avarie [ avari ] n. f.
• 1599; « frais causés par une avarie » v. 1200; it. avaria, d'o. ar.
♦ Dommage survenu à un navire ou aux marchandises qu'il transporte. La cargaison a subi des avaries. Réparer les avaries. « La panse [du navire] n'avait point d'avarie visible » (Hugo). — Dommage survenu au cours d'un transport terrestre ou aérien.
● avarie nom féminin (italien avaria, de l'arabe awārı¯ya, de awār, manque) Dommage survenu à des marchandises au cours de l'exécution d'un contrat. Dommage survenu au bâtiment et aux marchandises depuis leur départ ou leur chargement jusqu'à leur arrivée ou leur déchargement (avarie matérielle), et frais imprévus nécessaires pour éviter ou réparer ces dommages (avarie frais). ● avarie (difficultés) nom féminin (italien avaria, de l'arabe awārı¯ya, de awār, manque) Sens Ne pas confondre ces deux mots. 1. Une avanie = un affront, une humiliation. Il n'est pas près d'oublier l'avanie qu'il a subie. 2. Une avarie = un dommage, une détérioration. Le navire a subi d'importantes avaries dans la collision. ● avarie (synonymes) nom féminin (italien avaria, de l'arabe awārı¯ya, de awār, manque) Dommage survenu à des marchandises au cours de l'exécution d'un...
Synonymes :
- dégât
- sinistre
avarie
n. f.
d1./d Dommage causé à un navire ou à sa cargaison.
d2./d Fig., litt. Dommage subi par un objet.
⇒AVARIE, subst. fém.
I.— DROIT
A.— DR. MAR. Dommage, perte ou dépense extraordinaire survenant au cours d'une expédition maritime et touchant le navire ou la cargaison :
• 1. — Si donc la mer ne devenait pas trop mauvaise, si le vent ne sautait pas dans l'est, s'il ne survenait aucune avarie au bâtiment, aucun accident à la machine, l'Henrietta, dans les neuf jours comptés du 12 décembre au 21, pouvait franchir les trois mille milles qui séparent New-York de Liverpool.
VERNE, Le Tour du monde en 80 jours, 1873, p. 195.
♦ Être en avarie. S'arrêter le temps de réparer le navire :
• 2. — Nous sommes en avarie pour plusieurs heures.
PEISSON, Parti de Liverpool, 1932, p. 195.
SYNT. Ce vaisseau a éprouvé beaucoup d'avaries, a des avaries dans sa coque, dans son gréement, dans sa mâture; grosses, menues avaries (Ac. 1835-1932, GUÉRIN 1892); ce navire a relâché dans tel port pour réparer ses avaries (Ac. 1835-1932).
— Droit dû par les vaisseaux pour mouiller dans un port; indemnité touchée par le capitaine d'un navire de commerce.
B.— DR. COMM. TERRESTRE. Dommages survenus à la cargaison d'un navire au cours d'une expédition réglée par un contrat de transport :
• 3. Les deux caisses sont enfin arrivées hier samedi. (...) Tes quatre tableaux feront merveilleusement dans Hauteville, et seront les joyaux de la masure. Le panneau que me donne Rochefort est beau et précieux. Malheureusement, il a été mal emballé, s'est désencadré et décollé; de là quelques petites avaries, du reste très réparables.
HUGO, Correspondance, 1869, p. 206.
II.— Lang. littér. ou cour. Incident, de nature souvent mécanique :
• 4. Nous étions trois équipages de l'aéropostale échoués à la tombée du jour sur la côte de Rio De Oro. Mon camarade Riguelle s'était posé d'abord, à la suite d'une rupture de bielle; un autre camarade, Bourgat, avait atterri à son tour pour recueillir son équipage, mais une avarie sans gravité l'avait cloué au sol.
SAINT-EXUPÉRY, Terre des hommes, 1939, p. 158.
— P. ext. Dégât, détérioration :
• 5. Lorsque les constructions d'un monastère étaient achevées, on devait penser à les entretenir en bon état pour éviter les avaries et la ruine.
A. LENOIR, Architecture monastique, t. 1, 1852, p. 39.
— P. métaph., iron., rare. Trouble, blessure survenant à une personne :
• 6. Mes acolytes ne ressemblaient nullement à des invalides : ils n'avaient ni blessure, ni contusion, ni avarie d'aucune sorte; leurs jarrets étaient d'acier, ...
