tapage [ tapaʒ ] n. m.
• 1695; de 2. taper
1 ♦ Bruit violent, confus, désordonné produit par un groupe de personnes. ⇒ raffut, ramdam, vacarme. Un tapage effroyable, infernal. « Au commencement de la classe, il se faisait un grand tapage » (A. Daudet). — Dr. Tapage injurieux, tapage nocturne, consistant à troubler la tranquillité des habitants en faisant du bruit, notamment la nuit, sans motif légitime. « Noll avait été arrêté pour de mauvaises raisons, une histoire de tapage nocturne et de cris séditieux » (Aragon).
2 ♦ (1764) Fig. ⇒ éclat, esclandre, scandale. « Le discours de réception de La Bruyère, qui fit bruit et même tapage » (Sainte-Beuve). On a fait beaucoup de tapage autour de ce divorce. ⇒ publicité.
♢ Littér. Éclat, contraste violent de couleurs (⇒ tapageur). « un tapage de toilettes claires, bleues et roses » (Zola).
⊗ CONTR. Silence.
● tapage nom masculin (de taper) Bruit confus accompagné généralement de criailleries, de querelles : Tapage nocturne. Grand bruit fait autour de quelque chose, publicité tapageuse, scandale. ● tapage (synonymes) nom masculin (de taper) Bruit confus accompagné généralement de criailleries, de querelles
Synonymes :
- boucan (familier)
- chahut (familier)
- raffut (familier)
- ramdam (populaire)
- tintouin (familier)
- tumulte
- vacarme
tapage
n. m.
d1./d Bruit accompagné de désordre. Tapage nocturne.
d2./d Grand retentissement que connaît une affaire; éclat, scandale. La nouvelle a fait du tapage.
⇒TAPAGE, subst. masc.
[Corresp. à taper1]
A. — 1. Résultat de l'action de taper.
a) Bruit produit en tapant quelque chose sur quelque chose. Le tapage rythmique du lourd maillet qui décortique le riz (CLAUDEL, Poés. div., 1952, p. 739).
b) [Corresp. à taper1 II B] Bruit produit par quelque chose qui tape. Il se tut un instant, sa voix se perdant dans le tapage abominable d'une charrette chargée de fer qui longeait le quai (ZOLA, E. Rougon, 1876, p. 202). À l'ouest, l'horizon, que la poussière rend indiscernable, est bouché par un tapage incessant de mitrailleuses (MONTHERL., Songe, 1922, p. 122).
2. P. ext. Bruit violent, discordant et désordonné, provenant de sources diverses et fait généralement par un groupe de personnes. Synon. boucan2 (pop.), chahut, charivari, tintamarre, vacarme. Tapage effroyable, terrible; un tapage de cris et de coups; mener un beau tapage; faire du tapage. Aussitôt que l'angélus sonne, il est censé qu'il fait nuit. Au dernier coup de cloche, toutes ces femmes se déshabillent et entrent dans l'eau. Alors ce sont des cris, des rires, un tapage infernal. Du haut du quai, les hommes contemplent les baigneuses, écarquillent les yeux (MÉRIMÉE, Carmen, 1845, p. 18):
• 1. Elle vint se poser à l'avant-scène, mais, avant qu'elle eût commencé à chanter, les sifflets partirent de tous les coins de la salle. Le chef d'orchestre abaissa néanmoins son bâton, et elle chanta. Aussitôt le tapage redoubla. Il y eut des cris d'animaux, et, finalement, une grêle de pommes s'abattit sur la chanteuse.
GYP, Souv. pte fille, 1928, p. 55.
♦ P. anal. [À propos d'un bruit fait par des animaux] Les chevaux poussaient de longs hennissements et faisaient un tapage affreux (STENDHAL, Chartreuse, 1839, p. 68). [Les geais] ayant avisé un écureuil sautant de branche en branche, s'acharnaient à le poursuivre. Ils voletaient autour de lui, s'approchaient à le toucher de l'aile, sans l'oser cependant, et menaient un tapage assourdissant (PESQUIDOUX, Chez nous, 1923, p. 243).
