affermer [ afɛrme ] v. tr. <conjug. : 1>
• 1260; de à et 2. ferme
♦ Louer, céder par affermage.
● affermer verbe transitif (de ferme, nom féminin) Donner ou prendre un bien rural à bail. ● affermer (synonymes) verbe transitif (de ferme, nom féminin) Donner ou prendre un bien rural à bail.
Synonymes :
- amodier
affermer
v. tr. Donner ou prendre à ferme ou à bail. Affermer une terre. Cultivateur qui afferme un domaine. Syn. louer.
⇒AFFERMER, verbe trans.
I.— Emploi trans.
A.— Donner à ferme.
1. DR. PRIVÉ, PUBL. [L'agent désigne un ou plusieurs particuliers]
a) Fréq. [Le compl. désigne un bien rural] :
• 1. 1774. Le bail, sans écrit, d'un fonds rural, est censé fait pour le temps qui est nécessaire afin que le preneur recueille tous les fruits de l'héritage affermé. Ainsi le bail à ferme d'un pré, d'une vigne, et de tout autre fonds dont les fruits se recueillent en entier dans le cours de l'année, est censé fait pour un an.
Code civil, 1804, p. 322.
• 2. Dans l'état actuel des propriétés en France, le fermier qui ne peut être expulsé, est plus réellement propriétaire que le citadin qui ne l'est qu'en apparence d'un bien qu'il afferme. Il est donc juste d'accorder à l'un les mêmes droits qu'à l'autre. Si l'on objecte qu'à la fin du bail le fermier perd sa qualité de propriétaire, je répondrai que par mille accidents, chaque propriétaire peut, d'un jour à l'autre, perdre sa propriété.
B. CONSTANT, Principes de politique, 1815, p. 57.
• 3. Je vais affermer ce que ma femme faisait valoir, car elle s'est dégoûtée de son métier de fermière.
P.-L. COURIER, Lettres de France et d'Italie, 1824, pp. 926-927.
• 4. ... celui des deux, du propriétaire ou du fermier, qui fait l'amélioration à ses frais, ne retire que la moitié du fruit de sa dépense, puisqu'il est obligé d'en partager le produit. Cette manière d'affermer était plus usitée dans les temps féodaux que de nos jours.
J.-B. SAY, Traité d'économie politique, 1832, p. 416.
• 5. Le domaine devrait fournir des recettes considérables : il se compose des mines et des carrières, des eaux thermales, des salines, des pêcheries, des forêts, des plantations d'oliviers, des vignes à raisins de Corinthe, des jardins, des bâtiments et des mines appartenant à l'État et affermés aux particuliers.
E. ABOUT, La Grèce contemporaine, 1854, p. 309.
• 6. Je sais bien que la plupart louent leurs bras aux compagnies, et il le faut, puisque les terrains aurifères sont tous vendus ou affermés par le gouvernement. Mais à celui qui n'a rien, qui ne peut ni louer ni acheter, il reste encore une chance de s'enrichir.
J. VERNE, Les Enfants du capitaine Grant, t. 2, 1868, p. 149.
• 7. ... il [Séguin] continuait à se plaindre des rentes dérisoires que lui rapportaient les immenses terrains incultes de Chantebled, simplement affermés à des sociétés de chasse.
É. ZOLA, Fécondité, 1899, p. 294.
b) [Le compl. désigne une partie de journal, un emplacement, etc., en vue d'une opération de publicité (Lar. comm. 1930, Lar. encyclop., Lar. 3)] :
• 8. (...) de nombreux périodiques afferment leur publicité à des agences spécialisées qui, contre redevance déterminée en valeur absolue ou en pourcentage, ont la libre disposition des emplacements réservés aux annonces payantes. Les sociétés de transport font généralement de même.
ROMEUF t. 1 1956.
— Péj., iron. :
• 9. ... le Petit Parisien, qui était l'un des journaux français qui avaient affermé l'entretien de la gloire de Witte, disait que la grande grève d'octobre 1905 se termina par suite de la misère des ouvriers; ...
G. SOREL, Réflexions sur la violence, 1908, p. 231.
2. DR. FISCAL. [L'agent désigne une autorité publ.]
a) [Le compl. désigne l'obj. sur lequel est concédé le droit de percevoir des impôts ou des taxes publ.] :
• 10. Je ne voudrais cependant pas répondre que les prises couvrissent les frais d'armement, à moins que cet établissement ne se rançonnât, ou que le gouvernement n'accordât un dédommagement pour la ruine des bâtimens et des usines, qui sont une dépendance du fisc, puisque le gouvernement afferme le privilège exclusif de la pêche de la baleine.
