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grec

grec, grecque [ grɛk ] adj. et n.
• 1165; lat. græcus
De Grèce.
1 Adj. La péninsule, les îles grecques. Le peuple grec. hellénique. (Grèce anc.) L'Antiquité grecque. préhellénique; minoen, mycénien. Les cités, les républiques grecques. Mythologie grecque. Le panthéon des dieux grecs. Les trois ordres de l'architecture grecque (corinthien, dorique, ionique). Statue grecque. Le profil grec, dont le nez est dans le prolongement du front. Nez grec. La civilisation grecque antique. « le miracle grec » (Renan). La langue grecque. Alphabet grec. I grec. 1. y. Version grecque. Renvoyer aux calendes grecques. Période de l'histoire grecque d'Alexandre (mort en 323 av. J.-C.) jusqu'à la conquête romaine. alexandrin, hellénistique. Empire grec, ou empire romain d'Orient (476-1453). byzantin. L'Église orthodoxe grecque. Le rite grec.
2 N. Les Grecs. hellène.
3 N. m. La langue grecque. Le grec ancien. Le grec moderne ou néogrec. démotique, romaïque.
4Loc. À la grecque, se dit de légumes, etc. préparés à l'huile d'olive et aux aromates. Champignons à la grecque.
⊗ HOM. Grecque.

grec nom masculin Langue indo-européenne parlée par les Grecs. ● grec (citations) nom masculin Jean-Baptiste Poquelin, dit Molière Paris 1622-Paris 1673 […] Ah ! permettez de grâce, Que pour l'amour du grec, Monsieur, on vous embrasse. Les Femmes savantes, III, 3, Philaminte Jean-Baptiste Poquelin, dit Molière Paris 1622-Paris 1673 Excusez-moi, Monsieur, je n'entends pas le grec. Les Femmes savantes, III, 3, Henriette grec (homonymes) nom masculin grecque nom féminingrec, grecque adjectif et nom (latin graecus) De Grèce. ● grec, grecque (citations) adjectif et nom (latin graecus) Joseph Berchoux Saint-Symphorien-de-Lay, Loire, vers 1765-Marcigny, Saône-et-Loire, 1839 Qui me délivrera des Grecs et des Romains ! Élégie André Malraux Paris 1901-Créteil 1976 Les marbres grecs regardent en dedans, mais les beaux gothiques ont toujours l'air d'aveugles qui cherchent. Les Noyers de l'Altenburg Gallimard Horace, en latin Quintus Horatius Flaccus Venusia, Apulie, 65-Rome ? 8 avant J.-C. Toutes les fois que les rois font des sottises, ce sont les Grecs qui pâtissent. Quidquid delirant reges, plectuntur Achioi. Épîtres, I, II, 14 Virgile, en latin Publius Vergilius Maro Andes, aujourd'hui Pietole, près de Mantoue, 70 avant J.-C.-Brindes 19 avant J.-C. Je crains les Grecs, surtout s'ils portent des présents. Timeo Danaos et dona ferentes. L'Énéide, II, 49 Commentaire Paroles du grand prêtre Laocoon, qui cherche à dissuader les Troyens de faire entrer dans leurs murs le fameux cheval de bois laissé perfidement par les Grecs sur le rivage. Oswald Spengler Blankenburg, Harz, 1880-Munich 1936 Le cosmos des Grecs anciens était l'image d'un Univers qui ne devient pas, mais qui est. En conséquence, le Grec lui-même était un homme qui jamais ne devint, mais qui toujours fut. Was der Grieche Kosmos nannte, war das Bild einer Welt, die nicht wird sondern ist. Folglich war der Grieche selbst ein Mensch, der niemals wurde, sondern immer war. Le Déclin de l'Occidentgrec, grecque (difficultés) adjectif et nom (latin graecus) Orthographe Attention au féminin, grecque, avec un c devant -qu-, à la différence de franc et de turc qui font au féminin, respectivement, franque et turque. ● grec, grecque (expressions) adjectif et nom (latin graecus) Bonnet grec, calotte grecque, sorte de bonnet à gland qui a la forme d'un fez. Église grecque, Église orthodoxe autocéphale de Grèce. (Désigne aussi, improprement, l'Église orthodoxe.) Églises grecques catholiques, grecques unies, synonyme de Églises uniates. Nez grec, nez droit, formant une ligne continue avec celle du front, comme dans les statues grecques. Patriarcats grecs melkites, synonyme de patriarcats melkites. Pied grec, dans lequel le deuxième orteil est plus long que le gros orteil. Profil grec, visage qui a un nez grec. ● grec, grecque (homonymes) adjectif et nom (latin graecus) grecque nom féminingrec, grecque (synonymes) adjectif et nom (latin graecus) Églises grecques catholiques, grecques unies
Synonymes :
- Églises uniates

grec, grecque
adj. et n.
