cheval, aux [ ʃ(ə)val, o ] n. m.
• fin XIe; lat. caballus « mauvais cheval » (mot gaul.), qui a supplanté le class. equus; cf. aussi joual
I ♦
1 ♦ Grand mammifère ongulé (hippomorphes) à crinière, plus grand que l'âne, domestiqué par l'homme comme animal de trait et de transport. ⇒enfantin dada. Spécialt Le mâle (opposé à jument), le mâle adulte (opposé à poulain, pouliche). Le cheval est « la plus noble conquête que l'Homme ait jamais faite » (Buffon). L'hipparion, ancêtre du cheval. Animaux fabuleux à corps de cheval. ⇒ centaure, hippogriffe, licorne, pégase. Cheval entier. Cheval reproducteur. ⇒ 1. étalon. Cheval châtré. ⇒ hongre. Hybrides de cheval et d'âne. ⇒ bardot, 1. mule, 1. mulet. Cheval sauvage. ⇒ mustang, tarpan. Les chevaux, les ânes et les zèbres forment la famille des équidés. ⇒ équidés; équin. Cri du cheval. ⇒ hennissement. Excréments du cheval. ⇒ crottin, pissat. Fumier de cheval. Anatomie du cheval; tête du cheval : chanfrein, ganache, larmier, naseau, sous-barbe; corps du cheval : croupe, encolure, garrot, poitrail, trapèze; les membres antérieurs et postérieurs du cheval : boulet, paturon, couronne, pied, sabot; avant-main, arrière-main. Cheval cagneux, désuni, jarreté, panard, pinçard. Cheval poussif. Cheval qui boite, qui fauche. Médecine des chevaux. ⇒ hippiatrie. Conduire un cheval chez le vétérinaire. Crins, pelage, robe du cheval (⇒ crinière, robe) . Couleurs du cheval. ⇒ alezan, aubère, bai, isabelle, louvet, miroité, 1. pie, pinchard, pommelé, rouan, rubican, tisonné. — Races de chevaux (⇒aussi demi-sang, pur-sang) . Cheval anglais, arabe, ardennais, barbe, hongrois, mongol, percheron. Cheval d'Espagne. ⇒ genet. Cheval de petite taille. ⇒ poney. Cheval grand et beau. ⇒poét. 1. coursier. — Cheval de bataille. ⇒ destrier. Loc. fig. C'est son cheval de bataille. — Chevaux de cavalerie. Cheval de cérémonie, de parade. ⇒ palefroi. Chevaux de cirque. — Cheval de course, d'une écurie de courses. ⇒ coureur, 1. crack, sauteur, trotteur. Cheval de course d'un an. ⇒ yearling. Courses de chevaux. ⇒ hippique; course, turf. Jouer un cheval gagnant, placé. ⇒ tiercé. Le cheval favori (opposé à outsider) . Cheval de polo. Cheval de selle (⇒ équitation, hippisme; monture) . Cheval de bât, de somme. Cheval de trait, de fiacre, de carrosse. Équipage de plusieurs chevaux. ⇒ attelage. Conducteur de chevaux. ⇒ charretier, 1. cocher. Atteler, harnacher un cheval. Caparaçon du cheval du picador. Cheval de poste, de relais. Cheval de labour. — Cheval de boucherie (⇒ hippophagie) . Viande de cheval. Un steak de cheval. Équarrir un cheval. Marchand de chevaux. ⇒ maquignon.
♢ Cheval fougueux, fringant, impétueux. Cheval fatigué, fortrait, fourbu. Mauvais cheval. ⇒ bidet, bourrin, canasson, carne, haridelle, rosse, rossinante.
♢ Dressage, élevage du cheval. ⇒ hippotechnie. Logement des chevaux. ⇒ haras; écurie; 2. box. Soigner un cheval. ⇒ bouchonner, brosser, étriller, panser . Les garçons d'écurie s'occupent des chevaux. ⇒ lad, palefrenier. Ferrer, déferrer un cheval (⇒ maréchal-ferrant) .
♢ Allures du cheval. ⇒ amble, aubin, canter, galop, 1. pas, train , trot. Crier hue ! au cheval pour le faire avancer (⇒ hue; dia) . — Le cheval remue la tête de bas en haut (⇒ encenser) , prend le mors aux dents, se cabre, rue, s'emballe, désarçonne son cavalier.
♢ Monter sur un cheval. ⇒ chevaucher; cavalier, écuyer, jockey. Monter un cheval à califourchon, en amazone, en croupe; le monter sans selle, à cru, à poil. Enfourcher son cheval. Se tenir bien sur son cheval : avoir une bonne assiette. Rassembler son cheval. Cravacher, éperonner son cheval (cf. Piquer des deux). Tenir son cheval en bride. Faire une chute de cheval, tomber de cheval. Descendre de cheval : mettre pied à terre.
2 ♦ Loc. adj. et loc. adv. À CHEVAL [ aʃval ] :sur un cheval. « Éperonné, botté, prêt à monter à cheval » (P.-L. Courier). Aller à cheval. Certaines auberges logeaient à pied et à cheval, les piétons et les cavaliers. Promenade à cheval. Loc. fam. À pied, à cheval et en voiture.
♢ À califourchon (une jambe d'un côté, et l'autre de l'autre). Être à cheval sur une branche d'arbre. Par ext. Une partie d'un côté, une partie de l'autre. À cheval sur deux périodes (⇒ chevaucher) .
♢ Être à cheval sur qqch., très exigeant dans ce domaine. Il est très à cheval sur la hiérarchie, sur ses prérogatives. Être à cheval sur les principes, sur le service, très strict, pointilleux.
♢ Cuis. Garni d'un œuf au plat. Steak à cheval.
3 ♦ Le cheval. Équitation. Aimer le cheval. Faire du cheval. Bottes de cheval. Culotte de cheval, de cavalier; par anal. saillie graisseuse (cellulite) sur le haut des cuisses.
4 ♦ Loc. fig. Fièvre de cheval, très forte. Un remède de cheval. — Queue de cheval. — Monter sur ses grands chevaux : s'emporter, le prendre de haut. — Cela ne se trouve pas sous, dans le pas d'un cheval : c'est une chose qu'il est difficile de se procurer. — Changer un cheval borgne contre un aveugle.
5 ♦ Fig. (Personnes) Vieilli Homme grossier, brutal. Mod. Un vrai cheval (de labour) : une personne obstinée, infatigable. Fam. Un grand cheval : une grande femme masculine. — Fam. C'est pas le mauvais cheval : il n'est pas méchant. — Cheval de retour. — La mort du petit cheval : la fin d'une affaire, d'espérances.
II ♦
1 ♦ Figure représentant un cheval. CHEVAL DE BOIS : jouet d'enfant. Les chevaux de bois d'un manège. Par ext. Chevaux de bois. ⇒ manège. — CHEVAL D'ARÇONS :appareil de gymnastique, gros cylindre rembourré sur quatre pieds, qui sert à des exercices de saut, de voltige. Des chevaux d'arçons ou des cheval d'arçons. — CHEVAL DE T ROIE : cheval de bois gigantesque dans les flancs duquel les guerriers grecs se cachèrent pour pénétrer dans Troie (pas de pluriel). Fig. Inform. Programme introduit dans un ordinateur à l'insu de l'utilisateur pour recueillir des informations. « 90% des chevaux de Troie circulent sur les services en ligne » (Le Monde, 1999). — Jeu des PETITS CHEVAUX : jeu de hasard où les pions sont représentés par des petits chevaux. Jouer aux petits chevaux.
♢ Par anal. Vx Cheval marin : l'hippocampe.
2 ♦ Cheval de frise.
3 ♦ CHEVAL-VAPEUR [ ʃ(ə)valvapɶr ] n. m. ou cheval (abrév. Ch [ ʃ(ə)valvapɶr ]) :ancienne unité de puissance équivalant à 736 watts. Des chevaux-vapeur. Une automobile de 45 chevaux au frein (opposé à chevaux fiscaux) . — Cour. Cheval fiscal (abrév. CV ) :unité de calcul basée sur la cylindrée et la transmission pour déterminer les taxes relatives à un véhicule. Une quatre chevaux. Une deux(-)chevaux Citroën, une 2 CV (abrév. fam. [1975] une deuch[e] , [1979] une deudeuche ).
