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VICAIRE
VICAIRE

VICAIRE

D’usage fréquent dans le langage juridique de l’Église catholique, le terme de vicaire (du latin vicarius , mot résumant l’expression qui vices gerit , «celui qui tient la place d’un autre») désigne actuellement des fonctions très diverses.

Le vicaire apostolique est un prélat relevant directement du Saint-Siège, généralement évêque, préposé à un territoire de mission qui n’a pas encore été érigé en diocèse. Datant de l’organisation des missions placées sous un régime particulier (XVIIe siècle), l’institution décline à partir du milieu du XXe siècle, quand Rome instaure presque partout un épiscopat autochtone avec tous ses droits.

Le vicaire aux armées est une création de Pie XII, qui organisa l’aumônerie militaire en une juridiction personnelle de type diocésain, indépendante des évêques des lieux. C’est là une dérogation à l’ecclésiologie traditionnelle qui ne concevait pas de diocèse sans territoire. En France, l’évêque vicaire aux armées fait partie, de plein droit, de la conférence épiscopale.

Le vicaire capitulaire est le prêtre élu par le chapitre cathédral pour administrer le diocèse en cas de vacance du siège; cependant, plus d’une fois, Rome le nomme directement, privant ainsi le chapitre de son droit d’élection. Un tel vicaire est également élu ou nommé quand un évêque ne peut exercer ses fonctions ni désigner un administrateur, du fait, par exemple, de l’hostilité des autorités politiques. Il jouit de la juridiction ordinaire de l’évêque, mais il doit s’abstenir de toute innovation. Ses pouvoirs cessent quand le nouvel évêque prend possession de sa charge.

L’évêque peut avoir trois types de vicaires: le vicaire général, qui au nom de l’évêque exerce tous les pouvoirs qui reviennent ordinairement à celui-ci dans le domaine de la juridiction (pour le temporel aussi bien que pour le spirituel), son rôle étant celui d’un mandataire dont le pouvoir cesse automatiquement par révocation ou par vacance du siège; le vicaire épiscopal, création du IIe concile du Vatican, qui jouit des pouvoirs que le droit commun attribue au vicaire général, mais seulement dans une partie déterminée du diocèse, ou pour tel genre d’affaires ou telle catégorie de personnes (par exemple, les catholiques orientaux ou les religieuses); le vicaire forain, qui est appelé aussi curé-doyen ou archiprêtre et qui, nommé par l’évêque, reçoit une charge de vigilance dans son doyenné.

Les vicaires de paroisse ont un statut juridique variable, soit qu’ils remplacent provisoirement un curé (selon les cas, ils seront vicaires-économes, substituts ou suppléants), soit qu’ils l’aident régulièrement (vicaires auxiliaires, vicaires coopérateurs).

Enfin, le cardinal-vicaire est le cardinal qui prend concrètement soin du diocèse propre du pape, celui de Rome.

L’expression «vicaire du Christ» s’est substituée, au XIIe siècle, en Occident, à celle de «vicaire de Pierre» pour désigner préférentiellement l’évêque de Rome, alors qu’auparavant elle pouvait désigner tout évêque, voire tout prêtre. Elle n’a pas de portée immédiate, comme on peut le vérifier d’après le canon 218 du Code de 1917, qui s’abstient de la mentionner dans l’énumération des prérogatives papales.

vicaire [ vikɛr ] n. m.
XIVe; viqueire « gouverneur » fin XIIe; lat. vicarius (→ voyer)
1Suppléant. Spécialt Vicaire de Dieu, de saint Pierre : le pape. Les rois, vicaires de Jésus-Christ.
2Celui qui exerce en second les fonctions attachées à un office ecclésiastique. Grand vicaire, vicaire général : auxiliaire de l'évêque. ⇒ archidiacre. Plus cour. Vicaire (de paroisse) : prêtre qui aide et remplace éventuellement le curé. « Cet honnête ecclésiastique était un pauvre vicaire savoyard » (Rousseau). Adj. VICARIAL, IALE, IAUX , 1570 .

