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caillou

caillou [ kaju ] n. m.
XIIIe forme normanno-picarde; p.-ê. du gaul. °caljavo, rad. °caljo- « pierre »
1Fragment de pierre, de roche, de petite ou moyenne dimension. pierre, région. roche; gravier. Casser des cailloux, pour l'entretien des routes. Fam., vieilli Être condamné à casser des cailloux, aux travaux forcés. Cailloux de ballast, d'empierrement ( cailloutis, rudération ) . Les cailloux du chemin. Tas de cailloux. Cailloux roulés, arrondis par l'érosion des eaux. ⇒ galet. Cailloux polis et striés, entraînés par les glaciers. — Fam. Du caillou : de la roche. ⇒ caillasse, rocaille. Mar. Rocher, petite île mal signalés. Spécialt Le Caillou : la Nouvelle-Calédonie.
2(1723) Fragment de cristal de roche, de quartz, employé en joaillerie. Cailloux du Rhin. Caillou d'Égypte : jaspe figuré. — Fam. Pierre précieuse, diamant.
3Fig. Avoir un cœur de caillou, le cœur dur comme un caillou, insensible. ⇒ pierre.
4Fam. Crâne. « ses cheveux tombent, [...] on lui voit le caillou » (Colette). N'avoir pas un poil sur le caillou : être chauve.

caillou, cailloux nom masculin (gaulois caljo, pierre) Pierre quelconque de petite dimension, le plus souvent assez dure, qui a pu être façonnée par les glaciers (caillou poli, strié), le vent (caillou à facettes), les eaux (caillou roulé). Fragment de cristal de roche, etc., susceptible d'être poli : Caillou du Rhin. Familier. Diamant, pierre précieuse. ● caillou, cailloux (difficultés) nom masculin (gaulois caljo, pierre) Orthographe Plur. : des cailloux (avec un x), comme des bijoux, des choux, des genoux, des hiboux, des joujoux, des poux. ● caillou, cailloux (expressions) nom masculin (gaulois caljo, pierre) Familier. Le Caillou, la Nouvelle-Calédonie. Familier. Ne pas avoir un poil, un cheveu sur le caillou, être chauve. ● caillou, cailloux (synonymes) nom masculin (gaulois caljo, pierre) Pierre quelconque de petite dimension, le plus souvent assez dure...
Synonymes :
- caillasse
- galet
- gravier
- palet

caillou, plur cailloux
n. m. (et adj.)
rI./r n. m.
d1./d Pierre petite ou moyenne; débris de roche. Les cailloux du chemin.
d2./d Fragment de cristal de roche travaillé pour la joaillerie.
d3./d Fam. Crâne. Il n'a plus un seul cheveu sur le caillou.
rII./r n. m. et adj.
d1./d n. m. (Nouv.-Cal.) Fam. Personne au physique harmonieux. C'est un beau caillou!
d2./d adj. (inv. en genre) (Djibouti) Se dit d'une personne de peu d'intelligence, d'un benêt. Syn. dur (sens I, 3).

