caverne [ kavɛrn ] n. f.
• 1120; lat. caverna, de cavus « creux »
1 ♦ Cavité naturelle creusée dans la roche. ⇒ grotte. L'étude, l'exploration des cavernes. ⇒ spéléologie. Cavernes du relief karstique. Habitant des cavernes. ⇒ cavernicole, troglodyte. Caverne de brigands (leur servant d'abri, de repaire). La caverne d'Ali Baba; fig. accumulation hétéroclite. — L'âge des cavernes : la préhistoire. L'homme des cavernes (⇒ abri-sous-roche) .
2 ♦ (1546) Cavité apparaissant dans un organe parenchymateux (surtout le poumon) après élimination des tissus nécrosés, en général d'origine tuberculeuse.
● caverne nom féminin (latin caverna, grotte) Cavité naturelle, vaste et profonde. Excavation qui s'est creusée dans un parenchyme, et en particulier dans un poumon ou un rein, du fait de l'évacuation d'un abcès ou d'un tubercule ramolli. ● caverne (citations) nom féminin (latin caverna, grotte) André Breton Tinchebray, Orne, 1896-Paris 1966 Tout doit pouvoir être libéré de sa coque […] Ne vous croyez pas à l'intérieur d'une caverne, mais à la surface d'un œuf. Le Surréalisme et la Peinture Gallimard ● caverne (expressions) nom féminin (latin caverna, grotte) Familier. Caverne de brigands, repaire de malfaiteurs ; endroit louche. Homme des cavernes, homme préhistorique. ● caverne (synonymes) nom féminin (latin caverna, grotte) Cavité naturelle, vaste et profonde.
Synonymes :
- antre (littéraire)
- grotte
- tanière
Excavation qui s'est creusée dans un parenchyme, et en particulier...
Synonymes :
- géode
caverne
n. f.
d1./d Cavité naturelle dans le roc. L'âge des cavernes. Syn. grotte.
d2./d MED Cavité pathologique située dans l'épaisseur d'un parenchyme, partic. dans le poumon.
⇒CAVERNE, subst. fém.
A.— Cavité naturelle souterraine, fermée de tous côtés à l'exception d'une étroite ouverture et creusée dans une roche le plus souvent calcaire (cf. également abîme, ex. 5) :
• 1. ... un peu plus bas que le couvent, d'immenses cavernes creusées dans le granit de la montagne : ce sont les fameuses grottes des prophètes.
LAMARTINE, Voyage en Orient, t. 1, 1835, p. 351.
♦ La Caverne. Allégorie de Platon, (La République, livre VII) illustrant la coupure entre l'opinion et la Science.
— P. ext. Cavité sous-marine ou creusée dans une roche du littoral :
• 2. Après le palais de Tibère, la merveille de Capri est la grotte d'azur. Il n'y a pas fort long-temps qu'un voyageur, en se baignant au pied des rochers, la découvrit par hasard. L'ouverture de cette caverne marine est tournée sur le golfe et fort basse; pour peu que le flot s'élève, il l'obstrue en plein;...
QUINET, Allemagne et Italie, 1836, p. 209.
SYNT. Caverne obscure, profonde, sombre, ténébreuse, vaste; immense caverne.
B.— [P. réf. à son usage d'habitation ou de refuge]
1. Âge des cavernes, temps des cavernes. Époque paléolithique durant laquelle l'homme préhistorique habitait des cavernes :
• 3. Ainsi, contemplant l'océan sans mémoire, nous voulons effacer le temps, penser tout à neuf, et agir à neuf, comme au temps des cavernes.
ALAIN, Propos, 1926, p. 680.
— Homme des cavernes, ours des cavernes. Homme ou animal de cette époque (cf. BRETON, Les Manifestes du Surréalisme, 1930, p. 49) :
• 4. En certaines parties de la Belgique, les hommes des cavernes paléolithiques utilisaient des silex provenant de régions françaises dont les habitants exigeaient à coup sûr quelque dédommagement.
