MARTIAL
MARTIAL MARCUS VALERIUS (40?-? 104)
C’est dans une petite ville de Tarraconaise, Bilbilis (aujourd’hui Bambola) près de Catalayud, que Marcus Valerius Martialis voit le jour. Ses parents devaient être aisés, puisqu’il put recevoir une bonne éducation. Vers l’âge de vingt-cinq ans, il décide d’aller achever ses études à Rome, et il y reste. Les amis qu’ils se fait alors, Sénèque et Lucain, ayant été condamnés pour avoir été impliqués dans la conjuration de Pison (en 65), Martial se trouve dans l’obligation de se chercher des protecteurs, ce qui ne se fait pas sans mal.
Pour s’assurer une vie décente, il s’installe dans la position de «client», ces clients dont aimaient s’entourer les grands personnages. Son rival le plus acharné sera le poète Stace. Peu à peu Martial devient l’ami de tous les écrivains de son temps: Juvénal, Quintilien, Pline le Jeune, Silius Italicus. Grâce à ses protecteurs, il parvient même à vivre dans un certain bien-être, et peut acquérir une petite ferme près de Nomentum, ce qui ne lui fait pourtant pas oublier la médiocrité de sa fortune. Nombreux sont ses efforts pour se ménager la faveur des empereurs, mais il n’obtient d’eux que de minces avantages. Domitien, cependant, après avoir lu ses poèmes, l’élève au rang de chevalier. Toutefois, la vie que Martial mène à Rome est bien monotone. Il ne voyage guère (un seul voyage en Gaule Cisalpine), et sa vie se résume à écrire et à flatter les grands. Il se laisse gagner peu à peu par la nostalgie du pays natal et parvient à trouver deux protecteurs, Pline le Jeune et Marcella (une riche veuve, sa compatriote), qui lui prêtent l’argent nécessaire pour repartir chez lui. Il quitte donc Rome en 98. Marcella lui fait don d’une propriété à Bilbilis qui lui permet d’oublier la ferme de Nomentum; pourtant Martial se lasse rapidement de ce bonheur et en vient à regretter la capitale. Il vieillit donc en nourrissant ce sentiment de mélancolie, et il meurt au début du IIe siècle, en 104 probablement, vers l’âge de soixante-cinq ans.
La totalité de l’œuvre de Martial nous est parvenue sous forme d’épigrammes, soit quinze cents pièces réparties en quinze livres. Chez les Grecs, l’épigramme n’était, le plus souvent, qu’une courte pièce en vers que l’on inscrivait sur les tombeaux ou sur les monuments. Ce genre évolue avec les poètes alexandrins en épousant des sujets soit élégiaques, soit satiriques. Martial, lui, donne son plein épanouissement à l’épigramme satirique. Le fait de se consacrer à l’épigramme est, à lui seul, une originalité; en effet, à l’époque où écrit Martial, le genre à la mode est l’épopée. Martial ne reste cependant pas en dehors de son temps, au contraire: la force de son réalisme à laquelle contribue la richesse de son lexique, en font un document de premier ordre sur la société romaine («Urbem pagina nostra sapit »). De ses quinze livres, le premier (De spectaculis ) célèbre les merveilles de l’amphithéâtre Flavien, les deux derniers (Xenia et Apophoreta ) renferment exclusivement des pièces propres à accompagner les présents que l’on donnait aux convives lors des Saturnales. Comme le poète le reconnaît lui-même, ce tableau de Rome touche souvent à l’obscène: «Pour moi, les crudités ne manquent à aucune de mes pages» (liv. III, pièce 69). Quant à la satire, son art fait songer à celui d’Aristophane. Concision, succession rapide de vivantes images sont les traits qui finalement dominent dans ses pièces. Chaque morceau est parfaitement composé, ménageant la surprise; la pointe finale y est chaque fois amenée avec finesse et à propos. Martial avait promis une œuvre «dont la vie puisse dire: c’est moi-même»; il a fait mieux: les épigrammes de tous ses imitateurs paraissent fades à côté des siennes et, à la manière de La Fontaine, il a prouvé qu’avec un genre mineur on pouvait atteindre le grand art.
martial, iale, iaux [ marsjal, jo ] adj.
