1. clocher [ klɔʃe ] n. m. ♦ Bâtiment élevé d'une église dans lequel on place les cloches. La flèche, l'aiguille, le coq, les clochetons, les abat-sons, l'horloge du clocher. Clocher séparé de l'église (en Italie). ⇒ campanile.
♢ Loc. Querelles, compétitions, rivalités de clocher, purement locales, insignifiantes. Esprit de clocher. ⇒ chauvinisme.
clocher 2. clocher [ klɔʃe ] v. intr. <conjug. : 1>
• v. 1120; lat. pop. cloppicare, de cloppus « boiteux »
1 ♦ Vx Marcher en boitant. ⇒ boiter, claudiquer, clopiner.
2 ♦ (XIIIe) Mod. Être défectueux; aller de travers. Ce raisonnement cloche. Il y a qqch. qui cloche, qui ne va pas.
● clocher nom masculin (de cloche) Construction élevée au-dessus ou dans le voisinage d'une église, pour soutenir et abriter les cloches. Littéraire. Pays natal ; village, ville où l'on demeure. ● clocher (citations) nom masculin (de cloche) Napoléon Ier, empereur des Français Ajaccio 1769-Sainte-Hélène 1821 L'aigle avec les couleurs nationales volera de clocher en clocher jusqu'aux tours de Notre-Dame. Proclamation du 1er mars 1815 Commentaire Dès son retour de l'île d'Elbe, Napoléon fit publier de nombreuses proclamations. Dans celle qui était destinée à l'armée se trouvait cette phrase qui s'avéra prophétique, tant la marche de Napoléon sur Paris fut rapide. ● clocher (expressions) nom masculin (de cloche) Esprit de clocher, attachement étroit à tout ce qui concerne le cercle des gens parmi lesquels on vit habituellement. Querelles de clocher, disputes d'un intérêt purement local. ● clocher (homonymes) nom masculin (de cloche) clocher verbe ● clocher (synonymes) nom masculin (de cloche) Construction élevée au-dessus ou dans le voisinage d'une église, pour...
Synonymes :
● clocher
verbe intransitif
(latin populaire cloppicare, du latin classique cloppus, boiteux)
Vieux. Être bancal, boiter : Il y a une chaise qui cloche.
Familier. Présenter un caractère défectueux ; aller mal, de travers : Quelque chose cloche dans l'appareil.
● clocher
verbe transitif
(de cloche)
Mettre une plante sous une cloche.
● clocher (homonymes)
verbe intransitif
(latin populaire cloppicare, du latin classique cloppus, boiteux)
clocher
nom masculin
● clocher (synonymes)
verbe intransitif
(latin populaire cloppicare, du latin classique cloppus, boiteux)
Être bancal, boiter
Synonymes :
- boiter
● clocher (homonymes)
verbe transitif
(de cloche)
clocher
nom masculin
clocher
n. m.
d1./d Construction élevée au-dessus d'une église et dans laquelle sont suspendues les cloches.
d2./d Par ext. Paroisse, pays natal.
— Intérêts, rivalités de clocher, qui n'intéressent qu'une localité, qu'une région restreinte. Esprit de clocher.
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clocher
v. intr. Fig., Fam. être défectueux. Quelque chose qui cloche dans un raisonnement.
I.
⇒CLOCHER1, subst. masc.
A.— Construction en forme de tour qui surmonte une église ou s'élève à proximité, et qui abrite les cloches. Devant les minarets aujourd'hui, nous rêvions aux clochers d'églises, et dans l'air matinal nous attendions les angelus (GIDE, Le Voyage d'Urien, 1893, p. 22) :
• 1. Un très grand nombre de Français se sentiraient exilés dans un village, dans une France où il n'y aurait plus d'églises, d'où les clochers ne monteraient plus vers le ciel.
BARRÈS, Mes cahiers, t. 9, 1911-12, p. 250.
♦ Course au clocher. Course à cheval à travers champs vers un but désigné comme si on allait droit sur un clocher :
• 2. De Marsay, qui venait chercher d'Esgrignon pour une course au clocher, sortit de sa poche un élégant petit porte-feuille...
