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barboter

barboter [ barbɔte ] v. <conjug. : 1>
• fin XIIe « marmotter »; p.-ê. de bourbe
I V. intr.
1S'agiter, remuer dans l'eau, la boue. Les canards barbotent dans la mare. Barboter dans son bain. Marcher dans une eau bourbeuse. patauger.
2Chim. Traverser un liquide (gaz). Faire barboter un gaz dans un appareil ( barboteur) .
II V. tr. (1843) Fam. Voler. On lui a barboté son portefeuille. chiper, faucher, piquer.

barboter verbe intransitif (de l'ancien français bourbouter, patauger dans la boue) Fouiller du bec dans l'eau bourbeuse ou dans la vase, en parlant d'oiseaux aquatiques. S'ébattre dans l'eau, en parlant d'un animal ou de quelqu'un : Petit enfant qui barbote dans son bain. Marcher difficilement sur un sol bourbeux, patauger dans la boue. En parlant d'un gaz, passer à l'état de bulles dans un liquide, dans un dessein d'absorption, de purification, de contrôle de débit. ● barboter (difficultés) verbe intransitif (de l'ancien français bourbouter, patauger dans la boue) Orthographe Avec un seul t. Les mots de la même famille : barbotage, barboteur, barboteuse, barbotière et barbotine ne prennent qu'un seul t également. ● barboter (expressions) verbe intransitif (de l'ancien français bourbouter, patauger dans la boue) Familier. Barboter dans une situation difficile, être empêtré dans une mauvaise affaire, dans une situation pénible. ● barboter (homonymes) verbe intransitif (de l'ancien français bourbouter, patauger dans la boue)barboter (synonymes) verbe intransitif (de l'ancien français bourbouter, patauger dans la boue) S'ébattre dans l'eau, en parlant d'un animal ou de quelqu'un
Synonymes :
- patauger
barboter verbe transitif (de barboter) Familier. Voler, dérober quelque chose à quelqu'un : On m'a barboté mon stylo.barboter (homonymes) verbe transitif (de barboter)barboter (synonymes) verbe transitif (de barboter) Familier. Voler, dérober quelque chose à quelqu'un
Synonymes :
- chiper (familier)
- choper (familier)
- dérober
- faucher (populaire)
- piquer (familier)
Contraires :
- rendre
- restituer

barboter
v.
rI./r v. intr.
d1./d Remuer l'eau en nageant. Les canards barbotent dans la mare.
|| S'agiter dans l'eau, dans la boue. Les enfants barbotent dans le marigot.
d2./d CHIM Faire barboter un gaz: faire passer un gaz à travers un liquide.
rII./r v. tr. Fam. Voler. On m'a barboté ma montre.

⇒BARBOTER, BARBOTTER, verbe.
I.— Emploi intrans.
A.— Usuel
1. [Le suj. désigne gén. un animal aquatique] Remuer dans l'eau ou dans la boue :
1. Le naufragé se tenait sur la plate-forme, tandis que le poisson destiné à sa subsistance barbottait en dessous.
REYBAUD, Jérôme Paturot, 1842, p. 268.
2. Spéc. [Le suj. désigne le plus souvent un volatile] Chercher sa nourriture dans l'eau, dans la vase, etc., en fouillant bruyamment avec le bec :
2. Il n'est aucun animal qui manque d'organes nécessaires à son genre de vie, ou qui en ait de superflus. Les oiseaux aquatiques qui barbotent dans les vases des rivières pour y chercher des racines ou des vers, ont le bec large et aplati, tels que les canards, les oies, les cygnes.
BERNARDIN DE SAINT-PIERRE, Harmonies de la nature, 1814, p. 90.
B.— P. anal.
Fam. [Le suj. désigne une pers.]
1. S'ébattre dans l'eau, en général sans y entrer complètement faire trempette ou faire un brin de toilette :
3. Le colonel, enfoncé jusqu'au menton dans l'eau tiède, barbotait avec volupté, lorsque, tout à coup, la lumière s'éteignit.
R. MARTIN DU GARD, Les Thibault, L'Été 1914, 1936, p. 425.
2. Marcher péniblement dans l'eau sale ou dans la boue; patauger :
4. ... le captif avait toute liberté d'aller disputer sa pitance parmi les chiens, licence de barboter dans la boue en dehors des remparts, autour du camp volant, aux abords de l'aoul, sur la place du village, dans la cour de la caserne, ...
