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celui-ci

celui-ci [ səlɥisi ] (XIVE) , celui-là [ səlɥila ] (XIIIe) , pron. dém. m. sing. (et celle-ci [ sɛlsi ], celle-là [ sɛlla ] f. sing.; ceux-ci [ søsi ], ceux-là [ søla ] m. plur.; celles-ci [ sɛlsi ], celles-là [ sɛlla ] f. plur. )
celui
1CELUI-CI désigne en principe ce qui est le plus rapproché; ce dont il va être question; CELUI-LÀ, ce qui est le plus éloigné; ce dont il a été question (cf. Ceci et cela). REM. Celui-là est plus courant, quand il n'y a pas d'opposition. De ces deux maisons, celle-ci est la plus grande, mais celle-là est la plus confortable.
2CELUI-LÀremplace celui, quand on ne peut l'employer. Celui-là est meilleur. Elle est folle, celle-là ! Ah, celle-là, elle est bien bonne ! Fam. Çuilà [ sɥila ].

⇒CELUI-CI, CELLE-CI, CEUX-CI, CELLES-CI, pron. dém.
Employé comme représentant ou comme nominal, distingue dans une oppos. ou désigne, employé seul, une entité proche, dont on parle ou dont on va parler.
A.— Celui-ci employé dans un système d'oppos. (en partic. en relation avec celui-là).
1. Celui-ci désigne une pers. ou un obj. proches.
a) [Dans l'espace] « Par quelle allée va-t-on passer? Par celle-ci? Par celle-là? » (R. MARTIN DU GARD, Les Thibault, Épilogue, 1940, p. 870) :
1. « Venez par ici, lui dit-il, en lui montrant une autre route; celle-ci conduit plus directement au palais. »
Mme COTTIN, Mathilde, t. 1, 1805, p. 162.
b) [Dans le temps] — Pourquoi donc voulez-vous que j'attende une autre vie? Celle-ci me suffit (DANIEL-ROPS, Mort, où est ta victoire? 1934, p. 254) :
2. — Madame Colette, — (...), — vous avez bien voulu me traiter, l'autre été et celui-ci, en... vraiment en...
— Petite copine? suggérai-je.
COLETTE, La Naissance du jour, 1928, p. 36.
c) [Dans le cont., celui-ci renvoie au subst. énoncé le dernier] Beaucoup d'appelés, peu d'élus. Olivier était de ceux-ci (R. ROLLAND, Jean-Christophe, Les Amies, 1910, p. 1233) :
3. Comme elle pèse durement, presque invinciblement, cette fatalité, sur l'enfant et la femme! Celle-ci qu'on plaint, est peut-être encore plus à plaindre...
MICHELET, Le Peuple, 1846, p. 90.
[En partic. en alternance avec celui-là] :
4. Le vieux critique est bon et doux, le jeune critique est implacable; celui-ci ne sait rien, celui-là sait tout.
BALZAC, Le Lys dans la vallée, 1836, p. 163.
2. [L'alternance est fictive] Celui-ci prend une valeur de nominal indéfini (cf. infra C).
B.— Celui-ci employé seul. [Celui-ci désigne une pers. ou un obj. proche du locuteur]
1. [Dans l'espace] :
5. DON PÉLAGE. — Vous êtes à moi tant que vous êtes capable de me rendre service.
DONA PROUHÈZE. — Quel service? Quand celui-ci même...
Élevant la main, elle va vers la fenêtre.
Je le vois mourir sous mes yeux!
CLAUDEL, Le Soulier de satin, 1929, 1e part., 2e journ., 3, p. 1006.
[Souvent accompagné de l'énoncé d'un geste] :
6. UNE VIEILLE FEMME, désignant la jeune femme.
— Et celle-ci, là, qui buvait ses discours comme du miel, arrachez-lui ses vêtements, mettez-la toute nue et fouettez-la jusqu'au sang.
SARTRE, Les Mouches, 1943, II, tabl. 1, 3, p. 54.
Rem. 1. L'indication du geste permet des ruptures syntaxiques par rapp. au subst. représenté :
7. Trompette.
Pendant que cette assemblée se constitue il sied de se taire et de s'instruire de mes ordonnances que j'établis à tout jamais pour être de tous obéie.
Entre Apollon.
Oui, et celui-ci même s'il vient à être condamné suivant de justes formes.
CLAUDEL, Les Euménides, trad. d'Eschyle, 1920, III, p. 967.
