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a-

1. a- Élément, du lat. ad, marquant la direction, le but à atteindre, ou le passage d'un état à un autre (var. ad-; ac-, af-, ag-, al-, an-, ar-, as-, at-) : amener, alunir, adoucir. à. a- 2. a- Élément tiré du gr. exprimant la négation (« pas »), ou la privation (« sans »), et dit a privatif (var. an- devant voyelle) : anaérobie, apolitique.

a- ou an- Préfixe d'origine grecque entrant dans la composition de nombreux mots pour exprimer l'idée d'absence, de privation (a dit privatif) : amoral, analgésique, anhydre.

a-
Préfixe, du lat. ad, marquant la direction vers, le but.
————————
a-, an-
Préfixe tiré du grec, dit "a privatif", exprimant le manque, la privation, la suppression (ex. amoral: sans morale).

I.
⇒A-1, préf.
Exprime une idée de passage d'un état à un autre, ou d'attrib., ou de direction vers un lieu, ou de manière ou encore d'inchoativité.
I.— Dans les parasynthétiques à base adjectivale et dans les dérivés de verbes : idée de passage plus ou moins complet d'un état à un autre, « rendre, rendre plus ... »
A.— Dans les parasynthétiques à base adjectivale. — Le tanneur assouplit le cuir « le tanneur rend le cuir souple » (sens absolu); « le tanneur rend le cuir plus souple » (sens relatif, par rapport à l'état de l'objet au début de l'action).
Rem. Concurrents. — Dans cette fonction, a- est concurrencé
Par le préf. en-, qui va souvent de pair avec une idée d'intériorité :
embourgeoiser « pénétrer de l'esprit bourgeois »
empuantir « pénétrer de puanteur »
engraisser « gaver, gorger »
enjuiver « pénétrer de l'esprit juif » ...
Noter aussi :
embêter « ennuyer, contrarier fortement »
Cependant des mots comme enlaidir ou embellir se rapprochent des formations en a-. L'expression la plus nette de la concurrence en lang. entre a- et en- est fournie par le couple d'anton. :
appauvrir : « rendre pauvre » « rendre plus pauvre »
enrichir : « couvrir de richesses » « couvrir de plus de richesses »
En- implique parfois des connotations d'ordre moral, incompatibles avec le préf. a- :
anoblir, sens propre / ennoblir, sens moral
durcir, sens propre / endurcir, sens moral
Par les formations adj. de couleur + er / ir qui constituent une classe de verbes symétriques (tantôt trans., tantôt intrans.) :
les papiers jaunissent
jaunir des papiers
Par les parasynthétiques en é- :
échauffer
éclairer
égayer
épurer
Par les suff. -ifier et -iser qui n'expriment pas l'idée d'un passage plus ou moins complet; le passage d'un état à l'autre est total et net :
mollifier « rendre mou »
amollir « rendre (plus) mou »
tranquilliser « rendre tranquille »
-ifier marque en partic. le passage d'un état physique à un autre :
gazéifier
humidifier
liquéfier
solidifier
Il s'accole de préférence à des rad. sav. :
dulcifier à côté de adoucir
rubéfier à côté de rougir
(cf. cependant amplifier et simplifier).
Usités fréquemment dans le lang. sc., -ifier et -iser traduisent surtout la not. de transformation, étr. au préf. a- :
pétrifier « transformer en pierre »
B.— Dans les dérivés de verbes
Baisser/abaisser : ,,Baisser est absolu et abaisser relatif (...); abaisser, c'est baisser vers.`` (LAF. 1861, p. 133). Le verbe baisser exprime uniquement l'action; contrairement à abaisser, il se désintéresse du caractère progressif.
Raser/araser :
raser un mur « abattre un mur à ras de terre »
araser un mur « mettre un mur de niveau »
Rem. Dans assujettir (base nom.), a- rend explicite la différence de niveau entre le suj. et l'obj., la subordination progressive de l'un à l'autre.
II.— Dans les parasynthétiques à base substantivale : idée d'attribution, de direction vers un lieu, de manière
A.— Idée d'attribution. — Le substantif de base a valeur de complément d'objet :
accoutumer « donner la coutume à ... »
accréditer « donner l'autorité nécessaire à ... »
affamer « donner faim à ..., faire souffrir de faim en privant de vivres »
affiler « primitivement, donner le fil à un tranchant »
affourager « pourvoir en fourrage »
amariner « pourvoir un navire en marins »
annoter « pourvoir un texte de notes » « mettre des notes en marge de ... »
apeurer « donner peur à ... »
approvisionner « donner des provisions à ... »
assoiffer « donner soif à, faire souffrir de soif en privant de boisson » ...
amariner , le rad. est de l'animé (marin). De même. achalander signifiait « pourvoir en chalands (clients) »; ce mot a pris le sens de « pourvoir en marchandises » (un magasin bien achalandé).