● cheval nom masculin (latin populaire caballus, rosse) Mammifère herbivore de grande taille, à un seul doigt par membre, coureur rapide des steppes et prairies, dont la domestication a joué un grand rôle dans l'essor des civilisations asiatiques et européennes. Équitation : Faire du cheval. Viande de cheval. Personne active, tenace à l'ouvrage, robuste. Populaire. Héroïne (drogue). ● cheval (citations) nom masculin (latin populaire caballus, rosse) Georges Louis Leclerc, comte de Buffon Montbard 1707-Paris 1788 La plus noble conquête que l'homme ait jamais faite est celle de ce fier et fougueux animal, qui partage avec lui les fatigues de la guerre et la gloire des combats. Histoire naturelle, De l'homme Jean Calvin, de son vrai nom Cauvin Noyon, Oise, 1509-Genève 1564 Ainsi en est-il des reliques : tout y est si brouillé et confus, qu'on ne saurait adorer les os d'un martyr qu'on ne soit en danger d'adorer les os de quelque brigand ou larron, ou bien d'un âne, ou d'un chien, ou d'un cheval. Traité des reliques Jean Cocteau Maisons-Laffitte 1889-Milly-la-Forêt 1963 Académie française, 1955 Le génie est un cheval emballé qui gagne la course. Poésie critique Gallimard Alfred Jarry Laval 1873-Paris 1907 La plus noble conquête du cheval, c'est la femme. Pensées hippiques, in Le Canard sauvage Librairie générale française Pablo Ruiz Picasso Málaga 1881-Mougins 1973 Un cheval ne va pas tout seul dans les brancards. Conversations avec Christian Zervos, 1935 in Cahiers d'art Pierre de Ronsard château de la Possonnière, Couture-sur-Loir, 1524-prieuré de Saint-Cosme-en-l'Isle, près de Tours, 1585 Il y a autant de différence entre un Poète et un versificateur qu'entre un bidet et un généreux coursier de Naples. La Franciade William Shakespeare Stratford on Avon, Warwickshire, 1564-Stratford on Avon, Warwickshire, 1616 Un cheval ! un cheval ! mon royaume pour un cheval ! A horse ! a horse ! my kingdom for a horse ! Richard III, V, 4 Ivan Sergueïevitch Tourgueniev Orel 1818-Bougival 1883 On n'attelle pas au même timon le cheval fougueux et la biche craintive. Scènes de la vie russe, les Deux Amis ● cheval (difficultés) nom masculin (latin populaire caballus, rosse) Orthographe On écrit une deux-chevaux avec un trait d'union. ● cheval (expressions) nom masculin (latin populaire caballus, rosse) À cheval, monté sur un cheval : Promenade à cheval. À cheval sur quelque chose, à califourchon dessus : À cheval sur une branche d'arbre ; très strict sur quelque chose : Être à cheval sur le règlement ; qui occupe une partie de chacun des deux espaces, de chacune des deux périodes : À cheval sur le XIXe et le XXe siècles. Avoir mangé du cheval, faire preuve d'une énergie inaccoutumée. Cela ne se trouve pas sous le pas d'un cheval, il est difficile de se le procurer. Cheval de labour, gros travailleur infatigable capable des tâches les plus rudes. Populaire. Cheval de retour, récidiviste. Cheval de Troie, ce qui permet de pénétrer insidieusement dans un milieu et de s'en rendre maître. Fièvre, remède de cheval, fièvre violente, médicament très énergique. Grand cheval, grande femme aux allures masculines. Miser sur le mauvais cheval, parier sur quelqu'un qui vous conduit à l'échec. Monter sur ses grands chevaux, se gendarmer, s'emporter. Ne pas être (un) mauvais cheval, ne pas être dur, méchant malgré les apparences. Santé de cheval, excellente santé. Travail de cheval, tâche très pénible. Position à cheval, situation d'un opérateur qui spécule à la fois à la hausse et à la baisse sur une valeur mobilière. Huile de cheval, huile extraite des tissus adipeux du cheval, utilisée en alimentation et dans l'industrie du cuir. Cheval fiscal, unité de mesure permettant de classer les véhicules automobiles dans différentes catégories au regard du fisc, en fonction notamment de la cylindrée du moteur. (Abréviation : CV.) Cheval de selle, cheval conformé et dressé pour être monté par un cavalier. Cheval de trait, cheval conformé et dressé pour tirer voitures ou instruments aratoires. Cheval à deux fins, cheval que sa conformation et son dressage permettent d'utiliser pour la selle ou pour l'attelage. Cheval de Troie, cheval de bois construit par les Grecs et dans lequel se dissimulèrent leurs guerriers pour s'emparer par ruse de Troie. (Un complice persuada les Troyens d'introduire le cheval dans la ville et, la nuit venue, libéra les guerriers grecs.) Cheval de frise, défense accessoire, formée d'un axe muni de croisillons appointés, garnis de ronce artificielle. Cheval d'arçons, en gymnastique, agrès masculin composé d'une pièce de bois recouverte de cuir, portant deux arceaux (ou arçons) autour desquels évolue le gymnaste. Cheval de saut, agrès mixte voisin du cheval d'arçons et sur lequel les gymnastes, après une course d'élan, prennent appui pour effectuer un saut. Cheval frou, déguisement en cheval, très répandu dans le folklore international sous des dénominations variées selon les régions et les dialectes. Cheval de course, cheval spécialement sélectionné et préparé pour les courses. Cheval de jeu, cheval appartenant à la même écurie qu'un autre concurrent pour lequel il assure un train rapide. Cheval marin, autre nom de l'hippocampe. ● cheval (synonymes) nom masculin (latin populaire caballus, rosse) Mammifère herbivore de grande taille, à un seul doigt par...
Synonymes :
- bidet
- bourrin (populaire)
- canasson (populaire)
- coursier
- destrier (littéraire)
- haridelle (vieux)
- palefroi (littéraire)
- rosse
Sports. Cheval d'arçons
Synonymes :
- cheval-arçons
cheval, aux
n. m.
rI./r
d1./d Animal domestique périssodactyle (Equus caballus, Fam. équidés). Cheval de trait, de selle, de labour, de course. Monter un cheval: être sur un cheval.
|| Par ext., fig. Cheval de bataille.
d2./d équitation. Faire du cheval. Bottes de cheval.
d3./d Loc. fig., Fam. Fièvre de cheval, violente. Remède de cheval, très énergique.
d4./d Fam. (En parlant d'une personne.) Cheval de retour: délinquant récidiviste.
d5./d Loc. à cheval: sur un cheval; par ext. à califourchon. être à cheval sur un mur.
— Par anal. Ce domaine est à cheval sur une route.
|| Fig. être à cheval sur les principes, ne pas admettre que l'on s'en écarte.
|| Fig. Monter sur ses grands chevaux: s'emporter, le prendre de haut avec qqn.
rII./r Représentation plus ou moins fidèle d'un cheval.
d1./d Chevaux de bois, dans un manège de fête foraine; ce manège.
— Petits chevaux: jeu de société dans lequel des figurines, représentant des chevaux, progressent selon les points indiqués par un dé.
d2./d MILIT Cheval de frise: obstacle mobile constitué par une monture de bois garnie de pieux ou de barbelés.
d3./d Cheval marin: hippocampe (sens 2).
d4./d SPORT Cheval d'arçons ou cheval-arçons: appareil au milieu duquel sont fixées des poignées, qui sert d'appui pour des exercices de gymnastique. Syn. (Belgique, Luxembourg) bock.
rIII/r PHYS Cheval-vapeur: unité de puissance (hors système) valant 736 W (symbole ch). Des chevaux-vapeur.
|| Cheval-heure: unité d'énergie mécanique (hors système) égale au travail fourni en une heure par un moteur de 1 ch (symbole chh). Des chevaux-heure.
|| Cheval fiscal ou cheval: unité prise en compte pour taxer les automobiles en fonction de leur puissance (abrév.: CV). Une 2 CV.
————————
cheval
(Ferdinand) dit le Facteur Cheval (1836 - 1924), facteur rural français qui construisit, à Hauterives (Drôme), un "palais idéal", chef-d'oeuvre de l'art naïf (1879-1912).
⇒CHEVAL, AUX, subst. masc.
A.— Mammifère domestique appartenant à la famille des Équidés, utilisé notamment comme animal de monture et de trait. Une promenade à cheval; des courses de chevaux; monter un cheval. Je mis mon cheval au trot sur le sol ferme (GRACQ, Le Rivage des Syrtes, 1951, p. 204) :
• 1. — Dites au cocher qu'il nous promène et qu'il nous conduise à la poste : (...). Il [Lewis] fit un petit discours au cocher, et le cheval se mit en marche, à petits pas.
S. DE BEAUVOIR, Les Mandarins, 1954, p. 424.
SYNT. a) Cheval alezan, blanc, bai, moucheté, pommelé; cheval de race; cheval fougueux, nerveux; cheval sauvage, pur sang. b) Cheval de boucherie, de carrousel, de cirque, de course, de labour, de manège, de selle, de trait. c) Crin, crinière, croupe, poitrail d'un cheval; harnais, mors, rênes, selle de cheval. d) Le hennissement, le galop, le trot, les ruades du cheval. e) Atteler, brider, harnacher un cheval; bouchonner, ferrer, soigner un cheval; aller, monter à cheval; faire une chute de cheval; pousser son cheval ventre à terre; monter un cheval en amazone, à cru (sans selle).
— [En emploi subst. apposé] :
• 2. Quand le poulain devient sage, ne gambade pas, se colle à la mère-cheval, mauvais signe.
A. ARNOUX, Pour solde de tout compte, 1958, p. 280.
1. Loc. À cheval :
• 3. Le voyage sans fatigue, avec taxi, porteur, wagon-lit, le voyage en auto, en avion, à dos de chameau, à cheval, à pied, j'ai tout fait, tout aimé...
E. TRIOLET, Le Premier accroc coûte deux cents francs, 1945, p. 331.
— Au fig. Dans la dignité :
• 4. Le règne du malheureux jeune homme, de 1174 à 1185 — (...) — ne devait donc être finalement qu'une lente agonie, mais une agonie à cheval, face à l'ennemi, toute raidie dans le sentiment de la dignité royale du devoir chrétien et des responsabilités de la couronne, en ces heures tragiques où au drame du roi répondait le drame du royaume.
