YAKSA
YAK プA
Le monde intermédiaire entre les hommes et les dieux est, dans la mythologie hindoue tant ancienne (védique) que moderne, peuplé d’une foule d’êtres aux fonctions diverses. Nymphes et dryades (apsaras), musiciens aériens (gandharvas), piétailles divines (tels les maruts, troupe militaire au service d’Indra) cohabitent avec des démons (r k ルasas) et des êtres ambivalents, tels les dragons (n gas) et les génies (yak ルa). Ces derniers, dont l’existence est attestée dès les textes les plus anciens du Veda et dont le culte s’est perpétué sans interruption jusqu’à nos jours, hantent de préférence le domaine végétal (principalement les arbres), dont ils semblent être les gardiens. Ce ne sont pourtant pas de simples faunes, mais des dieux mineurs qui volent dans les branches à la manière des oiseaux, chantent et dansent, portent des guirlandes et se manifestent aux hommes de leur choix comme de merveilleuses apparitions lumineuses (tel est le sens premier du mot sanskrit yak ルa ) dont la beauté ravit le cœur. C’est ce ravissement que les théologiens tiennent pour pernicieux: la pensée hindoue mettant toujours en avant la prise de conscience, l’intériorisation, l’approfondissement spirituel, tout ce qui vise à distraire l’homme, à lui faire oublier sa condition mortelle apparaît comme une manifestation du mal. Le favori des yak ルa (et de leurs doubles féminins les yak ル 稜) ne peut espérer de leur commerce que gagner, au mieux, de vivre après sa mort en leur compagnie: les jouissances qu’il en retirera seront à la fois transitoires (elles finiront avec le cycle cosmique) et dérisoires (par comparaison avec la béatitude éternelle que connaît l’âme libérée de toute forme d’existence). Mais le commun des mortels recherche, encore de nos jours, à se concilier les faveurs des yak ルa et yak ル 稜, que l’on vénère dans la jungle par des offrandes déposées au pied de certains arbres: on espère notamment obtenir d’eux la prospérité matérielle (surtout agricole) et la fécondité des femmes et des animaux domestiques.
Encyclopédie Universelle. 2012.