hybrides.

Caractères botaniques des Liliales

Dans le système de H. Melchior et U. Hamann (1964) retenu dans cet exposé, l’ordre des Liliales comprend quelque 7 850 espèces de plantes, relevant de 465 genres et groupées en 17 familles, d’ailleurs très inégales puisque celle des Liliacées compte 220 genres et 3 500 espèces tandis que celles des Géosiridacées comporte un seul genre monospécifique.

La grande majorité des Liliales sont des plantes herbacées; toutefois quelques genres sont arbustifs ou même arborescents, mais alors leur tronc présente un accroissement en épaisseur tout différent de celui des Dicotylédones (Yucca , Dracaena , Cordyline ). Les feuilles de Liliales ont des nervures longitudinales parallèles ou courbes, mais parfois une nervation réticulée (par exemple Tacca ). Les fleurs, en grande majorité adaptées à la fécondation par les insectes et donc voyantes, sont typiquement formées de cinq verticilles trimères (3 + 3 T, 3 + 3 E, 3 C), bien qu’il existe des Liliales à fleurs unisexuées ou à verticilles dimères (Majanthemum ), tétramères (Paris ), etc., ou à androcée réduit; le plus souvent, les tépales sont tous pétaloïdes et la symétrie est rayonnante ou parfois bilatérale à plan de symétrie médian; le gynécée est syncarpe ou exceptionnellement apocarpe, l’ovaire est supère ou infère, tri-ou uniloculaire; des nectaires se trouvent souvent dans les cloisons de l’ovaire. Les ovules sont généralement nombreux, presque toujours anatropes et le plus souvent revêtus de deux téguments. Les graines contiennent un embryon petit et un albumen abondant, bourré d’huiles grasses et renfermant de la cellulose de réserve, rarement de l’amidon.

Ce vaste ensemble montre nombre de caractères différentiels, parmi lesquels on peut relever les lignes d’évolution principales suivantes, en ce qui concerne les fleurs: passage de l’hermaphrodisme à l’unisexualité, de la symétrie rayonnante à la symétrie bilatérale, des tépales libres aux tépales unis en tube, de l’androcée diplostémone à l’androcée réduit, de l’ovaire apocarpe à l’ovaire syncarpe triloculaire puis uniloculaire, de l’hypogynie à l’épigynie. L’évolution a également conduit des rhizomes aux bulbes et de l’autotrophie au saprophytisme.

Beaucoup de Liliales sont des géophytes, c’est-à-dire des plantes qui produisent des pousses aériennes annuelles à développement rapide et qui persistent pendant la saison défavorable sous terre, sous forme de bulbes divers ou de rhizomes; ces organes servent à la multiplication végétative; celle-ci se fait également par des bulbilles (divers Allium ).

Bien que de distribution mondiale, ces plantes sont largement réparties dans les régions chaudes ou tempérées de l’Ancien ou du Nouveau Monde et pratiquement exclues des régions tropicales humides. En Europe, les Liliacées, les Amaryllidacées, les Iridacées dominent: les prairies montagnardes et subalpines s’ornent selon les saisons de crocus, narcisses, jonquilles, lis, colchiques; la floraison printanière du muguet, de la jacinthe des bois, des scilles égaient les sous-bois de feuillus; les formations méditerranéennes recèlent maints représentants: asphodèles, ails, scilles, Smilax ou salsepareille, asperge, narcisses, iris.

Aperçu systématique

Limites et affinités

Les botanistes ont proposé diverses délimitations et classifications pour l’ordre des Liliales. Les dix-sept familles retenues dans la classification de Melchior et Hamann se groupent en cinq sous-ordres, qui fourniront le cadre de cet exposé, tout en permettant des allusions à d’autres systèmes (cf. tableau).

Le sous-ordre des Liliinées est caractérisé par les fleurs presque toujours à symétrie rayonnante et en principe à deux verticilles d’étamines.

L’ovaire est généralement supère ou semi-infère dans les familles des Liliacées (fig. 2 et 3) , des Agavacées et des Hæmodoracées, auxquelles s’apparentent les petites familles des Xanthorrhoeacées, des Stémonacées et des Cyanastracées. Agavacées et Hæmodoracées constituent pour J. Hutchinson des types d’ordres. Les Hæmodorales se situent entre les Liliales et les Burmanniales-Orchidales par l’intermédiaire des Apostasiacées, parfois inclues dans ces dernières. Les Liliacées forment sans aucun doute un groupe hétérogène puisque des genres tels Smilax , Ruscus , Trillium sont élevés au niveau de familles et rangés aux côtés des Liliales (Hutchinson) ou des Dioscoréales (M. Deyl).