B.— Idée de lieu
1. Le subst. de base a (ou avait) valeur de compl. d'obj. :
accouder (s') « mettre les coudes à ... »
adosser « mettre le dos à ... »
agenouiller (s')
2. Le subst. de base a valeur de compl. de lieu (au sens propre ou au sens fig.)
a) Verbes préfixés trans. :
aboutir « arriver au but, atteindre le but »
acheminer « faire avancer sur un chemin, mettre en chemin »
aliter « mettre au lit »
attraper « prendre (comme) dans un piège »
b) Verbes préfixés intrans. :
alunir « aborder sur la lune »
amerrir « se poser à la surface de la mer »
aponter « se poser sur la plate-forme d'un porte-avions »
atterrir « reprendre terre »
Rem. Dans le verbe (s') attarder « se mettre en retard » (de base adj.) s'exprime une idée de temps.
C.— Idée de manière (« disposer, réunir en » + substantif de base)
affourcher « primitivement, disposer en fourche »
aligner « mettre en ligne »
amasser « réunir en quantités considérables »
ameuter « assembler en meute pour la chasse » d'où le sens cour. :« rassembler dans une intention de soulèvement ou de manifestation hostile »
III.— Dans les dérivés de verbes : idée d'inchoativité de l'action
A.— arranger. ,,... ranger signifie « mettre à sa place »; et arranger « créer, assigner aux choses des places convenables »`` (LAF. 1861, p. 131), c.-à-d. « ranger pour la première fois, établir la combinaison qui donne à un ensemble de choses leur place ». De même, a- suggère l'inchoativité dans :
aposter « poster qqn dans un endroit déterminé »
assigner « indiquer la place d'une chose »
B.— apercevoir. — On perçoit avec les sens, avec l'esprit. On aperçoit avec les yeux. L'acte d'apercevoir entraîne la perception, analyse intérieure et consciente du stimulus. On apercoit pendant un seul moment.
C.— apparaître. — Le verbe paraître signifie « se montrer » (aux yeux). L'apparition est le début de cette action, l'instant seulement où la chose se révèle (au sens propre et au sens figuré) :un personnage apparaît sur la scène (sens propre) ; dans un roman un personnage nous apparaît honnête, bon, etc. (sens fig.).
Rem. 1. Nature gramm. de la base et du dér.
1. Les verbes constituent la part. la plus importante des créations en a-. Le préf. permet :
a) Des formations parasynthétiques
Dont la base est un adj. :
abâtardir
abêtir
abrutir
acagnarder (s') (vieilli)
accommoder
accouardir (vieilli)
accourcir (vieilli)
acoquiner
acquitter
adoucir
affadir
affaiblir
affermir
affiner
affoler
affranchir
affriander
aggraver
agrandir
ajuster
alentir (vieilli)
allonger
alourdir
amaigrir
amatir
améliorer
amenuiser
amincir
amoindrir
amollir
annuler
anoblir
apetisser (vieilli)
aplanir
aplatir
appesantir
approcher
approfondir
arrondir
assagir
assainir
assécher
assombrir
assoter (vieilli)
assauvagir (vieilli)
assouplir
assourdir
assurer
attendrir
attiéder
attrister
aveulir
avilir
aviver, etc.
Dont la base est un subst. :
accompagner
accréditer
affamer
affiler
affourager
allaiter
annoter
apeurer
approvisionner
assoiffer
b) Des formations où le préf. modifie une base verbale qu'on reconnaît aisément (battre, abattre), même si le verbe composé est sémantiquement éloigné du verbe de base (coucher - accoucher; mettre - admettre).
c) Des formations issues de loc. dans lesquelles la prép. à est absorbée par le mot suiv. :
accroire < faire à croire, laisser à croire
affleurer < à fleur (de)
2. Moins nombreux que les verbes, les subst. préfixés en a-sont :
a) Tantôt des dér. verbaux obtenus par suffixation
En -ment pour les verbes en -er :
accommodement
acoquinement
affinement
ajustement
attristement
ou en -issement pour les verbes en -ir inchoatifs :
abâtardissement
abêtissement
En -age :
abordage
achalandage
acostage
affilage
amarinage
arrivage (cf. arrivée)
atterrage
ou en -issage pour les verbes en -ir inchoatifs :
amerrissage
atterrissage
Plus rarement en -ation :
aggravation
amélioration
annotation
b) Tantôt des subst. obtenus par dériv. régr. (en synchr. : subst. d'action à suff. zéro) :
accroc < accrocher
acquit < acquitter
affront < affronter (cf. cependant la différence de sens entre affront et affronter)
annonce < annoncer
c) Tantôt des subst. — héritage de l'anc. lang. — dont les verbes corresp. ont disparu :
adent < adenter
assentiment < assentir
d) Intégrée au mot qu'elle précède, la prép. à fournit également qq. subst. :
acompte
adieu
ajour
aplomb
D'autres subst. remontent à des loc.