— DR. Tapage injurieux ou nocturne (usuel). ,,Contravention consistant à troubler la tranquillité des habitants en faisant du bruit, sans motif légitime, la nuit ou même le jour, à la condition, si le bruit est fait le jour, qu'il soit fait en vue d'énerver celui ou ceux qui sont appelés à l'entendre`` (CAP. 1936). À onze heures, Cornoiller doit se trouver à ma porte avec le berlingot de Froidfond. Écoute-le venir afin de l'empêcher de cogner, et dis-lui d'entrer tout bellement. Les lois de police défendent le tapage nocturne (BALZAC, E. Grandet, 1834, p. 146). On appela d'abord quelques affaires de minime importance, rixes au jeu de boules, ivresse et tapage nocturne (THARAUD, Fête arabe, 1912, p. 141).
3. Au fig.
a) Retentissement, éclat qu'a une affaire, un fait ou une nouvelle. Synon. esclandre, scandale. Éviter le tapage; provoquer du tapage. Chacun peut se figurer le tapage produit dans le Sancerrois par le mariage insensé de monsieur de La Baudraye (BALZAC, Muse départ., 1844, p. 61).
♦ Mener (grand) tapage. Les journaux ne lui apprirent pas grand-chose. Les feuilles de droite menaient tapage autour des manifestations faites par la Ligue des Patriotes devant la statue de Strasbourg (MARTIN DU G., Thib., Été 14, 1936, p. 377). Le salon officiel a mené cette année grand tapage autour de ses héros (LHOTE, Peint. d'abord, 1942, p. 152).
b) Exubérance exagérée et désordonnée qui se remarque. Une passion toujours jeune et ardente, que le tapage d'une existence de luxe ne ferait qu'aviver (REIDER, Mlle Vallantin, 1862, p. 93). Elle arrivait dans son landau, au retour du bois, avec des toilettes dont le tapage ameutait la rue solitaire (ZOLA, Nana, 1880, p. 1359).
c) Littér. Dans un tableau, contraste violent (de couleurs, de tons, de formes, de mouvements). Cette toile vaut mieux que les peintures de ce faquin de Rubens avec ses montagnes de viandes flamandes, saupoudrées de vermillon, ses ondées de chevelures rousses, et son tapage de couleurs (BALZAC, Chef-d'œuvre, 1831, p. 11). Point de grands tapages de rouges, de verts, et de bleus [dans la manière de Velasquez] (GAUTIER, Guide Louvre, 1872, p. 278).
B. — Fam. Fait d'emprunter de l'argent à quelqu'un, de le taper. Et puis d'abord, voudrait-elle me recevoir? Irais-je la taper de cinquante ou bien de cent dollars pour commencer? (...) Et puis, si je réussissais dans cette première entreprise de tapage, je me mettrais d'emblée à la recherche de Robinson (CÉLINE, Voyage, 1932, p. 256):
• 2. Le plus simple, évidemment, serait de (...) pratiquer le tapage... Oh! ne t'arrête pas à l'ignominie de ce mot: il a été forgé dans une autre classe de la société, où le tapage se pratique aussi, mais sans la distinction, sans la grâce, enfin sans le je ne sais quoi qu'y peuvent mettre des gens entraînés de père en fils et depuis deux cents ans à... recevoir...
HERMANT, M. de Courpière, 1907, I, 10, p. 9.