BALZAC, Le Cabinet des antiques, 1839, p. 74.
B.— P. méton. Paroisse, village, commune où l'on vit; pays natal :
• 3. Loin d'exclure un besoin plus libéral d'affection, le patriotisme l'annonce, comme l'attachement à la province, au clocher, à la maison, prépare et échauffe l'amour de la grande patrie.
M. BLONDEL, L'Action, 1893, p. 267.
♦ Esprit de clocher. Attachement exclusif à son village, à sa ville, au milieu dans lequel on vit. Synon. chauvinisme.
♦ Rivalités, intérêts de clocher. Rivalités, intérêts locaux :
• 4. ... la plupart des saillies que j'entendais applaudir se rapportaient à des anecdotes locales et à des circonstances de clocher...
O. FEUILLET, Le Roman d'un jeune homme pauvre, 1858, p. 101.
C.— Proverbes. Il n'a jamais perdu de vue le clocher de son village. Il n'a jamais voyagé. Il n'a jamais vu que le clocher de son village. Il est sans expérience. Il faut placer le clocher au milieu de la paroisse. Il faut mettre à la portée des gens ce dont ils peuvent avoir besoin.
Prononc. et Orth. :[]. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 1160-70 clochier « partie élevée d'une église qui contient les cloches » (WACE, Rou, éd. H. Andresen, II, 2594). Dér. de cloche1; suff. (i)er, cf. lat. médiév. cloccarium ca 800 ds Mittelat. W. s.v. Fréq. abs. littér. :1 299. Fréq. rel. littér. : XIXe s. : a) 2 207, b) 1 611; XXe s. : 2 339, b) 1 374. Bbg. Archit. 1972, p. 32. — GOTTSCH. Redens. 1930, p. 347, 351.
II.
⇒CLOCHER2, verbe.
A.— Emploi intrans., vx. Sonner à la cloche. Minuit clochant.
B.— Emploi trans.
1. [Clocher renvoie au son de la cloche]
a) Annoncer un événement à coups de cloche :
• 1. ... comme ces grands bourdons de cent quintaux qui clochent les réjouissances de Dieu.
G. D'ESPARBÈS, La Légende de l'Aigle, 1893, p. 55.
♦ Au fig. :
• 2. Dès l'aurore, tous les canons (...) clochèrent l'heure du combat.
G. D'ESPARBÈS, La Légende de l'Aigle, 1893 p. 308.
— Spéc. Annoncer à coups de cloche l'arrivée ou le départ d'un train, d'une péniche, etc.
b) Lang. pop. Importuner, rebattre les oreilles (cf. E. CHAUTARD, La Vie étrange de l'argot, 1931, p. 63).
2. [Clocher renvoie à la forme de la cloche]
a) HORTIC. Mettre sous cloche. Clocher des melons.
b) CHAPELLERIE. Donner un aspect fermé à une passe de chapeau. Clocher un feutre.
Prononc. :[], (je) cloche []. Étymol. et Hist. 1547 « annoncer à son de cloche » (J. BOUCHET, Epistres famil. du Traverseur, 50 ds HUG.). Dér. de cloche1; dés. -er. Fréq. abs. littér. :6.
DÉR. Clochement, subst. masc., vx ou région. Bruit de cloches, tintement. P. ext. Elle cherche la soucoupe où tous les soirs, elle met sa vieille grosse montre d'or, qui sonne. J'entends qu'elle appuie sur le déclic. Quatre tout petits clochements argentins dans la soucoupe. C'est quatre heures (GIONO, L'Eau vive, 1943, p. 356). — []. — 1re attest. 1637 (J. CRESPIN, Le Thresor des trois langues, Genève d'apr. FEW t. 2, p. 791 a); ne semble plus attesté dans la lexicogr. jusqu'à 1838 (Ac. Compl. 1842), qui le qualifie de vieux; de clocher2, suff. -ment2.
III.
⇒CLOCHER3, verbe intrans.