CENDRARS, Bourlinguer, 1948, p. 383.
P. ext., péj. et arg. Faire le trottoir :
5. — Aucune des puissances femelles que tu nommes n'a barboté dans la rue, dit Finot, et ce joli rat a roulé dans la fange.
BALZAC, Spendeurs et misères des courtisanes, 1847, p. 21.
C.— Au fig., fam. [Le suj. désigne une pers.]
1. Parler d'une manière confuse ou inintelligible; s'embrouiller dans ses explications. Synon. bredouiller, marmonner :
6. Selon l'exemple fameux de ce philosophe, l'homme qui disait « ma cour s'est envolée dans la poule de mon voisin » exprimait encore une vérité sur la situation de ses organes parleurs, ou pour autrement dire, sur la disposition de son imagination qui lui faisait prononcer un mot pour un autre. Et n'est-il pas évident qu'un homme qui veut être parfaitement sincère doit barboter n'importe comment; ...
ALAIN, Propos, 1934, p. 1229.
2. Avoir peine à surmonter certains problèmes d'ordre matériel, intellectuel ou moral; se perdre dans une situation difficile ou dégradante :
7. Pourquoi, lorsque vous voyez Mme Prudhomme coudoyer Nana, déclarer que la première est vertueuse? La vertu c'est de ne pas se noyer. La dame n'a jamais barboté dans la misère, vous ne savez pas si elle surnagerait.
FRAPIÉ, La Maternelle, 1904, p. 156.
3. Péj. Se livrer à des opérations financières malhonnêtes; trafiquer :
8. Pourtant, d'assez gros bénéfices s'annonçaient sur l'emprunt mexicain, (...) : un emprunt de gâchis et de primes folles, dans lequel Saccard regrettait mortellement de n'avoir pu barboter davantage, faute d'argent.
ZOLA, L'Argent, 1891, p. 176.
D.— Emplois techn.
1. CHIM. [Le suj. désigne un gaz] Passer à l'état de bulles dans un liquide en l'agitant. Faire barboter un gaz; l'air n'arrive (...) aux substances infusées qu'après avoir barboté dans l'acide (J. ROSTAND, La Genèse de la vie, 1943, p. 76).
2. ÉLEV. Prendre du barbotage. L'habitude de donner à barboter, une fois par semaine, aux chevaux échauffés et brûlés par l'avoine (L'Avranchin, 3 déc. 1876 dans LITTRÉ).
Rem. Attesté dans Lar. 19e, LITTRÉ, GUÉRIN 1892, Nouv. Lar. ill., Pt Lar. 1906.
3. MARINE
a) [En parlant d'un navire qui a vent contraire] Avancer difficilement en plongeant par l'avant.
Rem. Attesté dans la plupart des dict. généraux.
b) [En parlant d'une voile recevant mal le vent] Battre et onduler. Synon. barbeyer, ralinguer.
II.— Emploi trans.
A.— Rare, lang. gén. Tremper, plonger dans l'eau :
9. On entendait, du rez-de-chaussée au sixième, des bruits de vaisselle, des poêlons qu'on barbotait, des casseroles qu'on grattait avec des cuillers pour les récurer.
ZOLA, L'Assommoir, 1877, p. 422.
10. ... je nourris mes fourrages pour y accumuler les sucs, sachant que le cheval est avant tout herbivore, que le râtelier importe autant que la mangeoire avec ses grains, ses carottes ou fèves, et le son barboté; ...
PESQUIDOUX, Le Livre de raison, 1928, p. 203.
Rem. Pour l'ex. 10, cf. I D 2.
B.— Argot
1. Fouiller pour voler :
11. — Enfin, nous y voilà! ... cria le duc [à Eugène] (...) Avoue donc que tu lui as barboté les poches [au prince] pour reprendre des papiers que voulait le mari...
A. DAUDET, La Petite paroisse, 1895, p. 303.
2. P. ext. Voler :
12. On m'a bien ramené jusqu'au cantonnement sur une civière, mais non sans profiter de l'occasion pour me barboter mes deux sacs en toile cachou.
CÉLINE, Voyage au bout de la nuit, 1932, p. 28.
Absol. On décroche la montre et on barbote dans les tiroirs (G. GRISON, Paris horrible et Paris original, 1882, p. 38).
