caresse [ karɛs ] n. f.
1 ♦ Vieilli Manifestation physique de la tendresse. ⇒ embrassement, étreinte. — Spécialt, mod. Attouchement tendre, affectueux ou sensuel. Caresse de la main, des lèvres. ⇒ 2. baiser, contact, effleurement, frôlement, pression; fam. papouille, pelotage. Caresse affectueuse, amoureuse, douce, légère, tendre, voluptueuse. Faire des caresses à qqn, à un animal. Accabler, couvrir qqn de caresses. ⇒ cajolerie, câlinerie, chatterie. — Collect. « L'homme a toujours besoin de caresse et d'amour » (Vigny). — Spécialt Attouchement ou contact érotique. De savantes caresses. Caresses buccogénitales. — (1671) Fig. La caresse du vent, des flots. La chaude caresse du soleil. « Le soir apportait sa caresse froide, son effleurement perfide » (Jaloux).
2 ♦ (1614) Vieilli Démonstration d'affection, de bienveillance (par la parole, le geste). Amadouer qqn par des caresses. ⇒ avance, flatterie, fam. mamours. « Une caresse préalable assaisonne les trahisons » (Hugo).
⊗ CONTR. Brutalité, coup.
● caresse nom féminin (italien carezza) Attouchement tendre, affectueux ou sensuel : Elle repoussait ses caresses. Frôlement doux et agréable ; sensation de douceur produite par quelque chose : La caresse d'un regard. ● caresse (citations) nom féminin (italien carezza) Auguste Angellier 1848-1911 Les caresses des yeux sont les plus adorables. À l'amie perdue Chailley Eugène Grindel, dit Paul Eluard Saint-Denis 1895-Charenton-le-Pont 1952 Par la caresse nous sortons de notre enfance mais un seul mot d'amour et c'est notre naissance. Le Phénix, Écrire, dessiner, inscrire, VII Seghers Pierre Louis, dit Pierre Louÿs Gand 1870-Paris 1925 L'amour humain ne se distingue du rut stupide des animaux que par deux fonctions divines : la caresse et le baiser. Aphrodite Fasquelle Antoine Rivaroli, dit le Comte de Rivarol Bagnols-sur-Cèze 1753-Berlin 1801 Le chat ne nous caresse pas, il se caresse à nous. Esprit de Rivarol Isaac Félix, dit André Suarès Marseille 1868-Saint-Maur-des-Fossés 1948 Entre amants, il n'y a que les coups et les caresses. Voici l'homme Albin Michel ● caresse (difficultés) nom féminin (italien carezza) Orthographe Avec un seul r, comme paresse. ● caresse (synonymes) nom féminin (italien carezza) Attouchement tendre, affectueux ou sensuel
Synonymes :
- câlinerie
- étreinte
caresse
n. f.
d1./d Attouchement tendre, affectueux ou sensuel. Faire des caresses à un chat. Couvrir, combler un enfant de caresses.
d2./d Fig. Manifestation tendre d'amour, d'affection. Une caresse du regard, de la voix.
d3./d Fig. Effleurement. La caresse du vent sur la peau.
⇒CARESSE, subst. fém.
A.— Attouchement de nature affective ou sensuelle. Caresse de la main, des lèvres :
• 1. Elle se souvenait d'autres baisers, mais jamais encore elle n'avait senti la caresse des lèvres sur ses paupières.
G. ROY, Bonheur d'occasion, 1945, p. 103.
• 2. Le fait que les époux couchent, à peine vêtus, dans un même lit, n'avait pas suffi jusqu'ici à me suggérer l'étreinte ni la caresse : ...
S. DE BEAUVOIR, Mémoires d'une jeune fille rangée, 1958, p. 102.
— En partic. [En parlant d'un animal] :
• 3. L'animal leva la tête vers son maître; puis, il grimpa sur lui, escalada ses épaules et, après mille caresses et mille gentillesses, se roula autour du cou du capitaine, comme un foulard...
MIRBEAU, Le Journal d'une femme de chambre, 1900, p. 91.
SYNT. Caresse amicale, ardente, brutale, innocente, maternelle, tiède, voluptueuse; douce, tendre caresse; faire, donner, échanger, prodiguer, recevoir des caresses; implorer une caresse; sentir, repousser la (les) caresse(s) de; répondre à des caresses; frémir sous une caresse; accabler, combler, couvrir, manger, priver de caresses; sensible, insensible aux caresses.
— P. métaph., littér.