Entièrement lexicalisées :
(avoir) à faire > affaire
(pleuvoir) à verse > averse
(jouer) à tout > atout
Partiellement lexicalisées (cf. à) :
à-coup
à-peu-près
à-côté
e) Les formations subst. parasynthétiques à base adj. sont très rares :
(ac)calm(ie) (cf. hist. de ce mot).
(ap)proxim(ation) / (ap)proxim(atif) (cf. proximité)
3. Les dér. en a- peuvent être des adj. (formes en -ant, -ent) :
adjacent(e)
attenant(e)
avenant(e)
Noter aussi :
aprioriste < a priori
Rem. 2. Fonction gramm. du préf.
1. Transitivité. — A qq. exceptions près, a- crée des verbes trans. :
a) Dans les verbes parasynthétiques à rad. adj. — qui constituent la partie la plus importante et la plus homogène des verbes préfixés en a- — la fonction essentielle du préf. consiste à établir une relation attributive entre l'adj. de base et l'obj. du verbe trans. préfixé
ex. La maladie affaiblit le patient = « la maladie rend le patient faible ».
b) C'est dans la série des parasynthétiques à base subst. que l'on trouve toutes les exceptions à la règle de la transitivité :
aboutir
alunir
amerrir
aponter
atterrir
En revanche :
aborder
aboucher
acheminer
acclimater
accoster
affronter
aliter
de la même série, sont des verbes trans.
2. Perfectivité. — Les verbes de formation parasynthétique préfixés en a- sont, sans aucune exception, des verbes perfectifs :
A- est un préf. perfectivisant, comme en témoignent les couples verbaux suiv. :
Très rarement le verbe simple et le verbe dér. accusent la même modalité d'action :
a) Verbes perf. :
b) Verbes imperf. :
Dans ce dernier cas cependant, l'idée de perfectivité est exploitée sur un plan sém. Sans modifier l'aspect du verbe de base, a- implique une finalité :
attirer « tirer dans une certaine direction »
Que ce soit au niveau gramm. ou au niveau sém., le préf. a-n'est jamais étranger à la not. de limite finale à atteindre.
Morphol.. — A.— Var. morphol. du préf. — Le préf. a- présente 2 var. : 1. La forme a- dans les verbes du type abaisser, affaiblir, aborder. 2. La forme ad- dans un nombre restreint de mots :
adjacent(e)
adjoindre
adjuger
admettre
Cette forme est reprise de nos jours (bien que très rarement) dans certains néol. techn. : adsorber. B.— Var. graph. de la base. — 1. En fr. mod. le préf. ne s'accole qu'à des mots à initiale consonantique. Les rad. commençant par une voyelle lui préfèrent le préf. en- (enorgueillir). 2. A- entraîne souvent le redoublement de la consonne initiale du mot de base. Certaines consonnes, telles :
b- abâtardir, abêtir, abrutir
j- ajuster
m- amariner, amatir, amenuiser, amerrir, amincir, amollir
v- avachir, avilir, aviver
ne se redoublent jamais. En revanche, c, f, r, s et t se redoublent toujours :
c- se redouble dans tous les mots préfixés sauf dans acagnarder et acoquiner
f- affaiblir, affoler, affranchir, etc.
r- se redouble dans tous les mots préfixés sauf dans araser
s- assagir, assainir, assombrir, etc.
t- attendrir, attiédir, attrouper, etc. (sauf dans atermoyer).
La majorité des consonnes initiales n'ont pas, à cet égard, de comportement bien défini; on note :
aggraver à côté de agrandir (g se redouble dans aggraver, agglomérer, agglutiner)
allonger mais alourdir
annoter mais anéantir
approfondir mais aplatir
arrondir mais araser.
On peut aussi considérer la 1re des géminées graphiques comme une variante combinatoire du -d- de la forme ad-.
