camarade [ kamarad ] n.
1 ♦ Personne qui, en partageant les mêmes activités, les mêmes habitudes qu'une autre, contracte avec elle des liens de familiarité. ⇒ compagnon, connaissance, copain, fam. pote, pop. poteau. REM. Se dit surtout des jeunes. Un camarade de régiment, d'enfance, de jeux, de classe, d'étude, de promotion. Un camarade de travail. ⇒ collègue, confrère. Nous n'étions que des camarades. Se faire de nouveaux camarades. C'est son petit camarade. — Fam. Ami. Un vrai, un vieux camarade.
2 ♦ Appellation que se donnent entre eux les membres des partis socialistes, communistes. Le camarade Untel a raison.
⊗ CONTR. Inconnu, ennemi.
● camarade nom (espagnol camarada, chambrée, de cámara, chambre) Personne à qui on est lié par une familiarité née d'activités communes (études, travail, loisirs, etc.), ou personne liée d'amitié avec une autre : Camarade de classe. Familier. Appellation qui s'adresse à un égal ou à un inférieur. Membre du parti communiste, socialiste, ou d'un syndicat ouvrier (sert aussi d'appellatif entre les membres de ces partis ou syndicats). ● camarade (citations) nom (espagnol camarada, chambrée, de cámara, chambre) Robert de Jouvenel 1881-1924 La République des camarades. Commentaire Titre d'un ouvrage que Robert de Jouvenel publia en 1914. Ce journaliste y critique l'influence de la « camaraderie » sur la vie politique de la IIIe République. ● camarade (synonymes) nom (espagnol camarada, chambrée, de cámara, chambre) Personne à qui on est lié par une familiarité née...
Synonymes :
- ami
- collègue
- confrère
- copain (familier)
- pote (populaire)
camarade
n.
d1./d Personne avec qui on partage certaines occupations, certaines habitudes et qui de ce fait devient familière, proche; compagnon. Camarade de régiment, d'école, d'atelier. Syn. (Afr. subsah.) collègue.
— Par ext. Ami. Un vrai camarade.
|| (Appellation familière.) ça va, camarade?
d2./d Appellation utilisée dans les partis et organisations socialistes, communistes, ainsi que dans certains syndicats. Le camarade Untel.
⇒CAMARADE, subst.
A.— Personne à qui on est lié par une vie ou des activités communes :
• 1. Rien, jamais, en effet, ne remplacera le compagnon perdu. On ne se crée point de vieux camarades. Rien ne vaut le trésor de tant de souvenirs communs, de tant de mauvaises heures vécues ensemble, de tant de brouilles, de réconciliations, de mouvements du cœur. On ne reconstruit pas ces amitiés-là.
SAINT-EXUPÉRY, Terre des hommes, 1939, p. 157.
SYNT. Camarade d'enfance, de jeux, d'école; camarade de combat, de régiment; camarade d'atelier, de bureau.
— P. anal. ou p. métaph. Les hommes retrouvaient un camarade, leur chapeau (MORAND, Ouvert la nuit, 1922, p. 55) :
• 2. Un jeune veau se mit, plein d'émulation, à courir près de nos chevaux, ses camarades d'écurie, sans que rien pût l'en écarter.
MICHELET, Journal, 1843, p. 533.
— En apostrophe :
• 3. — Aujourd'hui, camarade, je te serre la main, nous mangeons, nous buvons, nous couchons ensemble; nous sommes de bons et vieux amis; et demain, s'il passe un coup de mitraille, je ne saurai plus même où repose ton corps...
ERCKMANN-CHATRIAN, Histoire d'un paysan, t. 2, 1870, p. 193.
1. Spécialement
a) [En parlant de deux soldats qui couchent dans le même lit] Camarades de lit.
— P. anal. Ah! ressuscitez, compagnons de mon exil, camarades de la couche de paille, me voici revenu! (CHATEAUBRIAND, Vie de Rancé, 1844, p. 78).
— P. métaph., p. plaisant. Elle (...) finit par s'habituer à ses camarades de lit [les punaises] (Mme V. HUGO, Victor Hugo raconté par un témoin de sa vie, 1863, p. 110).
b) [En parlant de 2 forçats attachés à une même chaîne] Camarades de chaîne.
— Arg. du bagne. Camarade de couple (cf. F. VIDOCQ, Mémoires de Vidocq, t. 1, 1828-29, p. 261).
— P. métaph. :
• 4. Comment se faisait-il que l'existence de Jean Valjean eût coudoyé si longtemps celle de Cosette? (...). Un crime et une innocence peuvent donc être camarades de chambrée dans le mystérieux bagne des misères?
HUGO, Les Misérables, t. 2, 1862, p. 678.
2. Expr. Faire camarade. Se rendre à l'ennemi (en levant les mains en l'air).
— P. métaph. :
• 5. ... dès qu'il [Walter] a appris mon retour en Allemagne il a arrangé cette soirée, chambardé le Rhin pour me revoir. C'était émouvant, tout d'un coup, ce grand Boche faisant camarade et moi si changée, si maîtresse de moi.