⇒CAILLOU, subst. masc.
A.— Morceau de pierre de petite ou moyenne dimension, dure, de couleurs variées. Je me soucie de la pierre philosophale comme d'un caillou (HUGO, Notre-Dame de Paris, 1832, p. 305) :
1. — Hum! fit Agostin, quelquefois les voyageurs mettent des cailloux dans leurs bagages pour se créer de la considération auprès des hôteliers; cela s'est vu.
T. GAUTIER, Le Capitaine Fracasse, 1863, p. 71.
2. Le galet n'est pas une chose facile à bien définir. Si l'on se contente d'une simple description l'on peut dire d'abord que c'est une forme ou un état de la pierre entre le rocher et le caillou.
PONGE, Le Parti pris des choses, 1942, p. 74.
SYNT. Caillou gélivé. Caillou éclaté par le gel. Caillou roulé. Caillou de forme arrondie, usé par l'action des eaux. Caillou impressionné, poli, strié, à facettes.
P. ext.
a) CÉRAM. Dans les arts céramiques on donne au feldspath le nom de caillou (Ch.-A. WURTZ, Dict. de chim. pure et appliquée, t. 2, 2e vol., 1876, p. 1158). CHIM. Liqueur des cailloux. Solution de silicate de potassium employée comme vernis.
b) JOAILL. Cristal de roche roulé. Caillou d'Égypte, de Rennes, du Rhin :
3. Il se fait confier une rivière en diamants... il la rend. Mais... les cailloux du Brésil sont devenus des cailloux du Rhin.
HOGIER-GRISON, Les Hommes de proie, Le Monde où l'on vole, 1887, p. 264.
c) MAR. Écueil rocheux en général mal signalé :
4. Avec un petit caillou situé à 200 mètres dans le nord-est, connu sous le nom de Hazelwood, dont la tête se montre soit dans le creux de deux lames, soit couronnée de brisants, Rockall est tout ce qui émerge d'une grande terre disparue.
J.-B. CHARCOT, La Mer du Groënland, 1929, p. 80.
B.— P. anal. ou p. métaph.
1. Pop. Tête, en particulier crâne chauve. As-tu remarqué seulement que ses cheveux tombent, à Cholet, et qu'on lui voit le caillou (COLETTE, La Maison de Claudine, 1922, p. 30).
2. [Le caillou comme symbole]
a) [de corps inanimé] Dormir comme un caillou. Je dors comme un caillou, je mange comme un ogre et je bois comme une éponge (FLAUBERT, Correspondance, 1858, p. 258).
b) Péjoratif
[d'obstacle, d'ennui] Le chemin de la vie est semé de cailloux.
[de dureté morale] Loc. Avoir un caillou à la place du cœur (cf. avoir un cœur de pierre). Être insensible.
c) [de faveur du sort] Mélioratif, loc. Marquer (un jour, un événement) d'un caillou blanc (cf. blanc I B 1 c). Considérer un jour, un événement comme un jour, un événement particulièrement favorable. Il me traita d'excellence, dit qu'il marquerait ce jour d'un caillou blanc et me fit asseoir (A. FRANCE, Le Crime de Sylvestre Bonnard, 1881, p. 316).
Prononc. et Orth. :[kaju]. 1re syll. indiquée longue ds FÉR. 1768, FÉR. Crit. t. 1 1787, LAND. 1834. Ds Ac. 1694-1932. Fait partie des 7 mots en -ou qui prennent un x au plur. au lieu d'un s : bijou, caillou, chou, genou, hibou, joujou et pou. Étymol. et Hist. 1. 2e moitié XIe s. judéo-fr. chailos (Gloses fr. ds les Commentaires Talmudiques de Raschi, éd. A. Darmesteter et D.S. Blondheim, Bibl. de l'École des Hautes Études, fasc. 254, 1929, p. 22, 179); fin XIIe s. chaillous (B. DE STE MAURE, Ducs Normandie, éd. Carin Fahlin, 20732); ca 1275 [et non XIe s. ou 1174] caillou (J. DE MEUNG, Rose, 16739 ds T.-L.); 2. a) 1723 joaill. (J. SAVARY DES BRUSLONS, Dict. universel de comm., Paris); b) 1762 caillou d'Égypte (Ac.); c) 1783-88 géol. cailloux roulés (BUFFON, Hist. nat., t. 4, p. 14). Du gaul. caljo- « pierre » par l'intermédiaire d'un dér. caljávo- « caillouteux, pierreux », lui-même formé de la base cal-, qui est à l'orig. du lat. callum « cal, durillon » et est représentée dans de nombreux noms de lieux (par ex. Chelles — Seine-et-Marne — et Caille — Alpes-Maritimes —; v. L. F. FLUTRE, Recherches sur les éléments prégaulois dans la topon. de la Lozère, Paris, Belles-Lettres, 1957, pp. 57-64 et DAUZAT Topon., pp. 81-102, qui suppose que cette finale est pré-celtique), et des suff. -yo et -ávo (ce dernier à rapprocher du suff. -ávu des topon. d'oïl en -ou du type Andecavu > Anjou, v. A. Thomas ds Romania, t. 31, 1902, pp. 1-6 et surtout Meyer-Lübke ds Sitzungsberichte der kaiserlichen Akademie der Wissenschaften, Philosophisch-Historische Classe, t. 143, II, 55). La forme normanno-pic. caillou a supplanté la forme francienne chaillou, ainsi que le m. fr. chail (1470, Vasles Arch. Vienne ds GDF.), directement issu de caljo, et ses dér. c(h)aillo(t) et c(h)aillel (région.) (v. T.-L. et GDF. Compl.). Fréq. abs. littér. :1 512. Fréq. rel. littér. :XIXe s. : a) 1 485, b) 2 889; XXe s. : a) 2 424, b) 2 156. Bbg. GOUG. Lang. pop. 1929, p. 60. — GOUG. Mots t. 1 1962, p. 65. — THOMAS (A.). Probl. étymol. Romania. 1902, t. 31, pp. 1-12. — THOMAS (A.). Nouv. essais de philol. fr. Paris, 1904, p. 192. — THURNEYSEN 1884, p. 95.

