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BRÉSIL
BRÉSIL

LE BRÉSIL s’étend sur 8500000 kilomètres carrés, soit presque la moitié du continent sud-américain. Il est constitué par la fédération de vingt-sept États et un district fédéral, Brasília. Découvert par le Portugal en 1500, au cours de l’expédition que Cabral conduisit aux Indes, le Brésil ne fut véritablement intégré à l’empire atlantique portugais qu’à la fin du XVIe siècle, lorsque les plantations de canne à sucre et les esclaves africains furent introduits dans le nord-est du pays. Pourchassés, atteints par le choc microbien provoqué par la colonisation, les Amérindiens du littoral atlantique connaissent un rapide déclin démographique. Près de 4 millions d’Africains furent ainsi déportés vers le Brésil au cours de trois siècles de traite négrière, donnant lieu à la plus nombreuse population noire existant aujourd’hui dans une nation non africaine. Aussi, à la suite du départ des colons portugais des pays de l’Afrique lusophone, le Brésil apparaît comme l’expression la plus achevée de la présence multiséculaire des Portugais sous les tropiques.

Le baroque tardif, épanoui au XVIIIe siècle dans l’architecture religieuse du Nord-Est et surtout du Minas Gerais, se présente comme la principale manifestation de l’art de la période coloniale (1500-1822). Marqué par l’influence des artistes et artisans portugais et africains, ce mouvement artistique trouve ses caractéristiques brésiliennes dans l’œuvre de l’architecte et sculpteur António Francisco Lisboa dit l’Aleijadinho (1738 env.-1814). Après l’indépendance de la domination portugaise (1822), la convergence d’écrivains, de thèmes littéraires nativistes et d’un public national favorise l’émergence d’une littérature proprement brésilienne dont l’auteur le plus important demeure le romancier mulâtre Machado de Assis (1839-1908).

L’industrialisation, amorcée dans l’entre-deux-guerres, met en branle un mouvement d’urbanisation. La fondation de Brasília en 1960 induit des flux migratoires vers l’Amazonie et l’Ouest, mais ne parvient pas à estomper la croissance des grandes villes du Centre-Sud. Quatre Brésiliens sur cinq vivront en milieu urbain en l’an 2000. À partir des années 1960, sans aucune incitation officielle, le taux de croissance démographique a commencé à décliner dans toutes les régions du pays; le taux de fécondité est passé de 6,3 en 1960 à 3,1 en 1991. Dès lors, les projections de la population sont revues à la baisse. Selon toute vraisemblance, le nombre d’habitants se stabilisera, en l’an 2025, autour de 232 millions de personnes. Étant donné que la majeure partie de son territoire est habitable, le Brésil apparaîtra alors comme une des régions du monde où le rapport population/territoire sera des plus équilibrés. D’ici là, le pays doit encore faire face aux difficultés qu’engendre le processus de consolidation démocratique et de réduction des inégalités sociales.

brésil [ brezil ] n. m.
XIIe; de breze, var. anc. de braise
Bois d'un arbre de la famille des césalpiniées, contenant un colorant rouge-orange (comme une braise). Teindre avec du brésil (ou BRÉSILLER v. tr. <conjug. : 1> ). REM. Ce bois a donné son nom au pays.

brésil ou brésillet nom masculin (ancien français breze, forme ancienne de braise) Bois d'Amérique tropicale, tinctorial, rouge-orange, très dur et très lourd, ayant fourni l'hématoxyline antérieurement au bois de campêche, qui provient d'une espèce voisine.

