CAMPANILE
CAMPANILE
Issu de l’italien campana qui signifie «cloche d’église», le terme de campanile a plusieurs acceptions. Dans l’architecture italienne, le campanile est une haute tour d’église abritant des cloches et qui est située généralement en hors-oeuvre, flanquant la façade de l’édifice au nord ou au sud. Hautes de plusieurs étages et dominant nettement la toiture de l’église, ces tours sont construites soit sur plan cylindrique (Ravenne, Pise) soit sur plan quadrangulaire (Sainte-Agnès-hors-les-Murs à Rome, campanile de la cathédrale de Florence) ou même octogonal (Saint-Gottard de Milan). Elles sont le plus souvent percées de baies, de loggias, et ornées d’arcatures aveugles, de pilastres ou de placages de marbre. Les campaniles semblent être apparus en Italie vers le début du VIe siècle et le plus ancien exemple conservé est celui de Sant’Apollinare in Classe à Ravenne, daté du début du VIe siècle. Ils connaissent un grand développement à l’époque romane (Saint-Zénon de Vérone, tour de Pise) puis à l’époque gothique où ils atteignent un grand raffinement (campanile de la cathédrale de Florence entrepris sur les dessins de Giotto, puis modifié).
Le mot de campanile désigne aussi en Italie les tours communales élevées pour donner l’alarme ou pour défendre la ville (le Palazzo Vecchio de Florence, le palais des Priori à Volterra). Enfin, dans un sens plus restreint, on appelle campanile une petite construction légère et ajourée en pierre, en bois ou en métal, qui abrite les cloches et qui se trouve placée au sommet d’une tour d’église (les campaniles en fer forgé de Provence).
campanile [ kɑ̃panil ] n. m.
1 ♦ Clocher à jour, et par ext. Tour isolée, souvent près d'une église, où se trouvent les cloches. Le campanile de Florence.
2 ♦ Lanterne surmontant le toit de certains édifices civils.
● campanile nom masculin (italien campagnile) Petit clocher, souvent en charpente, formant édicule sur le faîte d'un bâtiment. Clocher d'église isolé, à la manière italienne. ● campanile (difficultés) nom masculin (italien campagnile) Genre Masculin : un campanile.
campanile
n. m. ARCHI
d1./d Clocher à jour.
— Par ext. Clocher isolé du corps de l'église.
d2./d Lanterne qui surmonte certains édifices civils.
⇒CAMPANILE, subst. masc.
ARCHITECTURE
A.— Tour élevée dans le voisinage immédiat d'une église et servant de clocher. Campanile de l'abbaye, de l'église; campanile à jour; monter au campanile. Dans le lointain la solitaire Padoue, et Venise dont les dômes et les campaniles frangés d'or brillaient dans un ciel de saphir (MAUROIS, Ariel ou la Vie de Shelley, 1923, p. 254).
B.— Lanterne, petit clocher à jour élevé au-dessus d'un édifice pour abriter une cloche :
• 1. — Elle est ici, darling, la cloche de Ghiberti! Je l'ai vue dans sa cage de bois. Elle ne sonnait pas parce qu'elle était prisonnière. Mais je veux lui donner dans ma maison de Fiesole un campanile pour logis.
A. FRANCE, Le Lys rouge, 1894, p. 249.
— P. anal. :
• 2. ... devant moi, les gratte-ciel s'étageaient, montaient, à mesure que je prenais du champ. La Standard Oil dominait de son campanile conique à quatre obélisques toutes ces tours carrées.
MORAND, New-York, 1930, p. 27.
Rem. On rencontre ds la docum. la forme fém. campanille (cf. infra prononc. et orth.). Dans le point le plus bas de ces vallées, on aperçoit un hameau indiqué par la campanille d'une petite église (CHATEAUBRIAND, Mémoires d'Outre-Tombe, t. 4, 1848, p. 291).
Prononc. et Orth. :[]. Ac. 1762 et 1798 enregistrent campanille; cf. aussi FÉR. Crit. t. 1 1787 et LAND. 1834 qui transcrivent : kan-pa-ni-ie. FÉR. fait cependant la rem. suiv. : ,,Trév. écrit comme on prononce, campanile et cette dernière manière vaut mieux``. Ac. 1835 et 1878 enregistrent campanile tout en soulignant : ,,Quelques-uns disent campanille et font ce mot du féminin``; cf. aussi LITTRÉ : ,,Campanile et selon quelques-uns campanille.`` Ac. 1932 donne uniquement campanile; cf. aussi Nouv. Lar. ill., Lar. 20e, ROB., Lar. encyclop., DUB. et Lar. Lang. fr. À part Pt Lar. 1906 et QUILLET 1965 qui admettent campanile ou campanille, le reste des dict. préconise campanile en mentionnant campanille comme étant une altération par confusion de suff. (cf. BESCH. 1845, Lar. 19e, DG et GUÉRIN 1892). Étymol. et Hist. 1. 1586 campanil « tour bâtie dans le voisinage d'une église et servant de clocher » (LE LOYER, Hist. des Spectres, VIII, 3 ds HUG.); 1732 campanile (Trév.); 2. 1787 « lanterne surmontant un toit, une flèche, un dôme et contenant une cloche » (FÉR. Crit.). Empr. à l'ital. campanile « clocher » (HOPE, p. 173) attesté au sens 1 dep. le XIVe s. (G. Villani ds BATT.) et dès 978 dans le lat. médiév. campanile (Chron. Salern., 159 ds Mittellat. W. s.v., 128, 44). Campanile est dér. de campana « cloche » (v. campane). Fréq. abs. littér. :52. Bbg. HOPE 1971, p. 149 (n. 1), 173.
campanile [kɑ̃panil] n. m.
ÉTYM. 1732; campanil, 1586; campanille, 1480; ital. campanile « clocher », de campana « cloche ».
❖
1 Cour. (en parlant de l'Italie). Clocher à jour, et, par ext., tour dressée dans le voisinage d'une église, à laquelle elle sert de clocher. || Le campanile de Florence.
1 (…) quand le palais ducal, avec sa découpure arabe et ses campaniles chrétiens soutenus par mille colonnettes élancées, se détacha sur les régions lumineuses de l'horizon, ils crurent voir un Turner.
A. Maurois, Lélia, IV, II, p. 197.
1.1 Le paraphe des martinets a signé une trève, dans l'air — et il faisait si limpide que l'on entendait sonner ensemble tous les campaniles d'Italie.
André Hardelet, Lourdes, lentes…, p. 92.
1.2 (…) il m'emmène dans son palais. La vue sur Venise y est adorable. Vingt campaniles se dressent dans la lumière du soir et sonnent tous la fois.
Claude Mauriac, le Temps immobile, 1974, p. 11.
♦ Par métaphore :
2 Sur les pentes austères, les cyprès dressaient leurs campaniles muets (…)
Edmond Jaloux, Fumées dans la campagne, XXII, p. 187.
2 (1787). Archit. Lanterne surmontant le toit de certains édifices civils et contenant souvent une cloche d'horloge.
3 Il rangea sa voiture et, de son siège, regarda les façades, chercha l'horloge, à droite. Elle était là où il était sûr de la trouver, dans son campanile, marquant midi (…)
Albert Ayguesparse, le Partage des jours, La lumière noire, 1972, in Littératures de langue franç. hors de France, p. 284.
Encyclopédie Universelle. 2012.