bramer [ brame ] v. intr. <conjug. : 1>
• 1528; a. provenç. bramar « mugir, braire », germ. °brammon
1 ♦ Pousser un cri prolongé, en parlant des cervidés. ⇒ raire.
2 ♦ Fig. Crier fort, ou sur un ton de lamentation. ⇒ brailler, se lamenter.
● bramer verbe intransitif (ancien provençal bramar, chanter, du gotique bramon) Crier, en parlant du cerf, du daim ou d'autres cervidés, à l'époque du rut. (Se dit du cri prolongé ; pour le cri bref, on emploie raire ou réer.) Littéraire. S'exprimer sur le ton de la plainte. Populaire. Crier, pleurer fort, brailler. ● bramer (synonymes) verbe intransitif (ancien provençal bramar, chanter, du gotique bramon) Populaire. Crier, pleurer fort, brailler.
Synonymes :
- beugler
- brailler
- gueuler (populaire)
- huler
- vociférer
● bramer
verbe transitif
Populaire. Chanter une chanson à tue-tête.
bramer
v. intr. Crier, en parlant du cerf et du daim.
|| Fig., Fam. Brailler, se lamenter bruyamment.
⇒BRAMER, verbe intrans.
A.— [En parlant de certains animaux, en partic. du cerf au temps des amours] Pousser des cris :
• 1. Au fond des bois, les rossignols jetaient des rires perlés de volupté, les cerfs bramaient, ivres d'une telle concupiscence, qu'ils expiraient de lassitude à côté des femelles presque éventrées.
ZOLA, La Faute de l'Abbé Mouret, 1875, p. 1408.
♦ Bramer vers :
• 2. Comme le cerf, selon le psalmiste, brame vers les sources des eaux vives, ainsi la conscience assoiffée soupire vers l'absent incognito dont nul ne sait le nom.
JANKÉLÉVITCH, Le Je-ne-sais-quoi et le presque-rien, 1957, p. 66.
— P. compar. Bramer comme un cerf, comme un taureau.
— P. anal. La mer, le vent qui brame.
B.— P. métaph., péj. [En parlant de pers.] Crier, brailler. Mais, soudain, il brame à nouveau : — encore, un qui fume! Sacré bordel! (BARBUSSE, Le Feu, 1916, p. 336).
Rem. Attesté dans Ac. Compl. 1842 et Lar. 19e qui le donnent comme ,,vieilli`` et utilisé encore en Provence.
— Au fig. Désirer. Bramer pour, vers qqn :
• 3. ... je n'ai jamais (pour autant qu'il m'en souvienne) bramé pour personne. Ceci a besoin d'explication : j'ai vu, durant ma longue vie, quantité d'êtres épris pour telle personne de l'un ou de l'autre sexe, qu'il suffisait de voir un instant pour être forcé de penser : voici qui ne peut donner que du drame : rien à attendre, rien à espérer : aucune réciprocité n'est possible.
GIDE, Ainsi soit-il, 1951, p. 1241.
♦ Bramer vers la santé, la solitude :
• 4. — Adieu! Avec rien de ce qui est vivant, je ne veux plus de communauté. Pas plus qu'une licorne vierge, je ne supporterai le poids de la main. Mais je brame vers la tranquillité! Même je crierais, s'il convenait à la gravité virile de se relâcher jusqu'à une expansion indécente.
CLAUDEL, La Ville, 1re version, 1893, p. 379.
PRONONC. ET ORTH. :[] ou [-]. PASSY 1914, DUB. (cf. aussi LAND. 1834, GATTEL 1841, FÉL. 1851 et DG) transcrivent la 1re syll. par [a] ant.; Pt ROB., Pt Lar. 1968 (cf. aussi LITTRÉ) la transcrivent avec [] post. WARN. 1968 admet [] ou [a]. On trouve la graph. brâmer (cf. dans G. D'ESPARBÈS, La Folie de l'épée, 1927, p. 198 : ,,Les femmes brâmaient d'amour vers l'émir, de haine contre le caïd``; dans G. COLLINET, Recueil des régionalismes de haute-montagne, 1925 : ,,Une vache brâme lorsqu'elle beugle fortement``). Pour la forme braimer, cf. J. RICHEPIN, Mes paradis, 1894, p. 93 : ,,Ne pleure pas en cerf qui braime``. Et pour la forme brêmer, cf. A. BRUANT, Dict. fr.-arg., 1905, p. 283, et FRANCE 1907.