Brésil
(république fédérale du) (República federativa do Brasil), état le plus grand d'Amérique du Sud et le 4e au monde par la superficie; 8 511 965 km²; 147 405 000 hab.; cap. Brasília. Nature de l'état: rép. fédérale de type présidentiel. Langue off.: portugais. Monnaie: réal (BRR). Population: env. 60 % de Blancs, 28 % de métis, 10 % de Noirs, 2 % d'Indiens (mais la notion de "race" n'est plus tenue en compte par les recensements officiels depuis 1950). Relig.: cathol. (93 %). Géogr. phys. et hum. - La vaste cuvette équatoriale de l'Amazone (fleuve le plus puissant du monde), humide et couverte de forêt dense, occupe le N. du pays. Au S., lui succèdent les plateaux plus secs du Mato Grosso, domaines de la savane (les campos). Le reste du pays est constitué de plateaux qui s'inclinent à l'O., alors que des hauteurs (les serras) dominent une étroite plaine atlantique. Le climat tropical d'alizés de la façade atlantique prend des nuances tempérées au S., alors que le N.-E. intérieur, le Sertão, est un îlot de sécheresse couvert d'une végétation aride (la caatinga). La population, aux trois quarts citadine et dont la croissance annuelle atteint 2 %, se concentre sur la façade atlantique et surtout dans le "Sudeste", coeur écon. du pays, mais la colonisation progresse au Mato Grosso et en Amazonie. écon. - Le Brésil est la première puissance écon. du tiers monde. L'agriculture oppose un secteur moderne et exportateur (café, cacao, canne à sucre, soja, maïs, sorgho, agrumes, grands élevages bovins) à une agriculture vivrière pauvre; 65 % des exploitants possèdent moins de 10 hectares et ne contrôlent que 3 % des terres. Les ressources naturelles sont abondantes: bois, hydroélectricité (le barrage d'Itaipu sur le Parana alimente la plus puissante centrale du monde), pétrole (régions de Salvador et de Rio de Janeiro) et surtout gisements miniers du Minas Gerais et du bassin amazonien. Premier exportateur mondial de fer, premier producteur d'étain, le Brésil extrait bauxite, or, manganèse, tungstène, pierres précieuses. L'industrie, très diversifiée, se place au 10e rang mondial pour biens d'équipement, véhicules, armement, agro-alimentaire, textile, chaussure. Le véritable problème du pays est un développement inégal: contrastes sociaux, contrastes entre villes et campagnes, entre régions pauvres et régions riches (le Nordeste est une poche de misère). La colonisation du Mato Grosso et de l'Amazonie, depuis 1970, n'a pas sauvé l'économie mais mutile l'environnement. Les princ. partenaires écon. sont les États-Unis, la C.é.E., le Japon et les voisins latino-américains. L'excédent commercial est important mais la dette ext. est la plus élevée du tiers monde. En mars 1990, un plan d'austérité draconien a été adopté; il est toujours en vigueur. Hist. - Le Portugais Cabral aborda la côte du Brésil en 1500. La colonisation de la bordure atlant. fut faible jusqu' au XVIIe s.; elle se développa alors grâce à l'apport d'esclaves noirs astreints à cultiver la canne à sucre de Bahia à Recife. Bientôt, on exploita les mines d'or et de diamants du Minas Gerais (1696). Divisé en capitaineries dès 1548, le Brésil devint une vice-royauté (1720) qui, en 1808, accueillit la famille royale du Portugal, chassée par Napoléon. Il se constitua en empire constitutionnel indép. en 1822, avec Pierre Ier, fils du roi Jean VI reparti au Portugal. De grands progrès écon. furent accomplis sous le règne de Pierre II (1831-1889): introduction de la cult. du café (1860), "boom" du caoutchouc, ouverture du pays aux immigrants européens. L'esclavage fut définitivement aboli en 1888. Un coup d'état militaire instaura la rép. en 1889. De 1930 à 1945 et de 1951 à 1954, le président G. Vargas amorça l'essor industriel du pays. J. Kubitschek (1956-1960) créa Brasília. La prise du pouvoir par les militaires en 1964 ouvrit une période de progrès écon. (grâce à l'aide américaine), mais accentua les inégalités sociales. L'élection du g al Geisel, en 1974, marqua le retour à la vie constitutionnelle. Son successeur, le général Figueiredo (1979-1985), rendit le pouvoir aux civils. J. Sarney (1985-1989) affronta l'inflation démesurée. En déc. 1989 eut lieu la première élection, depuis trente ans, d'un président de la République au suffrage universel: Fernando Collor de Mello, destitué pour corruption en 1992 et remplacé par le vice-président. En 1994, F. Cardoso (centre droit) fut élu président. Il s'est attaché à réduire l'inflation. En 1995, le Mercosur a été inauguré.

