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accoutumer

accoutumer [ akutyme ] v. tr. <conjug. : 1>
acustumer fin XIIe; de 1. a- et coutume
IVx Avoir accoutumé une chose, l'avoir prise comme habitude. ⇒ accoutumé. Littér. Avoir accoutumé de faire qqch., en avoir l'habitude. « À la Bastille, où il avait accoutumé de vivre » (France). II
1Faire prendre l'habitude de. familiariser, habituer. Accoutumer à une règle. plier. On ne l'a pas accoutumé à travailler.
2Pass. Être accoutumé à : avoir pris l'habitude de. Je suis accoutumée à ce genre de remarques. « J'étais accoutumé à ne plus la voir » (France).
3 V. pron. S'accoutumer à : s'habituer à (cf. Se faire à). « On s'y fait. On s'accoutume à se passer de Paris » (Flaubert).
⊗ CONTR. Désaccoutumer, déshabituer.

accoutumer verbe transitif (de coutume) Faire prendre à quelqu'un telle ou telle habitude ; habituer à : Accoutumer un enfant à se lever tôt.accoutumer (difficultés) verbe transitif (de coutume) Construction et sens Plusieurs constructions possibles. 1. Accoutumer qqn à (+ substantif ou infinitif) = l'habituer à. Ce genre de vie l'a accoutumé au travail, à travailler. 2. Être accoutumé à (+ substantif ou infinitif) = être habitué à. Il est accoutumé au réveil matinal, à se réveiller tôt. 3. S'accoutumer à (+ substantif ou infinitif) / à ce que (+ subjonctif) = s'habituer à. Tu t'accoutumes à la vie à la campagne, à vivre à la campagne ; il s'accoutume à ce qu'elle doive s'absenter souvent. 4. Avoir accoutumé de (+ infinitif) = avoir l'habitude de. Il avait accoutumé de sortir tous les matins à huit heures. Registre littéraire. ● accoutumer (synonymes) verbe transitif (de coutume) Faire prendre à quelqu'un telle ou telle habitude ; habituer à
Synonymes :
- adapter
- façonner
- faire
- familiariser
- habituer
- plier
- rompre
Contraires :
- désaccoutumer
- déshabituer
- libérer

accoutumer
v.
d1./d v. tr. Faire prendre une habitude à (qqn, un animal). Accoutumer un chien à la propreté.
|| être accoutumé à: avoir l'habitude de. Il est accoutumé à se lever tôt.
d2./d v. Pron. S'habituer à.

⇒ACCOUTUMER, verbe.
I.— Emploi trans.
A.— Accoutumer qqn à qqc. Lui faire prendre une habitude, le disposer à supporter quelque chose :
1. Au bout de ce temps, il servoit les malades pendant un mois, dans un hôpital, et faisoit un pélérinage à pied, en demandant l'aumône : par-là on prétendoit l'accoutumer au spectacle des douleurs humaines, et le préparer aux fatigues des missions.
F.-R. DE CHATEAUBRIAND, Génie du Christianisme, t. 2, 1803, p. 528.
Rem. Synon. de habituer. Mais s'emploie dans une langue recherchée, rarement dans la langue parlée.
[L'obj. du verbe désigne une des facultés, un des sens, un organe dont une pers. est dotée] :
2. ... on était même loin du temps où l'imagination cesserait d'être obsédée de ces fantômes : il fallait donc l'y accoutumer, l'y aguerrir, lui faire entendre et croire que ces périls surnaturels avaient eux-mêmes leur issue, et qu'aux puissances malfaisantes que pouvait évoquer le crime, le ciel en opposait de secourables pour l'innocence, de favorables à la vertu.
J.-F. MARMONTEL, Essai sur les romans, 1799, pp. 300-301.
Plus rare [L'obj. du verbe désigne un animal] :
3. Accoutumer un cheval à galoper sur le bon pied.
Ac. 1798-1932.
4. Quoique ce ne soient pas précisément les mêmes stimulans qui conviennent aux différentes espèces, peut-être n'est-il aucun de ceux que nous avons fait entrer dans l'usage commun, auquel on ne puisse accoutumer assez vite, presque tous les animaux qui vivent auprès de nous, dans l'état de domesticité.