Voyage de La Pérouse autour du monde, t. 4, 1797, p. 96.
• 11. Autre part on joue à des jeux que n'afferme point le gouvernement : au palet, à la boule, aux quilles.
P.-L. COURIER, Pamphlets politiques, Pétition pour des villageois que l'on empêche de danser, 1822, p. 136.
• 12. Buonaparte, qui versoit le sang des François pour sa gloire, s'empara de leurs cendres à son profit; il mit les cimetières en régie, et afferma nos funérailles.
F.-R. DE CHATEAUBRIAND, Discours et opinions, 1826, p. 89.
• 13. Le droit de chasse et de pêche a été de tout temps réservé aux seigneurs et aux propriétaires : aujourd'hui, il est affermé par le gouvernement et par les communes à quiconque peut payer le port d'armes et l'amodiation.
P.-J. PROUDHON, Qu'est-ce que la propriété?, 1840, p. 194.
• 14. En 1748, l'Opéra avait traité avec Royer à l'effet de lui affermer le concert, (...) pour une durée de quatorze ans.
L. DE LA LAURENCIE, L'École française de violon, 1922, p. 390.
b) [Le compl. désigne l'impôt lui-même] :
• 15. Si l'impôt est affermé, que de fermiers, que de traitans dont les profits sont faits sur le public! les poursuites seules qu'il faudrait diriger contre les fermiers de l'impôt, exigeraient une administration étendue.
J.-B. SAY, Traité d'économie politique, 1832, p. 534.
• 16. Le gouvernement a essayé d'abord d'affermer l'impôt, mais les fermiers, après s'être témérairement engagés, manquaient à leurs engagements, et l'État, qui est sans force, n'avait aucun moyen de les contraindre. Depuis que l'État s'est chargé lui-même de percevoir l'impôt, les frais de perception sont plus considérables, et les revenus sont à peine augmentés.
E. ABOUT, La Grèce contemporaine, 1854, pp. 298-299.
B.— Prendre à ferme
1. [Le compl. désigne un bien rural] :
• 17. Rome avait ruiné l'Italie indépendante par ses colonies, où elle rejetait ses pauvres; désormais elle ruinait l'Italie colonisée, par l'envahissement des riches qui partout achetaient, affermaient, usurpaient les terres et les faisaient cultiver par des esclaves.
J. MICHELET, Histoire romaine, t. 2, 1831, pp. 122-123.
• 18. ... sa surprise [de Luc] était grande de voir dans quel état de souffrance il [Feuillat] laissait les terres qu'il avait affermées...
É. ZOLA, Travail, t. 2, 1901, p. 58.
• 19. On le rencontrait souvent dans cette partie de la rivière. Ayant affermé le lot, il y tendait des nasses et des verveux pour prendre le poisson que sa femme allait porter, tous les vendredis, au marché de la ville.
E. MOSELLY, Terres lorraines, 1907, p. 179.
• 20. Il loua une métairie attenante, et il cherchait partout autour de lui d'autres biens à affermer ou à acquérir, où rayonner et enfoncer ses pas.
J. DE PESQUIDOUX, Le Livre de raison, t. 2, 1928, p. 206.
2. Au fig. :
• 21. La pauvre, ayant rempli jusques au bout son rôle,
S'en allait au début de l'année agricole.
Elle se séparait de la terre au printemps,
Pour affermer le ciel, sans nuire à ses enfants.
Son bail se terminait ici-bas sans reproche, ...
F. JAMMES, Les Géorgiques chrétiennes, 1911, p. 34.
— P. ext., arch., dial. [L'obj. désigne une pers.] :
• 22. Non, il faudrait pour cela être certain d'être affermé par Dieu, d'être habité tout entier par lui.
J.-K. HUYSMANS, En route, t. 1, 1895, p. 233.
Rem. Cette constr. s'employait et s'emploie encore en parlant de domestiques.
II.— Emploi pronom. passif. S'affermer. Être donné ou pris à ferme (LAND. 1834, Lar. 19e, Nouv. Lar. ill., Lar. 20e, QUILLET 1934) :
• 23. Le tabac et la poudre s'affermaient en régie, sous une surveillance. Le système sur ces deux régies (...) fut si convaincant que cette loi n'eût point passé dans une Chambre à qui l'on n'aurait pas mis le marché à la main...