rI./r adj. Qui a trait à la Grèce, à sa civilisation, à sa langue. Lettres grecques. Tragédie grecque.
|| Profil grec, dans lequel l'arête du nez prolonge la ligne du front.
rII./r n.
d1./d Habitant ou personne originaire de Grèce. Un(e) Grec(que).
d2./d n. m. Langue parlée en Grèce. Grec ancien, moderne.

⇒GREC, GRECQUE, adj. et subst.
I. — Adjectif.
A. — 1. Qui est originaire de Grèce, qui se rapporte à la Grèce, à ses habitants, à sa civilisation. Langue, nation, péninsule grecque; dialectes grecs; îles grecques. Les côtes de la Laconie, ravagées par mer comme par terre par le brigandage grec (LAMART., Corresp., 1832, p. 294). Le papas grec en longue barbe (FLAUB., Corresp., 1850, p. 148) :
1. ... toutes les formes simples de groupes humains ont pour symbole une lettre de l'alphabet grec. Omicron majuscule, la place publique; oméga majuscule, l'auditoire du théâtre; khi majuscule, le carrefour; êta minuscule, la queue du concert Colonne, etc. Vous relevez, dis-je, de l'epsilon minuscule.
ROMAINS, Copains, 1913, p. 55.
B.-A. Croix grecque. Croix à quatre branches égales. L'édifice est moderne, et construit en forme de croix grecque : il est surmonté d'un petit dôme (DUSAULX, Voy. Barège, t. 2, 1976, p. 41). Le sanctuaire [de Saint-Laurent hors les murs] était élevé de trois marches dont on voit les traces sur les socles des deux premières colonnes (...). Ces socles sont décorés de croix grecques, de l'alpha et de l'oméga (LENOIR, Archit. monast., 1852, p. 108).
MAR. Vent grec. Vent du nord-est sur la Méditerranée. Cf. LAMART., Cours litt., 1859, p. 268.
Calendrier grec. ,,Calendrier dont se servent les Grecs et les Russes et qui est en arrière de douze jours sur le calendrier grégorien. On l'appelle aussi Vieux calendrier`` (Ac. 1932). Les religieux s'étaient querellés sur la date à laquelle il convenait de célébrer la fête de Pâques. Les uns tenaient pour le calendrier romain, les autres pour le calendrier grec, et les horreurs d'un schisme chronologique déchiraient le monastère (A. FRANCE, Île ping., 1908, p. 24).
Calendes grecques.
[P. réf. à la civilisation de la Grèce antique] Âge, art, empire, génie, temple, théâtre grec; architecture, mythologie, philosophie, tragédie grecque. On s'explique la sobriété, voire la gracilité musculaire de la statuaire athlétique grecque à la belle époque : c'est que l'idéal grec était le corps de jeunesse (MONTHERL., Olymp., 1924, p. 255). La haute antiquité grecque ignorait la représentation de l'immortalité, et l'idée de résurrection, si proche pourtant du génie hébreu, apparut assez tardivement dans son histoire (J. VUILLEMIN, Essai signif. mort, 1949, p. 256). Son attention s'était ensuite portée sur Platon et sur la sagesse grecque (GIDE, Ainsi soit-il, 1951, p. 1180) :
2. Or voici qu'à côté du miracle juif venait se placer pour moi le miracle grec, une chose qui n'a existé qu'une fois (...) mais dont l'effet durera éternellement, je veux dire un type de beauté éternelle, sans nulle tache locale ou nationale.
RENAN, Souv. enfance, 1883, p. 59.
[P. réf. à la relig. orthodoxe pratiquée en Grèce] Église grecque. L'Église orthodoxe d'Orient. Déjà à Constantinople, en 1213, il [Pélage] avait, par son intransigeance, fait échouer le programme que lui avait confié le pape Innocent III pour la réconciliation de l'Église grecque et de l'Église romaine (GROUSSET, Croisades, 1939, p. 298). Rit, rite grec. Rite de l'Église grecque. Le rit grec permet aux prêtres de se marier, d'où l'on peut conclure que les curés en ont de meilleures mœurs (Voy. La Pérouse, t. 3, 1797, p. 152).