Les mots de base en j- et m- tolèrent la forme ad :
adjacent(e),
adjoindre,
adjuger,
admettre
C.— Combiné avec un autre préf. qui le précède, le préf. apparaît en position d'infixe. 1. Il se combine avec le préf. ré- :
accoutumer
adapter
admettre
affirmer
ajuster (cf. cependant rajuster)
apparaître
approvisionner
arranger (réarrangement)
assigner
assortir
À qq. exceptions près, les dér. en ré- sont de formation récente. Beaucoup plus nombreux sont les ex. où a- se combine avec la forme abrégée du préf. re- (qui n'exprime pas l'itération) :
rabattre
raccompagner
raccourcir
raffiner
raffoler
rajuster
ralentir
rallonger
ramasser
ramener
ramolir
rapetisser
rapprocher
rassembler
rassurer
ravitailler
raviver
Rem. L'alliance de r- et de a- entraîne souvent des spécialisations sém. (cf. re-) :
affiner — raffiner
affoler — raffoler
assurer — rassurer
2. A- peut également se combiner avec le préf. dés- :
désacclimater
désaccoutumer
désagrément
désapparier
désappointer
désapprouver
ÉTYMOL. ET HIST.
A.— Etymol., signif. et fonction gramm. en lat. et en a. fr. 1. En lat. — Le préf. a- remonte à la prép. lat. ad-, très productive en position préverbale. En effet, ad- modifie surtout des rad. verbaux :
ad-do, are
ad-duco,
ad-jugo, are
ad-mitto,
mais aussi (bien que très rarement) des rad. nom. :
adflamen, inis « souffle, inspiration »,
des adj. (adj. ou part.) :
ad-essus « entamé avec les dents, rongé »
ap-paratus, a, um < apparo « préparé, disposé » (d'où) 1° « bien pourvu »; 2° « plein d'appareil, d'éclat »,
ad-uncus, a, um « crochu, recourbé » (renforcement de uncus)
des adv. :
ad-fatim « à suffisance, amplement, abondamment ».
Le d s'assimile le plus souvent à la consonne qui suit, dont il entraîne le dédoublement :
accedo,
accendo,
affigo,
appareo, ere
applico, are
appono,
a) Signif. — Accolée au verbe, la prép. ad- enrichit la not. exprimée par le rad. verbal d'une de ses multiples signif. :
La direction :
addubito, are « pencher vers le doute »
adeo, ire « aller vers, aller vers qqn, trouver qqn »
aderro, are « errer auprès, autour »
adfecto, are « approcher de, aborder, atteindre »
adfigo, « attacher »
adflecto, « tourner, diriger vers »
adfleo, ere « pleurer à, en présence de, pleurer, se plaindre à »
adflo, are « souffler vers, sur, contre »
adfluo, « couler sur, vers »
Plus rarement ad- acquiert un sens augm. :
acquiro, « ajouter à ce qu'on a »
addoceo, ere « enseigner (en complétant) »
adfatim (adv.) « à suffisance, amplement, abondamment » (forme renforcée de fatim)
adgravo, are « alourdir davantage »
Sans modifier systématiquement l'aspect du verbe de base, ad- peut servir à créer des verbes inchoatifs :
accendo, « embraser, mettre le feu, allumer »
adamo, are « s'éprendre »
addormio, ire « s'endormir »
adedo, « entamer avec les dents, ronger »
appareo, ere « apparaître, être visible »
En revanche, il n'existe pas en lat. class. de verbes parasynthétiques proprement dits en a- :
addulco, are « adoucir » correspond à la fois à dulcis et à dulco
adfirmo, are « affermir, consolider, fortifier » correspond à la fois à firmus et à firmo
adgravo, are « rendre plus lourd » correspond à la fois à gravis et à gravo
adtenuo, are « amincir, amoindrir, affaiblir » correspond à la fois à tenuis et à tenuo
Noter aussi :
alleviare (lat. de basse époque) « alléger » correspond à la fois à levis et levo
mais :
annulare (lat. médiév.) « annuler » ne correspond qu'à nullus.
Pour exprimer la not. de « rendre » + adj., le lat. semble préférer les expr. périphrastiques. Pour les parasynthétiques en ex-, cf. é-.
b) Fonction gramm. — En lat., la fonction de ad- est d'ordre sém. plutôt que d'ordre gramm. En effet, les dér. en ad- sont tantôt trans., tantôt intrans. :
appingo « peindre sur » est trans. tandis que apploro « pleurer à propos de, adresser ses larmes à » est intrans.