P. CABANIS, Rapports du physique et du moral de l'homme, t. 2, 1808, p. 62.
Rem. Vx. Accoutumer qqc. « prendre l'habitude de qqc., être accoutumé à qqc. ». Expr. vieillie, condamnée par DG. Elle est pourtant supposée dans les tours où accoutumé a le sens de « habituel » (cf. accoutumé II) :
5. Ne dites pas : J'ai accoutumé mon livre. Dites : Je suis accoutumé à mon livre.
DG.
B.— Accoutumer qqn à faire qqc. :
6. ... l'habitude qu'ils [les philosophes] nous imposent de rapporter inconsciemment tout événement, tout être, toute expression, tout détail, — aux plus grandes choses visibles et aux plus stables, — nous façonnent, nous accoutument, nous induisent à ressentir sans effort et sans réflexion la véritable proportion de notre nature, à trouver en nous, sans difficulté, le passage à notre degré le plus élevé, qui est aussi le plus « humain ».
P. VALÉRY, Variété 3, 1936, pp. 241-242.
II.— Emploi pronom. S'habituer (à).
Rem. Pour l'oppos. s'accoutumer/s'habituer, même rem. que sup. I.
A.— S'accoutumer à qqc. :
7. À force d'y réfléchir, je me rendis peu à peu cette idée plus familière; je m'y accoutumai enfin, au point de pouvoir en parler à Augustine, sans lui découvrir une répugnance plutôt vaincue que détruite.
J. FIÉVÉE, La Dot de Suzette, 1798, p. 86.
8. Tout cela me parut bien extraordinaire et bien nouveau; mais en réfléchissant sur la nature de l'homme, à qui dans cette vallée de larmes et de misères, il faut des consolations et des espérances, dont les yeux ne peuvent conttempler le soleil ni la vérité, qu'à travers les nuages et les illusions, je m'accoutumai à cette forme de culte avec beaucoup moins de répugnance.
J. DE CRÈVECŒUR, Voyage dans la Haute Pensylvanie et dans l'État de New-York, t. 3, 1801, p. 21.
B.— S'accoutumer à qqn :
9. Il faut que je m'accoutume à vous. Tout cela est une question d'adaptation. Vous dites qu'il est plus grave qu'il y ait entre nous ces heurts avant le mariage, que cinq ans après. C'est cinq ans après que ce serait plus grave. Un jour viendra où l'habitude...
H. DE MONTHERLANT, Le Démon du bien, 1937, p. 1356.
Absolument :
10. Il quittait une fois encore des habitudes et des amis. La guerre le reprenait dans son tourbillon. Il partait pour son dépôt, il n'imaginait plus l'avenir. Quelle vie! On s'attache, puis on s'arrache, et toujours du nouveau, alors qu'un cœur simple et tendre s'accoutume si vite. Il se trouva tout désorienté dans la rue.
R. BENJAMIN, Gaspard, 1915, p. 104.
Rem. S'accoutumer et s'apprivoiser : s'accoutumer suppose ,,un médiocre éloignement pour la chose ou la personne dont on se rapproche``, et s'apprivoiser ,,une grande aversion et par conséquent une grande difficulté à sympathiser avec cette personne.`` (LAF. 1858). Cf. ex. 12.
C.— S'accoutumer à faire qqc. :
11. ... car on s'accoutume à croire comme des faits vrais des aventures supposées, quand une foule de récits et de monuments semblent en attester l'existence.
Ch.-F. DUPUIS, Abrégé de l'origine de tous les cultes, 1796, p. 359.
12. Peu à peu, je m'accoutumai, je m'apprivoisai à revivre mon adolescence.
P. VALÉRY, Variété 5, 1944, p. 120.
D.— Rare. S'accoutumer avec. Se familiariser avec :
13. S'accoutumer avec le péril, c'est devenir familier avec le péril et en faire une sorte de connaissance.
LITTRÉ.