Prononc. et Orth.:[]. Att. ds Ac. dep. 1740. Étymol. et Hist. 1. a) 1695 « tumulte, désordre accompagné d'un grand bruit » faire tapage (GHERARDI, Retour de la foire de Bezons, sc. dern., Th. Ital., VI, 163 ds BRUNOT t. 4, p. 507); b) en partic. av. 1778 « grand bruit provoqué par des gens qui crient, se disputent, etc. » (VOLT., Lett. en vers et en proses, 6 ds LITTRÉ); 1834 tapage nocturne (BALZAC, loc. cit.); 2. 1764 « retentissement qu'a une affaire; une nouvelle dans le public » (VOLTAIRE, Corresp., XI, 5608, 2 avril ds Œuvres compl., Paris, Garnier, t. 43, p. 175); 3. 1803 peint. (LAHARPE, Lycée, XIII, p. 156 ds BRUNOT t. 6, p. 788, note 8 [déjà Mirabeau à propos des poésies de Lefranc de Pompignan avait écrit: ,,ce « tapage de vives couleurs »``, ibid.]); 4. 1832 « bruit produit en frappant » le tapage de nos galoches (BALZAC, L. Lambert, p. 31); 5. 1878 fam. « emprunt » (RIGAUD, Dict. jargon paris., p. 359). Dér. de taper1; suff. -age. Fréq. abs. littér.:608. Fréq. rel. littér.: XIXe s.: a) 483, b) 1 841; XXe s.: a) 1 321, b) 391.
DÉR. Tapager, verbe intrans., rare. Faire du tapage. Tout le pays était endormi, pas une lumière ne se voyait. Il n'y avait que cette noce d'éveillée et qui tapageait de son mieux (BALZAC, Paysans, 1850, p. 377). [Les députés] font battre leurs pupitres; ils se lèvent, tapagent avec des mouvements simiesques, ils se pressent debout dans le bas de l'hémicycle (BARRÈS, Cahiers, t. 5, 1907, p. 159). — [], (il) tapage [-]. — 1re attest. (J.-J. VADÉ, Œuvres posth., p. 27); de tapage, dés. -er.
BBG. — GOHIN 1903, p. 368. — QUEM. DDL t. 33.
tapage [tapaʒ] n. m.
ÉTYM. 1695; de 1. taper.
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1 Bruit violent et confus, désordonné (fait par un groupe de personnes). ⇒ Bacchanal (vx), barouf, bastringue, bazar, bordel, (fig.), boucan, bousin, bousingot (vx), chahut, chambard, charivari, cri, foin, pétard, potin, raffut, ramdam, sabbat, sérénade, tintamarre, train (I., B.), vacarme. || Des gens qui font du tapage; entendre du tapage chez qqn (→ Renom, cit. 2). || Un beau tapage, un tapage effroyable (→ Fumée, cit. 1), infernal, à fendre la tête (→ Remuer, cit. 12). || Au commencement de la classe (cit. 14) il se faisait un grand tapage. ⇒ Brouhaha. — Le tapage des oiseaux, leurs cris aigus et désordonnés (→ Goéland, cit. 3; jacassement, cit. 1).
1 — Monsieur, tous les voisins sont aux fenêtres et se plaignent du tapage.
Balzac, la Peau de chagrin, Pl., t. IX, p. 72.
2 C'était maintenant un tapage gai de casseroles et de vaisselle, les deux ménagères s'occupant au fond de leur cuisine, Claire à soigner un ragoût de mouton, Sophie à éplucher une salade.
Zola, la Bête humaine, I.
♦ Dr. || Tapage injurieux ou (cour.) tapage nocturne : « contravention consistant à troubler la tranquillité des habitants en faisant du bruit, sans motif légitime, la nuit ou même le jour, à la condition, si le bruit est fait de jour, qu'il soit fait en vue d'énerver celui ou ceux qui sont appelés à l'entendre… » (Capitant).
3 Je me souviens qu'un jour mon ami Noll avait été arrêté pour de mauvaises raisons, une histoire de tapage nocturne et de cris séditieux (…)
Aragon, le Paysan de Paris, p. 24.
2 (1695). Vieilli ou littér. ⇒ Bruit (fig.), désordre, éclat, esclandre, pet, scandale. || Le discours de réception de La Bruyère, « qui fit bruit et même tapage » (→ Récipiendaire, cit. 1). || Mener (cit. 33) tapage, grand tapage. || L'affaire ne fera aucun tapage (→ Étouffer, cit. 40). || Éviter le tapage (→ Pannerée, cit. 2).
4 (…) cinq voitures parurent à la file, pleines à rompre les essieux, égayées par un tapage de toilettes claires, bleues et roses.
Zola, Nana, VI.
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CONTR. Silence.
DÉR. Tapager, tapageur.
Encyclopédie Universelle. 2012.