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due

dû, due
adj. et n. m.
d1./d Que l'on doit. Chose promise, chose due.
|| n. m. Réclamer son dû.
d2./d Provoqué par. Une grande fatigue due au surmenage.
d3./d DR Acte en bonne et due forme, rédigé dans les formes légales.

⇒DÛ, DUE, part. passé, adj. et subst. masc. sing.
I.— Part. passé de devoir1.
II.— Emploi adj.
A.— [La constr. sans compl. prép. (à, par) est cour.] Qui est l'objet, la matière d'une dette ou d'une obligation.
1. [En parlant d'une dette, somme ou chose] Que l'on est tenu d'acquitter, qui doit être payé ou restitué. Somme due, chose due, impôts dus, loyers dus, cotisations dues. J'ai reçu l'état de dettes que vous m'avez envoyé (...) Il reste dû, dites-vous, 5 460 livres (STAËL, Lettres L. de Narbonne, 1792, p. 33) :
1. — Je veux mes œuvres, dit-il, je vous les rachète.
— Vous n'en avez aucun droit, dit Hecht. Mais comme je ne tiens nullement à retenir les gens de force, je consens à vous les rendre, — si vous êtes en mesure de me rembourser les indemnités dues.
ROLLAND, Jean-Christophe, Les Amies, 1910, p. 1194.
Locutions
En port dû (Pt ROB.).
DR., ADMIN. Chose due. L'héritier qui possède la chose due ou le fonds hypothéqué (Code civil, 1804, art. 1221, p. 219). P. compar. Il (...) exigeait comme une chose due l'aide de Rougon (ZOLA, Argent, 1891, p. 363).
Ainsi que dû. Comme cela se doit. Enfin c'est vrai que vous sonnez la diane Et nous allez « annexer » ainsi que dû (VERLAINE, Œuvres compl., t. 3, Invect., 1896, p. 341).
Jusqu'à due concurrence (cf. concurrence A) [Avec une idée de limite] Je vous ai alloué une somme de trois cents francs, payable jusqu'à due concurrence (ROLLAND, J.-Chr., Amies, 1910, p. 1193).
Loc. proverbiale. Chose promise, chose due :
2. SÉNAC. — (...) chose promise, chose due.
PHILIPPE, amer.
— Oui, il faut être correct.
GUERCHARD. — Il a raison. Un vrai poilu n'a qu'une parole.
MONTHERLANT, L'Exil, 1929, III, 3, p. 78.
2. Au fig. [En parlant de pers. ou de choses] Que l'on doit rendre à. + à + qqn ou qqc. Les égards dus à l'âge, le respect dû à sa personne, l'hommage dû à sa mémoire. La chevaleresque obéissance due aux femmes (BALZAC, Lys, 1836, p. 194). La discrétion due à l'amitié (GONCOURT, Journal, 1894, p. 701) :
3. Ainsi soumettais-je à ma grand'mère mes impressions, car je ne savais jamais le degré d'estime à quelqu'un que quand elle me l'avait indiqué.
PROUST, À l'ombre des jeunes filles en fleurs, 1918, p. 727.
SYNT. Estime, honneur(s) dû(s) à; protection, récompense, réparation, révérence, soumission, vénération due à.
B.— [Toujours suivi du compl. prép. avec à; en parlant d'une chose]
1. Qui provient de, qui est causé par. L'insomnie, mal des philosophes, s'accroît de l'énervement dû aux bruits de la ville (BACHELARD, Poét. espace, 1957, p. 43) :
4. ... les habitants de l'Ouest avaient appelé tous les soldats de la République, des Bleus. Ce surnom était à ces premiers uniformes bleus et rouges dont le souvenir est encore assez frais pour rendre leur description superflue.
BALZAC, Les Chouans, 1829, p. 7.
SYNT. a) Subst. Incident, événement, maladie, phénomène dû à. b) Compl. Dû au hasard, à telle cause, à l'ingéniosité, à l'initiative, à la perspicacité de (qqn); dû au fait que, à ce que. c) Adv. Dû en partie, essentiellement, peut-être, principalement, sans doute, uniquement à.
En partic. [En parlant d'une réalisation, notamment d'une œuvre littér. ou artistique] Dû à (qqn), au pinceau de, à la plume de (qqn). Dont l'auteur est. Une grande toile, probablement due à un maître célèbre (ARAGON, Beaux quart., 1936, p. 115) :
5. Dans tous les journaux, dans toutes les revues, des petites notes annoncèrent la prochaine publication d'un roman mondain à un auteur qui, pour des raisons évidentes, ne pouvait se découvrir.