2. Qui est écrit en langue grecque. Traduire un livre grec. J'entends M. de Blacas vanter l'agrément de tes propos et la sûreté de tes citations grecques (ADAM, Enfant Aust., 1902, p. 407). Mouron fut premier en thème grec (A. FRANCE, Vie fleur, 1922, p. 366). Il faut lire cela dans le texte grec (JACOB, Cornet dés, 1923, p. 38).
Qui a rapport à la langue grecque :
3. Plus extraordinaire encore est la statue chryséléphantine (association d'or ou d'argent avec l'ivoire, selon l'étymologie grecque) supposée reproduire celle, célèbre, de Minerve au Parthénon.
GRANDJEAN, Orfèvr. XIXe s., 1962, p. 63.
P. méton. Son frère continue à être le premier thème grec de l'université (REYBAUD, J. Paturot, 1842, p. 452).
B. — Qui a certaines caractéristiques de la Grèce ou des Grecs, ou certains traits physiques ou moraux qu'on leur attribue.
1. [Le subst. qualifié est un inanimé].
Nez grec. Nez droit qui forme une ligne continue avec le front. Le nez grec se nouait par une ligne presque sans inflexion à un front élevé et rétréci comme le front pressé par une forte pensée (LAMART., Raphaël, 1849, p. 142). Profil, visage grec. La voix des grands pâtres bronzés, qui ont un profil grec (SAND, Lélia, 1833, p. 88).
Débauche grecque, vice grec. Façon de vivre conforme aux mœurs grecques (cf. pédérastie). Le vice grec se heurte à un interdit, et plus qu'à un interdit, à une exécration (MAURIAC, Journal 2, 1937, p. 193).
I grec. L'avant-dernière lettre de l'alphabet français (l'upsilon majuscule de l'alphabet grec). L'i grec du mystère (RENARD, Journal, 1897, p. 397).
2. Au fig., arg., vx et péj. [En parlant d'un animé; p. allus. à une ancienne réputation de ruse et de finesse des Grecs, en partic. dans le comm.] Être grec. Être trop habile à tromper. Synon. escroc, filou, rusé. Emploi subst. De tout temps, en effet, la fille, héroïne de tant de vieux romans, fut la protectrice, la compagne, la consolation du grec, du voleur, du tire-laine, du filou, de l'escroc (BALZAC, Splend. et mis., 1847, p. 527).
Être grec en (dans) qqc. Être habile dans quelque chose. Emploi subst. Je ne suis pas un grand grec dans ce que ces gens-ci appellent la politesse (STENDHAL, Rouge et Noir, 1830, p. 239).
3. Loc. adv. À la grecque. À la manière des Grecs. Chignon, décoration, robe à la grecque; champignons à la grecque. Leurs cheveux sont bien tirés, bien lisses et tortillés sur le haut de leurs têtes, absolument comme ce que nous appelons aujourd'hui coiffure à la grecque, à l'exception qu'au lieu de se servir comme nous d'huile antique, ils font usage de graisse d'ours (BAUDRY DES LOZ., Voy. Louisiane, 1802, p. 208). En toilette, on porte une robe d'organdi ou de crêpe de la Chine, avec corsage drapé à la grecque (Obs. modes, t. 1, 1818, p. 17) :
4. — C'est plutôt maigre aujourd'hui. Des fricandeaux... — Peuh, fis-je. Je n'aime pas ça. Si encore vous me le faisiez à la grecque, nageant dans l'huile d'olive et la farce pimentée, grains de poivre alternant avec des raisins de Corinthe et des câpres.
CENDRARS, Bourlinguer, 1948, p. 274.
Vivre à la grecque (vx). ,,Vivre dans le luxe et la mollesse`` (LITTRÉ).
Vol à la grecque (arg.). ,,Il consiste à offrir un gros bénéfice pour change de monnaie, de l'or contre de l'argent, par exemple. Au cours de l'opération, on substitue du plomb au rouleau d'or`` (LA RUE 1954).
Reliure à la grecque (v. grecque B). ,,Reliure dont les nervures ne sont pas apparentes sur le dos`` (Nouv. Lar. ill.). V. aussi grecquage ex. (s.v. grecque rem. 2).