vicaire nom masculin (latin vicarius, remplaçant) Prêtre adjoint à un curé pour desservir, sous son autorité, une paroisse, et le suppléer en cas d'absence ou de maladie. (On dit aussi vicaire paroissial.) Dans l'Empire romain, à partir de Dioclétien, chef civil d'un diocèse. Au haut Moyen Âge, officier chargé par les comtes de la perception des impôts et de la moyenne et basse justice. ● vicaire (expressions) nom masculin (latin vicarius, remplaçant) Vicaire apostolique, évêque chargé par le Saint-Siège de l'administration d'un pays de mission, non encore autonome. Vicaire aux armées, ancien titre porté par l'archevêque de Paris, le supérieur ecclésiastique des aumôniers militaires catholiques. En 1986, un diocèse aux armées a été créé, avec à sa tête un évêque. Vicaire de l'Empire, sorte de vice-roi nommé par l'empereur romain germanique et chargé d'administrer un district. Vicaire épiscopal, prêtre délégué de l'évêque pour un secteur ou une catégorie de personnes de son diocèse. Vicaire général, prêtre nommé par l'évêque pour l'administration d'ensemble de son diocèse. Vicaire de Jésus-Christ, titre donné au pape, représentant du Christ dans l'Église.

vicaire
n. m.
d1./d Le vicaire de Jésus-Christ: le pape.
d2./d RELIG CATHOL Prêtre qui assiste le curé d'une paroisse.
Grand vicaire ou vicaire général: auxiliaire d'un évêque.
Vicaire apostolique: évêque responsable d'un territoire de mission qui n'est pas encore constitué en diocèse.

