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SYNTAGME
SYNTAGME

SYNTAGME

Le concept de syntagme, dans les théories structurales de la linguistique, s’oppose à paradigme et renvoie à la succession chronologique des unités mises en œuvre dans l’énoncé réalisé: au sens étroit, «renverrons» est un syntagme, car il consiste en une suite de quatre morphèmes, à savoir le préfixe (qui commute à cette place avec zéro), le radical lexical (qui pourrait être anim- ou toute autre idée verbale), le morphème du futur et celui de la première personne du pluriel; chacun de ces éléments est en relation paradigmatique avec ses équivalents au même point de la séquence et en relation syntagmatique avec son entourage, qu’on appelle aussi «distribution» (la somme des environnements possibles). On opposera ainsi l’axe paradigmatique, ou liste des occurrences possibles en un point de la chaîne, à l’axe syntagmatique, ou vecteur des concaténations effectives; cette dernière notion rend les plus éminents services aussi bien en stylistique de l’énoncé que dans l’analyse des troubles du langage (théories de R. Jakobson sur les troubles de la similarité, ou paradigmatiques, et sur les troubles de la contiguïté, ou syntagmatiques).

On réserve cependant le nom de syntagme proprement dit, dans les analyses syntaxiques, à une entité complexe, intermédiaire entre le morphème et la phrase, et qui correspond à un constituant de cette dernière. Ainsi, un énoncé minimal se compose dans la plupart des langues d’un syntagme nominal, comprenant le nom et, éventuellement, ses déterminations, dont certaines sont facultatives pour la structure de la phrase (tout ce qui peut commuter avec «il», quelle que soit la longueur du syntagme), et d’un syntagme verbal ou prédicatif, qui s’obtient par soustraction (en gros, tout ce qui peut commuter avec «court»). Lorsqu’on a affaire à un verbe transitif, on considère que le syntagme verbal domine une sous-structure ayant les mêmes propriétés formelles que le syntagme nominal, à cette différence près que, dans des langues à ordre assigné, il se trouve à droite du verbe. Ces relations peuvent se visualiser sous la forme d’un indicateur syntagmatique, qui représente sous forme d’arbre les indications données par une grammaire syntagmatique de règles (dites aussi de réécriture).

Par exemple «le gendarme poursuit le voleur» sera, de façon très simplifiée, engendré par la grammaire suivante (où P = phrase, SN = syntagme nominal et SV = syntagme verbal):

et l’indicateur syntagmatique correspondant sera:

syntagme [ sɛ̃tagm ] n. m.
• 1916; sintasme « ordre, disposition » 1699; gr. suntagma syntaxe
Ling. Groupe de morphèmes ou de mots qui se suivent avec un sens (ex. relire, crayons rouges, sans s'arrêter). Spécialt Ce groupe formant unité dans une organisation hiérarchisée de la phrase (cf. Constituant immédiat). Syntagme verbal, nominal (abrév. SV, SN), adjectival, adverbial. Syntagme terminologique. terme. Syntagme codé, lexicalisé (formant locution, lexie complexe).

syntagme nom masculin (grec suntagma, combinaison) Chez Saussure, toute combinaison, dans la chaîne parlée, de deux ou plusieurs unités consécutives (par exemple relire ; contre tous ; la vie humaine). En linguistique structurale, groupe d'éléments formant une unité dans une organisation hiérarchisée. (On distingue le syntagme nominal, le syntagme verbal, le syntagme prépositionnel, le syntagme adjectival.)

syntagme
n. m. LING Groupe de mots qui se suivent et forment une unité fonctionnelle (et sémantique) dans une phrase. Syntagme verbal, nominal.