A.— 1. [Le suj. désigne une pers.] Boiter. Qu'a donc ce coquin à clocher sur un pied? (NERVAL, Faust, 1840, p. 88).
• 1. ... ils n'affectaient que des infirmités supportables. L'un d'eux suivit assez longtemps M. Bergeret en clochant du pied, et toutefois d'un pas agile.
A. FRANCE, Mousieur Bergeret à Paris, 1901, p. 237.
2. [Le suj. désigne une chose] Être bancal. Ce meuble cloche.
B.— Au fig. Aller mal; ne pas être correct. Ce vers cloche; ce raisonnement cloche. Inquiète, Mme Salvail allait s'enquérir çà et là si rien n'avait cloché (G. GUÈVREMONT, Le Survenant, 1945, p. 127) :
• 2. — Dis à Jean d'y donner un coup-d'œil que rien n'y cloche [dans l'appartement], avant d'y introduire cette dame...
BALZAC, La Cousine Bette, 1846, p. 340.
Prononc. et Orth. :[], (je) cloche []. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. Début XIIe s. clocier « boiter » (Psautier d'Oxford, XVII, 49, éd. Fr. Michel, p. 21 [claudicaverunt]); ca 1170-75 clochier (CHR. DE TROYES, Chevalier lion, éd. M. Roques, 4094); ca 1200-1220 fig. clocher « être défectueux » (R. DE HOUDENC, Meraugis, 1110 ds T.-L.). Du lat. vulg. cloppicare « id. », dér. de cloppus « boiteux » (v. clopin-clopant) qui remplaça le lat. claudus; rapproché par étymol. pop. de cloche1 (v. FEW t. 2, p. 794). Fréq. abs. littér. :16.
DÉR. Clochement, subst. masc. a) Rare. Fait de clocher du pied. Claudication. b) P. anal. [En parlant de l'assise d'un obj.] Fait d'être bancal. [Il] s'assit d'un air embarrassé sur une chaise basse, garnie de peluche rouge, qui avait un pied trop bref et dont, tout de suite, il éprouva le clochement familier (G. DUHAMEL, Chronique des Pasquier, Le Combat contre les ombres, 1939, p. 149). Au fig. Mauvais fonctionnement. — []. — 1re attest. 1363 « action de boiter » (Grande Chirurgie de Gui de Chauliac, d'apr. G. Sigurs ds Fr. mod., t. 33, p. 204); de clocher3, suff. -ment1. — Fréq. abs. littér. : 1.
1. clocher [klɔʃe] n. m.
ÉTYM. XIIe; de 1. cloche.
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1 Bâtiment élevé qui fait partie d'une église et dans lequel on place les cloches. || La flèche, l'aiguille, le coq, les clochetons, les abat-son, l'horloge du clocher. || Clocher de pierre, de marbre, de granit, de tuiles, d'ardoise, de bois; roman, gothique, Renaissance; pointu, bulbeux, rond, carré, polygonal, pyramidal, massif, trapu, aplati, bas, élevé, élancé, effilé, élégant, svelte, uni, dentelé, sculpté, fouillé, croulant, moussu. || Les clochers à jour de Bretagne. || Clocher séparé. ⇒ Campanile. || Le clocher d'un beffroi. || Clocher en forme de tour. ⇒ Tour (d'église).
1 Et si nous montons sur la cathédrale (…) qu'a-t-on fait de ce charmant petit clocher qui s'appuyait sur le point d'intersection de la croisée, et qui non moins frêle et non moins hardi que sa voisine la flèche (…) de la Sainte-Chapelle, s'enfonçait dans le ciel plus avant que les tours, élancé, aigu, sonore, découpé à jour ?
Hugo, Notre-Dame de Paris, III, I.
2 C'était, dans la nuit brune,
Sur le clocher jauni,
La Lune,
Comme un point sur un i.
A. de Musset, Premières poésies, « Ballade à la Lune ».
3 (…) le clocher de Creizker, le géant des clochers bretons, baignant dans le ciel bleu, en pleine lumière, ses fines découpures grises marbrées de lichens jaunes.