III.— Emploi intrans., vieilli. Avoir accoutumé de faire qqc.
Rem. ,,Cette expression commence à vieillir`` (BESCH. 1845); ,,vieilli dans cette acception`` (Ac. 1932). Cette loc. pourrait aussi bien figurer sous la rubrique accoutumé; il faut en effet supposer une constr. où accoutumé serait un neutre en constr. d'attribut de l'obj. qui suit, et qu'on pourrait paraphraser ainsi : J'ai pour chose accoutumée le fait de + inf.
A.— [Le suj. désigne une pers.] :
14. Voilà les osiers pliants... que j'avois accoutumé de tresser en corbeilles;...
F.-R. DE CHATEAUBRIAND, Les Natchez, 1826, p. 248.
Absolument :
15. Faites comme vous avez accoutumé.
Ac. 1835, 1878.
16. Il s'enfonça, comme il avait accoutumé, dans le coin des bouquins,...
A. FRANCE, L'Orme du mail, 1897, p. 161.
B.— Rare. [Le suj. désigne un inanimé, plus ou moins personnifié] :
17. L'automne n'a pas accoutumé d'être si pluvieux.
Ac. 1835, 1878, 1932.
Prononc. ET ORTH. — 1. Forme phon. :[akutyme], j'accoutume []. — Rem. FÉR. 1768 note la 2e syllabe longue. Enq. ://. Conjug. parler. 2. Dér. et composés : accoutumance, accoutumé. Cf. coutume. — Rem. FÉR. Crit. t. 1 1787 propose les graph. accoutumer et acoutumer avec un seul c.
Étymol. ET HIST. — 1. 1160 trans. « s'habituer à (qqc.) » (Eneas, 7958, éd. Salverda de Grave ds T.-L. : Söef trait mal ki l'acostume). — 1653, VAUGELAS ds Dict. hist. de la lang. fr. publ. par l'Ac. fr., Paris, t. 1, 1865; 2. ca 1170 acoutumer (qqn) à (qqc.) « amener (qqn) à la pratique de (qqc.) » (Rois, 66 ds GDF. Compl. :Cume il ot la spee ceinte, alad e asaiad s'il se poust cumbatre si armez, Kar ne fud pas a tels armes acustumez); 1751 manège, Encyclop. t. 1 : Accoutumer un cheval, c'est le styler, le faire aux exercices et à tout bruit, pour qu'il n'ait point peur; 3. 1177 avoir acostumé « avoir habitude » (CHRÉT. DE TROYES, Chevalier au lyon, éd. Förster, 5447, ds T.-L. :Et ses lions just a ses piez Si com il ot acostumé).
Dér. de coutume; préf. a-.
STAT. — Fréq. abs. litt. :512. Fréq. rel. litt. :XIXe s. : a) 1 324, b) 650; XXe s. : a) 515, b) 386.
BBG. — BAR 1960. — BÉNAC 1956. — Gramm. t. 1 1789. — HANSE 1949. — MARTIN (E.). Si l'on peut dire : il avait accoutumé. Le courrier de Vaugelas :1873, t. 4, p. 12. — SPR. 1967. — THOMAS 1956. — WEY (F.). Remarques sur la langue française au dix-neuvième siècle... Paris, 1845, t. 2, pp. 89-90.

accoutumer [akutyme] v. tr.
ÉTYM. 1170, au sens 2.; acostumer « s'habituer à qqch. », 1160; de 1. a-, et coutume.
1 Faire prendre l'habitude de… Acclimater, adapter, façonner (littér.), faire, familiariser, habituer, plier, rompre (à). || Accoutumer (qqn) à qqch., à faire qqch. || Accoutumer qqn à une règle. || Accoutumer qqn à une drogue, à un poison. Immuniser, mithridatiser. || Nous l'avons accoutumé à écouter de la musique. || Il n'a pas été accoutumé à travailler.(Sujet n. de chose). || Sa vie l'a accoutumé au danger. Aguerrir, endurcir.
1 Accoutumer nos cœurs à goûter son poison (de l'amour).
La Fontaine, les Filles de Minée, V, 31.