R.-H. LOWIE, Manuel d'anthropol. culturelle, 1936, p. 166.
2. Vx. Lieu où se passent des choses mystérieuses, réservées à des initiés. Les cavernes de la science. Il marchait sûr de sa fortune, avec la sécurité particulière à l'homme du Palais qui connaît les cavernes du Droit (BALZAC, Pierrette, 1840, p. 114).
3. Péj. [P. réf. à la caverne des quarante voleurs] Ali-Baba, personne ne l'ignore, est un conte des Mille et Une Nuits. Aussi est-il inutile de raconter une fois de plus l'histoire du jeune Ali-Baba découvrant le secret qui permet de pénétrer dans la caverne des quarante voleurs (L. SCHNEIDER, Les Maîtres de l'opérette fr., Lecocq, 1924, p. 227).
a) Lieu ou assemblée, rendez-vous de scélérats. Caverne de brigands, caverne de voleurs. Cette maison est une caverne de brigands (Ac. 1798-1932). Quasi-synon. repaire.
— P. anal. :
• 5. Le Journal officiel était une vraie caverne de brigands : un hasard a mis un moment dans les mains de Drumont les feuilles d'émargement et il a vu de la copie à lui, payée 100 francs, cotée 400 francs!
E. et J. DE GONCOURT, Journal, 1890, p. 1141.
b) Rendez-vous de débauchés. Elle a été chez lui!... elle est entrée dans cette caverne de débauches, dans cet antre de luxure! (A. DUMAS Père, Lorenzino, 1842, IV, 3, p. 261).
C.— P. anal., MÉD. Cavité qui se forme dans l'épaisseur d'un parenchyme, le plus souvent le poumon, après évacuation du pus d'un abcès ou du tissu nécrosé. Caverne tuberculeuse. Synon. vieilli spélonque :
• 6. ... à l'autopsie d'un phtisique on trouve toujours des lésions tuberculeuses à tous les stades, depuis les grandes cavernes jusqu'aux granulations grises encore translucides.
A. CALMETTE, L'Infection bacillaire et la tuberculose chez l'homme et chez les animaux, 1920, p. 173.
SYNT. Caverne biliaire (cf. A. CALMETTE, L'Infection bacillaire et la tuberculose chez l'homme et chez les animaux, 1920, p. 190); caverne cancéreuse, prostatique.
Rem. On rencontre ds la docum. le subst. masc. cavernier. Appellation, au XVe s., des Hussites qui se cachaient dans les grottes ou les cavernes pour fuir les persécutions (cf. DU CAMP, En Hollande, 1859, p. 238).
Prononc. et Orth. :[]. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 1. XIIe s. « cavité naturelle » (Naissance du chev. au cygne, 166, Todd. ds R. Hist. litt. Fr., t. 6, p. 298); 2. 1546 anat. (Ch. ESTIENNE, Disc. des parties du corps, 8, 8 ds QUEM.), attest. isolée; 1863 « excavation pulmonaire » (LITTRÉ). Empr. au lat. class. caverna « grotte » employé aussi comme terme d'anatomie. Fréq. abs. littér. :994. Fréq. rel. littér. :XIXe s. : a) 1 589, b) 2 008; XXe s. : a) 1 378, b) 965.
caverne [kavɛʀn] n. f.
ÉTYM. 1120; lat. caverna, de cavus « creux ».
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1 Cavité naturelle creusée dans la roche. ⇒ Grotte (cit. 2.1), spélonque (vx). || L'étude, l'exploration des cavernes. ⇒ Spéléologie. || La voûte, les stalactites et stalagmites, les parois, les anfractuosités d'une caverne. || Caverne souterraine. || Caverne sous-marine. — Trouver abri, se réfugier dans une caverne.
1 L'animal sauvage se retire dans une caverne
Et se couche dans sa tanière.