ABOUT, Le Roi des montagnes, 1857, p. 203.
• 7. ... quand monsieur votre père nous aura avisés que vous êtes arrivé sans avaries, s'il vous convient de venir vous promener par ici, alors je vous rendrai toutes les raisons qu'il vous plaira de me demander.
SOULIÉ, Les Mémoires du diable, t. 1, 1837, p. 314.
— Spéc., fam. et vieilli. Synon. de syphilis.
— Au fig. Accident, dégradation :
• 8. Pour réparer les avaries de sa fortune, Gilles vend sa seigneurie de Saint-Étienne de Mer Morte à un sujet de Jean V, Guillaume le Ferron, qui délègue son frère Jean pour prendre possession de ces domaines.
HUYSMANS, Là-Bas, t. 2, 1891, p. 99.
— FIN. Avarie de portefeuille. ,,Pertes que subit le portefeuille d'une banque`` (LITTRÉ).
PRONONC. :[].
ÉTYMOL. ET HIST. — 1. Ca 1200 mar. « répartition du dommage subi en jetant les marchandises d'un navire menacé de naufrage » (PH. DE NOVARE, Assises de Jérusalem, éd. Pardessus, I, 277 ds BARB. Misc. t. 9, p. 3 : Et sachies que celui [aver] qui est geté ne doit estre conté fors tant com il cousta o toutes ses avaries); 1498 « frais engagés pour réparer les pertes ou dommages subis par le navire ou la cargaison lors du voyage » (Arch. dép. Bordeaux, in Bronnen tot de geschiedenis van den handel met Frankrijk, éd. Sneller and Unger, p. 235, ibid. : Et a esté apoincté que le dit marchant paiera par dela pour toutes avaries, tant de celles qui ont esté faictes par deça, que de celles qui se feront par dela, la somme de six patars par tonneau); 1533 ([ces dépenses et dommages étaient mis par la coutume à la charge tantôt du navire; tantôt de la marchandise. On donnait aux avaries entrant dans cette 2e catégorie le nom d'avarie grosse ou d'avarie commune, d'apr. JAL2] ds Z. W. Sneller et W. S. Unger, op. cit., Suppl., La Haye, 1942, n° 22 ds JAL2 : lesquelz vins sont quictes de toutes avaries, grandes et petites, deues tant deca que della des brieux de Bertaigne; ibid., n° 23, ibid. [Anvers] avecques toutes les avaries communes); 2. 1599 « dommage survenu à un bâtiment ou aux marchandises dont il est chargé » (DE BEAUREPAIRE, Notes hist. et archéol., 75 cité ds DELB., Rec. de notes lexicologiques [ms. déposés à la Sorbonne] : Avarie. Les avaries extraordinaires qu'il y a en l'exécution de la dite tente); 1690 (FUR. : Avarie [...] C'est le dommage arrivé à un vaisseau ou aux marchandises dont il est chargé, & encore le coût, les dépenses extraordinaires & imprevuës faites pendant le voyage, soit pour le vaisseau, soit pour les marchandises, soit pour tous les deux ensemble).