caillou [kaju] n. m.
ÉTYM. V. 1275, caillou, forme normanno-picarde; chaillou, forme francienne, fin XIIe; du moy. franç. chail, p.-ê. du gaulois caljávo « caillouteux », de caljo- « pierre », rad. cal-; P. Guiraud évoque l'adj. calleus, de callum « durillon », ainsi qu'un dér. de calculus, d'où cail, chail.
1 Fragment de pierre, de roche, de petite ou moyenne dimension (du centimètre à quelques décimètres). Gravier, pierre. || Caillou dur, friable. || Cailloux arrondis. Galet. || Cailloux d'ornementation. Rocaille. || Gros caillou. Bloc. || Casser des cailloux, pour l'entretien des routes. — ☑ Loc. fam. Être condamné à casser des cailloux : être condamné aux travaux forcés.Chemin plein de cailloux. Rocailleux. || Cailloux pour l'empierrement d'une route, pour le ballast d'une voie ferrée. Caillasse, cailloutis, rudération. || Concasser des pierres pour produire le caillou ( Concasseur). || Tas de cailloux. || Écraser les cailloux au cylindre compresseur. || Maçonnerie en cailloux. || Caillou qui servait de projectile. Jalet.
1 Prends ton pic, et me romps ce caillou qui te nuit.
La Fontaine, Fables, VI, 18.
2 Une grêle de cailloux, lancés contre la fenêtre et la porte qui donnaient sur cette galerie (…)
Rousseau, les Confessions, XII.
3 La vie est un caillou que le sage ramasse
Pour lapider le ciel.
Hugo, les Contemplations, « Au bord de l'infini », VI.
3.1 Et si le sol dur d'une route est souvent joyeusement senti par le voyageur dont les pieds ont ainsi leur part des sensations de fatigue saine, de vie rude et naturelle que la campagne lui fait vivement goûter, de même Jean retrouve avec exaltation, à sentir sous ses bottines le délicat glissement des innombrables cailloux de l'allée si unis, si rapprochés qu'ils bougent à peine sous ses pas, ce plaisir plus raffiné et moins sain qu'il éprouve depuis qu'il est dans ce jardin vide d'habitants (…)
Proust, Jean Santeuil, Pl., p. 323.
4 (…) il se sentait captif, condamné à la passivité, entraîné par l'événement mondial, solidaire de sa patrie, de sa classe : aussi impuissant qu'un caillou pris dans la masse glissante d'un tombereau qu'on décharge.
Martin du Gard, les Thibault, t. VII, p. 260.
Au sing., avec une valeur collective :
4.1 Le caillou sonne et luit sous mes talons poudreux (…)
Verhaeren, Un matin, « les Forces tumultueuses ».
(V. 1780). Géol. || Cailloux éclatés : silex anguleux. || Caillou impressionné : galet calcaire qui a conservé l'empreinte d'un contact avec un galet siliceux. || Caillou gélivé, éclaté par le gel.Plus cour. || Caillou roulé : galet de forme arrondie, usé par l'action des eaux. || Cailloux polis, striés, entraînés par les glaciers.Fam. || Du caillou : de la roche. Caillasse.
Mar. (fam.). Rocher, petite île, en général mal signalés.
4.2 Il me semble que, depuis, je n'ai pas arrêté. Surtout cet été-là dans l'île. Que faire d'autre quand on est assise sur un caillou au milieu de la mer, en attendant une lettre qui ne vient pas ?
Geneviève Dormann, le Bateau du courrier, p. 23.
Par compar., fam. || Avoir un cœur de caillou, le cœur dur comme un caillou, insensible. Pierre.
2 (1723). Fragment de cristal de roche, de quartz hyalin, ou pierre ayant l'apparence du cristal, employé en joaillerie. || Caillou de Médoc, du Rhin. || Caillou d'Égypte : jaspe au veinage ramifié, très décoratif.
Fam. Pierre précieuse, diamant.
3 Pierre très dure qui fait feu sous l'acier. Silex.
5 Des veines d'un caillou, qu'il frappe au même instant,
Il fait jaillir un feu qui pétille en sortant.
Boileau, le Lutrin, III.
4 Par métaphore (littér.). Épreuve, difficulté, obstacle, souci. Pierre, roc. || Le chemin de la vie présente bien des cailloux.
6 Je suis tout étonnée de ne plus trouver sur mon cœur, ni le jour, ni la nuit, ce caillou que vous aviez mis par l'inquiétude de votre accouchement.
Mme de Sévigné, 224, 2 déc. 1671.
5 (1866). Fam. Figure, tête. || Avoir un caillou à caler les roues d'un corbillard : avoir une sale tête; une tête d'enterrement. || Se sucer le caillou : s'embrasser.Avoir le caillou déplumé; n'avoir plus de mousse sur le caillou, ne plus avoir un poil sur le caillou : avoir le crâne chauve.
7 Pendant le premier mois, Nana s'amusa joliment de son vieux (…). Plus de mousse sur le caillou, quatre cheveux frisant à plat dans le cou, si bien qu'elle était toujours tentée de lui demander l'adresse du merlan qui lui faisait la raie.
Zola, l'Assommoir, t. II, p. 177.
Tête (comme siège de l'intelligence). || Ne rien avoir dans le caillou.(Comme organe représentatif du caractère). Vieilli. || Un dur caillou : une forte tête.
8 C'est là, dit-il, qu'on a fusillé le soldat du 204, ce matin (…). Il avait voulu couper aux tranchées (…). C'était pas un bandit; c'était pas un de ces durs cailloux comme tu en vois.
H. Barbusse, le Feu, t. I, p. 56.
DÉR. (Du rad.) Caillasse, cailloutage, caillouter, caillouteux, cailloutis.

Encyclopédie Universelle. 2012.