ÉTYMOL. ET HIST. — 1528 [d'apr. FEW t. 15, 1, p. 241a] « pousser le cri propre à son espèce (du cerf) » (Marot dans Lar. 19e) ,,Il n'est pas même si usité, quand il se dit du cerf, que Rêre`` note Trév. 1704; 1534 « id. (d'une vache) » (RABELAIS, Gargantua, éd. Marty-Laveaux, t. 1, p. 72); 1534 « id. (d'une pers.) » (Ibid., p. 29) — 1660, OUDIN Esp.-Fr. s.v. bramar; repris en 1808, BOISTE.
Terme bien vivant seulement en occitan, en franco-prov. et dans le domaine bourg.; parvenu dans le fr. du Nord seulement au XVIe s., prob. grâce à des aut. tels que Cl. Marot, Rabelais, d'Aubigné, largement influencés par la lang. occitane. Empr. à l'a. prov. bramar « chanter (en parlant d'un homme) » (XIIe s. dans Carl APPEL, Provenzalische Chrestomathie, Leipzig, 1895, p. 52, n° 12, 5e strophe), « braire (de l'âne) », « chanter (du rossignol) » (id. dans RAYN.), « crier » (1432 dans PANSIER t. 3), « désirer ardemment » (Pt LEVY), lui-même issu du got. bra(m)mon (EWFS2; GAM. Rom.1 t. 1, pp. 366-367) corresp. au germ. brammôn à rapprocher du m. b. all. brammen, formations apophoniques p. rapp. au m. h. all. brummen [all. mod. brummen « gronder »]. Étant donnée l'aire géogr. du mot dans la Romania, il semble préférable de faire dériver ses représentants du got. que du germ. (hyp. de BRÜCH, p. 63; REW3, n° 1270; FEW t. 15, 1, p. 240; DAUZAT 1968).
STAT. — Fréq. abs. littér. :81.
BBG. — BRÜCH 1913, p. 64. — GOLDSCHMIDT (M.). Allerlei Beiträge zu einem germanoromanischen Wörterbuch. In : [Mél. Tobler (A.)]. Halle, 1895, p. 164. — SAIN. Sources t. 2 1972 [1925], p. 66, 68, 284, 294; t. 3 1972 [1930], p. 444.
bramer [bʀɑme] v. intr.
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1 (En parlant du cerf). Pousser son cri. || La biche brame. || Les cerfs se mirent à bramer.
1 Le faon, tout de suite, fut tué. Alors sa mère, en regardant le ciel, brama d'une voix profonde, déchirante, humaine.
Flaubert, Trois contes, « La légende de saint Julien l'Hospitalier ».
2 (Sujet n. de personne). Fig. et fam. Crier, chanter fort. ⇒ Beugler, brailler, lamenter (se), pleurer. || Bramer comme un veau. — Bramer après, vers qqn, qqch., soupirer fortement.
2 Ah ! Je brame après cette santé, cet équilibre heureux (…)
Gide, Journal, 1918.
3 — Vous me feriez sortir de mon sang-froid, cria Cadet Blanchet en bramant comme un taureau.
G. Sand, François le Champi, IX, p. 78.
♦ Par métonymie :
4 — Non mais, brama le téléphone, qu'est-ce qu'i faut pas entendre. T't'déranger toi ? qu'est-ce que tu pourrais branler d'important ?
R. Queneau, Zazie dans le métro, Folio, p. 138.
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bramant, ante p. prés. et adj.
♦ Qui brame.
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DÉR. 2. Brame, bramée.
Encyclopédie Universelle. 2012.