Empr. au génois (SAR. 1920, p. 43; VIDOS, p. 218; KOHLM., p. 29; WIND, p. 134; LOK., § 138), attesté au sens de « jet de marchandises en cas de naufrage d'un navire; calcul du dommage qui s'ensuit » dep. le XIIe s. dans le lat. médiév. génois avaria : 1re moitié du XIIe s. (Statuti di Pera [faubourg de Constantinople; colonie génoise] ds R. ZENO, Storia del diritto Marittimo nel Mediterraneo, Catania, 1915, p. 180 et sqq d'apr. VIDOS), 1191 (cité par M. W. HALL, H. G. KRUEGER et R. L. REYNOLDS, Notai liguri del sec., XII-II : Guillelmus Casinensis, vol. I, Gênes, R. deputazione di storia per la Liguria [1938] ds JAL2). Étant donné le caractère fortement italianisant des Assises de Jérusalem et sa présence en 1468 dans un texte daté de Nicosie (BARB. loc. cit., p. 49), il est vraisemblable que le mot est parvenu en fr. par la voie génoise; cf. aussi les nombreux textes de lat. médiév. génois cités pour les XIIIe et XIVe s. ds DU CANGE s.v. avaria. Au XIIIe s., cependant, le lat. médiév. avaria est bien attesté dans d'autres pays méditerranéens : Provence, 1210 « dépenses occasionnées par les dommages survenus au navire ou à la cargaison » (cité par L. BLANCARD, Documents inédits sur le commerce de Marseille au M. Age, t. 1, p. 7 ds JAL2); Catalogne, 1258 « id. » (Ordonanzas para la policia de la marina mercantil del puerto de Barcelona ds VIDOS). L'ital. est attesté dep. 1255-1312 au sens de « perte » (Nuovi testi fiorentini ds BATT.) au sens de « dommage subi par une cargaison de navire », en réf. à Gênes, dep. le XIVe s. (Matteo Villani, ibid.); le cat. dep. le XIIIe s. au sens de « frais occasionnés par accidents d'un voyage en mer » (Costums de la Ciutat de Tortosa ds ALC.-MOLL); l'a. prov. est attesté au sens de « frais » ds LEVY, Petit dict. prov.-fr., 1961. Gênes et la Catalogne qui ont répandu le mot dans toutes les lang. méditerranéennes ont empr. le mot à l'ar. dér. de « faute, manque », lui-même dér. de àwwar « endommager, avarier » (FEW, t. 19, p. 12).
STAT. — Fréq. abs. littér. :108.
BBG. — BACH.-DEZ. 1882. — BARBER. 1969. — BARR. 1967. — BARB. Misc. 9 1932-35, pp. 47-50. — BOUILLET 1859. — CAP. 1936. — Comm. t. 1 1837. — DUCH. 1967, § 62. — GRUSS 1952. — JAL 1848. — Lar.-comm. 1930. — Le CLÈRE 1960. — LEMEUNIER 1969. — RÉAU-ROND. 1951. — RÉAU-ROND. Suppl. 1962. — SAR. 1920, p. 43. — WIND 1928, p. 134.
avarie [avaʀi] n. f.
ÉTYM. 1599; « frais causés par une avarie », v. 1200; ital. avaria; arabe ‘ǎwār « dommage ».
➪ tableau Mots français d'origine arabe.
❖
1 Dommage survenu à un navire ou aux marchandises qu'il transporte. || La cargaison a subi des avaries. || Réparer les avaries. || Avaries communes, avaries particulières (Code de commerce, art. 400 et 403).
1 Il (le commissionnaire qui se charge d'un transport) est garant des avaries ou pertes de marchandises et effets, s'il n'y a stipulation contraire dans la lettre de voiture, ou force majeure.
Code de commerce, art. 98.
2 Toutes dépenses extraordinaires faites pour le navire et les marchandises, conjointement ou séparément (…)
Tout dommage qui arrive au navire et aux marchandises, depuis leur chargement et départ jusqu'à leur retour et déchargement (…)
Sont réputés avaries.
Code de commerce, art. 397.
3 La panse n'avait point d'avarie visible; affourchée comme elle était, elle donnait peu de prise; mais la carcasse de la Durande était en détresse.
Hugo, les Travailleurs de la mer, III, VI.
4 La Sémillante a dû perdre son gouvernail; car, il n'y a pas de brume qui tienne, sans une avarie, jamais le capitaine ne serait venu s'aplatir ici contre.
Alphonse Daudet, Lettres de mon moulin, « Sémillante ».
♦ Dommage survenu au cours d'un transport terrestre ou aérien.
5 (Les voituriers) sont responsables de la perte et des avaries des choses qui leur sont confiées, à moins qu'ils ne prouvent qu'elles ont été perdues ou avariées par cas fortuit ou force majeure.
Code civil, art. 1784.
2 Fig., littér. Accident, détérioration. || Les avaries d'un monument ancien. || Une avarie de moteur.
6 (…) il y a des liaisons soi-disant indestructibles dans lesquelles elle (l'absence) fait d'irrémédiables avaries; elle accumule des mondes d'indifférence sur des promesses de souvenirs éternels.
E. Fromentin, Dominique, II.
❖
DÉR. Avarier, avaro.
Encyclopédie Universelle. 2012.