Rem. On rencontre dans la docum. le subst. masc. barbotis, néol. d'aut. Bruit doux produit par le gazouillement des oiseaux. Le délicat barbotis, enamouré de fraîcheur, d'un bouvreuil (PROUST, Le Temps retrouvé, 1922, p. 714).
PRONONC. ET ORTH. :[]. Pour la graph. barbotter avec 2 t, supra ex. 1.
ÉTYMOL. ET HIST.
I.— Fin XIIe-début XIIIe s. « parler entre ses dents, mal prononcer » (Job, 340, 25 dans T.-L. : Mais par ce ke nos par parfite parole nel pöons espresseir, si lo sonons, coment ke soit, solunc la maniere de nostre humaniteit, barbotant et encombreit d'enfantine floibeteit) — XVIIIe s., les dict. postérieurs ne citant que des ex. du XVIIIe s.; 1845 (BESCH. : Barboter. Ne savoir ce que l'on dit, avoir perdu le fil du discours, la liaison de ses idées, déraisonner).
II.— 1. Ca 1220 borbeter « s'agiter dans la boue » (GAUTIER COINCI, Miracles, éd. V.F. Koenig, t. 3, p. 190, v. 634 : Et bien borbete en ort borbier Qui tel borbier va borbetant); 1611 barboter (COTGR.); 1798 (Ac. : Barboter ... Marcher dans la boue humide s'y crotter); 2. arg. a) 1561 barbetter « fouiller » (Rasse des Nœuds dans ESN. : Je embye a barbetter les tires), attest. isolée; repris début XIXe s. barboter (F. VIDOCQ, Les Voleurs, p. 294); b) 1843 « dérober, voler » (Chanson dans ESN. : Tous deux en braves nous barbottions); 1865 (L. L., Goualante de la Courtile, Loos dans ROSSIGNOL, Dict. d'arg., 120 : On l'saigne [a pantre], on l'frotte ... On lui barbote tout ce qu'il a); 3. emplois techn. 1831 mar. (WILL.); 1865 chim. (LITTRÉ-ROBIN).
Orig. incertaine, I dér. de barbe1 (cf. parler dans sa barbe), suff. -eter, -oter; II variante de bourbouter « patauger » (ca 1220 G. DE COINCI, Mir. Vierge, éd. V. F. Koenig, t. 3, p. 190, v. 642 : Plongiez et emborbez sera, Toz jors com boz borboutera), peut-être dér. de bourbe (suff. -oter) soit p. infl. de barba pour la forme, soit plutôt par dissimilation (Schuchardt dans Z. rom. Philol., t. 34, p. 217), les formes du type borboter étant encore attestées dans les dial. (FEW t. 1, p. 443a); mais il est certain que très tôt les deux mots se sont mutuellement influencés pour le sens et la forme. L'hyp. proposée pour I par E. Herzog dans Z. rom. Philol., t. 33, p. 476 d'une racine onomatopéique (cf. lat. ballus) avec infl. de barbe1 p. étymol. pop. n'est pas invraisemblable. Beaucoup moins plausible est l'hyp. proposée par le même auteur pour II qui serait issu de bourbe avec infl. de barbote, poisson, lui-même dér. de barbe1. À l'hyp. de P. Marchot dans Rom. Forsch., t. 10, p. 579 selon laquelle I et II seraient issus des deux sens corresp. de l'a. fr. barbeter, le sens de « bredouiller » étant issu de celui de « fouiller dans la boue », s'oppose le fait que bourbeter « bredouiller » n'est attesté que tardivement (XIVe s. Gloss. lat.-fr., Richel, 1. 4120, f° 122 v° dans GDF. : Balbucio, bourbeteir).
STAT. — Fréq. abs. littér. :149.
BBG. — BRUANT 1901. — DUCH. 1967, § 31. — DUVAL 1959. — ESN. 1966. — FRANCE 1907. — HERZOG (E.). Zur Wortgeschichte : frz. barbote, barboter. Z. rom. Philol. 1909, t. 33, pp. 475-477. — LAMMENS 1890, p. 43. — LEW. 1960, p. 336. — LITTRÉ-ROBIN 1865. — RIGAUD (A.). Poisses d'avril. Déf. Lang. fr. 1971, n° 57, p. 20. — SAIN. Lang. par. 1920, p. 192. — WILL. 1831.

barboter [baʀbɔte] v.
ÉTYM. Fin XIIe, « marmotter »; anc. franç. barbeter, p.-ê. de bourbe. → Bourbe.
