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MORVE
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MORVE

Maladie infectieuse, virulente, inoculable et contagieuse, affectant essentiellement les équidés et transmissible à l’homme. La morve est due à une bactérie aérobie spécifique, Malleomyces mallei (Bouchard, Loeffler, 1882); elle se caractérise par des formes aiguës ou chroniques, s’accompagnant d’ulcères et de réactions lymphatiques considérables, à prédominance respiratoire (morve nasale) ou cutanée (farcin), et aussi par des formes latentes nodulaires (morve pulmonaire). Autrefois, maladie prédominante des cavaleries (morbus ) et zoonose majeure des vétérinaires et des palefreniers, la morve a disparu dans la plupart des pays sous la pression d’une draconienne réglementation sanitaire. Elle demeure toutefois menaçante à partir du Proche-Orient et de l’Europe septentrionale, mais tend à disparaître en même temps que les grands effectifs de chevaux. La transmission est dans la règle directe, par contact, quelquefois par ingestion; c’est là une origine fréquente chez les carnassiers de ménagerie. Le diagnostic bactériologique est assez délicat, et le dépistage général des formes exprimées ou latentes repose sur la malléination , réaction allergique intrapalpébrale utilisant la malléine, extrait glycériné stérile des cultures spécifiques (Helman et Kalning, 1890).

La morve humaine est une maladie grave, aiguë ou chronique, mutilante; elle est sensible à divers antibiotiques (cyclines, chloramphénicol). Réputée contagieuse en France, la morve est l’objet de mesures sanitaires exclusives, fondées sur l’abattage des bêtes atteintes. L’éradication actuelle de la maladie doit cependant inciter à une vigilance constante, le risque de réapparition de la morve ayant encore été illustré au Brésil, en Italie, au Gh na et même en France (deux cas en 1965).

morve [ mɔrv ] n. f.
• fin XIVe; p.-ê. var. mérid. de gourme
1Vétér. Grave maladie contagieuse des équidés, due à une bactérie spécifique, transmissible à l'homme et caractérisée par un jetage purulent. Morve cutanée. farcin.
2Cour. Humeur visqueuse qui s'écoule du nez de l'homme ( morveux). Avoir la morve au nez. 1. goutte. « la morve lui coule des deux narines jusqu'à la bouche » (Sartre). fam. chandelle.

morve nom féminin (de vorme, variante ancienne de gourme) Sécrétion des muqueuses du nez. Maladie contagieuse des équidés (cheval, âne), souvent mortelle, transmissible à l'homme et due à un bacille produisant des ulcérations des fosses nasales (Les animaux atteints de morve doivent être abattus).

morve
n. f.
d1./d Humeur visqueuse sécrétée par les muqueuses nasales et s'écoulant par le nez.
d2./d MED VET Maladie contagieuse des équidés, transmissible à l'homme.

