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boucan

1. boucan [ bukɑ̃ ] n. m.
• 1578; tupi moukem « viande fumée »
Vx Viande fumée, chez les Caraïbes. Par ext. Gril de bois dont ils se servent pour fumer la viande. boucan 2. boucan [ bukɑ̃ ] n. m.
• 1790; « lieu de débauche » 1624; p.-ê. de boucaner « faire le bouc » ou de boucan « cabane »
Fam. Grand bruit. tapage, vacarme; fam. raffut, ramdam. Faire du boucan. Un boucan de tous les diables.

boucan nom masculin (moyen français boucaner, faire le bouc) Familier. Vacarme assourdissant ; tapage : Faire du boucan.boucan (synonymes) nom masculin (moyen français boucaner, faire le bouc) Familier. Vacarme assourdissant ; tapage
Synonymes :
- barouf (populaire)
- bousin (vieux)
- chahut (familier)
- foin (populaire)
- pétard (familier)
- potin (familier)
- raffut (familier)
- ramdam (populaire)
- tapage
- tintamarre
- vacarme
Contraires :
- silence
boucan nom masculin (tupi mokaém, gril de bois) Viande séchée à la fumée, chez les Caraïbes. Gril de bois qui sert à cet usage.

boucan
n. m. (oc. Indien) Hutte, cabane rudimentaire.
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boucan
n. m.
d1./d Grand feu de bois ou d'herbes séchées.
d2./d (Antilles fr., Haïti, Québec) Viande fumée.
Par ext. Gril pour fumer la viande.
d3./d (Nouv.-Cal.) Poison; mauvais sort.
————————
boucan
n. m. Fam. Tapage. Faire du boucan.

I.
⇒BOUCAN1, subst. masc.
A.— Gril de bois sur lequel les habitants de l'Amérique et des îles Caraïbes fumaient les viandes ou les poissons.
Rem. Attesté dans la plupart des dict. généraux.
Claie à boucan. Claie sur laquelle on préparait la cassave :
... l'Amazonien continuera à se livrer paisiblement, comme s'il n'avait pas remarqué votre présence, à ses occupations de toujours : bouter le feu, manier les pieux et le bâton, (...) aller s'accroupir au milieu de ses calebasses (...) devant son four à manioc ou sa claie à boucan.
CENDRARS, Le Lotissement du ciel, 1949, p. 65.
♦ Lieu où se pratiquait cette opération.
Rem. Attesté dans la plupart des dict. gén. du XIXe siècle.
Emploi adj. Bois boucan. Bois vieux, vermoulu, servant à cette opération (cf. BESCH. 1845; attesté aussi dans Ac. Compl. 1842, Lar. 19e-20e).
B.— P. méton. Viande ou poisson fumés sur les grils de même nom. Se répand une odeur de graisses consumées/ De chair qui brûle et de boucan (A. POMMIER, Colères, 1844, p. 92).
Rem. Attesté dans les dict. depuis DG.
En partic., ART CULIN. Boucan de tortue. ,,Préparation que l'on fait subir à la tortue pour l'assaisonner et la faire cuire en forme de pâté`` (BESCH. 1845).
Rem. Attesté dans la plupart des dict. gén. du XIXe siècle.
PRONONC. :[].
ÉTYMOL. ET HIST. — 1. 1578 « gril sur lequel les Indiens d'Amérique fumaient la viande » (J. DE LÉRY, Hist. d'un Voy. fait en la terre du Bresil, autrement dite Ammerique, p. 153 dans KÖNIG, p. 32 : une grande grille de bois laquelle en leur langage ils appellent Boucan); 2. 1666 (R. BRETON, Dict. Fr.-Caraïbe, p. 48, ibid., p. 33 : Boucan, ce mot se prend pour une cabine de mahot sur laquelle on se couche, ou pour un gril de bois des Sauuages); 3. 1722 « sorte de pâté de tortue cuit sous la braise » (LABAT, Nouveau Voyage aux Isles de l'Amerique, II, pp. 434-435 dans FRIED. : un boucan de tortuë).
1 et 2 empr. au tupi mokaém « gril de bois » (Friederici dans Z. fr. Spr. Lit., t. 54, pp. 177-180; KÖNIG, pp. 32-34; FRIED, s.v. boucan); dans cette lang. les sons m, mb et p alternent en position initiale, et la 2e syll. du mot se prononce de façon fortement nasalisée (v. FEW t. 20, pp. 72-73). 3 est prob. un dér. régr. de boucaner1.
BBG. — FRIEDERICI (G.). Die Lehnwörter aus dem Tupi. Z. fr. Spr. 1930/31, t. 54, pp. 177-178. — KÖNIG 1939, pp. 32-34.
II.
⇒BOUCAN2, subst. masc.
A.— Vx. Lieu de débauche.
Rem. Attesté dans la plupart des dict. généraux.
P. ext. Débauche de table. Avec moi, c'est le verre jamais vide, c'est le boucan perpétuel, c'est la bombance à tour de mâchoires (HUYSMANS, Marthe, 1876, p. 96).
B.— Pop. Bruit assourdissant. Faire du boucan; un boucan formidable, un boucan du diable, de tous les diables :
1. Tout le canard fut secoué par ses mitrailleuses tirant à la fois. Dix secondes, il y eut un boucan d'enfer, le petit bruit du bois qui éclate sous les balles ennemies, et un réseau de balles traçantes.
MALRAUX, L'Espoir, 1937, p. 822.
En partic. Désordre, agitation bruyante :
2. Nous faisons dans les assemblées un boucan d'enfer; l'un de nous imite le cornet à bouquin, l'autre le fifre. On sort, les gens paisibles crient au scandale; alors nous faisons chorus avec eux, nous levons les bras au ciel.
RENAN, Drames philos., L'Eau de Jouvence, 1881, p. 453.
Arg. ,,Verte semonce`` (H. COULABIN, Dict. des loc. pop. du bon pays de Rennes en Bretagne, 1891). Je suis rentré tard, madame m'a donné un boucan (H. COULABIN, Dict. des loc. pop. du bon pays de Rennes en Bretagne, 1891).
Rem. On rencontre dans la docum. la forme boucane « vacarme ». Plus de clink clank de tramway, pus de grosses limousines te crachant au nez comme si t'avais la peste, pus de boucane, pus rien (G. ROY, Bonheur d'occasion, 1945, p. 378).
PRONONC. :[].
ÉTYMOL. ET HIST. — 1. Ca 1624 « lieu de débauche » (Les Ramonneurs, p. 37 dans QUEM.); 2. 1797 « vacarme » (RESTIF DE LA BRETONNE, Monsieur Nicolas, éd. de 1959, t. 3, p. 659, ibid.). Prob. déverbal de boucaner « imiter, faire le bouc », mot attesté de 1549 (EST.) à 1663 (DUEZ, Dict. fr.-all.-lat. dans GDF. Compl.) qui eut également, de 1701 (FUR.) à 1771 (Trév.) le sens de « fréquenter les mauvais lieux », lui-même dér. de bouc peut-être par l'intermédiaire d'un dial. boucan « bouc » (attesté à Montluçon dans l'Allier, le Puy-de-Dôme, la Creuse, d'apr. FEW t. 1, p. 587, s.v. bucco-). Cette étymol., proposée par FEW t. 14, p. 640, s.v. , et BL.-W.5, est la plus vraisemblable, le bouc étant souvent pris comme symbole de la débauche. Une évolution sém. à l'intérieur du fr. à partir de boucan1 « gril à fumer la viande » par l'intermédiaire de boucan « cabane » (EWFS2) ne tient pas compte du verbe boucaner « faire le bouc ». Il en est de même pour l'hyp. de M. Piron dans Romanica Gandensia, t. 4, pp. 208-218, qui fait remonter boucan au lat. Vulcanus, par l'intermédiaire d'un a. fr. boucan « enfer » dont l'existence n'est pas confirmée par les textes, qui serait empr. à l'ital. Bulcano, forme semi-pop. de Vulcano, nom d'un volcan des îles Lipari.
STAT. — Fréq. abs. littér. :50.
BBG. — GOUG. Lang. pop. 1929, p. 174. — HOPE 1971, p. 278. — PIRON (M.). Autour de l'hist. de volcan. Mfr. vulcan, fr. boucan. Romanica Gandensia. 1955, t. 4, pp. 208-218. — SAIN. Lang. par. 1920, p. 12, 48, 379. STORM (G.). Manipoletto d'étymologie ... baccáno ... Archivio glottologico italiano. 1878, t. 4, pp. 387-388 [Cr. PARIS (G.). Romania. 1880, t. 9, p. 624].