L’ovaire est infère chez les Amaryllidacées (fig. 3), les Taccacées et les Dioscoréacées auxquelles se rattachent les Hypoxidacées et les Velloziacées. Les Amaryllidacées peuvent être élevées au niveau d’ordre, de même que les Dioscoréacées qui présentent de nombreux caractères de plantes dicotylédones [cf. DIOSCORÉALES].

Le sous-ordre des Pontédériinées se limite à la famille des Pontédériacées, dont les fleurs ont le plus souvent une symétrie bilatérale, un ovaire supère et de une à six étamines. Leur habitat aquatique les fait considérer comme un groupe intermédiaire (Deyl) entre la série aquatique des Hélobiales-Alismatales et celle des Liliales. Pour L. Emberger, les Pontédériacées constituent un ordre, lien entre les Liliales et les Dioscoréales; leur albumen farineux contribue à les rapprocher des Broméliales.

Le sous-ordre des Iridinées est défini par les fleurs à symétrie soit bilatérale, soit rayonnante, l’ovaire infère et un seul verticille d’étamines alternant avec les carpelles (fig. 4). Ce sous-ordre, élevé au rang d’ordre par Hutchinson, comprend la famille des Iridacées et celle des Géosiridacées représentée par un seul genre saprophyte qui s’apparente de cette façon au Burmanniacées.

Le sous-ordre des Burmanniinées se reconnaît aux fleurs à symétrie bilatérale ou rayonnante, à l’ovaire infère, au nombre des étamines réduit à un ou deux; le sous-ordre groupe deux petites familles de plantes saprophytes surtout des pays chauds, les Burmanniacées et les Corsiacées, et est souvent élevé au rang d’ordre (Burmanniales); il s’apparente alors à celui des Orchidales (structure de la graine, de la fleur) et à celui des Liliales par l’intermédiaire des Géosiridacées.

Le sous-ordre des Philydrinées ne comprend que la seule famille des Philydracées cantonnée en Indomalaisie et en Australie; les fleurs ont une symétrie bilatérale, l’ovaire supère, et il n’y a qu’une seule étamine. Elle constitue une lignée parallèle à celle des Orchidales.

Liliinées

Les Liliacées forment une grande famille subcosmopolite dont beaucoup d’espèces sont ornementales: les Aloe (330 espèces), la tubéreuse bleue (Agapanthus umbellatus ), les Gloriosa , les Tritoma (ou Kniphofia ) sont originaires d’Afrique tropicale et méridionale et d’Asie tropicale; les deux genres Gasteria (70 espèces) et Haworthia (150 espèces) sont des plantes grasses d’Afrique du Sud; les régions tempérées et méditerranéennes ont donné les Allium , Asparagus , Aspidistra , Convallaria majalis (le muguet), Eremurus , Fritillaria , dont F. imperialis (la couronne impériale), Hemerocallis , Hosta , Muscari , Ophiopogon , Ornithogalum , Polygonatum , Scilla et les grands genres Hyacinthus , Tulipa , Lilium , sources de nombreuses races horticoles. Outre leurs qualités ornementales, d’autres Liliacées présentent des propriétés pharmacologiques: le jus des feuilles de divers Aloe , dont A. socotrina , après évaporation laisse un résidu, l’aloès, employé comme laxatif; les graines de Colchicum autumnale contiennent un alcaloïde, la colchicine, utilisé pour traiter l’arthritisme et bloquer les divisions cellulaires; les racines séchées des Smilax américains fournissent la salsepareille à propriétés dépuratives;le bulbe de la scille rouge (Urginea maritima ) sert à préparer des raticides et était employé autrefois pour traiter des maladies du cœur. Phormium tenax , plante à fibres textiles, est le lin de Nouvelle-Zélande. Enfin, certaines Liliacées ont des organes comestibles: jeunes tiges d’Asparagus officinalis (asperges); bulbes de Camassia consommés par les Indiens d’Amérique du Nord; feuilles d’Eremurus aurantiacus en Afghanistan; baies de Lapageria rosea au Chili; tubercules d’Ophiopogon japonicus (l’herbe aux turquoises des Japonais), sans omettre le genre Allium de l’hémisphère Nord représenté par 450 espèces (A. ampeloprasum , poireau d’été ou carambole; A. ascalonicum , échalote ; A. cepa , oignon ; A. fistulosum , ciboule ; cive ou oignon d’hiver; A. porrum , poireau; A. sativum , ail; A. scorodoprasum , rocambole; A. schoenoprasum , civette, ciboulette).