II. — Substantif
A. — 1. Personne qui habite en Grèce ou qui en est originaire. Ces nations poëtes, comme les Égyptiens, les Juifs, les Indous, les Grecs, qui ont idéalisé la politique et fait prédominer dans leur vie de peuples le principe divin, l'âme, sur le principe humain, l'utile (LAMART., Voy. Orient, t. 1, 1835, p. 66). Tous les Grecs, sans exception, sont aptes à discuter les affaires publiques, tous en parlent, sinon savamment, au moins sciemment; tous prennent un intérêt passionné aux moindres débats des assemblées (ABOUT, Grèce, 1854, p. 217). En forçant un peu les choses, les Grecs avaient la morale de leurs loisirs comme nous avons celle de nos journées de huit heures (CAMUS, Sisyphe, 1942, p. 85).
2. P. ext. fam. et vieilli. ,,Un homme habile dans la connaissance du grec`` (LITTRÉ). Synon. helléniste.
P. ext. ,,Qui est très savant en qqch.`` (DG).
Ce n'est pas un grand grec. ,,C'est un ignorant, un homme peu industrieux`` (HAUTEL t. 2 1808).
Arg. Homme qui filoute au jeu. Les Grecs. ,,Les tricheurs professionnels`` (SANDRY-CARR. Joueurs 1963) :
5. ... (ah! si tu le connaissais!) j'en suis bien revenu sur Mazarakis. C'est un rastaquouère comme tous les autres, un fumiste, un Grec de tripot qui a toujours dans sa manche un double jeu, comme autrefois.
MIOMANDRE, Écrit sur eau, 1908, p. 236.
3. Expr. arg. [P. euphém. de se faire foutre, se faire toucher; p. réf. à la réputation de pédérastie des Grecs de l'antiquité] Aller se faire voir chez (par) les Grecs. Se faire éconduire brutalement. Va t'faire, homme incorrec', Voir par les Grecs (G. BRASSENS, Poèmes et Chansons, p. 156 ds REY-CHANTR. Expr. 1979, p. 489).
B. — Langue grecque. Grec ancien (ou byzantin); grec moderne (ou néo-grec); classe de grec. Lire Aristophane en grec (FLAUB., Corresp., 1847, p. 40). Il suffira d'entretenir les jeunes enfants au latin, qu'ils apprendront plus tard à écrire et à parler; mais c'est le moment ou jamais de les rompre au grec, qu'ils n'ont besoin que de bien entendre (SAINTE-BEUVE, Port-Royal, t. 3, 1848, p. 448). Le grec moderne est tellement mêlé de slave, de turc et d'italien, que l'ancien s'y noie (FLAUB., Corresp., 1850, p. 265) :
6. Le grec, vraisemblablement formé de l'hébreu, (comme on le peut soupçonner par ses racines et son ancien alphabet), montre dans ses conjugaisons perplexes, dans ses inflexions sans fin, dans sa diffuse éloquence, une nation d'un génie imitatif et sociable; une nation gracieuse et vaine, mélodieuse et prodigue de paroles.
CHATEAUBR., Génie, t. 1, 1803, p. 544.
P. ext. et au fig., loc. C'est du grec pour moi. Je n'y entends rien. Synon. c'est du chinois, c'est de l'hébreu pour moi. Nous venons, monsieur, dit le juge de paix avec douceur à Schmucke, apposer les scellés ici... Schmucke, pour qui ces paroles étaient du grec, regarda d'un air effaré les trois hommes (BALZAC, Cous. Pons, 1847, p. 304).