1. boucan [bukɑ̃] n. m.
ÉTYM. 1578; du tupi « gril à viande ».
1 Gril de bois pour fumer la viande, aux Caraïbes. Barbecue (angl.). || Claie à boucan : claie pour préparer la viande grillée.REM. Le mot, rare et didactique en France, s'emploie normalement dans le français des Antilles.
0 Et moi, enfant, j'accompagne les femmes, je me roule sur le sable, je pêche sous les roches mon écrevisse du jour, que j'irai brûler sur un petit boucan, dans la savane.
E. Glissant, la Lézarde, in Pages africaines, I.
Appos. || Bois boucan : bois pour fumer la viande; bois inutilisable pour d'autres usages.
2 Vx. Viande, poisson fumé sur le boucan. Boucané.(1722). Culin. || Boucan de tortue : plat de viande de tortue cuite sous la braise.
3 (1666). Vx. Cabane (où l'on boucanait la viande).
DÉR. 1. Boucaner, boucanier.
HOM. 2. Boucan.
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2. boucan [bukɑ̃] n. m.
ÉTYM. V. 1624; orig. incert.; p.-ê. de 2. boucaner, au sens anc. de « faire le bouc » ou de 1. boucan, au sens 3 « cabane ».
1 Vx. Lieu de débauche (→ Boucanière).
2 (1790, in D. D. L.). a Vieilli. Désordre bruyant.
1 Dites donc, les mômes, qu'est-ce qu'il vous faudrait donc pour vous faire rire, si c'est pas rigolo qu'un honnête homme doive faire du boucan, du dégât ou un vol pour se procurer un abri ?
Louise Michel, la Misère, t. I, p. 108.
b Mod. Grand bruit. Tapage, vacarme. || Faire du boucan. || Un boucan de tous les diables. Bordel (fam.). || Quel boucan ! || Arrêtez ce boucan !
2 (…) Gaëtan, laissant échapper un plat de ses doigts indolents (…) déchaînait dans la salle un boucan du tonnerre de Dieu (…)
Émile Henriot, le Diable à l'hôtel, III, p. 30.
3 Enivrés par la perspective du départ, les chiens font un boucan du diable.
Jean-Yves Soucy, Un dieu chasseur, p. 80.
HOM. 1. Boucan.

Encyclopédie Universelle. 2012.