8. — Vous êtes un enfant, Monsieur Pasquier. Mais puisque vous aimez les tableaux, je veux bien vous faire plaisir. Allons, prenez celui-ci.
G. DUHAMEL, Chronique des Pasquier, La Nuit de la Saint-Jean, 1935, p. 27.
Rem. 2. Celui-ci est dans ce cas parfois remplacé par ceci, qui prend alors volontiers une valeur péjorative. Celui-ci, c'est Jésus; ceci, c'est Barabbas (HUGO, La Fin de Satan, Le Gibet de Jésus-Christ, 1885, p. 878).
2. [Dans le temps] :
9. Cette mélancolique émotion me fait jeter en arrière un triste regard sur quelques années de ma vie, quoique ces années soient bien proches de celle-ci, et que cette vie ne soit pas bien longue encore.
VIGNY, Servitude et grandeur militaires, 1835, p. 5.
En partic. Celui-ci évoque le moment où le locuteur parle :
10. Charles, en passant, reconnaissait les cours. Il se souvenait de matins comme celui-ci, où, après avoir visité quelque malade, il en sortait, et retournait vers elle [Emma].
FLAUBERT, Madame Bovary, t. 2, 1857, p. 195.
3. [Dans le cont.] Celui-ci évoque :
a) Celui-ci évoque la personne ou la chose dont on parle. Il n'y a pas au monde de ville plus tranquille que celle-ci (MORAND, Londres, 1933, p. 103).
[Dans les incises ponctuant le dialogue pour désigner le locuteur] Qu'en dites-vous, Morrel? — Ma foi, dit celui-ci (A. DUMAS Père, Le Comte de Monte-Cristo, t. 1, 1846, p. 585) :
11. ... il descendit, à l'aide de cette échelle improvisée, sur la terrasse de Mademoiselle Sidonie. — Qui est là? s'écria celle-ci en entendant Rodolphe frapper à ses carreaux. — Silence, répondit-il, ouvrez...
MURGER, Scènes de la vie de bohème, 1851, p. 67.
b) Celui-ci évoque la chose qui va être dite immédiatement après, au style direct :
12. On lui posait des questions pour provoquer des réponses trouvées on ne sait où. Celle dont on la harcelait le plus souvent était celle-ci : « Pourquoi t'appelle-t-on Mouche? »
MAUPASSANT, Contes et nouvelles, t. 1, Mouche, 1890, p. 1341.
Rem. Plus rarement que celle-là (cf. celui-là B 1 d), celui-ci peut, p. ell. fam., désigner, sur un ton réprobateur, une énonciation qui vient d'être faite :
13. ... le châtelain demeurait pantois. Il se croisait les bras, très digne, toisait le gars du haut de sa tête; mais il restait à court de phrases et ne trouvait à répéter que deux ou trois maigres paroles : — Celle-ci est raide!... Fier toupet... Intolérable.
GENEVOIX, Raboliot, 1925, p. 188.
Par anaphore. Celui-ci peut suivre, immédiatement ou non, le sujet ou le régime qu'il représente pour l'accentuer. Ne frappe pas, tonnerre. Ils sont petits, ceux-ci (HUGO, La Légende des siècles, La Terre, hymne, t. 3, 1877, p. 28) :
14. Il a donné une idée à Drumont; on la retrouve difficilement dans son Balzac et ses Batailles du ciel. Titre sublime, celui-ci.
BARRÈS, Mes cahiers, t. 13, 1920-22, p. 11.
Rem. 1. Celui-ci peut, comme celui-là, prendre une valeur d'insistance, en constr. d'appos., notamment en fin de phrase (cf. HUGO, loc. cit. et ex. 14). 2. Ds la lang. pop. Mais la guerre, c'telle-ci, va te le détruire le maudit pouvoir de l'argent (G. ROY, Bonheur d'occasion, 1945, p. 73).
C.— Celui-ci employé comme nominal.
1. Celui-ci forme avec l'autre, celui-là une alternance ou une énumération à valeur nominale :
15. Pourquoi dois-je aider cet homme et tuer cet autre? Pourquoi celui-là est-il mon camarade et celui-ci mon ennemi?
VAILLAND, Drôle de jeu, 1945, p. 167.
2. Littér., rare. Celui-ci, forme renforcée de celui, est déterminé par une prop. sub. rel. avec laquelle il forme une séquence à valeur nominale. Ne touche pas celui-ci qui était près du mort! (CAMUS, L'État de siège, 1948, p. 225).