REM. 1. Grécaille, subst. fém., péj. Peuple grec. Cependant les Ioniens font bon visage aux Anglais. Ils retrouvent à l'occasion ces sourires gracieux et ces flatteries ingénieuses que la grécaille du temps d'Auguste prodiguait aux Romains, ses maîtres (ABOUT, Grèce, 1854, p. 78). 2. Grécaillerie, subst. fém., péj. Mots, habitudes... grecs. Elle [ma mère] parle charabia tout le temps, elle appelle les gens mouchu et monchieu. Mon père à la fin lui interdit formellement l'auvergnat. Elle répond avec amertume : « (...) Mon pauvre ami, avec ta latinasserie et ta grécaillerie, tu en es réduit à défendre à ta femme, qui est de la campagne, de t'éclipser! » (VALLÈS, J. Vingtras, Enf., 1879, p. 269). 3. Grécisme, subst. masc. ,,Tournure, locution propre à la langue grecque`` (Ac. Compl. 1842). Synon. hellénisme (LITTRÉ, GUÉRIN 1892). Chapelain, parmi les oracles d'alors, est le plus remarquable exemple de cet abus du grécisme et du latinisme en français (SAINTE-BEUVE, Nouv. Lundis, t. 6, 1863, p. 378). 4. Sous la forme gréco-, le mot est utilisé comme élém. de compos. pour la formation de certains termes exprimant un rapport entre la Grèce et un autre pays ou une autre civilisation. Sciences gréco-arabe; guerre gréco-turque. Le besoin gréco-chrétien de vérité (FAURE, Espr. formes, 1927, p. 224). Gréco-bouddhique, adj. [En parlant d'un art né en Inde bouddhique]. Qui a subi l'influence de l'art grec, à la suite des conquêtes d'Alexandre le Grand. (Dict. XIXe et XXe s.). Gréco-français, -aise, adj. Mot, vocabulaire gréco-français. Mot, vocabulaire, élém. formateur de mots savants emprunté directement au grec. Dès qu'on touche aux abstractions, il faut écrire en gréco-français (GOURMONT, Esthét. lang. fr., 1899, p. 16). Le vocabulaire gréco-français est fort abondant. Les lexiques spéciaux contiennent environ trois mille cinq cents mots français tirés du grec, mais ils sont tous incomplets (GOURMONT, Esthét. lang. fr., 1899p. 40). 5. Grécomanie, subst. fém. Admiration excessive pour tout ce qui est grec. Flaubert et Saint-Victor nous portent insupportablement sur les nerfs, avec ce redoublement de grécomanie. Enfin, ils en arrivent à admirer le Parthénon jusqu'à la couleur de cet admirable blanc, qui est, dit Flaubert avec enthousiasme, « noir comme de l'ébène! » (GONCOURT, Journal, 1863, p. 1362).
Prononc. et Orth. : []. Ds Ac. 1694-1932 au masc. La termin. -que du fém. sauvegarde le son guttural. Le c devant -que est la trace d'une anc. graph. (cf. GREV. 1964, § 345). Homon. grecque (technol.). Étymol. et Hist. 1. a) Ca 1165 adj. « relatif à la Grèce, propre aux Grecs » ici en parlant de la langue grecque langue (B. DE STE-MAURE, Troie, 82 ds T.-L.); 1512 subst. (J. LEMAIRE DE BELGES, Illustrations, III, 349 [Genève, 1969] ds QUEM. DDL t. 3); b) ca 1208 subst. « habitant de la Grèce » li Franc et li Grec (G. DE VILLEHARDOUIN, Conquète Constantinople, éd. E. Faral, § 205); 1584 à la grecque (GUILL. BOUCHET, 1re Seree [I, 52] ds HUG.); c) 1265 subst. « nom d'un vent qui vient de Grèce » (BRUNET LATIN, Trésor, éd. Fr. J. Carmody, I, 106, 96); d) 1833 profil grec (SAND, loc. cit. [1611 Beauté Grecque COTGR.]); 2. a) 1527 subst. « qui connaît le grec, helléniste » (LAURENT VALLE, Prologue de la trad. de Thucydide de Seyssel ds HUG.); d'où 1640 adj. « savant » il est grec (OUDIN Curiositez); en partic. 1651 « habile, qui s'y entend » être grec en qqc. (TH. CORN., Amour à la mode, IV, 1 ds LITTRÉ); b) 1578 « habile, rusé » (H. ESTIENNE, Dial. du lang. franç. ital., II, 180 ds HUG.); en partic. 1721 « filou » (Trév. : Ils appelent Grecs, ceux qui sçavent leurs tours infames, qui les pratiquent); c) 1808 « avare » (HAUTEL). Empr. au lat. class. Graecus « grec », lui-même du gr. tardivement attesté, les formes , , , v. hellène/hellénique, étant plus usuelles; grec a supplanté les formes pop. griu (v. grive), griois, grezois, griesche (v. grégeois). Fréq. abs littér. : 5 606. Fréq. rel. littér. : XIXe s. : a) 10 908, b) 10 717; XXe s. : a) 5 746, b) 5 334. Bbg. ARVEILLER (R.). Doc. lexicogr. tirés des dict. In : [Mél. Wartburg (W. von)]. Tübingen, 1968, p. 266. - COHEN 1946, p. 49. - DELB. Matér. 1880, p. 158 (s.v. grécisme). - HOPE 1971, p. 149, 200. - QUEM. DDL t. 1 (s.v. grécaillerie), 2, 3. - SAIN. Arg. 1972 [1907], p. 114, 285. - VIDOS 1939, pp. 445-447.