H. DE BALZAC, Les Employés, 1837, p. 26.
Rem. 1. a) Affermer s'emploie aussi bien au sens A qu'au sens B; à chaque sens correspond un subst. partic. : « donner à ferme » renvoie à affermeur, « prendre à ferme » à fermier. b) Dans le cas d'un bien rural, affermer est usité tant dans le domaine privé (ex. 1 à 3) que dans le domaine publ. (ex. 4, 5, 6). Il s'oppose à vendre ou à acquérir (ex. 6, 17, 20), à « exploiter en faire valoir direct » (ex. 3) ou « selon un bail à métayage ». Dans ce dernier cas, l'oppos. n'est pas toujours bien nette : aucun verbe partic. ne correspondant au subst. métayage, certains auteurs emploient abusivement affermer dans ce dernier cas, à la place d'un verbe plus gén. (ex. 4). c) Complétant les indications données par les dict., les ex. montrent que le gouvernement peut affermer à des partic. ou à des sociétés le droit de chasse ou de pêche (ex. 10, 12), certains jeux (ex. 11, allusion à la « ferme des jeux », faculté accordée par un État de tenir des maisons de jeux). d) Certains dict. signalent une signif. vieillie de affermer :« affirmer » (cf. DUPIN-LAB. 1846, DG : ,,vieilli``, QUILLET 1934 : ,,vx``). 2. Affermer se trouve en relation synon. avec amodier et louer; il se distingue de ce dernier par ses conditions d'emploi : affermer concerne essentiellement des biens ruraux, cédés en vue d'exploitation, pour un temps relativement court; louer, de valeur plus gén., concerne une variété plus étendue de choses cédées en vue d'une utilisation pure et simple, pour un temps plus ou moins long. 3. Syntagmes fréq. : affermer un bien, - une terre, - un privilège, - l'impôt; - à des particuliers, - à des sociétés; être affermé par le gouvernement.
Prononc. ET ORTH. — 1. Forme phon. :[], j'afferme []. — Rem. FÉR. Crit. t. 1 1787 écrit affermer ou afermer avec un seul f. 2. Dér. et composés : affermable, affermage, afferme arch. (cf. Lar. 19e), affermeur.
Étymol. ET HIST. — 1260, dr. « donner à ferme » (MORICE, Pr. de l'H. de Bret., t. 1, col. 994 ds GDF. Compl. :Nous affermons... a Jahan duc de Bretanne, nostre costume de nostre port de Saint Mahé... duc a set anz de la date de cestes presentes lettres, por tres mil livres de monae corante de Bretanne).
STAT. — Fréq. abs. litt. :49.
BBG. — BAILLY (R.) 1969 [1946]. — BAR 1960. — BÉL. 1957. — BÉNAC 1956. — BONNAIRE 1835. — DUP. 1961. — DUPIN-LAB. 1846. — FÉR. 1768. — GOUGENHEIM (G.). La Relatinisation du vocabulaire français. Annales de l'Univ. de Paris. 1959, t. 29, n° 1, p. 15. — GUIZOT 1864. — KOLD. 1902. — LAF. 1878. — Lar. comm. 1930. — ROMEUF t. 1 1956. — SARDOU 1877. — SOMMER 1882. — Synon. 1818.
affermer [afɛʀme] v. tr.
ÉTYM. 1260; de à, et ferme.
❖
1 a Donner à ferme (un bien rural, un emplacement, une page de journal). || Affermer une terre. ⇒ Amodier, louer. || Ce journal afferme sa publicité à une agence.
b Dr. (Anciennt). Concéder (le droit de percevoir des impôts, des taxes). || Sous l'Ancien Régime, le gouvernement affermait la perception des impôts, certains droits, certains privilèges. — Par métaphore. || « Il (Bonaparte) mit les cimetières en régie et afferma nos funérailles » (Chateaubriand, in T. L. F.).
♦ Par métonymie. || Affermer l'impôt. || Affermer les jeux.
2 Prendre à ferme (un bien rural et, anciennt, l'impôt). ⇒ Louer. || Affermer des terres.
——————
affermé, ée p. p. adj.
♦ || Biens affermés. || Terrains vendus ou affermés.
❖
DÉR. Affermage, afferme.
COMP. Sous-affermer.
Encyclopédie Universelle. 2012.