Bible (Segond), Job, XXVII, 8.
2 Une des merveilles de cette caverne, c'était le roc. Ce roc, tantôt muraille, tantôt cintre (…) était par places brut et nu, puis, tout à côté, travaillé des plus délicates ciselures naturelles (…)
Hugo, les Travailleurs de la mer, II, I, 13.
3 Les cavernes avec leur circulation torrentielle sont un phénomène vraiment caractéristique du terrain calcaire (…) Un développement important des cavités souterraines suppose une roche perméable, soluble et en même temps cohérente sinon massive (…) La dissolution chimique travaille seule au début (…) mais dès que les vides sont assez grands ils forment drain (…) ainsi naissent de véritables cours d'eau souterrains (…) s'attaquant surtout aux ruptures de pente, souvent franchies en cascades, qui séparent des plans où l'eau peut s'étaler en lacs. Des éboulements se produisent et contribuent à élargir les cavités qui finissent par former de véritables coupoles.
Dans les cavernes assez anciennes, le suintement des eaux le long des parois et sur le plafond des galeries donne lieu à des dépôts de carbonate de chaux, qui forment à la longue des pendeloques ou des sortes de draperies flottantes (stalactites), tandis que les gouttes d'eau tombant à la même place sur le plancher de la galerie y édifient des formes ascendantes (stalagmites). Les effets extraordinaires qu'éveille la lumière dans ces profondeurs sont le principal attrait des grottes aménagées pour le tourisme, telles que Padirac, en France, Han-sur-Lesse en Belgique, Machoca en Tchécoslovaquie, etc.
E. de Martonne, Traité de géographie physique, t. II, VI, Le relief calcaire.
♦ L'âge des cavernes : l'époque où l'homme s'abritait dans des cavités naturelles, ne construisant pas encore. || L'homme des cavernes. || Les cavernes préhistoriques de la Madeleine. ⇒ Magdalénien. — Habitant des cavernes. ⇒ Troglodyte.
♦ Caverne de brigands, de voleurs. ⇒ Antre, repaire, tanière. — ☑ Fig. Endroit où ont lieu des transactions louches. Cette entreprise est une véritable caverne de brigands !
4 Jésus entra dans le temple et chassa tous ceux qui vendaient et achetaient dans le temple (…) et il leur dit : « Il est écrit : Ma maison sera appelée maison de prière; mais vous, vous en faites une caverne de voleurs ».
Bible (Crampon), Évangile selon saint Matthieu, XXI, 12-13.
♦ ☑ La caverne d'Ali-Baba, où les voleurs avaient accumulé leur butin. — Par compar. ou métaphore. Accumulation hétéroclite d'objets considérés comme précieux. || Dans ce magasin, on trouve de tout, c'est une vraie caverne d'Ali Baba.
4.1 (…) responsable de l'intendance (il) régnait sur un magasin débordant de sacs de légumes secs, de boîtes de bœuf, de jambons (…) sans compter les piles de couvertures (…) tout un bric-à-brac robuste et à l'odeur d'une indéchiffrable complexité qui par ces temps de pénurie paraissait opulent comme la caverne d'Ali Baba.
M. Tournier, le Roi des Aulnes, p. 258.
♦ Par métaphore :
5 (…) les cavernes ténébreuses de la science.
Hugo, Notre-Dame de Paris, I, V, 2.
6 Il y a des cavernes dans l'hypocrite, ou pour mieux dire, l'hypocrite entier est une caverne.
Hugo, les Travailleurs de la mer, I, VI, 7.
2 (1546). Cavité pathologique, le plus souvent d'origine tuberculeuse, formée dans un organe parenchymateux (surtout le poumon) après élimination des tissus nécrosés. || Caverne du poumon (⇒ Cavitaire, 1.). || Caverne cancéreuse.
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CONTR. Protubérance.
DÉR. V. Caverneux, cavernicole.
Encyclopédie Universelle. 2012.