GROUSSET, L'Épopée des croisades, 1939, p. 210.
2. P. méton.
a) ALIM. Synon. de viande de cheval. Aimer le cheval, manger du cheval.
— Fig. et fam. Manger du cheval. Manger de la viande très dure. Il a mangé du cheval. Il a une force décuplée.
b) ÉQUIT Synon. de équitation. Aimer le cheval, faire du cheval; culotte de cheval. Je me mettrais à la discipline de la rame, des altères [sic] et du cheval (VALÉRY, Correspondance [avec Gide], 1894, p. 212).
c) Au plur. Synon. de chevaux montés, cavaliers combattants. À la tête de sept cents chevaux, il [Fernand de Castro] envahit le nord du royaume de Léon (MÉRIMÉE, Histoire de Don Pèdre Ier, roi de Castille, 1848, p. 143).
Rem. On rencontre ds la docum. le subst. fém. chevale. La reine, la chevale a piaffé sur mon cœur! Ô trop pareille à moi, son ombre lui fait peur. Ô folle aux cheveux de femme, aux longs cils, aux grands yeux! Elle fait frémir son toupet, elle s'émouche de sa queue. Le sang au fond de ses naseaux est comme des dahlias en fleur (MONTHERLANT, Encore un instant de bonheur, 1934, p. 683).
B.— Emplois métaph. ou fig.
1. [P. réf. à la robustesse, à la résistance du cheval] Fam.
— Travailler comme un cheval. Travailler dur. Tu travailles comme un cheval, tu te crèves (BERNANOS, Journal d'un curé de campagne, 1936, p. 1101) :
• 5. Il ne lui [Joseph] restait plus qu'à s'en aller planter des raves dans une de ses propriétés, car rien de plus vorace que tous ces biens que l'on croit posséder et qui, en réalité, vous possèdent et pour lesquels on travaille comme un cheval de trait, comme un forçat, comme un esclave.
G. DUHAMEL, Chronique des Pasquier, La Passion de Joseph Pasquier, 1945, p. 216.
— Fièvre de cheval. Fièvre très forte. Médecine, remède de cheval. Médecine, remède puissant. Santé de cheval. Santé robuste. Vie de cheval. Vie dure. Métier de cheval. Métier pénible :
• 6. Si tout ce qu'on dit de l'autre monde doit aboutir à une banqueroute, c'est vraiment dur d'avoir fait mener aux pauvres gens une vie de cheval pour rien du tout.
RENAN, Drames philos., 1888, p. 480.
• 7. Ma mère murmura que j'avais pourtant bien besoin d'être reconstitué, que j'étais déjà assez nerveux, que cette purge de cheval et ce régime me mettraient à bas.
PROUST, À l'ombre des jeunes filles en fleurs, 1918, p. 498.
— Péj. [P. oppos. au cheval de selle] C'est un cheval, un cheval de bât, de carrosse, de charrue. C'est un homme grossier et brutal :
• 8. Vous m'avez vu tout à l'heure avec un fier imbécile. Que voulez-vous? On finit par prendre des habitudes de cheval, à force de cultiver tous ces chameaux et, quelquefois, on tombe assez mal...
BLOY, La Femme pauvre, 1897, p. 51.
2. [P. réf. à l'aspect physique du cheval] Profil de cheval.
— [En parlant d'une femme] Femme grande, dégingandée et laide. — Comment ai-je pu aimer une si grande femme, pensait-il, ce grand cheval? (NIZAN, La Conspiration, 1938, p. 215).
3. [P. réf. à la position du cavalier sur le cheval] Loc. adv. À cheval (sur qqc.).
— À califourchon. À cheval sur un mur :
• 9. Au fond, à cheval sur une chaise, le menton sur le dossier, se tenait un véritable cent-kilos à qui le charron était en train de couper les cheveux.
E. TRIOLET, Le Premier accroc coûte deux cents francs, 1945, p. 367.
♦ [En parlant d'une chose] :
• 10. ... un ouvrier, en cotte bleue, un mégot aux lèvres; deux godillots tout neufs, en cuir épais, pendaient, à cheval sur son épaule.
R. MARTIN DU GARD, Les Thibault, L'Été 1914, 1936, p. 586.
♦ Rare :
• 11. Ces derniers soirs, dans la cuisine, les mains à cheval sur les cuisses, il [le père] ouvrait de gros yeux sur les uns et sur les autres.
POURRAT, Gaspard des Montagnes, La Tour du Levant, 1931, p. 193.
♦ Chanson pour enfant :
• 12. Longtemps il [mon grand'père] m'avait fait sauter sur sa jambe tendue en chantant : « A cheval sur mon bidet; Quand il trotte il fait des pets », et je riais de scandale.
SARTRE, Les Mots, 1964, p. 44.
— De part et d'autre de quelque chose :
• 13. Cette zone frontière, à cheval sur la France et la Belgique, est peuplée surtout de hors-la-loi auxquels se mêlent nombre de bandits.
VAN DER MEERSCH, L'Empreinte du dieu, 1936, p. 37.
— Loc. fig. Être à cheval sur qqc. Être très strict sur quelque chose. Être à cheval sur les principes. Ils sont à cheval sur le règlement. Quand je suis entré chez Hoederer, ils me poussaient avec le canon de leurs mitraillettes (SARTRE, Les Mains sales, 1948, 3e tabl., 2, p. 79).
♦ Absolument :
• 14. Il [André Suarès] ne pouvait s'empêcher d'avoir de l'éloignement pour les Coantré, gens qui avaient été désastreux à sa sœur, — gens plus superficiels, moins « à cheval » et moins nobles que les Coetquidan, ...
MONTHERLANT, Les Célibataires, 1934, p. 804.
— Péj. Écrire une lettre à cheval à qqn. Écrire une lettre injurieuse et menaçante :
• 15. MME PETYPON. — Moi, pendant ce temps-là, j'écris une lettre à cheval à ma couturière.
PETYPON. — À ta...?
MME PETYPON. — Mais oui, elle devait déjà me livrer cette robe hier; alors, moi, ne voyant rien venir...
FEYDEAU, La Dame de chez Maxim's, 1914, I, 5, p. 9.
4. Expr. et loc. diverses.
a) Loc. nom.
— Homme de cheval
♦ Cavalier (opposé à l'homme de [pied]) :
• 16. Elle [la mère] vit une grande troupe d'hommes armés, de pied et de cheval, rangée sur la grève.
HUGO, Notre-Dame de Paris, 1832, p. 544.
• 17. ... Maxime (...) redoute la mer. Quant à moi, j'y suis crâne. C'est, avec l'équitation, un talent que j'ai acquis en voyage, car je suis maintenant « aussi bon homme de cheval que de pied » comme M. de Montluc.
FLAUBERT, Correspondance, 1850, p. 265.
♦ Vieux
Homme qui aime les chevaux et pratique l'équitation :
• 18. Une autre nuit, Papadakis m'interrogea :
— Il était riche, ton grand-père?
— Grand-père, pourquoi donc?
— Pour t'avoir payé un bateau.
— Ah! mon lougre? L'albatros? Oui, grand-père était millionnaire.
— Mais pourquoi t'avoir payé un bateau, il était donc marin?
— Tu veux rire, Papadakis! Grand-père était un homme de cheval, il n'a jamais mis les pieds sur un bateau.
CENDRARS, Bourlinguer, 1948, p. 217.
Homme du monde. Tu es tout à fait un homme du monde, un gentilhomme de cheval dans l'acception la plus complète (PONSON DU TERRAIL, Rocambole, t. 2, Le Club des valets de cœur, 1859, p. 104) :
• 19. ... des larmes remontaient aux yeux de la triste femme, tandis que lui [Séguin] ricanait de son air d'homme du monde, d'homme de cheval, mâtiné d'amateur de littérature et d'art...
ZOLA, Fécondité, 1899, p. 140.
— Au fig.
♦ Selle à tous chevaux. Objets, remèdes utilisés dans de nombreuses circonstances.
♦ Arg. [En parlant d'hommes] Chevaux à toute selle. Aptes à plusieurs fonctions :
• 20. Que voulez-vous, mon ami? quand on est de la boutique [= Préfecture de police], il faut faire un peu de tout. Ne sommes-nous pas des chevaux à toute selle?
F. VIDOCQ, Mémoires de Vidocq, t. 3, 1828-29, p. 357.
b) Fam. C'est un... cheval.
♦ C'est un bon cheval de trompette. C'est un homme qui ne craint pas le bruit, les menaces :
• 21. ... le peuple était pour Tartarin. Sa carrure, sa démarche, son air, un air de bon cheval de trompette qui ne craignait pas le bruit, ...
A. DAUDET, Tartarin de Tarascon, 1872, p. 13.
♦ C'est un cheval échappé. C'est un homme emporté et indiscipliné.
♦ Ça n'est pas le mauvais cheval. C'est un brave homme :
• 22. On aura beau faire, il y a quelque chose entre nous qui ne colle pas. Mais je ne dis pas que tu sois le mauvais cheval et puis c'est vrai qu'on était mal parti.