⇒MORVE, subst. fém.
A.MÉD VÉTÉR., PATHOL. Maladie contagieuse due à un bacille spécifique, atteignant principalement les Équidés mais transmissible à l'homme et à d'autres espèces animales et caractérisée notamment par un écoulement nasal abondant. Morve aiguë, chronique; morve cutanée (synon. farcin). Dans la morve subaiguë et chronique, l'ulcération, née du bouton ou de la vésicule primitifs, s'étend également, ou elle persiste tout au moins pendant un long temps avec un caractère ulcéreux (NOCARD, LECLAINCHE, Mal. microb. animaux, 1896, p.364). C'était un homme sain... il a pas la morve! (CÉLINE, Mort à crédit, 1936, p.634). V. aussi morveux I A 1 ex. de Calmette.
B.P. anal.
1. Usuel. Humeur visqueuse s'écoulant des narines. Avoir la morve au nez. L'être convulsé projette de toutes parts sa salive, son urine et sa morve, que les assistants reçoivent religieusement (MONTHERL., Pte Inf. Castille, 1929, p.590). Un vieillard minable, accoutré d'une longue redingote et d'un gilet à fleurettes tout maculé de morve et d'oeuf (DUHAMEL, Jard. bêtes sauv., 1934, p.162):
♦ La figure d'Eugène Mestrance reparut derrière les flûtes, toute en larmes, avec de la morve dans la moustache, et les joues marbrées. Il reniflait le chagrin.
ARAGON, Beaux quart., 1936, p.117.
P. métaph. Le poing glissant dans une morve de sang (CLAUDEL, Tête d'Or, 1890, 3e part., p.140). Des torches mouchées à terre de leur morve de braise redressaient leur flamme avivée (HAMP, Champagne, 1909, p.163).
P. anal., ART CULIN., vx. Degré de cuisson d'un sirop atteignant une certaine consistance. Cuisson du sucre. Au petit boulé (40 degrés), on trempe son doigt dans l'eau froide, on prend du sirop et l'on remet le doigt dans l'eau: le sirop prend une consistance de glu que les confiseurs appelaient autrefois morve (AUDOT, Cuisin. campagne et ville, 1896, p.500). V. aussi boulé ex.
2. PHYTOPATHOL. Maladie attaquant diverses plantes. ,,Pourriture qui attaque les laitues et la chicorée`` (LITTRÉ). V. aussi morveux I B 2 b. Morve rouge. ,,Maladie de la canne à sucre`` (Lar. 20e-Lar. Lang. fr.). Morve noire des jacinthes (QUILLET 1965).
Prononc. et Orth.:[]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. Ca 1380 «humeur visqueuse qui s'écoule du nez de l'homme» (JEAN LE FÈVRE, Trad. La Vieille, 131 ds T.-L.); 2. 1495 méd. vétér. (Coutume de Sens ds Z. rom. Philol. t. 67, 1951, p.32); 3. 1701 «maladie qui fait couler les laitues» (FUR.); 4. 1896 «état d'un sirop arrivé à une certaine consistance» (AUDOT, loc. cit.). Peut-être altération, par métathèse consonantique, née dans le domaine d'oc, de vorm «morve (du cheval)» (ca 1240, Donat prov., 57b, 10 ds Romania t. 39, 1910, p.186), forme méridionale de gourme. Fréq. abs. littér.:38.
DÉR. Morver, verbe. a) Emploi intrans., vx et pop. Laisser couler sa morve. Une petite fille sanglotait entre deux nattes rousses, reniflait, morvait, mal consolée par sa famille et par l'ouvreuse (COCTEAU, Foyer artistes, 1947, p.26). b) Emploi trans., au fig., hapax. Laisser couler, épancher. C'est épouvantable, ces créeurs d'art nouveau, ces individus qui morvent leur nullité entre des rythmes insensés, ces hommes de lettres qui se pèlent sur leur absinthe! (JAMMES, Corresp. [avec Gide], 1896, p.62). [], (il) morve []. 1re attest. 1534 «rejeter de la morve» (RABELAIS, Gargantua, X, 14, éd. R. Calder et M. A. Screech, p.79); de morve, dés. -er.

morve [mɔʀv] n. f.
ÉTYM. V. 1380, sens 2; étym. incert.; p.-ê. var. dial. de gourme.
1 (1495). Vétér. Grave maladie contagieuse des Équidés (âne, cheval, mulet) due à un bacille spécifique transmissible à l'homme et caractérisée par d'abondantes sécrétions nasales très fétides, accompagnées de jetage. || Morve aiguë, chronique. || Morve cutanée. Farcin.
1 La famine s'installait au village. Les Indiens devenaient menaçants. Une épidémie de morve décimait nos montures. Notre provision d'eau-de-vie épuisée, nous levâmes le camp un matin.
B. Cendrars, Moravagine, Œ. compl., t. IV, p. 198.
2 Cour. Humeur visqueuse qui s'écoule du nez de l'homme, mucosités nasales. || Avoir la morve au nez. 1. Goutte.
2 (…) il se retourne et regarde Brunet en haletant, la morve lui coule des deux narines jusqu'à la bouche.
Sartre, la Mort dans l'âme, p. 215.
3 Lui, cependant, il renifla, et je devinai qu'il avalait sa morve.
Jean Genet, Journal du voleur, p. 25.
3 (1896). Techn. État d'un sirop parvenu à une certaine consistance.
DÉR. Morveux.

Encyclopédie Universelle. 2012.