♦ Frôlement doux et agréable. La caresse de l'air, de la brise, des flammes, des flots, du soleil, du vent. On entendait les frémissements des blés en fleur, ondoyant sous la molle caresse de l'air (R. ROLLAND, Jean-Christophe, La Révolte, 1907, p. 507) :
• 4. Ce vent qui souffle vient du désert, Et sous cette caresse menteuse et tendre mon sang s'évapore.
SAINT-EXUPÉRY, Terre des hommes, 1939, p. 239.
♦ La caresse du regard, la caresse d'un son. La douceur. Des yeux bleus d'une douceur et d'une caresse singulières (E. et J. DE GONCOURT, Journal, 1858, p. 477) :
• 5. La caresse des violons, l'insistance de leurs longs coups d'archets trop expressifs, étiraient sa langueur jusqu'à l'énervement.
R. MARTIN DU GARD, Les Thibault, La Belle saison, 1923, p. 1007.
B.— Au fig. Marque d'estime ou de bienveillance qui se manifeste en paroles, parfois trompeuses. Caresse d'encouragement, de flatterie, de mots; caresse morale. C'était (...) le salut joyeux de l'être encore petit, balbutiant des caresses respectueuses, choyant avec des mots de douceur, avec des cajoleries d'enfant qui cherche à amadouer sa mère (HUYSMANS, En route, t. 2, 1895, p. 42) :
• 6. Maintenant, il commençait de rêver à d'autres caresses verbales. Ricamus venait, le jour même, de l'appeler « mon cher maître ». Cela lui avait agréablement chatouillé le tympan.
G. DUHAMEL, Chronique des Pasquier, La Passion de Joseph Pasquier, 1945, p. 63.
Prononc. et Orth. :[]. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 1. « Marque extérieure d'affection » a) 1534 par des gestes et des paroles charesse (RABELAIS, Gargantua, chap. 39, éd. Marty-Laveaux, t. 1, p. 144); b) 1538 par des attouchements carresse (Le Courtisan de Messire Baltazar de Castillon, 1. III [trad. de Il Cortegiano par J. Colin] ds QUEM.); 1545 caresse (Le Maçon, trad. Decameron, 1, 188, ibid.); 2. 1616 « flatterie, mots flatteurs » (HULSIUS, Dict. fr.-all.); au plur. 1647 « démonstrations de sympathie, de bienveillance » (CORNEILLE, Héraclius, Ep. ds DUB.-LAG.); 3. 1671 fig. « frôlement doux et agréable » (CORNEILLE, Psyché, III, 3 ds DG). Étant donnée l'orig. de la plupart des 1res attest., prob. empr. à l'ital. carezza (HOPE, p. 175) attesté, dans le syntagme fare carezza(-e), av. 1315 ds BATT. t. 2, lat. médiév. caritia « caresse, marque d'affection » (1288, Italie ds DU CANGE t. 2, p. 173c) dér. de carus (cher); hyp. moins vraisemblable : déverbal de caresser (EWFS2). Fréq. abs. littér. :2 389. Fréq. rel. littér. : XIXe s. : a) 3 104, b) 4 215; XXe s. : a) 4 375, b) 2 616. Bbg. HOPE 1971, p. 175. — KOHLM. 1901, p. 37. — SAR. 1920, p. 55. — WIND 1928, p. 190, 207.
caresse [kaʀɛs] n. f.
ÉTYM. 1545; carresse, 1538; charesse, 1534; ital. carezza, de caro, cara « cher, chère ». → Caresser.
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1 Manifestation physique de l'affection, de la tendresse (vieilli ou littér.); spécialt (mod.), attouchement tendre, affectueux ou sensuel. REM. Les emplois classiques du mot lui donnent une valeur plus étendue que de nos jours, où il évoque en général la sensualité érotique : on ne parlerait plus des caresses d'un ami ni de caresse amicale. En outre, il s'agit le plus souvent aujourd'hui d'attouchements de la main, alors que le mot incluait les caresses des lèvres, les baisers (→ ci-dessous, cit. 2 et 13; baiser, cit. 14). — Caresse affectueuse, amoureuse, tendre. || De douces caresses. || Caresse légère (⇒ Effleurement, frôlement), appuyée (⇒ Frottement, pression). || Caresse excitante. ⇒ Chatouille, chatouillement, titillation. || Faire des caresses à qqn, accabler, couvrir qqn de caresses. ⇒ Caresser; cajolerie, câlinerie, chatterie; vx, mignardise, mignotise; fam. papouille. || Caresses indiscrètes. ⇒ Privauté; fam. pelotage. || Recevoir les caresses de qqn. — Spécialt. || Caresses données à un animal qu'on flatte. — Collectif. || La caresse (→ ci-dessous, cit. 5 et 8).