SARTRE, Les Mains sales, 1948, 3e tabl., 3, p. 101.
— C'est un cheval de retour. C'est un récidiviste :
• 23. ... maintenant on en était au forçat, au récidiviste, au « cheval de retour ».
HUGO, Les Misérables, t. 1, 1862, p. 316.
— C'est son cheval de bataille. C'est son argument favori, son dada :
• 24. « Par là, (...), le dogme et la controverse, qui ne sont que le cheval de bataille et les armes du sot et du fanatique, fussent insensiblement devenus plus rares dans la chaire; ... »
LAS CASES, Le Mémorial de Sainte-Hélène, t. 2, 1823, p. 343.
c) Loc. verbales
— Vx. Loger à pied et à cheval. Loger les voyageurs à pied et les voyageurs à cheval :
• 25. Ils arrivèrent à Orangis vers les neuf heures et s'arrêtèrent à l'auberge de la cloche, où les époux Poitrine logeaient à pied et à cheval.
A. FRANCE, Les Dieux ont soif, 1912, p. 126.
— Tirer un homme à quatre chevaux. L'écarteler. P. métaph. Je désirais sentir ma vie sans contradictions, ne pas être divisé, tiré à quatre chevaux, être un pour moi (BARRÈS, Mes cahiers, t. 1, 1896-98, p. 38).
— Au fig.
♦ Monter sur ses grands chevaux. Se mettre en colère et parler avec hauteur :
• 26. — Oh! mon bon père, s'écria la petite Barniol en se jetant, sur un coussin, aux genoux de Phellion, ne monte pas sur tes grands chevaux! Il y a bien des imbéciles et des niais dans les conseils municipaux, et la France va tout de même.
BALZAC, Les Petits bourgeois, 1850, p. 97.
♦ Faire quelque chose à pied, à cheval, et en voiture. Faire quelque chose de toutes les façons possibles :
• 27. On mentait avec rage au delà de l'imaginaire, bien au delà du ridicule et de l'absurde, dans les journaux sur les affiches, à pied, à cheval, en voiture. Tout le monde s'y était mis.
CÉLINE, Voyage au bout de la nuit, 1932, p. 69.
♦ Lâcher son cheval :
• 28. ... l'attente est un état violent. Je lâche mon cheval, c'est-à-dire que je suis méprisant, insolent, menaçant; je me jette; j'achève mon malheur. Ce mouvement est commun; chacun en a l'expérience. Tous les mouvements d'humeur sont ainsi prévus, redoutés, et enfin confirmés par le gouvernement intérieur, qui achève alors l'événement, qui joue son rôle comme un acteur le jouerait.
ALAIN, Propos, 1928, p. 792.
d) Loc. proverbiales
♦ C'est un cheval à l'écurie. C'est une dépense permanente :
• 29. Les Jardies sont un cheval à l'écurie; on ne les loue pas, et il faut payer mille francs par an en concierge, impositions et réparations.
BALZAC, Lettres à l'Étrangère, t. 2, 1850, p. 431.
♦ Cela ne se trouve pas (dans le pas, sous le sabot, sous le pas) d'un cheval. C'est très difficile à trouver. Oui : un honnête homme ne se trouve pas sous le pied d'un cheval (E. AUGIER, Ceinture dorée, 1855, II, p. 362).
♦ Être mal à cheval. Être mal dans ses affaires.
♦ Fermer l'écurie quand les chevaux sont dehors. Prendre des précautions quand il est trop tard.
♦ Je lui ferai voir que son cheval n'est qu'une bête. Je lui ferai voir qu'il se trompe lourdement.
♦ N'avoir ni cheval ni mule. Être sans ressources.
e) Proverbes. À cheval donné, il ne faut pas regarder à la bouche ou à la bride. Il faut toujours être content d'un cadeau reçu. À cheval hargneux, étable à part. Il faut écarter les gens querelleurs. À jeune cheval, vieux cavalier. Il faut un homme expérimenté pour diriger des hommes inexpérimentés. À méchant cheval, bon éperon. Dans les affaires compliquées, il faut beaucoup de fermeté. Après bon vin, bon cheval. Après avoir bien bu, l'homme est plus hardi. Changer son cheval borgne contre un aveugle. Changer quelque chose de mauvais contre quelque chose de pire. Il est bien aisé d'aller à pied quand on tient son cheval par la bride. Il est facile d'endurer certains ennuis quand on peut s'en délivrer à volonté. Il fait toujours bon tenir son cheval par la bride. Il est bon d'être toujours maître de ses affaires. Il n'est si bon cheval qui ne bronche. Tout le monde peut se tromper. Il n'est si bon cheval qui ne devienne rosse. Tout homme est enclin à vieillir. Jamais bon cheval ne devient rosse. On ne perd jamais entièrement de bonnes qualités. Jamais coup de pied de jument ne fit mal à cheval. Un homme doit prendre galamment tout ce qui vient d'une femme. L'œil du maître engraisse le cheval. Les affaires vont mieux quand on les surveille soi-même. Les chevaux courent les bénéfices et les ânes les attrapent. Les récompenses ne vont pas toujours à ceux qui les méritent. Quand le foin manque aux râteliers, les chevaux se battent. Les querelles naissent quand manque l'argent.
f) [En réf.]
— [à l'Hist.] Cheval d'Alexandre, cheval de bronze, cheval de Caligula, cheval de Mazeppa, cheval noir d'Attila, cheval de Roland, cheval de Saint-Georges (cf. cavalerie), cheval de Troie.
— [à Richard III, Tragédie de Shakespeare] :
• 30. Joseph se détacha de l'appareil et cria : « Ma voiture, tout de suite! » comme jadis un roi d'Angleterre, sur le champ de bataille : « Un cheval! Ma couronne pour un cheval! »
G. DUHAMEL, Chronique des Pasquier, La Passion de Joseph Pasquier, 1945, p. 200.
— [à la Myth.] Le cheval prophétique d'Achille, les chevaux ailés, les chevaux marins :
• 31. La fable des chevaux ailés, notre Pégase, a sans doute pris naissance dans ces pays, où les bergers ont pu voir souvent un onagre sautant d'un rocher à un autre.
BALZAC, La Peau de chagrin, 1831, p. 233.
— [à l'Écriture sainte] Le cheval-aigle, les chevaux de l'Apocalypse.
C.— Emplois spéc.
1. ASTROL. Cheval du sagittaire.
2. ASTRON. Cheval ou Pégase; Petit Cheval. Constellations de l'hémisphère boréal.
3. MÉCAN., au plur. Cheval, synon. p. abrév. de cheval-vapeur.
4. COIFFURE, fam. Queue de cheval. Coiffure féminine consistant à nouer les cheveux derrière la nuque. Nouer ses cheveux en queue de cheval (COLETTE, Claudine à l'école, 1900, p. 33).
5. HÉRALD. Cheval animé, bordé, caparaçonné, passant. Figure du blason représentant toujours le cheval de profil.
6. JEUX
a) Cheval à bascule, cheval de bois, cheval mécanique. J'avais des jouets, une voiture bleue avec des roues, un cheval de bois (GUÉHENNO, Journal d'un homme de quarante ans, 1934, p. 25).
b) Chevaux de bois. Manège dans une fête foraine. Un chevaux-de-bois musique dans le lointain (BARRÈS, Mes cahiers, t. 6, 1907, p. 33).
c) Cheval fondu. Synon. saute-mouton (vx) :
• 32. Ils dominaient dans les récréations ainsi que dans les classes et montraient, au cheval fondu et dans les parties de barres, la maîtrise que nous leur reconnaissions en thème grec et en discours latin.
A. FRANCE, La Vie en fleur, 1922, p. 359.
d) Petits chevaux. Jeu de hasard où l'on fait avancer des pions à tête de cheval. Je perds au chemin de fer, je perds aux petits chevaux (...) et je perds au bridge! (BERNSTEIN, Le Secret, 1913, II, 1, p. 17).
e) Cheval. Synon. de cavalier (dans le jeu d'échecs) :
• 33. ... ces sauterelles à ailes bleues et rouges qui avancent dans les bruyères en sautant de biais comme le cheval aux échecs.
GIRAUDOUX, Simon le Pathétique, 1926, p. 238.
f) Mise placée sur deux numéros dans le jeu de la roulette :
• 34. Cheval. Terme des joueurs de roulette (...) « Pour le cheval, on vous a donné 17 louis ».
L. LARCHEY, Dict. hist. d'arg., Nouv. Suppl., 1889, p. 54.
7. ART MILIT.
a) Cheval de frise. Solive traversée de part en part de pieux armés de fer et que l'on utilise comme moyen de défense ou comme barrage :
• 35. Lorsqu'il [Bucquey] jeta les yeux sur le quai [du haut du Fort l'Evêque], il fut effrayé... de cette quantité... de chevaux de frise et autres ingrédients qui, dit-il « formaient un spectacle des plus affreux... car on croyait voir une forêt toute hérissée de fer. »
NERVAL, Les Illuminés, 1852, p. 42.
b) Cheval de bois (cf. chevalet) :
• 36. Celle-ci [la charpente] porte, au centre de ses rayons, un cheval de bois ou chevalet, instrument de torture dont l'application fut encore froidement réglée par une ordonnance de 1670.