Nombre de verbes présentent à la fois un emploi trans. et un emploi intrans. :
appeto, signifie en emploi intrans. (en parlant du temps) « approcher », en emploi trans. « chercher à atteindre »
applaudo (applodo),  :emploi intrans. « applaudir », emploi trans. « frapper contre, jeter à terre violemment »
a(d)spiro, are :emploi intrans. « souffler vers », emploi trans. « faire souffler ».
2. En a. fr. — a) Forme. — A- s'accole indifféremment à des rad. à initiale consonantique ou vocalique :
aaidier
aaisier
aorser (s')
aoultrer
aourdier
aourler
Bon nombre de verbes, surtout de formation sav., présentent la var. ad-, voire ade- devant consonne.
b) Nature de la base. — Comme en lat., a- reste un préf. essentiellement verbal. Mais, si les dér. sont pour la plupart des verbes, les mots de base sont extrêmement variés :
Adjectifs :
acoardir → accouardir
ajolier → rendre joli
alaidir → rendre laid
alargier → élargir
Substantifs :
abesoigner « avoir besoin de, être nécessaire »
abloquier « asseoir sur des blocs de pierre, consolider une statue ou un bâtiment »
abouchier « presser avec la bouche »
abrochier « percer d'une broche »
acorocier « mettre en colère »
achoquier « heurter »
acoster « placer côte à côte »
afruitier « planter »
Verbes :
acharrier < charrier
aclore < clore
acomander < commander
adesirer < desirer
adevancier < devancer
De nombreuses créations en a- témoignent donc de la vitalité des verbes parasynthétiques en a. fr.
c) Fonction gramm. — Déjà en a. fr. a- accuse son caractère trans. et perfectivisant, comme en témoigne le nombre important de verbes parasynthétiques à base adj. et subst. Néanmoins certains verbes se prêtent à la fois à l'emploi intrans. et à l'emploi trans. (cf. GDF.) :
acostumer
afiner
aflatir
afoler
afonder
aforcier
aforchier
amortir
avaler (cf. HUG.)
D'autres verbes ne fonctionnent qu'en emploi intrans. :
aflestrir (GDF.)
avieillir (GDF.)
Ce n'est que dans la lang. mod. que le préf. assume une fonction essentiellement trans. et perfectivisante.
d) Signif. — Les rapports entre l'obj. du verbe et le mot de base sont divers :
abesoigner « avoir besoin de »
abouchier « presser avec la bouche »
acorocier « mettre en colère »
acoster « placer côte à côte »
acoudre « coudre une chose à une autre »
acrocheter « attirer avec un crochet »
Ce n'est que dans la série des parasynthétiques à base adj. (adj. qualificatif) que la signif. de a- semble nette :
abelir « (se) rendre (plus) agréable, plaisant; plaire, charmer »
abienner « rendre meilleur, améliorer »
acoardir « rendre lâche, couard »
acourcir « rendre court »
alaidir « rendre laid »
ameilleurer « rendre meilleur »
signifient tous « rendre » + adj. de base. Les adj. de couleur (dont on tire des verbes non-préfixés et qui forment en fr. mod. une catégorie à part) s'insèrent parfaitement dans cette série :
ablanchir
anoircir
averdir
Le sens de « pourvoir en », « donner à » est attesté dans qq. parasynthétiques à base subst. (afamer, alaiter, asoifer, ...) et le sens inchoatif dans qq. dér. à base verbale (amordre « commencer à mordre », aparoistre, aparsouvoir, aranger...).
e) Choix entre a- et en-, entre a-/-. — La concurrence a-/en ne porte que sur les verbes parasynthétiques à rad. subst. et adj.
Dans les parasynthétiques à rad. nom., le sens de en- est très proche de celui de a-. Il signifie « donner, pourvoir en » + subst. de base. Cependant la différence entre les 2 préf. est qqf. sensible : en- implique l'abondance de la substance désignée par le rad. (idée liée à celle d'intériorité), tandis que a- ne fait qu'en signaler la présence :
emplumasser signifie « couvrir de plumes » (GDF.)
emplumer signifie « garnir de plumes » (ibid.)
enamourer signifie « rendre amoureux » (ibid.) « primitivement, pénétrer qqn d'amour » « provoquer l'amour chez qqn »
endenté signifie « orné de dents »
enfariner signifie « recouvrir de farine »
engazonner signifie « couvrir de gazon »
engraissier signifie « couvrir de graisse » d'où « faire devenir gras, fertiliser » (GDF.) « plonger en graisse », d'où « oindre de graisse » (ibid.)
enperler signifie « orner de perles ou d'objets faisant effet de perles » (ibid.)