Rem. En fait, la prop. rel., dans cet ex., a une valeur de prop. causale. Les grammairiens considèrent en gén. que seule une prop. rel. explicative ou une constr. séparant la prop. rel. de la principale peuvent être admises derrière celui-ci. Mais, fréq., l'intention stylistique fait plier cette règle.
Prononc. et Orth. :[], [], [søsi], []. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. V. celui. Bbg. BARRERA-VIDAL (A.). Qq. rem. à propos des dém. celui-ci/celui-là. Praxis. 1968, n° 3, pp. 268-274. — GOUG. Lang. pop. 1929, p. 110.

celui-ci [səlɥisi]
ÉTYM. (XIVe), celui-là [səlɥila]
ÉTYM. (XIIIe) pron. dém. masc. sing. (et celle-ci [sɛlsi], celle-là [sɛlla], fém. sing.; ceux-ci [søsi], ceux-là [søla], masc. plur.; celles-ci [sɛlsi], celles-là [sɛlla], fém. plur.). → Celui.
Celui-ci désigne en principe ce qui est le plus rapproché; ce dont il va être question; celui-là, ce qui est le plus éloigné; ce dont il a été question.
REM. Dans le contexte, celui-ci renvoie au nom énoncé le dernier, celui-là au nom énoncé le premier.
1 Deux sortes de gens fleurissent dans les cours, et y dominent dans divers temps, les libertins et les hypocrites : ceux-là gaiement, ouvertement (…) ceux-ci finement, par des artifices.
La Bruyère, les Caractères, XVI, 26.
2 Vivaient le cygne et l'oison :
Celui-là destiné pour les regards du maître,
Celui-ci pour son goût (…)
La Fontaine, Fables, III, 12.
2.1 Étienne et Saturnin ne se décidaient pas à partir.
— Vous ne trouvez pas que le néant imbibe l'être, disait celui-ci à celui-là qui répliquait :
— L'être ne conjugue-t-il pas plutôt le néant ?
R. Queneau, le Chiendent, p. 417.
Sans indication de proximité ou d'éloignement, pour opposer deux objets quelconques. || Celui-ci est plus beau que celui-là.
REM. Cette distinction tend à disparaître et la forme celui-là à l'emporter lorsqu'il n'y a pas d'opposition.
Celui-ci employé seul désigne une personne ou une chose proche, le moment où l'on parle, la personne ou la chose dont on parle, ce qui va être dit. || Et celle-ci qui ne m'écoute pas ! || L'autre soir et celui-ci. || Il ne m'a donné qu'un conseil, celui-ci : …
Celui-là remplace celui dans tous les cas où la forme simple ne peut pas être employée : → Celui (celui-là est meilleur), et dans les énoncés emphatiques.
Vx ou littér. Celui-là, à valeur nominale, antécédent d'une proposition relative (→ cit. 3.1). || « Celui-là qui conquit la toison » (→ Âge, cit. 2, du Bellay).
3 (…) Ce n'est pas à dire que celui-ci, celui-là soient totalement impossibles devant les conjonctifs; quand il y a emphase, opposition, etc., ils reparaissent : « Puisque ceux-là sont morts qui brisaient les bastilles ». (Hugo, Chât., Obéiss. passive). — Ici Hugo se conforme du reste à la règle de Vaugelas : ceux-là est séparé de qui par un verbe. Toutefois on ne dit plus : « Un profond somme occupait tous les yeux même ceux-là qui brillent dans les cieux ». (La Font., IV, 37).
F. Brunot, la Pensée et la Langue, VI, VII, p. 192.
3.1 Ceux-là qui en naissant n'ont point flairé de telle braise, qu'ont-ils à faire parmi nous ? et se peut-il qu'ils aient commerce de vivants ?
Saint-John Perse, Anabase, Pl., p. 102.
Fam. Pour marquer l'étonnement, l'indignation… || Celui-là [səlɥila], celle-là… : cette chose, cet homme… || Ah, celui-là quel imbécile ! || Elle est folle, celle-là !
4 Celle-là veut dire : cette histoire, cette affaire-là : celle-là est forte; celle-là est verte; je ne m'attendais pas à celle-là.
F. Brunot, la Pensée et la Langue, VI, X, p. 199.
REM. Celui-ci est fréquemment prononcé [sɥisi] et celui-là [sɥila], et parfois écrits — pour noter cet usage familier oral — çui-ci, çui-là ou çuilà.

Encyclopédie Universelle. 2012.