grec, grecque [gʀɛk] adj. et n.
ÉTYM. 1165; lat. Graecus (grec tardif Graikos), qui a d'autre part donné grégeois, grègues, grièche.
———
I
1 Adj. De Grèce. Hellène, hellénique. || Le sol grec. || La péninsule, les îles grecques. || Le peuple grec.
(Grèce ancienne). || L'antiquité primitive grecque. Préhellénique; cycladique, minoen, mycénien. || Les cités, les républiques grecques, leurs rivalités, leurs unions et fédérations ( Cité; athénien, argien, spartiate; amphictyonie, hégémonie). || Institutions grecques; magistrats grecs de l'Antiquité et fonctionnaires ( Aréopage, sénat; docimasie, liturgie; amphictyon, archonte, astynome, éphore, héliaste, nomothète, polémarque, proxène, prytane, sophroniste, thesmothète, triérarque). || Colonies grecques. || L'armée grecque ( Hipparchie, hoplite, peltaste, polémarque). || Les trières de la flotte grecque. || Mercenaires grecs. || Bourg ou canton grec. Dème. || Monuments, édifices de la ville grecque. Acropole, agora, odéon, panthéon, pœcile.
1 (Corinthe) fut une ville de la plus grande importance dans un temps où le peuple grec était un monde, et les villes grecques des nations.
Montesquieu, l'Esprit des lois, XXI, VII.
Mythologie et théogonie grecques. || Le panthéon des dieux grecs. || Prêtres ( Corybante, mystagogue) et oracles grecs. || Fêtes et jeux en l'honneur des dieux et héros grecs. Canéphore, lampadophore; chœur; 1. muse (Musées); néméen (jeux néméens); néoménie; panathénées, panathénien (jeux panathéniens), pandèmes, phallique (fêtes phalliques), pythique (jeux pythiques), thesmophories. || Athlètes grecs, jeux athlétiques grecs. Gymnase, gymnastique; agonistique, orchestique; olympiade, olympique; agonothète, athlothète, hellanodice; pancratiaste; pentathlon. || La beauté des éphèbes grecs exercés dans les gymnases. || Costume grec. Chiton, chlamyde, himation, pallium.Courtisane grecque. Hétaïre.Théâtre et acteurs grecs. Chœur, choreute, cothurne, deutéragoniste, masque. || Instruments ( 1. Diaule, sambuque) et modes de la musique grecque. || Chant funèbre ( Thrène), liturgique ( Dithyrambe) grec.Poids, mesures, et monnaies grecques. Drachme, médimne, 4. mine, obole, statère, talent.
L'art grec. || Les trois ordres de l'architecture grecque ( Corinthien, dorique, ionique), caractérisés par leurs chapiteaux. || La sculpture grecque ( Koré, kouros). || Aphrodite (Vénus) grecque au profil rectiligne. || Le profil grec.
La langue grecque antique. || Locution propre à la langue grecque. Hellénisme. || Dialectes grecs. Attique, béotien, dorien, éolien, lesbien. || Lettres de l'alphabet grec (→ le tableau ci-dessous). || L'i grec (y). || Écriture des manuscrits grecs primitifs. Boustrophédon. || Modes et voix de la conjugaison des verbes grecs. || Le jardin des racines grecques, ouvrage du grammairien Lancelot (1657).En langue grecque. || Traduire un texte grec, un livre grec. || Citations grecques. || Thème grec, version grecque.REM. Ces emplois, sauf précision, concernent le grec ancien.
Les auteurs (cit. 37) grecs. || Formes de la poésie grecque. || Poète-chanteur grec. Aède, épique, lyrique (poète), rhapsode. || La tragédie grecque. Tétralogie, trilogie; chœur, chorège. || Les philosophes grecs : présocratiques, académiques, cyniques, mégariques, pythagoriciens, péripatéticiens, pyrrhoniens, stoïciens, épicuriens… aussi Portique. || Les sophistes grecs. || Savants, géomètres, physiciens, médecins grecs. || Historiens, rhéteurs grecs.Finesse de l'esprit grec. Atticisme (cit. 1 et 3; → aussi attique, cit. 4).Marquer d'un caractère propre à la civilisation grecque. Gréciser, helléniser. || La civilisation grecque de l'antiquité (cit. 6). || « Le miracle grec ».