⇒VICAIRE, subst. masc.
A. — [Dans l'Église cath.]
1. Prêtre qui aide et remplace à l'occasion le curé d'une paroisse. Jeune vicaire; premier, second vicaire. À un dîner qu'il donna à son clergé, il [l'évêque] fut particulièrement aimable pour l'abbé Faujas, qui n'était pourtant toujours qu'un humble vicaire de Saint-Saturnin (ZOLA, Conquête Plassans, 1874, p. 987). L'abbé Barbenton était entré au séminaire, puis envoyé successivement en qualité de vicaire dans divers villages et enfin promu curé (HUYSMANS, Oblat, t. 2, 1903, p. 5). V. abbé ex. 28.
— [P. allus. à ROUSSEAU, L'Émile, livre IV] Ce cynisme révoltait le héros de Craonne qui avait des principes, professait la morale du vicaire savoyard agrandie du sentiment de l'honneur, et enseignait à Huguet (...) les règles du devoir et l'autorité des lois (A. FRANCE, Pt Pierre, 1918, p. 183).
2. a) Grand vicaire (vieilli), vicaire général, épiscopal. Ecclésiastique, collaborateur immédiat d'un évêque, auquel celui-ci peut déléguer certains pouvoirs. Cinq évêques successifs le gardèrent [le chanoine] comme vicaire général (BILLY, Introïbo, 1939, p. 60). V. abbé ex. 15, chanoine ex. 3.
b) Vicaire apostolique. Évêque chargé par le pape de l'administration d'un territoire qui n'a pas le caractère canonique d'un diocèse. Le pape Urbain VIII (...) avait envoyé en Angleterre, à titre de vicaire apostolique, Richard Smith, Anglais, évêque in partibus de Chalcédoine (SAINTE-BEUVE, Port-Royal, t. 1, 1840, p. 321). Mgr Véroles, vicaire apostolique de la Mantchourie (FLAUB., Bouvard, t. 2, 1880, p. 119).
c) Vicaire capitulaire. Synon. administrateur apostolique. V. capitulaire1 ex. de Billy.
d) Vicaire forain. V. forain1 B 2.
e) Cardinal(-)vicaire. V. cardinal2 B. Pour assumer la charge de ce diocèse de 3 000 000 d'habitants [Rome], le pape est assisté d'un cardinal vicaire de Rome, lui-même aidé de plusieurs évêques auxiliaires (Théo, Paris, Fayard, 1989, p. 1019).
f) Vicaire aux Armées. Évêque auquel sont rattachés les aumôniers et les paroisses militaires catholiques. (Dict. XXe s.).
3. Vicaire du Christ, de Jésus-Christ, de Saint-Pierre. [Titre porté par le pape] Elle allait être reçue par le successeur de saint Pierre, le vicaire de Jésus-Christ, le Pape (GONCOURT, Mme Gervaisais, 1869, p. 304). Cardinaux, conseillers du Vicaire de Dieu, est-ce pour cela que je vous ai ouvert la bouche? (CLAUDEL, Otage, 1911, I, 2, p. 248). Le Vicaire du Christ, agissant comme chef de l'Église, est de droit divin le guide sûr de la vie humaine (MARITAIN, Primauté spirit., 1927, p. 60).
4. En appos. Père vicaire. Religieux qui remplace le supérieur absent dans certaines communautés. (Dict. XIXe et XXe s.). Au fém. Mère vicaire. Notre Mère Vicaire va venir, annonça la tourière (...).L'assistante de l'Abbesse, expliqua Christine (MALÈGUE, Augustin, t. 2, 1933, p. 430).
B. — HISTOIRE
1. HIST. ROMAINE (Bas-Empire). Adjoint à un haut fonctionnaire impérial; gouverneur d'un diocèse qui exerçait l'autorité au nom des préfets du prétoire. D'abord vicaire des Préfets, Hiéroclès devint ensuite gouverneur de la Bithynie (CHATEAUBR., Martyrs, t. 1, 1810, p. 9).
2. [Au Moyen-Âge]
a) Officier chargé par un comte de la perception des impôts et de l'administration de la moyenne et de la basse justice. Synon. viguier. Combien en est-il qui, pour de l'argent, faussent les causes! Baillis, prévôts, vicomtes, officiaux et vicaires ont fort à entendre (FARAL, Vie temps st Louis, 1942, p. 93).
b) Vicaire du Saint-Empire. [Titre donné au comte palatin du Rhin et au duc de Saxe qui gouvernaient l'Empire en cas d'interrègne] Frédéric IV ou V, par la grâce de Dieu, comte palatin du Rhin, vicaire du saint-empire romain, électeur, duc de Haute et Basse-Bavière (HUGO, Rhin, 1842, p. 334).
Prononc. et Orth.:[]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. a) Ca 1165 « gouverneur d'un pays » ([CHRÉTIEN DE TROYES], Guillaume d'Angleterre, éd. M. Vilmotte, 2277: jou n'en sui fors que vicaires Prevos u eskievins u maires); en a. et m. fr. cf. 1467 Amé Duc de Savoye .. Prince & Vicaire perpetuel du Saint-Empire (Traité d'alliance fait entre le Duc de Bretagne & et le Duc & et la Duchesse de Savoye ds Dom H. MORICE, Mém. pour servir de preuves à l'hist. eccl. et civile de Bretagne, Paris, 1746, t. 3, p. 151); b) fin XIVe s. « remplaçant, suppléant » (ROQUES t. 2, n° 13172); c) 1514 [éd.] « gouverneur d'un diocèse de l'Empire » (Le Guidon des guerres [faussement attribué au Chevalier de La Tour Landry], p. 94 ds LA CURNE); cf. fin XVIe s. un Vicaire de l'Empire (PASQUIER, 742 ds IGLF); 2. a) 1174-76 vicarie « se dit du pape par rapport à Saint Pierre » (GUERNES DE PONT-STE-MAXENCE, St Thomas, éd. E. Walberg, 3364); 1680 vicaire de Jesus-Christ « titre que porte le pape » (RICH.); b) ca 1225 « serviteur (ici de la Vierge) » (GAUTIER DE COINCI, I Mir 11, 476 et II Dout 34, 126 ds Miracles Vierge, éd. Fr. Koenig, t. 2, p. 23 et t. 4, p. 444); c) 1414 « ecclésiastique qui remplace ou assiste un évêque ou un curé dans ses fonctions » l'archediacre de Viarme, Vicaire de monseigneur l'évesque (Documents relatifs à l'hist. municipale et pol. d'Amiens, 14 juill. ds A. THIERRY, Rec. des monuments inédits de l'hist. du Tiers Etat, 1re série, t. 2, p. 68); 1563 grand Vicaire du dit Tours (B. PALISSY, Recepte, p. 63 ds IGLF). Empr. au lat. class. vicarius « remplaçant » d'où en lat. chrét. « remplaçant d'un préfet du prétoire » et en lat. médiév. « titre que portaient des fonctionnaires chargés de l'administration », d'où le sens 1; dès le lat. chrét. vicarius Christi « vicaire du Christ », titre appliqué au pape pour la première fois au Ve s. (GELAS., Ep., 30, 15, p. 447 ds BLAISE Lat. chrét.), puis en lat. médiév., désigne le prêtre qui aide et remplace éventuellement le curé; vicarius est dér. de vicis, forme de génitif « tour, succession, alternative », v. l'élém. formant vice-; v. aussi viguier. Fréq. abs. littér.:716. Fréq. rel. littér.:XIXe s.: a) 1 235, b) 992; XXe s.: a) 954, b) 884.
DÉR. 1. Vicairie, subst. fém., vx., relig. cath. a) Église succursale dans une paroisse que dessert un vicaire; fonction de vicaire d'une paroisse (d'apr. Ac. 1798-1878). Synon. usuel vicariat. b) Bénéfice attaché à certaines églises cathédrales. Il y avait aussi, dans certaines églises cathédrales, des bénéfices appelés Vicairies (Ac. 1835, 1878). [], [-ke-]. Att. ds Ac. 1694-1878. 1res attest. a) 1224 « église succursale qui n'a qu'un desservant » ici p. métaph. cf. vicaire (étymol 2 b) (GAUTIER DE COINCI, De Sainte Leocade, éd. E. Vilamo-Pentti, 477), b) ca 1330 « charge de vicaire » (GUILLAUME DE DIGULLEVILLE, Pelerinage vie humaine, éd. J. J. Stürzinger, 666); de vicaire, suff. -ie. 2. Vicarial, -ale, -aux, adj., relig. cath. a) Rare. Qui a rapport au vicariat. Puissance vicariale. Fonctions vicariales (Ac. 1798-1935). b) Littér. Qui se substitue à, qui remplace. Cette expérience humaine, authentique encore que fictive, vicariale, qui représente un véritable élargissement de l'expérience vécue, de mon expérience de l'homme (MARROU, Connaiss. hist., 1954, p. 250). [], plur. masc. [-o]. Att. ds Ac. dep. 1762. 1re attest. 1570 Prefecture vicarialle (GENTIAN HERVET, Cité de Dieu ds DELB. Notes mss), 1675 Puissance Vicariale (MAUCROIX, Schisme d'Angleterre, l. I, p. 84 ds RICH. 1688); dér. sav. de vicaire, suff. -al. 3. Vicarier, verbe intrans., relig. cath., vx. a) Remplir les fonctions de vicaire dans une paroisse. Il a vicarié pendant dix ans (Ac. 1798-1878). b) Au fig., fam. Être réduit à un rôle subalterne. Je suis las de vicarier (Ac. 1798-1878). [], (il) vicarie [-]. Att. ds Ac. 1740-1878. 1res attest. a) 1532 « aller de ville en ville (en parlant d'un musicien d'église) pour offrir ses services temporaires » (Ch. DE BOURDIGNÉ, Pierre Faifeu, éd. Fr. Valette, chap. XXXVII, 3: vicarioit en maint contrée et lieu), b) 1740 « faire les fonctions de vicaire dans une paroisse » (Ac.); dér. sav. de vicaire, dés. -er.
BBG. — JABERG (K.). Vox rom. 1943/44, t. 7, p. 283.