2 Savez-vous quel est le plus sûr moyen de rendre votre enfant misérable ? C'est de l'accoutumer à tout obtenir.
Rousseau, Émile, II.
2 (1177). Vx. || Avoir accoutumé une chose, l'avoir prise comme habitude.Vieilli ou littér. || Avoir accoutumé de faire qqch., en avoir l'habitude.
3 Mais ce cerf n'avait pas accoutumé de lire.
La Fontaine, Fables, VIII, 14.
4 Je n'ai point accoutumé de dissimuler mes défauts.
Corneille, l'Examen d'Horace.
5 Je me trouvais à la messe dans un état bien différent de celui où j'avais accoutumé d'être.
Bossuet, Oraison funèbre d'Anne de Gonzague.
6 Nous avions tout lieu de croire qu'il était à la Bastille, où il avait accoutumé de vivre.
France, les Opinions de J. Coignard, p. 353.
6.1 « You're so magnetic », « vous êtes si magnétique », avait-elle accoutumé de dire, subissant son charme.
Paul Morand, Bouddha vivant, p. 216.
7 Il avait si fort accoutumé de faire siennes les affirmations de son patron (…)
Martin du Gard, les Thibault, V, 1.
8 Dieu n'a pas accoutumé d'appeler une âme sur les hauteurs pour la rejeter dans les bas-fonds.
F. Mauriac, la Pharisienne, II, p. 31.
9 (…) ma pitié, ou du moins cette sorte de malaise devant la misère d'autrui, que nous avons accoutumé d'appeler ainsi.
F. Mauriac, la Pharisienne, p. 156.
Au passif. || Être accoutumé à (qqch., faire qqch.), avoir pris l'habitude de… ( Accoutumé).
10 Leur troupe n'était pas encore accoutumée
À la tempête de sa voix (…)
La Fontaine, Fables, II, 19.
11 Et que pouvez-vous dire ? Qu'une âme accoutumée aux grandes actions Ne se peut abaisser à des submissions (…)
Corneille, le Cid, II, 6.
12 De même pourriez-vous faire le bien, vous qui êtes accoutumés à faire le mal ?
Bible, Jérémie, XIII, 23.
13 J'étais accoutumé à ne plus la voir et son souvenir déjà lointain s'effaçait peu à peu de mon cœur.
France, le Petit Pierre, XXX.
14 Pour accoutumé qu'il fût aux infortunes de la chair et de l'âme (…)
G. Duhamel, Chronique des Pasquier, VII, 26.
——————
s'accoutumer v. pron.
|| S'accoutumer à, s'habituer à. Adapter (s'). || On s'accoutume à tout. || Il s'accoutume à vivre à la campagne. || S'accoutumer à des inconnus.Vieilli. || S'accoutumer avec, se familiariser avec. || S'accoutumer avec le danger.
15 Les deux enfants, malgré leur cœur frivole,
L'un avec l'autre aussi s'accoutumaient.
La Fontaine, Fables, X, 11.
16 Nous nous accoutumons à tout ce qui est à nous; les mêmes biens ne conservent pas leur même prix, et ils ne touchent pas également notre goût; nous changeons imperceptiblement, sans remarquer notre changement.
La Rochefoucauld, Réflexions, De l'Amour.
17 Savez-vous le pire de tout cela. c'est qu'on s'y habitue. Oui ! on s'y fait. On s'accoutume à se passer de Paris.
Flaubert, Correspondance, t. IV, p. 52.
18 Ce que la bouche s'accoutume à dire, le cœur s'accoutume à le croire.
Baudelaire, Œuvres, t. II, p. 424.
19 Par malheur, si l'on s'accoutume à tout, on n'a pas encore pu prendre l'habitude de ne point manger.
Zola, l'Assommoir, p. 211.
——————
accoutumé, ée p. p. adj. Accoutumé.
CONTR. Désaccoutumer, déshabituer.
DÉR. Accoutumance, accoutumé.
COMP. Désaccoutumer, raccoutumer, réaccoutumer.

Encyclopédie Universelle. 2012.