⇒BRÉSIL, subst. masc.
Brésil ou bois de brésil. Bois exotique de couleur rouge qui, séché et pulvérisé, fournit une matière tinctoriale rouge.
Sec comme brésil. Extrêmement sec.
Prononc. et Orth. :[]. Alors que la majorité des dict. transcrit l liquide à la finale, FÉR. 1768 et FÉR. Crit. t. 1 1787 recommandent de mouiller l final (cf. encore Ac. 1798, Lar. 19e). À ce sujet cf. LAB. 1881, p. 32 : ,,Quant au mot Brésil, l'l n'est pas mouillée dans la langue portugaise; elle est, au contraire, liquide comme dans le mot fil. Brésil se dit en portugais, qui est la langue nationale du Portugal et du Brésil : Brazil``. BUBEN 1935, § 35 : ,,Lorsque ai eut pris le son d'un e ouvert, les scribes commencèrent à confondre ai et e et écrivirent indifféremment fere ou faire, tere ou taire, reson ou raison, etc., plus tard on est revenu à l'orthographe étymologique, excepté les mots frêne-fraisne, frêle-fraile, grêle-graisle, guet-guait, guetter-guaitter, et inversement aile-ele, clair-cler, pair-per, braise-brese, fraîche-fresche, faîte-feste, laîche à côté de lèche-lesche, etc. Tandis qu'en syllabe accentuée cette confusion n'a eu aucune conséquence pour la prononciation parce que l'e est resté ouvert dans les deux cas, en syllabe protonique l'e inaccentué a pu prendre un son différent suivant la graphie adoptée. L'é fermé l'a emporté dans les mots suivants : affété, maniéré, affecté, part. passé du verbe afféter, variante orthographique de affaiter (...) brésil, bois de teinture colorant en rouge, brésiller, dér. de braise (Bloch)``. (L'anc. forme braisil est mentionnée dans Lar. encyclop.). FÉR. 1768 écrit bresil et note : ,,On trouve dans plusieurs bons livres Brésil avec un accent aigu : le Dictionnaire d'orthographe n'en met point.`` Cf. aussi FÉR. Crit. t. 1 1787, s.v. brésil : ,,Le Rich. Port. écrit Brezil sans accent. C'est aparemment une faûte d'impression.`` Les dict. signalent que l'on dit souvent Bois de Brésil. ,,Cette observation a besoin d'explication; car, telle qu'elle est, elle ferait croire que le brésil tire son nom du Brésil, tandis qu'au contraire c'est le Brésil qui tire son nom du brésil. On peut écrire bois de brésil ou bois de Brésil. Dans le premier cas, ce sera du bois de l'arbre brésil; dans le second cas, le bois de Brésil ou de Fernambouc désignera particulièrement la caesalpinia echinata`` (LITTRÉ). Étymol. et Hist. 1168 (Doc. Picardie, éd. V. de Beauville, IV, 4 dans IGLF Techn.). Dér., à cause de l'anal. de couleur, de l'a. fr. breze, anc. forme de braise (FEW t. 15, 1, p. 248a); suff. -il (de - ou de -, FEW t. 15, 1, p. 260b, note 30).
DÉR. 1. Brésiléine, ou brésiline, subst. fém., vx. Matière colorante rouge extraite du bois de brésil (cf. Ch. COFFIGNIER, Couleurs et peintures, 1924, p. 123). 1re attest. 1838 brésiline (Ac. Compl. 1842); dér. de brésil, suff. -ine (élargi en -éine peut-être sur le modèle de mots comme caséine ou caféine). 2. Brésiline, subst. fém. ,,Leucodérivé correspondant à la brésiléine`` (DUVAL 1959). 1re attest. 1858 brasiléine, brésiléine (NYSTEN, LITTRÉ-ROBIN); dér. de brésil. Rem. sur dér. 1 et 2. Ac. Compl. 1842 et BESCH. 1845 donnent uniquement brésiline. Lar. 19e distingue brésiline ,,matière colorante du bois de Brésil, appelée aussi Brasiline`` et brésiléine ,,résultat de la combinaison de la brésiline avec l'air et l'ammoniaque``. Cf. aussi GUÉRIN 1892 (d'une part brésiline ou brasiline, d'autre part brésiléine ou brasiléine). Lar. 20e et Lar. encyclop. opposent brésiléine (matière colorante naturelle) et brésiline (leucodérivé de la brésiléine). 3. Brésillet, subst. masc. Variété de bois de Brésil de qualité médiocre. P. ext., bot. Nom donné à plusieurs espèces d'arbustes du genre Caesalpinia. Dernière transcr. dans DG : bré-zi-yè. [] mouillée à la finale dans GATTEL 1841, NOD. 1844 et LITTRÉ; yod dans LAND. 1834 et DG. 1re attest. 1694 (P. POMET, Hist. gén. des drogues, Paris, Loyson et Pillon, p. 119); dér. de brésil, suff. -et.
BBG. — GOTTSCH. Redens. 1930, p. 247. — RITTER (E.). Les Quatre dict. fr. Rem. lexicogr. B. de l'Inst. nat. genevois. 1905, t. 36, pp. 364-365. — SIGURS 1963/64, p. 457.

brésil [bʀezil] n. m.
ÉTYM. 1168; de breze, var. anc. de braise.
Bois d'un arbre de la famille des Césalpinées, contenant un colorant rouge (comme une braise). || Teindre avec du brésil. 1. Brésiller. Syn. : brésillet, bois de brésil. || Les bois de brésil proviennent des Indes, de l'Amérique méridionale, des Antilles.
DÉR. Brésiline. — 1. Brésiller, brésillet.

Encyclopédie Universelle. 2012.