G. SAND, Les Beaux Messieurs de Bois-Doré, t. 1, 1858, p. 26.
8. SC. NAT.
a) BOT. Queue-de-cheval. Synon. vulgaire de la prêle (cf. NOSBAN, Nouv. manuel complet du menuisier, t. 2, 1857, p. 176).
b) ZOOLOGIE
♦ Genre cheval. Genre de la famille des équidés dont le zèbre est une espèce :
• 37. ... en même temps que les rhinocéros et les hippopotames sont à leur apogée, enfin que le genre cheval fait son apparition.
A. DE LAPPARENT, Abr. de géol., 1886, p. 369.
♦ Antilope-cheval. Grande antilope d'Afrique Occidentale (cf. MARAN, Batouala, 1921, p. 157).
♦ Cheval marin. Synon. vulg. de l'hippocampe (cf. H. COUPIN, Animaux de nos pays, 1909, p. 186).
♦ Pied-de-cheval :
• 38. La pluie faisait dans les gouttières le bruit de quelqu'un qui mâche du caoutchouc. Des regards comme des éclairs de chaleur. Une langue comme cette huître qu'on appelle pied-de-cheval.
RENARD, Journal, 1894, p. 197.
9. SP. Cheval d'arçons, (vx) cheval de bois. Instrument rembourré muni de quatre pieds, avec ou sans poignées, et sur lequel des sportifs s'exercent à sauter, à voltiger.
♦ Cheval de voltige. Un cheval de voltige en bois avec le rembourrage eût été dispendieux (FLAUBERT, Bouvard et Pécuchet, t. 2, 1880, p. 64).
10. TECHNOL. Petit cheval. Pompe alimentaire d'une chaudière à vapeur (cf. A. CRONEAU, Constr. pratique des navires de guerre, t. 2, 1892, p. 316).
11. TURF. Jouer un cheval dans une course; miser sur un cheval :
• 39. J'ai joué le cheval que vous m'aviez indiqué, et, naturellement, j'ai perdu.
BENOIT, L'Atlantide, 1919, p. 15.
♦ Parler cheval. Il tenait à la main un journal de sports. Pour combler le silence, j'essayai de parler cheval (MAURIAC, Le Nœud de vipères, 1932, p. 204).
♦ Longueur de cheval :
• 40. ... lorsque je les vis arriver au but, devançant les coureurs de trois longueurs de cheval, je fus si joyeuse que je me mis à battre des mains comme une folle.
A. DUMAS Père, Le Comte de Monte-Cristo, t. 1, 1846, p. 775.
Prononc. et Orth. :[()val], plur. [-o]; pour [] cf. chemin. ROUSS.-LACL. 1927 signale que à Paris, on peut entendre, bien que rarement : jeval pour cheval, jeveu pour cheveu. Cf. lettre C. Ds Ac. 1694-1932. Au plur. des chevaux. Étymol. et Hist. A. Début XIIe s. désigne l'animal (Lois G. le Conquérant, éd. J. E. Matzke, § 5); ca 1100 (Roland, éd. J. Bédier, 890); spéc. ca 1195 cheval désigne le mâle (AMBROISE, Guerre sainte, 8296 ds T.-L., s.v. ive); 1873 désigne la viande (DUMAS); 1. ca 1100 as chevals « montés sur des chevaux » (Roland, 1095); d'où ca 1100 interj. as chevals! ordre de monter à cheval (Roland, 2986); av. 1661 à cheval « à califourchon » (St Amand ds FUR. : à cheval sur des coquesigruës); 1835 fig. être à cheval sur « être très strict, ferme sur » (Ac.); a) 1160-70 gent a cheval « soldat à cheval » (WACE, Rou, III, 2651 ds KELLER, p. 262a) — 1668, MOLIÈRE, Amphitryon, I, 1; av. 1511 hommes de cheval « cavaliers » (COMM., IV, 1 ds LITTRÉ); chevaux « soldats à cheval », v. chevau-légers; b) 1690 « équitation » (FUR.); av. 1866 monde du cheval (L. Reybaud ds Lar. 19e); 2. a) fin XIIIe s. être a cheval « être insolent » (Deuxième coll. anglo-norm. des Mir. de la Ste Vierge, éd. H. Kjellman, 48, 179); p. ext. av. 1622 mettre son opinion a cheval « la faire prévaloir » (F. DE SAL., Aut. de S.P., ms. Chigi, f° 96a ds GDF. Compl.); b) 1579 estre mal a cheval « être mal à l'aise » (LARIV., les Ecol., V, 3, ibid.); c) av. 1592 monter sur ses grands chevaulx « s'emporter » (MONT., IV, 193 ds LITTRÉ); 3. 1539 medecine pour les chevaulx (EST.); d'où fig. 1690 médecine de cheval (FUR.); 1690 travail de cheval (ibid.); 1798 fièvre de cheval (Ac.); 4. 1690 fig. cheval de bataille (FUR.); 5. emplois fig. s'appliquant à une pers. 1670 cheval de carosse « homme grossier ou brutal » (MOLIÈRE, Le Bourgeois gentilhomme, II, 2); 1828 arg. cheval de retour « récidiviste » (VIDOCQ, Mém. ds ESN.); 1829 (HUGO, Le Dernier jour d'un condamné, 667 — Ollendorff — ds QUEM.). B. 1. 1512 jeux au chevau fondu (GRINGORE, Sottie contre Jules II, 109 ds Recueil de Sotties, Paris, éd. E. Picot, 1904, t. 2, p. 139); 1556 cheval de bois (Argenterie de la reine, fos 1 et 13 ds GAY); 1680 fortif. cheval de frise (RICH.); 1768 technol. cheval « support » (Encyclop. t. 27, ardoiserie d'Anjou, p. 12a); 1891 petits chevaux désigne un jeu de hasard (H. BAUER, au Soleil, Echo de Paris ds GUÉRIN2); 1946 cheval d'arçon (AMBRIÈRE, Les Grandes vacances, p. 310); 2. 1611 cheval marin « hippocampe » (COTGR.). Du lat. caballus d'abord « mauvais cheval » (Lucilius ds TLL s.v., 3, 67), puis « cheval hongre » et « cheval de travail » terme pop., dès Varron est le substitut du lat. class. equus qu'il supplante ultérieurement. Fréq. abs. littér. :14 521. Fréq. rel. littér. :XIXe s. : a) 25 519, b) 28 396; XXe s. : a) 18 716, b) 13 507. Bbg. Atteler des chevaux sur un duc. L'Intermédiaire des chercheurs et des curieux. 1882, t. 15, p. 37, 84, 85. — BONAN GARRIGUES (M.), ÉLIE (J.). Essai d'analyse sémique. Cah. Lexicol. 1971, pp. 81-82. — GOTTSCH. Redens. 1930, passim. — GOUG. Mots t. 1, 1962, pp. 70-73. — KITZA (A.). Das Ross in den altfranzösischen Abenteuerromanen. Marburg, 1887. — KURRELMEYER (W.). Friesischer Reiter « cheval de frise ». Mod. Lang. Notes 1943, t. 58, pp. 350-351. — LE BIDOIS Délire 1970, p. 237. — MANLY (C.). Words for horse in French and Provençal. Baltimore, 1939. — MAT. Louis-Philippe. 1951, p. 54. — MILLEPIERRES (F.). Les Noms du cheval. Vie Lang. 1959, pp. 662-664. — MONFRIN (J.). Romania. 1963, t. 84, p. 142. — PERROCHON (H.). Cheval et chèvre en Suisse romande. Vie Lang. 1961, pp. 371-373. — QUEM. 2e s. t. 4 1972. — ROG. 1965, p. 40. — SAIN. Arg. 1972 [1907], p. 105. — SANDMANN (M.). Monter à cheval. Rom. Jahrb. 1962, t. 13, pp. 28-42. — STEIGER (A.). Altromanische Pferdenamen. Mél. Wartburg (W. von) 1958, pp. 767-796. — TOURNEMILLE (J.). Au jardin des loc. fr. Vie Lang. 1967, p. 410. — TUAILLON (G.). Analyse d'une carte ling. : cheval-chevaux. Trav. Ling. Litt. Strasbourg. 1971, t. 9, n° 1, pp. 91-176. — VIGNERON (P.). Le Cheval dans l'Antiquité. Nancy, 1968.
cheval, aux [ʃ(ə)val, o] n. m.
ÉTYM. Fin XIe; du lat. caballus « mauvais cheval » (mot gaul.), qui a supplanté le lat. class. equus.
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1 Grand mammifère à crinière, plus grand que l'âne, domestiqué par l'homme comme animal de trait et de transport. Spécialt. Le mâle (opposé à jument); le mâle adulte (opposé à poulain). Zool. Mammifère ongulé solipède (Équidés). || L'hipparion, ancêtre du cheval. || Cheval sauvage. ⇒ Mustang, tarpan. || Chevaux redevenus sauvages. ⇒ Marron (cheval marron). || Capturer un cheval au lasso. || Animaux fabuleux à corps de cheval. ⇒ Centaure, hippogriffe, licorne, pégase. || Cheval-cerf : hippotragus.
1 La plus noble conquête que l'Homme ait jamais faite est celle de ce fier et fougueux animal qui partage avec lui les fatigues de la guerre et la gloire des combats.