• 1505; lat. martialis, de Mars, nom du dieu de la guerre
I ♦
1 ♦ Littér. Relatif à la guerre, à l'armée; qui encourage à la guerre. Discours martial. ⇒ guerrier. — Loc. Arts martiaux : arts (sport et philosophie) de combat traditionnels japonais (chinois, coréen, etc.). ⇒ aïkido, jiu-jitsu, judo, karaté, kendo, kung-fu, taekwondo; kata.
2 ♦ (Parfois iron.) Qui dénote ou rappelle les habitudes militaires. Allure, voix martiale.
3 ♦ (1789) Loi martiale, autorisant le recours à la force armée pour la répression intérieure. — Cour martiale : tribunal militaire exceptionnel.
II ♦ (1694; de Mars « fer » en alchim.) Sc. Qui contient du fer. Pyrite martiale. — Relatif au fer. Fonction martiale du foie. — Méd. Traitement martial, par des préparations contenant du fer (dans certaines anémies).
● martial, martiale, martiaux adjectif (latin martialis, relatif au dieu Mars) Littéraire. Qui manifeste une attitude belliqueuse : Discours martial. Se dit d'une attitude résolue, décidée, qui cherche à en imposer : Un air martial. ● martial, martiale, martiaux (expressions) adjectif (latin martialis, relatif au dieu Mars) Arts martiaux, ensemble de sports de combat, d'origine japonaise et chinoise, tels que le kendo, le judo, l'aïkido, le karaté, etc., fondés sur un code moral qui était celui des samouraïs et que se doivent de respecter les combattants. Cour martiale, tribunal militaire d'exception dont la procédure est sommaire. (Ce terme fut employé sous l'Ancien Régime, dans la Constitution de 1791 et notamment lors de la répression de l'insurrection de la Commune.) Loi martiale, loi confiant aux autorités militaires les pouvoirs nécessaires pour la répression de désordres intérieurs. ● martial, martiale, martiaux (synonymes) adjectif (latin martialis, relatif au dieu Mars) Littéraire. Qui manifeste une attitude belliqueuse
Synonymes :
- guerrier
● martial, martiale, martiaux
adjectif
(de martial)
Relatif au fer.
● martial, martiale, martiaux (expressions)
adjectif
(de martial)
Carence martiale, insuffisance d'apport ou d'utilisation de fer dans l'organisme, notamment au cours de certaines anémies.
Fonction martiale, fonction du foie qui stocke le fer pour le mettre en réserve.
Martial, ale, aux
adj.
d1./d Guerrier; caractéristique du tempérament ou des façons militaires. Un air, un discours martial.
d2./d Loi martiale, qui autorise l'emploi de la force armée pour le maintien de l'ordre.
— Cour martiale: tribunal militaire d'exception.
d3./d Arts martiaux: disciplines individuelles d'attaque et de défense, d'origine japonaise (judo, karaté, kendo, aïkido, etc.).
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Martial
(en lat. Marcus Valerius Martialis) (v. 40 - v. 104) poète latin. Ses épigrammes (80-102) dépeignent, dans un style cru et vif, les moeurs des Romains.
I.
⇒MARTIAL1, -ALE, -AUX, adj.
A. — Relatif à la guerre, à l'armée. Synon. militaire. Les cors jetaient des notes allègres, pareilles au chant martial des trompettes d'airain (PESQUIDOUX, Chez nous, 1921, p.98).
— Cour martiale. Tribunal militaire d'exception fonctionnant en période de guerre ou d'état de guerre. Custine (...) fit juger le commandant van Helden par une cour martiale, et ce brave homme, qui s'était défendu comme un lion, fut cassé! (ERCKM.-CHATR., Hist. paysan, t. 2, 1870, p.85). La Milice, dont les cours martiales jugent sommairement et condamnent à mort une foule de patriotes (DE GAULLE, Mém. guerre, 1956, p.170).
— Loi martiale. Loi autorisant le recours à la force armée dans la société civile en vue de maintenir l'ordre. Décréter, proclamer la loi martiale. J'ai vu (...) la tyrannie sortir armée de la loi martiale, pour se baigner légalement dans le sang des citoyens affamés (ROBESP., Discours, Subsist., t. 9, 1792, p.111):
• 1. L'état de guerre ayant été proclamé, on appliquera la loi martiale sans faiblesse ni cruauté, mais avec énergie. Soyez sûrs que, devant la révolte des Asturies et devant la position antipatriotique d'un gouvernement de Catalogne qui s'est déclaré factieux, l'âme entière du pays se lèvera en un élan de solidarité nationale...