2 (…) le miracle grec, une chose qui n'a existé qu'une fois, qui ne s'était jamais vue, qui ne se reverra plus, mais dont l'effet durera éternellement, je veux dire un type de beauté éternelle, sans nulle tache locale ou nationale.
Renan, Prière sur l'Acropole, in Œ. compl., t. II, p. 753.
3 Ce ne sont pas seulement des hommes, les plus beaux de tous, qu'a faits la statuaire grecque. Elle a fait aussi des dieux, et, du jugement de tous les anciens, ces dieux étaient ses chefs-d'œuvre.
Taine, Philosophie de l'art, t. II, p. 200.
4 Quand plus tard Rome eut dépouillé le monde grec, l'énorme ville eut son peuple de statues presque égal à sa population de vivants.
Taine, Philosophie de l'art, t. I, p. 75.
5 (…) que l'on considère la ligne de l'architecture grecque, et que l'on me dise si l'on ne voit pas dans cet art quelque chose de ce bel équilibre et de cet enthousiasme si bien discipliné.
Jacques de Lacretelle, le Demi-dieu, II.
tableau L'alphabet grec.
Loc. fam. Renvoyer qqch. aux calendes grecques. Calendes (cit. 3).
Période de l'histoire grecque, d'Alexandre (mort en 323 av. J.-C.) jusqu'à la conquête romaine. 1. Alexandrin, hellénistique (période). || Empire grec, ou empire romain d'Orient de la mort de Théodose (mort en 476 après J.-C.) jusqu'à la chute de Constantinople (1453). Byzantin.
Calendrier grec : calendrier orthodoxe, en retard de 12 jours sur le calendrier grégorien.
(Grèce moderne). || Les souverains grecs et le prince héritier de Grèce ( Diadoque). || Les nomes, divisions administratives du royaume grec. Nomarchie. || Evzones grecs vêtus de la fustanelle. || Bonnet grec. || Calotte grecque. || Les clephtes, anciens montagnards grecs de l'Olympe et du Pinde.L'Église orthodoxe grecque. || Le rite grec. || Patriarche grec, grec-melchite ( Melchite). || Les caloyers, religieux grecs de l'ordre de Saint-Basile.Calendrier des martyrs grecs. Ménologe.
Guerre de l'Indépendance grecque, soutenue contre les Turcs, de 1821 à 1829. || Les hétairies, sociétés secrètes grecques. || Les palikares, soldats de la milice grecque. || Partisan de l'Indépendance grecque en Europe. Philhellène.Allus. littér. || L'enfant grec, symbole du patriotisme grec célébré par V. Hugo.
6 — Ami, dit l'enfant grec, dit l'enfant aux yeux bleus,
Je veux de la poudre et des balles.
Hugo, les Orientales, « L'enfant ».
7 (…) nous nous arrêtâmes pour voir des ruines : ce sont celles d'un couvent grec dévasté par les Albanais (…)
Chateaubriand, Itinéraire…, I, p. 136.
(Grèce contemporaine). || L'économie, la politique grecque.La cuisine grecque. || Plats grecs (moussaka, souvlaki…). || Restaurants grecs (hors de Grèce). || Danse grecque traditionnelle ( Sirtaki).
Loc. Croix grecque, à quatre branches égales.
8 Les arcades (de l'église) qui se développent autour de la partie centrale comme les quatre bras de la croix grecque, les chapelles symétriques, sont tracées d'après un plan d'un style très pur (…)
Jacques de Lacretelle, le Demi-dieu, V.
Nez grec, évoquant le profil idéal de l'art grec.
Vieilli. Le vice grec : l'homosexualité masculine (allus. à la Grèce antique).
2 (1640). Fig. a Savant. || Être, ne pas être grec dans un domaine.
b Vx. Habile à tromper (→ ci-dessous, II., A., 2.).
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II N.
A
1 N. (1208). || Les Grecs. Hellène. || Un Grec d'Athènes, de Smyrne. || Une belle Grecque. || Le roi des Grecs.Les Grecs de l'Antiquité, initiateurs de la civilisation romaine. || Les Grecs d'aujourd'hui.Relig. Qui suit la religion grecque orthodoxe. || Rites des Grecs.
9 Les Grecs, avant Homère, n'avait guère négocié qu'entre eux, et chez quelques peuples barbares; mais ils étendirent leur domination à mesure qu'ils formèrent de nouveaux peuples.