1 Si, pour te prodiguer mes plus tendres caresses (…)
Boileau, le Lutrin, II.
2 Madame la duchesse eut la bonté de la manger de caresses (de baisers).
Saint-Simon, Mémoires, 262, 5.
3 Aussitôt ces deux petites créatures s'empressèrent autour de moi, me prirent les mains, et m'accablant de leurs innocentes caresses, tournèrent vers l'attendrissement toute mon émotion.
Rousseau, Julie ou la Nouvelle Héloïse, IV, Lettre VI, p. 32.
4 Il est dans l'amour de certaines caresses que l'amour nous apprend.
Helvétius, Pensées, p. 271.
5 L'homme a toujours besoin de caresse et d'amour,
Sa mère l'en abreuve alors qu'il vient au jour (…)
A. de Vigny, les Destinées, « Colère de Samson ».
6 Car j'eusse avec ferveur baisé ton noble corps,
Et depuis tes pieds frais jusqu'à tes noires tresses
Déroulé le trésor des profondes caresses (…)
Baudelaire, les Fleurs du mal, XXXII.
7 (…) c'est une caresse qui m'enveloppe, et je me sens écrasée comme si un dieu s'étendait sur moi.
Flaubert, Salammbô, III, p. 51.
8 L'amour humain ne se distingue du rut stupide des animaux que par deux fonctions divines : la caresse et le baiser.
Pierre Louÿs, Aphrodite, II, 5.
9 (…) la chair des femmes se nourrit de caresses comme l'abeille de fleurs.
France, le Lys rouge, XXIII, p. 180.
10 Les caresses semées ont fleuri dans mon cœur.
Francis Jammes, le Deuil des primevères, Élégie seconde, II.
11 Claire cessa de trembler, se détendit et s'abandonna à de lentes caresses.
A. Maurois, Terre promise, XXXV, p. 238.
12 Immobile, l'échine courbée, la jeune femme se prêtait à cette caresse avec la frémissante immobilité d'une chatte.
Martin du Gard, les Thibault, t. V, p. 29.
13 Elle se pencha, vite, très vite, et mit sur la tempe du jeune homme un baiser d'oiseau, une caresse imperceptible, mais si tiède et si tendre qu'elle acheva de le bouleverser.
G. Duhamel, Chronique des Pasquier, VIII, 12.
♦ Spécialt. Attouchement ou contact érotique. REM. Le mot peut désigner, soit, de manière vague et discrète, tout contact sensuel (→ ci-dessus, cit. 4, 6, 7, 9, 11 et 12), soit, très précisément et par euphémisme, les contacts sexuels, manuels ou buccaux, autres que le coït (fellation, masturbation, etc.). — Les amants se couvrent de caresses, échangent des caresses. || De savantes caresses.
♦ (1671). Fig. || La caresse du vent, des flots. || La chaude caresse du soleil. ⇒ Bain, baiser, effleurement, frôlement.
14 Le soir apportait sa caresse froide, son effleurement perfide.
Edmond Jaloux, les Visiteurs, 1.
♦ Littér. et vx. || Les caresses de la fortune. ⇒ Délice, volupté.
2 (1616). Vieilli. Démonstration, manifestation, marque d'affection, de bienveillance (par la parole, le geste). || Faire mille caresses à qqn. || Accabler qqn de caresses. || Des caresses adulatrices, étudiées, trompeuses. || Amadouer qqn par des caresses. ⇒ Avance, flatterie, mamour (fam.). || Dissimuler sous des caresses un dessein de nuire. (→ Faire patte de velours).
15 Toutes les caresses qu'il vous fait ne sont que pour vous enjôler.
Molière, le Bourgeois gentilhomme, III, 3.
16 Combien de gens vous étouffent de caresses dans le particulier, vous aiment et vous estiment, qui sont embarrassés de vous dans le public (…)
La Bruyère, les Caractères, VIII, 30.
17 Bien instruit des moyens par lesquels un vieillard peut être gagné, il n'y eût point de caresses qu'il ne lui fît, point de marques d'estime et d'amitié qu'il ne lui donnât.
Rollin, Hist. ancienne, Œ., t. II, p. 580.
18 Une caresse préalable assaisonne les trahisons.
Hugo, les Travailleurs de la mer, II, II, 1.
19 (…) il réconforta le patient avec toutes sortes de bons mots, caresses chirurgicales qui sont comme l'huile dont on graisse les bistouris.
Flaubert, Mme Bovary, I, 2.
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CONTR. Brutalité, coup, rudoiement.
Encyclopédie Universelle. 2012.