Buffon, Hist. nat. des animaux, Le cheval.
2 Le cheval semble sur son déclin : il a été le plus admirable serviteur de l'homme dont il fut le plus puissant instrument de civilisation : dès qu'il fut ferré et garni d'un collier, il prit à sa charge la plus lourde part de la peine des hommes qui lâchèrent la houe qui les courbait sur la glèbe et posèrent la hotte qui accablait leurs épaules. Le cheval donc les libéra de l'esclavage et du servage et il n'est pas bien sûr que cela, l'homme l'ait nettement compris. Puis le chemin de fer supprima la diligence; l'automobile chassa le cheval de la route; le canon lui enleva la suprématie dans les batailles; l'avion de guerre dispersa ses formations. Enfin le camion le supplanta dans les services de guerre de l'arrière et le tracteur va se charger à sa place des labours et des moissons.
Raymond Amiot, le Cheval, p. 11.
3 (…) le cheval peut être considéré dans sa race : normand, percheron; dans sa nature physique : cheval, jument, hongre, étalon; dans sa couleur : alezan, bai; dans son emploi : limonier, sous-verge, cheval d'armes, de selle; dans sa valeur : rosse, haridelle. De la haquenée et du palefroi au pur-sang du Grand Prix, quelle revue à faire ! Et les mots s'attacheront tout naturellement aux choses.
F. Brunot, la Pensée et la Langue, II, VIII, p. 79.
♦ Étude du cheval. ⇒ Hippologie (→ le préf. Hippo-, du grec hippos « cheval »). || Cheval entier. || Cheval reproducteur. ⇒ Étalon. || Cheval châtré. ⇒ Hongre. || Femelle du cheval. ⇒ Jument (cavale; haquenée, poulinière…). || « Ce petit cheval était une jument (…) elle valait (cit. 2) son pesant d'or » (Balzac). || Produits du cheval. ⇒ Poulain, pouliche; bardot, mule (cheval et ânesse); mulet (âne et jument). || Cri du cheval. ⇒ Hennissement. || Excréments du cheval. ⇒ Crottin, pissat. || Fumier de cheval.
♦ Anatomie du cheval (termes spéciaux). ⇒ Chanfrein, ganache, larmier, naseau, sous-barbe (tête); croupe, encolure, garrot, poitrail, trapèze. || Le dos, les flancs, les pattes du cheval (pattes de devant : épaule, coude, bras et avant-bras, genou; de derrière : cuisse, fesse, gigot, grasset, jambe, jarret, canon). ⇒ Boulet, couronne, paturon, pied, sabot. || Partie antérieure et postérieure du cheval. ⇒ Avant-main, arrière-main, train. || Aplombs du cheval. || Concavité du dos chez le cheval. ⇒ Ensellure. || Cheval trop ensellé. || Cheval court de reins et vigoureux. ⇒ Goussaut. || Cheval bien gigoté, bien culotté, dont la cuisse est de bonne épaisseur. || Cheval bien croupé. || Cheval arqué, bouleté, brassicourt, cagneux, court-jointé ou long-jointé, désuni, efflanqué, encastelé, épointé, féru, jarreté; large, ouvert ou serré du devant, du derrière; panard, pinçard, rampin, sol-batu… || Cheval bégu. || Cheval trapu, bouleux, vigoureux. || Cheval poussif.
4 (…) des chevaux aux jambes grêles et tendues, au cou dressé, au mors neigeux d'écume (…)
Maupassant, la Femme de Paul, p. 8.
5 Sur ses prairies fortement vallonnées (du Boulonnais) galopent des chevaux à la tête forte, au chanfrein droit, aux yeux petits, à l'encolure contournée, à la crinière double, au poitrail large et musculeux, au dos un peu ensellé, à la croupe charnue.
A. Billy, Sainte-Beuve, sa vie et son temps, t. I, p. 15.
♦ Crins, poils de cheval (⇒ Crinière, pelage, robe). || Couleurs du cheval. ⇒ Alezan, arzel, aubère, bai, baillet, balzan, blanc, brun, cavecé, châtain, clair, fauve, gris, isabelle, louvet, marron, miroité, moucheté, noir, pie, pinchard, pommelé, rouan, rubican, saure, souris, tigré, tisonné, truité, zain… || Un cheval alezan, pie… (→ 1. Pie, cit. 5 et supra). || Particularités de la robe du cheval (marques, taches…). ⇒ Balzane (cit. 1), épi, frisure, ladre, liste, raie, zébrure. || Cheval qui boit blanc, dans son blanc.
♦ Races de chevaux. — Cheval andalou, anglais, anglo-normand, arabe, ardennais, auvergnat, barbe, belge, berrichon, boulonnais, bourbonnien, breton, camarguais, cauchois, circassien, comtois, corse, danois, flamand, hanovrien, hollandais, hongrois, kabyle, kirghize, klepper, landais, limousin, lorrain, mecklembourgeois, mongol, navarrais, normand, percheron, persan, picard, poitevin, russe, tartare, tcherkess, turc… || Cheval d'Espagne. ⇒ Genet. || Cheval pur sang, de race pure. ⇒ Pur-sang. || Cheval pur sang d'un an. ⇒ Yearling. || Cheval demi-sang. || Cheval de petite taille. ⇒ Poney. || Livres généalogiques des chevaux. ⇒ Stud-book.
♦ Cheval grand et beau. ⇒ Coursier (poét.). || Cheval de bataille. ⇒ Destrier. || Cheval d'armes. || Armure (cit. 4) du cheval de bataille. || Un cheval caparaçonné. || Chevaux de régiment de cavalerie. || Chevaux de remonte. || Cheval de cérémonie. ⇒ Palefroi. || Cheval de parade. || Cheval de carrousel, de fantasia. || Chevaux de cirque. ⇒ Cavalerie.
♦ Cheval de course, d'une écurie de courses. ⇒ Coureur, crack, favori, fond (cheval de), mileur, outsider, sauteur, trotteur… ⇒ aussi Course, courtine (argot), hippique (concours), hippisme, hippodrome, turf… || Faire courir des chevaux, les entraîner, les engager. || Ce cheval, monté par tel jockey, a distancé ses concurrents, sauté, franchi l'obstacle (⇒ Steeple-chase). || Performance d'un cheval. || Disqualifier un cheval. || Ces chevaux sont arrivés tête à tête. ⇒ Dead-heat. || Jouer un cheval gagnant, placé. || Cheval de polo. || Cheval de chasse. ⇒ Hunter. || Cheval de selle. ⇒ Équitation; monture. || Cheval de louage. ⇒ Locatis (vx). || Cheval de bât, de charge, de somme. || Cheval de trait, de voiture, de fiacre, de carrosse. || Équipage de six chevaux. || Atteler, harnacher un cheval. ⇒ Attelage, harnachement, harnais. || Cheval côtier, limonier, porteur, sous-verge, timonier. || Atteler un cheval en arbalète, en flèche, à la volée… || Conducteur de chevaux. ⇒ Charretier, cocher, conducteur. || Cheval de poste, de relais. || Cheval de ferme, de charrue, de labour. || Foulage par les pieds des chevaux (→ Battage, cit. 1). || Cheval de manège (→ Besogne, cit. 6). || Cheval de boucherie (⇒ Hippophagie). || Viande de cheval. || Peau, cuir de cheval (⇒ Chagrin). || Équarrir un cheval. ⇒ Équarrissage. || Marchand de chevaux. ⇒ Maquignon.
6 Le cheval de selle doit avoir les épaules plates, mobiles et peu chargées; le cheval de trait, au contraire, doit les avoir grosses, rondes et charnues.
Buffon, Hist. nat. des animaux, Les quadrupèdes, t. I, p. 49.
7 (Il n'admire) Que les femmes de race et les chevaux de prix !
Hugo, les Chants du crépuscule, XII.
8 Il compara, pour finir, les gens du monde aux chevaux de course qui ne servent à rien, à vrai dire mais qui sont la gloire de la race chevaline.
Maupassant, Fort comme la mort, p. 78.
9 L'état-major réclama ses chevaux : on les mit au piquet dans les allées, les écuries étant insuffisantes.
A. Maurois, les Discours du Dr O'Grady, I, p. 6.
♦ ☑ Loc. Techn. Cheval bien mis, bien dressé. || Cheval à deux fins (selle et voiture). || Cheval de carrière, destiné au travail à l'extérieur. — Cheval de jeu : cheval de course faisant le jeu d'un autre cheval de la même écurie, estimé meilleur.
♦ Cheval ardent, fougueux, franc du collier, fringant, impétueux, tride, vaillant, vif. || Cheval piaffeur. || Cheval léger à la main. || Cheval obéissant. || Cheval ombrageux, récalcitrant, rétif, vicieux. ⇒ Fingard, guincheur, ramingue. || Cheval fatigué. ⇒ Fortrait, fourbu. || Mauvais cheval. ⇒ Bidet, bique (vieille), bourrin, bourrique, canasson, carne, criquet, haridelle, mazette, rossard, rosse, rossinante. || Cheval bon pour la réforme. ⇒ Rancart (bon à mettre au rancart). — Le cheval, en langage enfantin. ⇒ Dada. || Crier hue ! au cheval pour le faire avancer. ⇒ Hue; dia.