Tous ces dér. sont trans.; ils signifient « pourvoir qqn en ... », « munir qqc. de ... ». L'originalité de en- par rapport à a- est due à ce que en- établit un rapport contenant / contenu entre l'objet du verbe dér. et le subst. qui lui sert de base :
L'idée d'abondance permet le glissement du sens propre au sens fig. : enluminer signifie « baigner de lumière ».
Dans d'autres cas cependant le choix du préf. est incompréhensible. En effet, comment expliquer l'existence d'une forme embastonné « armé d'un bâton » à côté du verbe abastonner « armer d'un bâton ou d'une arme » (GDF.), qui seul obéit aux principes dégagés (cf. LEW. 1960, p. 235 : ... embastonnées et habillées si estrangement que à peine peut-on discerner si ce sont femmes ou hommes).
De même, à côté de avitailler « pourvoir en nourriture, approvisionner », on relève la forme envitailler.
Le sens des parasynthétiques à base adj. est intimement lié à l'idée d'abondance :
embellir signifie « recouvrir de beauté » → « rendre beau »
enivrer signifie « plonger qqn dans l'ivresse » → « rendre ivre »
enlaidir (réplique de embellir) → « rendre laid »
enrichir signifie « couvrir de richesses » → « rendre (plus) riche »
envieillir suggère le poids de la vieillesse → « rendre vieux »
enhardir et enorgueillir → « pénétrer de hardiesse, d'orgueil » d'où « rendre hardi », « rendre orgueilleux ».
Cependant, les confusions dans le choix du préf. sont fréq.
L'a. fr. offre souvent plusieurs formes attestées pour le même mot. Il est difficile de déceler en vertu de quel critère la lang. a conservé telle forme et rejeté telle autre (cf. HUG. Mots disp. 1967, p. 247 : ,,Quand deux mots ne différant que par le préfixe avaient exactement la même signification, on s'est habitué à employer toujours l'une de préférence à l'autre. Mais il est impossible de dégager une loi d'après laquelle ce choix a été fait, car les résultats de la concurrence sont souvent contradictoires. L'on a préféré : encourager à accourager, environner à avironner, mais appauvrir à empauvrir, avilir à envilir.``). Cf. cependant les rem. sur l'oppos. a-/en-, sup. I.
Maint verbe préfixé en a- n'a pas gardé son préf. :
acachier « cacher, receler, soustraire aux regards »
acharier « charrier, transporter en général »
aclore « clore, enfermer de murs »
acomander « commander »
acombler « combler »
acomencier « commencer »
acomplaire « complaire »
aconter « conter »
adesirer « désirer » ...
B.— Productivité
1. Le préf. est-il analysable?
a) Dans la plupart des dér. mod., la base est facilement isolable.
b) Plus rarement, le préf. est commutable quand il précède un rad. verbal :
ac-céder (concéder,céder)
ac-clamer (déclamer, proclamer,clamer)
ac-cuser (récuser)
Noter aussi :
a-charner (décharner)
ac-quérir (requérir)
Rem. 1. Une telle distance sém. sépare cueillir de accueillir, que l'on préfère analyser ce dernier comme un dér. à préf. commutable accueillir — recueillir et non comme un composé du verbe cueillir. 2. Plus rarement le préf. précède un rad. qui, sans exister isolément, se trouve, par ailleurs, combiné avec des suff. :
ac-célér-er
-célér-ation
célér-ité
ac-cep-tion, ac-cep-ter
-cep-tion
con-cep-tion
per-cep-tion ...
ag-glutin-er
-glutin-ation
c) Nombre de créations en a- ne sont plus guère analysées de nos jours :
accaparer
accomplir
acheter
acquiescer
adapter
admirer
affecter
affrioler
affubler
agglomérer
ajouter
Subst. :
ablution
accastillage
accointance
admonestation
adversaire
affection
2. Le préf. est-il productif? Le préf. a- subsiste essentiellement dans les parasynthétiques de formation anc., dont plusieurs sont toutefois en voie de disparition :
accourcir
alentir
apetisser
assauvagir
assoter
(Il est souvent remplacé ou concurrencé par ra-,r- a une valeur intensive : rabaisser, , rabattre, raccrocher...). Comme néol., on ne relève que amocher < moche « rendre moche, abîmer ». A- est fortement concurrencé en fr. mod. par le préf. en-, les suff. -ifier et -iser (cf. I). Ces derniers lui sont manifestement préférés par la lang. sc. et techn. Aussi les néol. en a-/ad- sont-ils très rares :
accouver — accouvage
adsorber (1907) calqué sur le rad. de absorber « retenir, fixer par absorption »
alunir et amerrir ont été formés sur atterrir.