⇒SYNTAGME, subst. masc.
A. — ANTIQ. Division de la phalange (v. phalange2). L'armée carthaginoise tout entière faisait une grande ligne droite. Au milieu se hérissait la phalange, formée par des syntagmes ou carrés pleins, ayant seize hommes de chaque côté (FLAUB., Salammbô, t. 1, 1863, p. 166).
B. — LINGUISTIQUE
1. Combinaison de morphèmes ou de mots qui se suivent et produisent un sens acceptable. Le syntagme se compose donc toujours de deux ou plusieurs unités consécutives (par exemple:re-lire; contre tous; la vie humaine; Dieu est bon; s'il fait beau temps, nous sortirons, etc.) (SAUSS. 1916, p. 170). La notion de syntagme s'applique non seulement aux mots, mais aux groupes de mots, aux unités complexes de toute dimension et de toute espèce (mots composés, dérivés, membres de phrase, phrases entières) (SAUSS. 1916, p. 172).
2. En partic., LING. STRUCT. [Le plus souvent déterminé par un adj. spécifiant la nature du noyau du syntagme] Groupe d'unités linguistiques significatives formant une unité dans une organisation hiérarchisée de la phrase. En linguistique structurale (...) Le terme de syntagme est suivi d'un qualificatif qui définit sa catégorie grammaticale:syntagme nominal, syntagme verbal, syntagme adjectival, etc. Le syntagme est toujours constitué d'une suite d'éléments et il est lui-même un constituant d'une unité de rang supérieur; c'est une unité linguistique de rang intermédiaire (DUBOIS, 1973 ds GILB. 1980). Le syntagme est un constituant de la phrase dont les unités s'ordonnent:soit autour d'un nom, c'est alors un syntagme nominal; ex.:les petits enfants; — soit autour d'un verbe, c'est alors un syntagme verbal; ex.:mange très lentement (D. D. L. 1976).
Syntagme prépositionnel. Syntagme nominal introduit par une préposition (d'apr. Lang. 1973).
Syntagme conjonctionnel. Syntagme verbal introduit par une conjonction (d'apr. Lang. 1973).
C. — SÉMIOT. ,,Suite signifiante de signes quelconques`` (REY Sémiot. 1979).
Prononc.:[]. Étymol. et Hist. 1. Fin XIIIe s. sintasme « traité » (Vie S. Hyrenei, Richel. 818, f° 300 r° ds GDF.), souvent empl. comme titre par les philosophes des XVIe-XVIIe s.; encore répertorié par Lar. 20e; 1644 syntagme « ordre, arrangement » (SORBIERE, Traduction de la Politique d'Hobbes d'apr. Trév. 1752); 1699 (VIGNEUL-MARVILLE, Mél. d'Hist. et de Litt., t. 1, p. 102); 2. 1916 ling. (SAUSS., p. 176); 3. 1842 antiq. (Ac. Compl.: Syntagme, Subdivision de la phalange grecque). Empr. au gr. , - « chose rangée » d'où « troupe », « composition, ouvrage, doctrine », « organisation » de « ranger ensemble », v. syntaxe; cf. l'angl. syntagma au sens 3 dep. 1813 ds NED Suppl.2: syntagmata. Fréq. abs. littér.:10. Bbg. BLANCHE-BENVENISTE (C.), CHERVEL (A.). Rech. sur le syntagme substantif. Cah. Lexicol. 1966, n° 9, pp. 3-37. — JANITZA (J.-G.). Le Syntagme verbal. Fr. Monde. 1971, n° 81, p. 29. — MAHMOUDIAN (M.). À propos de syntagme et synthème. Linguistique. Paris. 1975, t. 11, pp. 51-73. — MARTINET (A.). Autour du syllemme... R. roum. ling. 1980, t. 25, n° 5, p. 552. — MIKUS (R.-F.). Principes de syntagmatique. Bruxelles-Paris, 1972, p. 32. — TAMBA-MECZ (I.). Fantômes et réalités ling. Trav. Ling. Litt. Strasbourg. 1979, t. 17, n° 1, pp. 319-335. — WANDRUSZKA (U.). Frz. Nominalsyntagmen. München, 1972, 246 p.

syntagme [sɛ̃tagm] n. m.
ÉTYM. 1842; sintasme « ouvrage, traité », XIVe; « ordre, disposition », 1699; grec suntagma, de suntassein. → Syntaxe.
———
I Antiq. Division de la phalange (cit. 1) grecque.
———
II (1916, Saussure).
1 Ling. Groupe de morphèmes ou de mots qui se suivent en produisant un sens acceptable (ex. : relire, crayons rouges, sans s'arrêter).Spécialt. Ce groupe, formant unité dans une organisation hiérarchisée de la phrase. Constituant (immédiat). || Syntagme verbal, nominal (abrév. : SV, SN).
1 Ces combinaisons qui ont pour support l'étendue peuvent être appelées syntagmes. Le syntagme se compose donc toujours de deux ou plusieurs unités consécutives (par exemple : relire; contre tous;… s'il fait beau temps, nous sortirons). Placé dans un syntagme, un terme n'acquiert sa valeur que parce qu'il est opposé à ce qui précède ou ce qui suit, ou à tous les deux.
F. de Saussure, Cours de linguistique générale, p. 170.
2 Tout syntagme est (…) le produit d'une relation d'interdépendance grammaticale établie entre deux signes lexicaux appartenant à deux catégories complémentaires l'une de l'autre.
Charles Bally, Linguistique générale et Linguistique franc., §155.
2 Sémiotique. Suite signifiante de signes (quelconques).
DÉR. (Du II.) Syntagmatique.

Encyclopédie Universelle. 2012.