10 Pour mieux entendre ce que feraient par eux-mêmes des chevaux fougueux, il faut les considérer sans bride et sans conducteur qui les pousse ou qui les retienne.
Bossuet, Traité de la connaissance de Dieu, III, 9.
11 (…) le cheval est fier, ardent, impétueux.
Buffon, Hist. nat. des animaux, L'âne.
♦ Dressage, élevage, traitement du cheval. ⇒ Hippotechnie; manège. || Dresser, confirmer, élever un cheval. || Logement, habitat du cheval. ⇒ Ferme, haras; écurie, box, litière… || Alimentation du cheval. ⇒ Affenage, avoine, foin, fourrage, paille…; abreuvement, abreuvoir. || Laver, nettoyer, soigner un cheval. ⇒ Aiguayer, bouchonner, brosser, épousseter, étriller, panser (cit. 1). || Les garçons d'écurie s'occupent des chevaux. ⇒ Lad, palefrenier, valet. || Couverture du cheval. ⇒ Chabraque, housse. || Couper les oreilles (⇒ Bretauder), la queue (⇒ Anglaiser, courtauder) d'un cheval; lui couper la corne des sabots avec une bute… || Ferrer, déferrer un cheval. ⇒ Fer (à cheval), ferrure, maréchal (maréchal-ferrant). || Attacher les chevaux. ⇒ Accouer, brider; longe, plate-longe. || Entraves pour les chevaux. ⇒ Abot, billot… || Castration d'un cheval. ⇒ Castrer, châtrer; bretauder, hongrer.
♦ Maladies, blessures, vices du cheval. ⇒ Bleime, capelet, colique, cornage, courbature, crapaud, encastelure, enchevêtrure, enclouure, entretaillure, éparvin, éponge, exostose, faimvalle, farcin, fic, fièvre, fortraiture, fourbure, gourme, gras-fondu, immobilité, jarde, javart, lampas, malandre, morfondure, morve, osselet, pousse, râpes, rouvieux, seime, suros, tic, tranchée (colique), vertigo, vessigon… || Cheval couronné, épointé, féru. || Médecine des chevaux. ⇒ Hippiatrie; hippiatre, vétérinaire; brouillamini (emplâtre), cade (huile de cade)… || Flamme, lancette pour saigner un cheval. || Instruments pour assujettir un cheval. ⇒ Morailles, serre-nez, tord-nez, 2. travail, trousse-pied.
♦ Monter sur un cheval. ⇒ Chevaucher; cavalier, écuyer; équitation, manège, monte, voltige. || Monter un cheval à califourchon, en amazone, en croupe. || (À cheval). || Monter à cheval avec un montoir; sans selle, à poil. — Enfourcher son cheval. || Se tenir bien à cheval, sur son cheval. ⇒ Arçon (être ferme sur ses arçons), assiette (avoir une bonne assiette), étrier, selle (être bien en selle). — Rassembler son cheval. || Cravacher, cingler son cheval. ⇒ Cravache. || Éperonner son cheval. ⇒ Éperon (appuyer, serrer l'éperon); piquer (piquer des deux). || Pousser, diriger son cheval sur… || Tirer brusquement sur les rênes du cheval. ⇒ Saccader. || Faire faire des caracoles à son cheval. ⇒ Caracoler. || Tenir son cheval en bride. || Lâcher, laisser la bride sur le cou du cheval. || Promenade, course à cheval, partie de cheval. ⇒ Cavalcade, galopade. || Lancer, pousser son cheval à fond de train. || Tomber de cheval. ⇒ Arçon (perdre, vider ses arçons). || Chute de cheval. || Fatiguer, harasser son cheval en allant ventre à terre. ⇒ Brûler, claquer, crever, estrapasser, forcer. || Le cheval est couvert d'écume, fourbu, fortrait, rendu… || Laisser souffler son cheval. || Descendre de cheval : mettre pied à terre. — Remonter à cheval. || Être toujours à cheval. ⇒ Selle (avoir continuellement le cul sur la selle). — Avoir la passion des chevaux. ⇒ Hippomanie. || Costume, culotte de cheval, de cavalier.
♦ ☑ Loc. adj. et adv. À cheval [aʃval] : sur un cheval (→ d'autres exemples ci-dessus, et ci-dessous, 2.). || Aller à cheval. || Gendarmes à cheval. || Auberges qui logeaient à pied et à cheval, les piétons et les cavaliers.
12 Tu me verras souvent à te suivre empressé,
Pour monter à cheval rappelant mon audace,
Apprenti cavalier galoper sur ta trace.
Boileau, Épîtres, VI.
13 En vain (il) monte à cheval pour tromper son ennui :
Le chagrin monte en croupe et galope avec lui.
Boileau, Épîtres, V.
14 (…) lâchant les rênes à ses chevaux fumants de sueur, (il) était tout penché sur leurs crins flottants (…)
Fénelon, Télémaque, V.
15 Un cavalier qui gourmande la bouche de son cheval en fait bientôt une rosse.
Fénelon, Lettres spirituelles, 193.
15.1 Villars détacha d'Aubusson (…) avec cinq cents chevaux.
Saint-Simon, Mémoires, III, 408.
16 Chez tous les peuples anciens les chevaux n'avaient ni étrier ni selles, et les cavaliers étaient sans bottes.
Rollin, Hist. ancienne, t. XI, I, p. 391.
17 (…) une chute de cheval m'attendait au début de ma route (…)
Chateaubriand, Mémoires d'outre-tombe, II, IV.
18 Éperonné, botté, prêt à monter à cheval, il attend le boute-selle.
P.-L. Courier, I, 227.
19 Le cheval, qui ne sent ni le mors ni la selle (…)
Hugo, les Orientales, XXXIV, « Mazeppa ».
20 Laurence avait une amazone vert-bouteille pour se promener à cheval (…)
Balzac, Une ténébreuse affaire, Pl., t. VII, p. 481.
21 (…) je revins à leur rencontre ventre à terre; quand je fus près d'eux, je retins mon cheval lancé sur ses quatre pieds et je l'arrêtai court : ce qui est, comme tu le sais ou comme tu ne le sais pas, un vrai tour de force.
Th. Gautier, Mlle de Maupin, VII, p. 145.
22 (…) il piqua son cheval et s'élança derrière le loup.
Maupassant, Clair de lune, « Le loup », p. 55.
23 (…) un peu aussi comme un cavalier se laisse porter par son cheval, tout en ne cessant pas de l'exciter et de le guider.
J. Romains, les Hommes de bonne volonté, XVII, p. 176.
♦ ☑ Loc. fam. Je l'emmerde à pied, à cheval et en voiture, de toutes les façons.
23.1 Naturellement Jacques lui répond sans hésitation qu'il l'emmerde et copieusement même et à pied aussi bien qu'à cheval.
R. Queneau, Loin de Rueil, p. 150.
♦ Allures du cheval. ⇒ Allure; amble, aubin, canter, entrepas, galop, mésair, pas, trac, train, traquenard, trot.
24 (…) un beau grand cheval (qu'il) faisait penader, sauter, voltiger, ruer et danser tout ensemble, aller le pas, le trot, l'entrepas, le galop, les ambles, le hobin (l'aubin), le traquenard (…)
Rabelais, Gargantua, XII.
25 Il serait bon d'exercer les chevaux à galoper alternativement sur le pied gauche aussi bien que sur le droit.
Buffon, Hist. nat. des animaux, Les quadrupèdes, t. I, p. 36.
♦ Mouvements et attitudes du cheval. ⇒ Appui, ballottade, bronchement, cabriole, caracole, coup (coup de rein), courbette, croupade, dérobade, ébrouement, écart, emballement, enchevêtrement, estrapade, foulée, incartade, parade, pétarade, piaffement, regimbement, ruade, saccade, ticage, tortillement, trépignement, trottinement, vire-volte, volte. || Le cheval dresse les oreilles (⇒ Chauvir, pointer), remue continuellement la queue (⇒ Quoailler), remue la tête de bas en haut (⇒ Encenser), ronge son mors, prend le mors aux dents, se cabre, rue, s'emballe, court ventre à terre, désarçonne son cavalier. || Recevoir un coup de pied de cheval. || Le cheval exécute des courbettes (⇒ Falquer), traîne une jambe de devant (⇒ Faucher)… || Le cheval boite, fait un faux pas (⇒ Broncher, chopper), s'enchevêtre dans la longe de son licou. || Cheval qui fait une chute, tombe les quatre fers en l'air.
26 Le cheval (…) reculait toujours, ronflant, soufflant et bronchant comme un cheval effarouché qu'il était.
Scarron, le Roman comique, II, 13.
27 Malheureux laisse en paix ton cheval vieillissant,
De peur que tout à coup, efflanqué, sans haleine,
Il ne laisse en tombant son maître sur l'arène.
Boileau, Épîtres, X.
28 Des chevaux sautaient, caracolaient, se cabraient dans la foule comme des chiens qui caressent leurs maîtres.
Chateaubriand, Mémoires d'outre-tombe, II, 2.
29 Le coup passa si près que le chapeau tomba
Et que le cheval fit un écart en arrière.
Hugo, la Légende des siècles, XLIX, « Après la bataille ».