vicaire [vikɛʀ] n. m.
ÉTYM. XIVe; viqueire « gouverneur », fin XIIe; lat. vicarius. → Vigier, voyer.
1 Celui qui remplace un supérieur. Suppléant.Spécialt. || Le vicaire de Dieu, de saint Pierre : le pape. || Les rois, vicaires de Jésus-Christ (→ Ampoule, cit. 1; et aussi front, cit. 23; onction, cit. 2).
1 Et, en bonne catholique, ce Dieu, évidemment, était le sien, le seul qui eût son vicaire ici-bas, appelé pape.
G. Leroux, le Parfum de la dame en noir, p. 127.
2 a Relig. cathol. Celui qui exerce en second les fonctions attachées à un office ecclésiastique. || Vicaire apostolique, du Saint-Siège (→ Diplôme, cit. 1) : prélat chargé de l'administration de territoires au pouvoir des infidèles ou des hérétiques. || Cardinal-vicaire, chargé de l'administration ecclésiastique de la ville de Rome. || Vicaire capitulaire, élu par le chapitre pour administrer le diocèse pendant la vacance du siège.Vicaire d'un légat. Ablégat. || Grand vicaire, vicaire général : auxiliaire de l'évêque. Archidiacre (2.; → Évêque, cit. 3 et 4; exempt, cit. 1).
b (1414). Cour. || Vicaire de paroisse, vicaire : prêtre qui aide et remplace éventuellement le curé (cit. 3).Allus. littéraire :
2 Cet honnête ecclésiastique était un pauvre vicaire savoyard, qu'une aventure de jeunesse avait mis mal avec son évêque, et qui avait passé les monts pour chercher les ressources qui lui manquaient dans son pays.
Rousseau, Émile, IV (cf. la Profession de foi du vicaire savoyard).
c Suppléant du Supérieur, dans certaines communautés religieuses. || Le Père vicaire.
DÉR. Vicarial, vicariat.

Encyclopédie Universelle. 2012.