Loti, Mon frère Yves, II, p. 11.
♦ Spécialt (vx; adapt. de l'angl. steeple chase). || Course au clocher : course à cheval à travers champs, à qui arrivera le premier à un but désigné, en franchissant tous les obstacles comme si l'on allait droit à un clocher.
4 Avez-vous jamais vu les courses d'Angleterre ?
On prend quatre coureurs, — quatre chevaux sellés;
On leur montre un clocher, puis on leur dit : Allez !
Il s'agit d'arriver, — n'importe la manière.
A. de Musset, Premières poésies, « À quoi rêvent les jeunes filles », I, IV.
♦ ☑ Prov. Il faut placer le clocher au milieu de la paroisse, mettre à la portée de tous ce qui sert à tous.
♦ Allus. hist. || L'aigle volera de clocher en clocher jusqu'aux tours de Notre-Dame, phrase qui figure dans la proclamation de Napoléon au retour de l'île d'Elbe, et que l'on cite pour signifier que le succès escompté sera foudroyant.
2 Par métonymie. Paroisse, commune (où se trouve le clocher, l'église). || N'avoir jamais quitté son clocher. — … de clocher. ☑ Querelles, compétitions, rivalités de clocher, purement locales, insignifiantes. ☑ Esprit de clocher : attachement étroit à son village, au milieu dans lequel on vit. ⇒ Chauvinisme. || Patriotisme (cit. 4) de clocher.
5 Il n'est ni le « député », chargé de lutter à tout prix contre le pouvoir central pour faire triompher, au détriment même des intérêts généraux, les intérêts de clocher des régions qu'il administre (…)
L. H. Lyautey, Paroles d'action, p. 13.
6 — Quoi qu'il en soit, consacrer un tiers du journal à cette élection de Nancy, c'est faire la part trop belle à la politique intérieure, qui reste, en France, une politique de clocher, comme il y a cinquante ans.
Jean-Louis Curtis, le Roseau pensant, p. 298.
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DÉR. Clocheton.
HOM. 2. Clocher, 3. clocher.
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2. clocher [klɔʃe] v. intr.
ÉTYM. V. 1120; du lat. pop. cloppicare, de cloppus « boiteux ».
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1 Vx. Marcher en boitant. ⇒ Boiter, claudiquer, clopiner. || Clocher du pied droit, gauche, des deux pieds. — ☑ Prov. Il ne faut pas clocher devant les boiteux. ⇒ Boiteux.
1 (…) C'est grand'honte
Qu'il faille voir ainsi clocher ce jeune fils (…)
La Fontaine, Fables, III, 1.
2 (XIIIe). Mod. (Abstrait). Être défectueux; aller de travers. || Raisonnement, combinaison qui cloche. ⇒ Défectueux. || Il y a qqch. qui cloche, qui ne va pas. || Vers qui cloche, qui ne répond pas à la mesure.
2 (…) ceux qui veulent gloser, doivent bien regarder chez eux s'il n'y a rien qui cloche.
Molière, les Fourberies de Scapin, II, 1.
3 (…) quand j'avais presque fini de manger, je m'arrêtais avec le même air; alors lui de recommencer à chercher ce qui clochait sans jamais faire quelque chose d'utile, modifiant la position de la salière par rapport à l'huilier, et la cuillère à dessert par rapport à l'assiette (…)
Henri Michaux, Un barbare en Asie, p. 56.
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DÉR. 1. Clochard, clochement.
COMP. Cloche-pied (à).
HOM. 1. Clocher, 3. clocher.
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3. clocher [klɔʃe] v.
ÉTYM. Mil. XVIe; de 1. cloche.
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I Vx.
1 V. intr. Sonner avec une cloche, des cloches.
2 V. tr. Annoncer (un événement) à la cloche, et, spécialt, annoncer l'arrivée ou le départ d'un train à coups de cloche.
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HOM. 1. Clocher, 2. clocher.
Encyclopédie Universelle. 2012.