MORAND, L'Europe galante, 1925, p. 47.
3. En partic. Personne avec qui on est lié par un sort commun :
• 6. Eh! messieurs! qu'importent les nuances? Et à quoi bon ces discussions qui nous désunissent et nous font du tort... Il n'y a ici que des camarades, des amis! (...). On a appui et protection dans tous les partis; on se soutient mutuellement, et avec d'autant plus d'avantages que l'on a l'air de combattre dans des camps opposés.
SCRIBE, La Camaraderie, 1837, p. 280.
— Spéc. Personne qui milite dans un syndicat ou un parti ouvrier. Le camarade Untel :
• 7. Ici — et je ne crois pas me tromper — j'incrimine sa récente embardée politique. On l'a traîné dans les meetings; on l'a fait (...), prononcer des discours devant des milliers de camarades. Il suffit de le connaître un peu pour deviner à quel point il devait se sentir mal à l'aise, ...
R. MARTIN DU GARD, Notes sur André Gide, 1951, p. 1412.
♦ Pop. Camarade syndiqué. ,,Mon ami`` (ESN. Poilu 1919). Alors, camarade syndiqué, on boulotte...? (ESN. Poilu 1919).
♦ Fam. Personne plus ou moins connue placée dans le proche voisinage de celui qui parle. Ce camarade-là. Bref, Pitt et les princes ont envoyé, ici, un ci-devant... qui voudrait... abattre le bonnet de la République. Ce camarade-là a débarqué dans le Morbihan (BALZAC, Les Chouans, 1829, p. 24).
B.— P. ext. Personne avec qui on est lié par des liens d'amitié fondés sur un esprit d'égalité. Se faire des camarades :
• 8. ... le père est devenu le camarade de ses enfants, en même temps que le bourgeois est devenu l'égal du noble...
TAINE, Philosophie de l'art, t. 1, 1865, p. 95.
♦ En camarade. Traiter une femme en camarade :
• 9. C'est curieux comme dans le commerce intime et journalier d'hommes et de femmes, au bout de quelque temps, une certaine pudeur se perd et comme on arrive à se traiter en camarades, avec un peu de l'oubli du sexe des uns et des autres.
E. et J. DE GONCOURT, Journal, 1884, p. 387.
— [Subst. apposé avec valeur adj.] P. métaph. Sa voix si douce, au début, si camarade, prenait maintenant un mordant de vinaigre (MIRBEAU, Le Journal d'une femme de chambre, 1900, p. 246).
— En partic. Bon camarade. Celui qui aime à faire plaisir et dont la compagnie est plaisante, agréable. Anton. mauvais camarade :
• 10. Le grand Émile de Praxi-Blassans, (...) félicita vivement Omer d'avoir une sœur pareille, toujours gentille, bien meilleure camarade que cette péronnelle de Delphine.
ADAM, L'Enfant d'Austerlitz, 1902, p. 157.
Rem. On rencontre ds la docum. a) L'adv. camaradement (PÉLADAN, Le Vice suprême, 1884, p. 178). Comme un camarade. b) Le subst. masc., arg. camarluche (cf. VERLAINE, Correspondance [avec É. Blémont], 1871, p. 287); et de même le subst. masc., pop., vieilli camaro (cf. P. BOURGET, Némésis, 1918, p. 223). Camarade.
Prononc. et Orth. :[]. Ds Ac. 1694-1932. Pour les formes arg. camaro et camarluche : [], []. LITTRÉ : ,,Malherbe disait camerade. Cette forme est plus voisine de l'étymologie.`` Étymol. et Hist. 1. Av. 1571 camarade subst. fém. « chambrée de soldats » (Carloix, VI, 46 ds LITTRÉ et HUG. : Comba fut pris en la maison d'une vieille qui blanchissoit le linge de sa camarade, qu'il nommoit ainsi à l'hespaignol) — 1636 (MONET); 2. 1587 camarade subst. masc. ou fém. « qui fait ou subit qqc. avec et comme une autre personne », d'abord milit. (F. DE LA NOUE, Discours politiques et militaires, 296 [à propos de soldats d'infanterie espagnole] ds LITTRÉ et SCHMIDT, p. 83); 1869 spéc. pol. (F. COPPÉE, Grève des Forgerons, I, 208 ds DUB. Pol., p. 235). Empr. à l'esp. camarada, attesté aux sens 1 et 2 (« chambrée » dep. 1555, Villalón d'apr. AL.; « qui fait ou subit qqc. avec et comme une autre personne » dep. 1592, Eguiluz, ibid.), dér. de cámara (chambre). L'ital. camerata (« chambrée » dep. la 2e moitié du XVIe s., G.P. Maffei ds BATT.; « compagnon d'armes » dep. le XVIIe s., Lippi, ibid.) a prob. influencé la forme camerade qui a vécu en fr. aux XVIe-XVIIe s. Fréq. abs. littér. :5 942. Fréq. rel. littér. :XIXe s. : a) 4 559, b) 7 708; XXe s. : a) 10 920, b) 10 682.