La faible productivité du préf. semble due par ailleurs au regain de vitalité du a- privatif (cf. a-2). Particulièrement productif aux XIXe et XXe s., ce dernier est nettement motivé.
BBG. — BARBELENET (D.). Sur le sens moyen des composés avec ad en latin. In :[Mélanges Vendryès (J.)]. Paris, 1925, pp. 9-40. — POTTIER (B.). Systématique des éléments de relation. Étude de morpho-syntaxe structurale romane. Paris, 1962, p. 62, 64, 325. — WAGNER (R.-L.). Remarques sur la valeur des préverbes a- et en- (in-) en ancien français. In :[Mélanges Gamillscheg (E.)]. Tübingen, 1952, pp. 51-65. — WAGNER (R.-L.). Verbes, préfixes et adverbes complémentaires en ancien français. In :[Mélanges Roques (M.)]. Paris, 1946, pp. 207-216.
II.
⇒A-2, préf.
Signifie « sans », « privé de ». La plupart des dér. appartiennent au vocab. techn.
A.— MÉDECINE :
acardiaque « monstre privé de cœur » (GARNIER-DEL. 1958)
acataphasie « trouble de la faculté du langage, caractérisé par ce fait que la phrase, bien que traduisant logiquement la suite des idées, est construite d'une façon incorrecte, sans tenir compte des règles de la syntaxe... » (GARNIER-DEL. 1958)
acéphale « sans tête » (GARNIER-DEL. 1958) acéphalie « monstruosité consistant en l'absence d'une portion de la tête ou de la tête entière »
adynamie « extrême faiblesse musculaire qui accompagne certaines maladies et en particulier certaines formes des pyrexies » (GARNIER-DEL. 1958)
agrammatisme « vice de prononciation résultant de l'omission d'une ou plusieurs lettres d'un mot » (GARNIER-DEL. 1958)
agraphie « impossibilité d'exprimer les idées et les sentiments en se servant de mots écrits ou de signes... » (GARNIER-DEL. 1958)
aleucémique « sans augmentation notable du nombre des globules blancs dans le sang » (GARNIER-DEL. 1958)
alexie « impossibilité de comprendre les idées exprimées par l'écriture » (GARNIER-DEL. 1958)
anergie « disparition de l'allergie, et, par suite, disparition de la faculté de réaction vis-à-vis d'une substance pour laquelle l'organisme était antérieurement en état d'allergie » (GARNIER-DEL. 1958)
anorganique « se dit d'un phénomène qui semble indépendant de toute lésion matérielle d'un organe » (Lar. 20e)
aphasie « perte totale ou partielle de la fonction de la parole »
B.— PHILOS., POL. (quelquefois langue courante) :
anonyme « sans nom »; p. ext. « inconnu »
anormal « qui n'est pas normal, qui s'écarte de la norme »
apolitique « qui se tient en dehors de tout courant politique »
atypique « qui n'a pas de type régulier »
C.— PHYS., MATH. :
achromatique (primitivement « sans couleur »)  : opt., « qui fait voir les images des objets sans franges irisées; chim., qui se colore mal par les colorants usuels »
apesanteur « absence de pesanteur »
asymétrique « dépourvu de symétrie »
D.— SC. NATURELLES :
acotylédone bot., « dont les cotylédons sont peu visibles »
acyclique géol., « qui ne présente pas de caractère cyclique »
amitose « mode de division directe de la cellule, par étirement suivi d'une fracture, sans apparition de structure filamenteuse » (ROB.)
aptère « qui est dépourvu d'ailes »
Rem. 1. Dans alogique (« qui ne tombe pas sous les exigences de la logique ») et amoral (« qui est moralement neutre »), le préf. est commutable avec in- qui signifie « contre, qui va contre... » (illogique « qui va contre la logique, incohérent »; immoral « qui viole la morale, qui va à l'encontre de la morale »). In- est un préf. qui sert à nier et à manifester une réaction contre ce qui est établi. A- est un préf. qui exprime la passivité à l'égard de ce qui est; il signifie « qui reste étranger à..., qui est sans rapport avec... ». Cependant, dans qq. néol., il se rapproche du sens de anti- (asocial « qui ne peut ou ne veut s'adapter à la vie sociale »; asyndical « qui est étranger au..., qui va à l'encontre du syndicalisme »). Cf. dans le vocab. de la méd. : abiotique « contraire à la vie » (GARNIER-DEL. 1958). 2. Nature de la base et des dér. — Le préf. s'accole de préférence aux adj. :
acyclique
alogique
amoral
atypique, etc.
plus rarement à des subst. :
acotylédon
agrammatisme
agraphie
Les subst. dér. en a- ont le même genre que le subst. rad.