CAMUS, Révolte Asturies, 1936, III, 2, p.425.
— SPORTS. Arts martiaux. Ensemble des sports de combat d'origine japonaise tels que le judo, le karaté, etc. (d'apr. Lar. encyclop. Suppl. 1975).
B. — Qui a du goût, des aptitudes pour la guerre, le combat; qui encourage à la guerre ou au combat. Synon. guerrier. Discours martial; excitation, humeur martiale; inclination martiale. La joie folâtre, l'ardeur martiale, la fureur peuvent être tantôt réveillées, tantôt calmées par des chants d'une simplicité remarquable (CABANIS, Rapp. phys. et mor., t. 2, 1808, p.344).
— Qui dénote ou rappelle le comportement des militaires. Synon. décidé, courageux, énergique, viril. Air, démarche martial(e). Un éclair de courroux illuminait son visage et lui donnait un reflet martial et terrible (PONSON DU TERR., Rocambole, t. 3, 1859, p.364). Des allures martiales, des instincts guerriers se révélaient subitement chez ce sédentaire [un concierge] assoupi, dès l'aube, dans la tiède vapeur des mirotons (HUYSMANS, Là-bas, t. 1, 1891, p.42):
• 2. Il ne serait pas décent de leur couper la tête [aux femmes], de leur tailler bras et jambes, de les fendre en deux jusqu'à la ceinture, comme j'ai l'habitude de le faire avec mes ennemis masculins. Ce sont là brutalités martiales que repousse la politesse. La défaite de leur coeur, la reddition à volonté de leur âme, la mise à sac de leur vertu me suffisent.
GAUTIER, Fracasse, 1863, p.116.
REM. 1. Martialement, adv. D'une manière martiale. Les beaux garçons, l'État les adoptait et les élevait martialement, les faisait marcher pieds nus, passer les nuits à la belle étoile, leur défendait de choisir dans le plat les pommes qui n'étaient pas pourries, les habituait à aller à la cave sans chandelle, la tête rasée, sans vêtement, et à se donner, par dessus tout, de bons coups de poings les uns aux autres (MUSSET, Lettres Dupuis Cotonet, 1837, p.602). La moustache (...) était blonde, très forte, tombant martialement sur la lèvre en un beau bourrelet couleur de blé mur, mais fin, soigneusement roulé, et qui descendait ensuite des deux côtés de la bouche en deux puissants jets de poils tout à fait crânes (MAUPASS., Contes et nouv., t. 2, Idées colonel, 1884, p.254). 2. Martialité, subst. fém. Apparence martiale, caractère martial. Sa figure, tannée, sillonnée de rides, creusée, mais musculeuse, conservait encore quelques vestiges de martialité. Tout en lui avait un caractère de rudesse (BALZAC, Méd. camp., 1833, p.92).
Prononc. et Orth.:[], plur. masc. [-o]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. a) 1355 «de Mars, concernant la guerre et les armées» camp martiart (BERSUIRE d'apr. FEW t. 6, 1, p.381a); 1505 «de force guerrière» emprise Martiale (J. LEMAIRE DE BELGES, Couronne margaritique, Œuvres, éd. J. Stecher, t. 4, p.102); b) 1565 «valeureux, brave, propre à la guerre» (RONSARD, Cartel pour l'hermite, Œuvres, éd. P. Laumonier, t. 13, p.214); c) 1740 «d'apparence guerrière» air martial (Ac.); 2. a) 1765 (Encyclop. t. 10: Martiale Cour [...] c'est ainsi qu'on appelle en Angleterre le conseil de guerre, établi pour juger la conduite des généraux, des amiraux); 1790 cour martiale en France (Décret du 22 sept. 1790 ds FREY, p.220); b) 1789 loi martiale (Décrets d'oct. 1789, ibid., p.221). Empr. au lat. martialis, -e «de Mars (nom du dieu de la guerre et d'une planète)», les expr. cour martiale ou loi martiale étant empr. respectivement aux expr. angl. martial court et martial law qui datent du XVIe s. et dans lesquelles martial est empr. au fr. (cf. NED). Bbg. QUEM. DDL t. 1 (s.v. martialement); 8.