DÉR. Camarader, verbe intrans., fam. Avoir de(s) (bons) rapports de camarades. Où trouverai-je le plaisir de camarader? À quelle heure traînerai-je de café en café, d'atelier en atelier, bras dessus bras dessous avec des camarades? (COCTEAU, La Difficulté d'être, 1947, p. 73). P. ext. [En parlant d'animaux] Elles [les deux chiennes] camaradent bien, d'habitude, elles couchent ensemble (COLETTE, L'Envers du music-hall, 1913, p. 180). — 1re attest. 1844 « devenir camarades » (BALZAC, Splendeurs et misères des courtisanes, p. 269); de camarade, dés. -er. — Fréq. abs. littér. : 1.
BBG. — GOTTSCH. Redens. 1930, p. 65. — RUPP. 1915, p. 46 sqq. — SAIN. Lang. par. 1920, p. 99 (s.v. camaro). — SAIN. Sources t. 3 1972 [1930], p. 349.
camarade [kamaʀad] n.
ÉTYM. 1587; « chambrée », av. 1571; esp. camarada « chambrée », de cámara « chambre ».
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1 Personne qui a les mêmes habitudes, les mêmes occupations qu'une ou plusieurs autres personnes, et contracte ainsi avec elle(s) des liens de familiarité (se dit surtout d'enfants, d'adolescents). ⇒ Ami, collègue, compagnon, confrère, connaissance, copain; (fam.) pote, poteau; (var. argotiques) camarluche, camaro. || Un camarade de régiment, de chambrée, de lit. || Camarade d'enfance, de collège, de jeu, d'étude, de promotion, de travail, de bureau. || Une camarade de jeux, de travail. || Avoir de bons, de mauvais camarades. || Va jouer avec tes petits camarades. || Elle a une gentille camarade. || Un bon, un chic, un vrai, un vieux camarade : un ami sûr et dévoué. || Faire de qqn son camarade (→ Asseoir, cit. 8; attelage, cit. 5). || Se faire des camarades. || Traiter (qqn) en camarade.
1 Il (le baudet) pria le cheval de l'aider quelque peu (…)
Le cheval refusa, fit une pétarade;
Tant qu'il vit sous le faix mourir son camarade (…)
La Fontaine, Fables, VI, 16.
2 Accablé de passe-droits et supplanté par tous vos camarades pour avoir fait votre service à la tranchée tandis qu'ils faisaient le leur à la toilette.
Rousseau, Émile, V.
3 Ils ne traitaient pas tout à fait Jacques comme ils faisaient entre eux : en camarade d'équipe.
Martin du Gard, les Thibault, t. V, p. 47.
4 Il n'est de camarades que s'ils s'unissent dans la même cordée, vers le même sommet.
A. Maurois, Études littéraires, Saint-Exupéry, t. II, p. 261.
♦ ☑ (1913, titre d'un pamphlet de Robert de Jouvenel dénonçant les complaisances du régime républicain). La république des camarades, surnom donné par la droite française à la IIIe République.
♦ Compagnon, compagne avec lequel on partage une aventure. || Un, une camarade d'infortune. ⇒ Compagnon.
♦ Spécialt (en parlant d'un homme et d'une femme). || En camarades : avec des relations d'amitié platonique. || On peut continuer à se voir, mais en camarades. || Sortir en camarades.
5 Allons, camarade, allons chercher fortune autre part (…)
Molière, les Précieuses ridicules, 16.
6 Apprends-moi ton métier, camarade, de grâce (…)
La Fontaine, Fables, XII, 9.
♦ Vieilli (avec une nuance de condescendance dans la forme). || Mon camarade. ⇒ Ami (mon petit, mon jeune).
7 L'endroit parut suspect aux voleurs : de façon
Qu'à notre prometteur l'un dit : « Mon camarade,
Tu te moques de nous (…) »
La Fontaine, Fables, IX, 13.
b Spécialt. Appellation habituelle dans certains partis politiques, tels que les partis socialistes, communistes (cf. citoyen au cours de la Révolution de 1789) et dans les syndicats ouvriers. || Camarades syndiqués ! || Le camarade Untel, la camarade secrétaire…
♦ (Dans le contexte de l'Union soviétique). Terme appellatif et désignatif (traduisant le russe tovarichtch).
♦ (Dans le contexte d'un parti de gauche). Membre du parti. || Les camarades et les sympathisants.
3 ☑ Loc. Vx. Faire camarade : se rendre à l'ennemi (all. Kamerad).
4 Camarade de…, se dit d'une chose qui va normalement avec une ou plusieurs autres; (au plur.), choses qui s'accompagnent nécessairement. ⇒ Compagnon; accompagner, compagnie (aller de).
8 Que le bon soit toujours camarade du beau (…)
La Fontaine, Fables, VII, 2.
9 Le tourment et le sommeil ne sont pas camarades de lit.
Alphonse Daudet, le Petit Chose, II, XIV.
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CONTR. Inconnu. — Adversaire, ennemi, rival.
DÉR. Camarader, camaraderie, camarluche, camaro.
Encyclopédie Universelle. 2012.