Morphol. Var. morphol. du préf.
1. Le préf. présente une forme simple a- devant les rad. à initiale consonantique dont il n'entraîne jamais le redoublement :
a-biotique
a-cardiaque
a-céphale
a-chromatique
a-cotylédone
a-cyclique
a-dynamie
a-grammatisme
a-graphie
a-leucémique
a-lexie
a-logique
a-moral
a-normal
a-politique
a-symétrie, etc.
2. Et une forme élargie an- devant voyelle :
an-encéphale
an-érétisme
an-ergie
an-organique
an-orthographie, etc.
ETYMOL. ET HIST.
A.— Etymol. — Préf. d'orig. gr. Les dér. en a- privatif sont :
1. Des mots gr. entrés dans la lang. par l'intermédiaire du lat :
acéphale < (lat.) acephalus < (gr.) « tête »
acolyte < (lat. eccl.) acolythus < (gr.) « suivant, serviteur » → « clerc dont l'office est de servir à l'autel »
alyte < (lat. zool.) alytes < (gr.) « qu'on ne peut dénouer » → « batracien terrestre qui porte enroulés autour de ses pattes les chapelets d'œufs pondus par la femelle »
anonyme < anonymus, a, um < (gr.) an + « nom » → « qui n'a pas de nom, dont on ignore le nom »
asymétrique < asymmeter, a, um < (gr.) « absence de symétrie »
2. Des emprunts récents faits directement au gr. :
abiotique (1877) < a + < « vie »
achromatique (1764) < « sans couleur »
adynamie (1808) < « faiblesse physique »
agrammatisme (1931) < « illettré »
akinésie (1931) < « immobilité »
3. Des mots de formation fr., qui témoignent de la grande vitalité du préf. en synchr. :
acardiaque < a + cardiaque
acotylédone (1777) < a + cotylédone
acyclique (1933) < a + cyclique
agraphie (1867) < a + graphie
alogique (1949) < a + logique
amoral (1885) < a + moral
anergie (néol.) < an + rad. de allergie
apolitique (1949) < a + politique
B.— Vitalité et productivité
1. Le rad. est aisément isolable dans la plupart des dér. :
acardiaque
acotylédone
acyclique
adiabatique
agrammatisme
agraphie
aleucémique
alogique
amoral
anorganique
anormal
anorthographie
apolitique
asymétrie
2. A- est commutable dans :
abiotique — antibiotique, antibiothérapie
acéphale — encéphale, encéphalite
adynamie — dynamisme, dynamique
alexie — dislexie
anergie — (calqué sur le rad. de allergie)
anonyme — homonyme, synonyme
aptère — coléoptères (-ptère)
Rem. Dans certains dér., le rad. n'est transparent que pour les usagers qui possèdent une connaissance poussée de la lang. techn. ou sc. à laquelle le vocable appartient :
acataphasie
acathésie
achylie
agénésie
aglossie
agnosie
amitose
amusie
analgésie
anazoturie (an + azote + urée)
anémie
anesthésie
anorexie
apyre ...
Préf. encore productif dans la lang. sc. et même dans la lang. cour., aux dépens du préf. homophone issu du lat. (cf. a-1) :
alexie 1907 (ROB.)
agrammatisme 1931 (ibid.)
akinésie 1931 (ibid.)
acyclique 1933 (ibid.)
agnosie 1948 (ibid.)

1. a-
Élément, du latin ad, marquant la direction, le but à atteindre, ou le passage d'un état à un autre (var. : ac-, ad-, af-, al-, am-, ar-, as-, at-). || Ex. : abaisser, aborder, accourir, adjoindre, allonger, attendre, assouplir.
REM. En franç. mod., a- ne s'accole qu'à des mots commençant par une consonne.
————————
2. a-, an-
Élément tiré du grec, exprimant la négation (pas) ou la privation, et dit a privatif. || Ex. : acaule, acéphale, amoral, aphasique, apolitique, athée.
REM. a privatif devient an- devant une voyelle ou un h. Ex. : anaérobie, anharmonique.
Une grande partie des dérivés appartient aux vocabulaires techniques et scientifiques; mais on trouve aussi des exemples dans le discours général soutenu :
0 Il se dit « a-chrétien ».
J. Green, Journal, 4 déc. 1959, Vers l'invisible, p. 162.

Encyclopédie Universelle. 2012.