Les Agavacées comptent quelque cinq cent soixante espèces et dix-huit genres, indigènes dans les zones tropicales et subtropicales où elles habitent surtout les contrées arides. Les genres Agave (300 espèces), Dasylirion (25 espèces), Furcraea (20 espèces), Yucca (40 espèces) caractérisent l’Amérique centrale, mais beaucoup d’espèces ornementales sont acclimatées dans les régions méditerranéennes. Les fibres foliaires de A. sisalana donnent le sisal dont on fait des cordages, des sacs...; Furcraea gigantea fournit le chanvre de l’île Maurice. Les Dracaena ou dragonniers (150 espèces), Sanseverinia ou sansevières (50 espèces) originaires de l’Ancien Monde intertropical et Cordyline (20 espèces) d’Indomalaisie, Polynésie, Nouvelle-Zélande sont connues en horticulture.

Les Hœmodoracées (120 espèces groupées en 22 genres) présentent une aire très disjointe: Amérique tropicale, région du Cap, Australie où le genre Anigozanthos (patte-de-kangourou) est l’emblème de l’État de Western Australia.

Les Amaryllidacées (65 genres groupant 860 espèces) vivent principalement dans les pays chauds, bien que quelques-unes habitent les zones tempérées; par exemple, en Europe et dans le bassin méditerranéen, les genres Galanthus (perce-neige, 10 espèces), Leucojum (nivéoles, 11 espèces), narcissus (jonquilles et narcisses, 22 espèces) ornent souvent les jardins. L’Afrique du Sud, la contrée la plus riche, a fourni l’Amaryllis belladonna , et des Clivia , en particulier C. miniata . Divers Crinum , Haemanthus , Hippeastrum , Hymenocallis des régions intertropicales et subtropicales sont également ornementales.

Les Pontédériinées

Les Pontédériacées , plantes des eaux douces des pays chauds, se répartissent en sept genres et trente espèces, dont l’une, Eichhornia crassipes , la jacinthe d’eau, est devenue un fléau. L’appareil végétatif est une rosette de feuilles, dont les pétioles sont renflés en ballonnets, flottant à la surface de l’eau et se multipliant par stolons. Originaire des bassins de l’Amazone et de l’Orénoque, cette plante aquatique a été cultivée dans tous les pays chauds pour orner les pièces d’eau. Rapidement, elle s’est répandue dans les cours d’eaux, devenant une nuisance dans de nombreux pays. En effet, hors de son pays d’origine, elle se multiplie très rapidement; en huit mois, à partir de dix plantes, il peut s’en former 655 360! La jacinthe d’eau constitue ainsi des tapis très denses qui rendent la navigation impossible, étouffent la flore et la faune naturelles, accumulent des matières en décomposition et rendent les eaux stagnantes propices aux moustiques vecteurs de la malaria.

Les Iridinées

Les Iridacées comptent environ mille cinq cents espèces groupées en soixante-dix genres et réparties surtout dans les pays chauds, quelques-unes vivant pourtant dans la zone tempérée nord. La région la plus riche est l’Afrique méridionale: Aristea , Lapeirousia , Moraea , Ixia et surtout les genres Freesia , Gladiolus (les glaïeuls), Montbretia (Tritonia ), Watsonia présentent de nombreuses espèces ou variétés ornementales. Les Tigridia (T. pavonia ) sont originaires d’Amérique du Sud. Les Crocus (80 espèces, dont plusieurs sont ornementales) se rencontrent en Europe méridionale, du bassin méditerranéen jusqu’à l’Iran; les stigmates séchés de C. sativus constituent le safran, utilisé comme aromate et colorant: il faut quelque 60 000 à 80 000 fleurs pour obtenir cent grammes de safran. Les Iris (200 à 300 espèces) poussent dans tout l’hémisphère Nord, principalement dans la zone tempérée; l’abondance des espèces rhizomateuses et bulbeuses associée à un nombre chromosomique bas dans la partie orientale du bassin méditerranéen semblent désigner celle-ci comme le «berceau» du genre; de là, par hybridation et polyploïdie, il se serait en effet diversifié. Les iris et leurs nombreuses variétés sont appréciés en horticulture; du rhizome séché d’I. florentina on extrait l’«essence de violette» des parfumeurs.

liliales [liljal] n. f. pl.
ÉTYM. Mil. XXe; du lat. lilium « lis », et suff. -ales.
Bot. Ordre des plantes (Liliacées) ayant la même formule florale que le lis.Au sing. || Une liliale.
tableau Les grandes divisions en botanique.
HOM. Lilial.

Encyclopédie Universelle. 2012.