MAUROIS, La Vie de Disraëli, 1927, p. 42.
2. Dont on est redevable à (quelqu'un ou) quelque chose. Les monastères s'établirent quelquefois dans des constructions dues à la civilisation antique (LENOIR, Archit. monast., 1852, p. 19).
C.— DR. [En parlant d'une chose] Qui est conforme aux règles, à la loi; qui convient. — Dans la loc. En due forme (vieilli). J'aime mieux une invitation en due forme qu'un pique-nique (JACOB, Cornet dés, 1923, p. 81). En bonne et due forme (usuel). Un constat de Me Legruyère, huissier à Paris, (...) dressé en bonne et due forme dans les termes requis par la loi (COURTELINE, Article 330, 1900, p. 265) :
6. Nous décidâmes d'abord, par décret du 23 septembre, que les hommes restant sous les armes auraient à contracter un engagement en bonne et due forme pour la durée de la guerre. De ce fait, la situation des maquisards se trouvait légalement réglée.
DE GAULLE, Mémoires de guerre, 1959, p. 30.
III.— Subst. masc. sing. Ce qu'on doit à quelqu'un, ce dont quelqu'un est tenu de s'acquitter, ce qu'une personne est en droit de réclamer. Payer, exiger, réclamer son dû; à chacun son dû, selon son dû; considérer quelque chose comme un dû. Synon. dette; anton. indu, cadeau. Le général avait, disait-on, assommé Courtecuisse, il lui refusait son dû, il lui devait deux mille francs (BALZAC, Paysans, 1844, p. 158) :
7. Vous voulez votre , mot grotesque et barbare, Que l'on n'accepterait jamais au Tintamarre... Mais il paraît qu'il faut payer ce que l'on doit.
G. DE NERVAL, Correspondance, 1830-55, p. 255.
SYNT. Défendre son dû, demander son dû à quelqu'un, priver quelqu'un de son dû.
En partic.
Rare. [En parlant d'une pers.] Par Toi je vis, quoique à présent je cède à la Mort; je suis son dû en tout ce qui peut mourir en moi (CHATEAUBR., Paradis perdu, 1836, p. 179).
♦ [En parlant d'un châtiment] Payer sa dette à la société (cf. dette). Tu dois estimer ton arrêt de mort aimable et décent (...) D'après les règles établies par César Justinien, tu as reçu ton dû (FRANCE, Puits Ste Claire, 1895, p. 232).
Prononc. et Orth. :[dy]. Ds Ac. 1694 et 1718 sous les anc. formes deu, deüe et sous la forme mod. Ds Ac. 1740-1932 sous la forme mod. L'accent circonflexe rappelle l'anc. contraction de -eu. Cet accent joue aussi le rôle distinctif p. rapp. à l'art. du. Cet accent n'a pas lieu d'exister au fém. due, ni au plur. dus, dues, ni au masc. dans le composé indu (bien qu'il subsiste dans redû). est invar. lorsqu'il a pour objet un inf. ou une prop. s.-ent. après lui, ex. il a bien observé toutes les choses qu'il a dû. Homon. du. Étymol. et Hist. 1306 deu « ce à quoi l'on a droit » (G. GUIART, Royaux Lignages, I, 329 ds T.-L.); XIVe-XVe s. « dette » (Coutumes Lille, éd. Roisin, p. 390 [trad. d'une charte lat. de 1350]). Part. passé substantivé de devoir1. Fréq. abs. littér. :12 899. Fréq. rel. littér. :XIXe s. : a) 14 790, b) 16 678; XXe s. : a) 18 016, b) 22 467.

dû, due [dy] adj. et n. m.
ÉTYM. XIVe; p. p. de devoir.
1 Adj. Que l'on doit. || Somme due. — ☑ Loc. prov. Chose promise, chose due.En port dû.
Qui est redevable à; causé par. || « Des propriétés dues à ce qu'on appelle “les radiations” » (J. Romains).
Dr. Acte en due forme, en bonne et due forme, conformément à la loi et revêtu de toutes les formalités nécessaires.
2 N. m. (1668). || Dû : ce qui est dû. || Payer son dû. Dette. || Réclamer son dû. || Je ne vous demande que mon dû.À chacun son dû, selon son dû (cf. Il faut rendre à César ce qui est à César).
1 Ah ! faute irréparable ! moi, domestique renvoyé, lui demander mon dû !
P.-L. Courier, I, 145, in Littré.
2 Sur quoi, leur dû acquitté, les clients gagnaient la sortie.
Courteline, Boubouroche, Petit historique, p. 18.
CONTR. Indu (2.).
HOM. Du (art.).

Encyclopédie Universelle. 2012.