———
I V. intr. (Déb. XIIIe).
1 S'agiter, remuer dans l'eau ou dans la bourbe. || Les canards barbotent dans la mare ( Barbotière). || Une bécassine barbotait et fouillait dans la vase ( Fouiller).
Par anal. (Sujet n. de personne). || Ces enfants ne font que barboter et gargouiller dans l'eau. || Barboter dans son bain.
1 Il est allé aux bains froids (un homme de notre temps), il a contemplé ce marécage grotesque dans lequel barbotent toutes les difformités humaines.
Taine, Philosophie de l'art, t. I, p. 200.
2 Les matins pour se débarbouiller, il tirait un seau d'eau dans lequel il barbotait à la façon des vieux soldats en se frottant vaguement la barbiche.
Alain-Fournier, le Grand Meaulnes, p. 18.
3 Le colonel, enfoncé jusqu'au menton dans l'eau tiède, barbotait avec volupté (…)
Martin du Gard, les Thibault, t. VII, p. 25.
Marcher dans une eau bourbeuse. || Le jardin est inondé, on y barbote partout (Académie). Patauger.
Par métaphore. Vautrer (se).
4 Les descendants des Camille, des Brutus, barbotaient dans la fange (…)
Voltaire, Philosophie, II, 409.
5 (…) un pauvre innocent philosophe barbotant dans les ténèbres de la calamité, avec son gousset vide qui résonne sur son ventre creux.
Hugo, Notre-Dame de Paris, X, 5.
Se troubler, s'embrouiller dans ce qu'on dit, dans ce qu'on fait. Embourber (s'), empêtrer (s'), patauger. || Barboter dans ses explications.
2 Vx (jusqu'au XVIIIe). Prononcer confusément entre ses dents. Balbutier, bredouiller, marmonner, marmotter.
6 J'appelle Messes privées tant celles qui sont à cause des chants et hauts cris nommées grandes messes que celles où le prêtre seul murmure et barbotte (barbote).
Calvin, Institution de la religion chrétienne, XII, in Huguet.
6.1 — Je ne voudrais pas que vous vous méprissiez sur ce que je pense de vous. Mais je ne saurais, sans barboter… Tenez, déjà je barbote !
J. Renard, Journal, 13 févr. 1895.
REM. La graphie barbotter est rare.
7 Il dit Qu'il a crié de tout son cœur. En quoi il nous signifie qu'il n'a point seulement barboté comme font les hypocrites.
Calvin, Sermon sur le Psaume CXIX, in Huguet.
Trans. Marmonner.
8 Je mis de l'encens dans le feu, faisant semblant de barboter quelques prières.
J. Amyot, Hist. de l'Éthiopie, IV, 41, 5.
9 Grondant entre mes dents, je barbote une excuse.
Mathurin Régnier, Satires, 10.
10 Il (l'abbé de Pompadour) avait un laquais à qui il donnait tant par jour pour dire son bréviaire en sa place et qui le barbotait dans un coin des antichambres où son maître allait.
Saint-Simon, Mémoires, 284, 107.
3 Techn., chim. Se dit d'un gaz qui en s'échappant agite un liquide, qui traverse un liquide. || Faire barboter un gaz dans un appareil. Barboteur.
4 Mar. || Le navire barbote, il n'avance pas.
tableau Verbes exprimant une idée de mouvement.
———
II V. tr. (1843). Fam. Voler. || On lui a barboté son portefeuille. Chiper, faucher, piquer.
10.1 Ce fut alors la bombe, la vraie bombe dans toute l'acception du mot; pendant huit jours, les Pieds Nickelés, grâce à l'argent barboté au chand d'vin, ne dessoûlèrent pas. Ils passèrent leurs journées et leurs nuits à se trimbaler de mastroquet en mastroquet, buvant et chantant à tue-tête.
L. Forton, les Aventures des Pieds-Nickelés, in l'Épatant, 1908, p. 28.
11 Il (…) saisit une valise qu'il avait cachée sous un meuble, en retira une grande enveloppe et revint à Bernard.
— Méfie-toi qu'on te la barbote, murmura-t-il en la lui remettant.
Francis Carco, les Belles Manières, p. 39.
DÉR. Barbot, barbotage, barbote, barboteur, barboteuse, barboteux, barbotière, barbotine. — Barbotement. — V. Barbeyer.

Encyclopédie Universelle. 2012.