II.
⇒MARTIAL2, -ALE, -AUX, adj.
A. — Vieilli. Qui appartient à la planète Mars. Synon. martien. Je veux d'abord vous prouver que Mars est habité. Mars présente à nos yeux à peu près l'aspect que la terre doit présenter aux observateurs martiaux (MAUPASS., Contes et nouv., t. 2, Homme de mars, 1889, p.1181).
B. — [P. réf. à l'usage des alchimistes d'attribuer des noms de planètes aux métaux] Qui appartient au fer, qui contient du fer. Synon. ferrugineux. Les mines de houille et de pyrite martiale (FLAUB., Bouvard, t.1, 1880, p.91).
— MÉD. Carence martiale. Carence en fer (d'apr. DANSEL 1979). Traitement martial. Traitement par le fer (Méd. Biol. t. 2 1971).
Prononc.:[], plur. masc. [-o]. Étymol. et Hist. 1. a) 1611 «né sous l'influence de la planète Mars» (COTGR.); b) 1889 «de la planète Mars» (MAUPASS., loc. cit.); 2. 1694 «de fer, contenant du fer» (CORNEILLE, s.v. Mars). Dér. de Mars nom de planète, d'apr. le lat. martialis (v. martial1); pour le sens 2 l'appellation du fer par les alchimistes est prob. due à la volonté d'utiliser à la fois le nom de la planète et le nom du dieu de l'Antiquité, l'influence astrologique de la planète étant elle-même marquée par tout le symbolisme attaché au dieu Mars et le fer étant le métal dont on fait les armes.
STAT. — Martial1 et 2. Fréq. abs. littér.:153.
1. martial, ale, aux [maʀsjal, o] adj.
ÉTYM. 1505; martiart 1355; lat. martialis, de Mars, dieu de la guerre.
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1 a Littér. Relatif à la guerre, aux combats, à l'armée. || Il n'est pas fait pour une vie martiale. — Spécialt. Qui montre, dénote du goût, de l'aptitude pour la guerre; qui encourage à la guerre, au combat. || Nation martiale. || Discours martial. ⇒ Guerrier.
b ☑ Loc. Arts martiaux (angl. martial arts, 1933).
2 (1740; souvent iron.). Qui dénote ou rappelle les habitudes militaires. || Démarche, voix martiale.
1 (…) il avait retrouvé son ancienne élégance martiale. Il se tenait droit (…) À le voir, les passants eussent facilement reconnu en lui l'un de ces beaux débris de notre ancienne armée, un de ces hommes héroïques sur lesquels se reflète notre gloire nationale.
Balzac, le Colonel Chabert, Pl., t. II, p. 1123.
3 Littér. Qui fait preuve d'énergie, de goût pour la lutte, le danger. || Âme martiale. || Caractère martial. ⇒ Courageux.
4 Qui est propre à l'état de guerre (dans quelques syntagmes). — (1789). || Loi martiale, autorisant le recours à la force armée pour la répression intérieure. || Proclamer la loi martiale.
2 Ce fut pour la municipalité l'occasion de demander une loi de sévérité et de force. L'Assemblée décréta la loi martiale, qui armait les municipalités du droit de requérir les troupes et la garde citoyenne, pour dissiper des rassemblements.
Michelet, Hist. de la Révolution franç. III, I.
♦ (1765, Encyclopédie). Milit. || Cour martiale : tribunal militaire exceptionnel, qui ne fonctionne qu'en période d'état de siège ou en temps de guerre et dont la procédure est sommaire.
3 Pour aller plus vite, mieux effrayer les hommes et atteindre plus sûrement les chefs, on organisa une Cour martiale, placée sous la présidence d'un officier de carrière, le colonel Rosse (…) Aucune procédure n'était prévue.
Maurice Garçon, la Justice contemporaine, IV.
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DÉR. Martialement. — REM. Balzac (le Médecin de campagne) emploie le dér. martialité, n. f.
HOM. 2. Martial.
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2. martial, ale, aux [maʀsjal, o] adj.
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1 Sc. Qui contient du fer. || Pyrite martiale.
2 (1922). Méd. || Fonction martiale : constitution de réserves de fer dans le foie. — Traitement martial, par des préparations contenant du fer (dans certaines anémies).
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HOM. 1. Martial.
Encyclopédie Universelle. 2012.