30 Quatre chevaux qu'il ne pouvait retenir accéléraient leur train (…)
Flaubert, Trois contes, « Un cœur simple », IV.
31 On entend piaffer, sur les pavés dangereux, les chevaux des magnifiques équipages (…)
Loti, les Désenchantées, II, IV, p. 61.
32 Je vagabonde cette nuit autour de Vial à la manière du cheval que l'obstacle importune, et qui fait le gentil, avec mille folâtreries de cheval, devant la barrière.
Colette, la Naissance du jour, p. 107.
33 (…) le cheval (de la carriole), un énorme cheval gris pommelé, souffla, secoua son collier, puis se mit à attendre, avec cet air qu'ont les chevaux de se résigner à tout faire, et même à rester immobile, pour prendre du repos.
H. Bosco, Un rameau de la nuit, IV, p. 126.
34 Joseph donnait des coups de tête, comme un cheval qui encense (…)
G. Duhamel, Chronique des Pasquier, VIII, X.
♦ ☑ Allus. hist. et littér. Mon royaume pour un cheval !, exclamation de Richard III à la bataille de Bosworth, alors qu'il cherchait à s'enfuir (il fut tué par Henri Tudor), dans la pièce de Shakespeare.
♦ Le cheval : l'équitation. || Aimer, adorer le cheval. || Faire une heure de cheval chaque jour. — Faire du cheval : monter à cheval.
♦ Parler cheval avec qqn, hippologie, manège, équitation…
2 Loc. adj. et adv. || À cheval [aʃval] : à califourchon (une jambe d'un côté, et l'autre de l'autre). || Être à cheval sur une branche d'arbre. — ☑ Fig. Être à cheval sur les principes, y tenir rigoureusement. || Il est très à cheval sur la hiérarchie, sur ses prérogatives.
34.1 L'anglais d'Anouk était une perfection musicale : « J'avais des gouvernantes anglaises (…) mon père est très à cheval sur la qualité d'un accent. »
Christine Arnothy, Un type merveilleux, p. 73.
♦ Une partie d'un côté, une partie de l'autre. || Outil agricole qui travaille à cheval sur les rangées cultivées. || Être à cheval sur deux périodes. ⇒ Chevaucher. — Figuré :
34.2 La famille Grummer, à cheval sur la Suisse, l'Alsace et le pays de Bade, a poussé une forte branche à Paris. Ils sont anciens, nombreux et en général fort riches.
Drieu La Rochelle, La Comédie de Charleroi, p. 134.
♦ Vx. || De cheval. || Homme de cheval : cavalier.
♦ Techn. || Huile de cheval, extraite des tissus adipeux du cheval.
♦ ☑ Fig. et fam. Une fièvre de cheval : une fièvre violente. || Une purge de cheval. ⇒ Drastique, énergique. || Remède, médecine de cheval.
35 (…) je vendais souvent aux hommes de bonnes médecines de cheval (…)
Beaumarchais, le Barbier de Séville, I, 2.
36 C'est un brutal
Un vrai cheval
Franc animal (…)
Molière, le Bourgeois gentilhomme, Ballet, 1re entrée.
37 Comment ? grand cheval de carrosse.
Molière, le Bourgeois gentilhomme, II, 2.
♦ ☑ Mod. C'est un vrai cheval de labour, un travailleur obstiné, infatigable.
♦ ☑ Fam. C'est un grand cheval, une grande femme d'allure masculine.
37.1 Frau Darn, un grand cheval de femme, toute en jambes, en bras et en nez a manifesté la plus grande méfiance en voyant s'arrêter devant chez elle un cavalier à l'uniforme indéfinissable.
M. Tournier, le Roi des Aulnes, p. 345.
♦ ☑ C'est un vrai cheval, une personne infatigable et qui a une santé de fer.
b ☑ Loc. fam. C'est pas le mauvais cheval : il n'est pas méchant.
♦ ☑ La mort du petit cheval : une chose, une circonstance, une situation extrêmement fâcheuse, dommageable.
37.2 S'ils arrivaient à leurs fins, cherchez les noms des chevaux de retour que nous verrions reparaître au timon (…)
F. Mauriac, Bloc-notes 1952-1957, p. 109.
4 ☑ Loc. (où cheval a le sens 1). Monter sur ses grands chevaux : s'emporter, le prendre de haut.
38 Je vous loue (…) de n'être point monté sur vos grands chevaux pour vous plaindre du maréchal d'Estrées.
Mme de Sévigné, 883, 24 juin 1681.
39 Ne te mets donc pas en colère. Ne monte plus sur tes grands chevaux.
G. Duhamel, Chronique des Pasquier, VI.
♦ ☑ Cela ne se trouve pas sous le pas (le sabot), dans le pas d'un cheval : c'est une chose difficile à trouver.
40 Croit-il (…) que mille cinq cents livres se trouvent dans le pas d'un cheval ?
Molière, les Fourberies de Scapin, II, 7.
♦ ☑ Fig. (1690). Cheval de bataille : argument, sujet favori, auquel on revient. ⇒ Dada.
♦ ☑ Selle à tous chevaux.
♦ ☑ Prov. Changer son cheval borgne contre un aveugle. — ☑ On ne change pas de chevaux au milieu du gué. — ☑ Il n'est si bon cheval qui ne bronche. — ☑ À méchant cheval, bon éperon : il faut beaucoup de fermeté dans les affaires difficiles.
5 N. m. pl. (vx). || Chevaux : cavaliers, soldats qui combattaient à cheval.
———
II (Emplois analogiques et figurés).
1 Représentation plus ou moins sommaire d'un cheval.
♦ Cheval de bois, jouet d'enfant. || Chevaux de bois des manèges, des foires. Par ext. || Les, des chevaux de bois : manège circulaire représentant des animaux (à l'origine des chevaux), mais aussi des avions, voitures, etc. || Aller sur les chevaux de bois.
41 (…) c'est sur les chevaux de bois de la fête foraine de Gournay-en-Bray que je me retrouve (…) les cuisses nues des petits garçons s'écrasent contre les flancs vernis de leurs montures à demi-cabrées qui menacent le ciel de leurs gueules béantes et de leurs yeux fous. L'escadron puéril plane à un mètre du sol (…)
M. Tournier, le Roi des Aulnes, p. 81.
♦ ☑ Pop., vieilli. Manger avec les chevaux de bois : se passer de manger.
♦ (1946). || Cheval-arçons, cheval d'arçons : appareil de gymnastique, gros cylindre rembourré sur quatre pieds, qui sert à des exercices de saut, de voltige.
♦ ☑ Cheval de troie : cheval de bois gigantesque dans les flancs duquel les guerriers se cachèrent pour pénétrer dans Troie. — Par ext. Moyen secret pour s'introduire chez l'ennemi, chez l'adversaire. — Cf. par jeu de mots, le Joual de Troie, texte critique sur le joual.
42 (…) les Grecs, qui par mille moyens
Par mille assauts, par cent batailles,
N'avaient pu mettre à bout cette fière cité,
Quand un cheval de bois, par Minerve inventé,
D'un rare et nouvel artifice,
Dans ses énormes flancs reçut le sage Ulysse.
La Fontaine, Fables, II, 1.
♦ Cheval-jupon, cheval-frou, déguisement en cheval dans les folklores.
♦ (1891). || Les petits chevaux a Jeu de hasard simulant une course où l'on fait avancer des marques (petits chevaux) avec des dés.
b Jeu de hasard, jeu de casino comparable dans son principe à la roulette et dans lequel les chances sont représentées par des figurines de chevaux en rotation autour d'un axe.
43 (…) il se promit de risquer au jeu les quelques pièces blanches qu'il devait à la générosité de Laubé. Certain casino de Tripoli (…) contenait un jeu de petits chevaux dont la mise pouvait convenir aux bourses les plus modestes.
Raymond Roussel, Impressions d'Afrique, p. 225.
2 (1611). || Cheval marin : hippocampe.
3 (1572). || Cheval de frise. ⇒ Frise.
4 (1830). || Cheval-vapeur (abrév. : ch), ou simplement cheval : unité de travail équivalant à 75 kilogrammètres par seconde.
➪ tableau Abréviations les plus usitées.
44 (…) la joie d'être blindé, trente-six chevaux vapeur, des tuyères (…)
J.-M. G. Le Clézio, le Déluge, p. 278.
♦ (1892, in T. L. F.). Techn. (par métonymie). || Petit cheval, cheval alimentaire : petite machine auxiliaire (pompe à vapeur, etc.).
♦ Cour. || Cheval fiscal (abrév. : CV), équivalant à un sixième environ du litre de cylindrée. || Une quatre chevaux : une voiture de quatre chevaux fiscaux (nom d'un modèle de la marque Renault, très populaire naguère). || Une deux chevaux Citroën. — On écrit aussi : deux-chevaux (abrév. fam : deuch'); quatre-chevaux.
45 (…) l'enquête sur la jeunesse en 69 (qui avait passionné Robert), son voyage en Auvergne, en 2 chevaux (« sur la piste des anciens volcans ») (…)
F. Mallet-Joris, le Jeu du souterrain, p. 126.
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DÉR. Chevaler, chevalet, chevau-légers.
Encyclopédie Universelle. 2012.