Montesquieu, l'Esprit des lois, XXI, VII.
10 Les Grecs étaient une grande nation, composée de villes qui avaient chacune leur gouvernement et leurs lois.
Montesquieu, l'Esprit des lois, XXIII, XVII.
11 Ainsi firent ces Grecs, qui dirigèrent leur esprit sur tous les points, accordèrent au raisonnement entre nos facultés, le rang prééminent, et, cependant, s'inclinèrent toujours devant leurs divinités c'est-à-dire devant la nature.
Jacques de Lacretelle, le Demi-dieu, VIII.
Loc. (Vx). Savant comme un Grec.
12 À pédant, pédant et demi.
Qu'il s'avise de parler latin.
J'y suis Grec; je l'extermine.
Beaumarchais, le Mariage de Figaro, III, 15.
13 Je ne suis pas un grand Grec dans ce que ces gens-ci appellent la politesse (…)
Stendhal, le Rouge et le Noir, II, II.
2 N. m. (1721; cour. au XIXe). Péj. et vx. Tricheur au jeu.REM. Cet emploi provient vraisemblablement d'un croisement entre le sens fig. de grec « habile » (d'abord [1527] « helléniste », puis « savant », « qui en sait autant que celui qui sait le grec ») et le calembour sur graisse « profit » et Grèce.
13.1 Les joueurs furent tenus d'exhiber leurs papiers; il y avait là quelques jeunes viveurs, naïfs pigeons mêlés à des grecs de profession.
A. Robida, le Vingtième Siècle, p. 98 (1883).
Spécialt. Compère d'un joueur qui manie les cartes et en tire de l'argent (bonneteau, etc.). Baron.
3 Loc. fam (par allus. au vice grec). Se faire voir chez les Grecs : se faire posséder sexuellement (d'un homme). || Va te faire voir chez les Grecs !
B N. m. (1512). || Le grec : la langue grecque. || Le grec ancien fait, avec le latin, partie des humanités classiques (→ Bourrer, cit. 6; enseignement, cit. 6; érudit, cit. 1; étaler, cit. 28). || Prononciation érasmienne et prononciation reuchlinienne du grec (→ aussi Esprit : esprit rude, esprit doux; iotacisme, itacisme). || Grec médiéval. || Grec byzantin.Grec moderne ou néo-grec ( Romaïque), divisé (comme le grec des époques hellénistique et byzantine) en langue puriste et langue démotique (ou populaire). || Au XXe siècle, le grec démotique est devenu langue littéraire.
tableau Classification des langues.
Allus. littér. || Pour l'amour du grec…
14 — Philaminte. Quoi ? Monsieur sait du grec ? Ah ! permettez, de grâce,
Que pour l'amour du grec, Monsieur, on vous embrasse. (Il les baise toutes, jusques à Henriette, qui le refuse)
— Henriette. Excusez-moi, Monsieur, je n'entends pas le grec.
Molière, les Femmes savantes, III, 3.
Fig. (par allus. à l'écriture). C'est du grec : c'est incompréhensible (→ Chinois, hébreu). || C'est du grec pour moi : je n'y comprends rien.
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III Loc. adj. (1584). À la grecque : à la manière des Grecs. || Robe, coiffure, tunique à la grecque.(1635). || Relier à la grecque. || Reliure à la grecque ( Grecque, n. f.).Chambre décorée à la grecque, dans un style évoquant la Grèce antique.
15 Ses cheveux blonds, relevés à la grecque sur le sommet de sa tête, étaient ornés d'une couronne de verveine (…)
Chateaubriand, les Martyrs, X.
16 Ce banquier subalterne, et néanmoins millionnaire, aimait le style grec. La corniche de la chambre était une grecque. Drapé par une étoffe teinte en pourpre et disposée à la grecque le long de la muraille comme le fond d'un tableau de David, le lit, d'une forme très pure, datait du temps de l'Empire où tout se fabriquait dans ce goût.
Balzac, Illusions perdues. Pl., t. IV, p. 835.
Spécialt (d'une préparation culinaire froide et aromatisée). || Champignons à la grecque, préparés à l'huile d'olive et aux aromates.
DÉR. et COMP. Gréciser, grécisme, grécité, grecque. Néo-grec. V. Gréco-, gréco-bouddhique, gréco-latin, grécomanie, gréco-romain.
HOM. Grecque; formes du v. grecquer.

Encyclopédie Universelle. 2012.