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coin

coin [ kwɛ̃ ] n. m.
XIIe; lat. cuneus
1Instrument de forme prismatique (en bois, en métal) utilisé pour fendre des matériaux, serrer et assujettir certaines choses. 2. cale, patarasse. Assujettir avec des coins ( coinçage, coincement) . Ôter les coins. décoincer. Loc. fig. Enfoncer un coin dans, entre : dissocier, séparer, détruire l'unité de... « en enfonçant un nouveau coin entre les partis de la majorité » (Le Nouvel Observateur, 1987). En forme de coin ( cunéiforme) .
2Morceau d'acier gravé en creux qui sert à frapper les monnaies et les médailles. matrice. Monnaie à fleur de coin, aussi nette qu'à sa sortie de dessous le coin (par oppos. à monnaie fruste). — Poinçon de garantie.
Fig. empreinte, 1. marque, sceau. Cela est frappé, est marqué à tel coin : on y reconnaît tel caractère, tel cachet. — Loc. Une réflexion marquée au coin du bon sens.
3Angle formé par l'intersection de deux lignes ou de deux plans. Figure géométrique à quatre coins (quadrilatère). Coin replié d'une feuille de papier. corne. Coins de métal, de cuir qui garnissent les angles d'un livre. Manger sur le coin d'une table. Les quatre coins d'une chambre, les quatre angles. ⇒ encoignure, renfoncement. Épousseter coins et recoins. Punir un enfant en le mettant au coin. Étagère, meuble de coin, de forme triangulaire. ⇒ encoignure, écoinçon. Retenir une place de coin, un coin fenêtre (dans un wagon). S'asseoir, se chauffer au coin de la cheminée, à l'angle de la cheminée. Par ext. Au coin du feu. Coin-de-feu : siège carré à dossier angulaire. Des coins-de-feu.
Le coin de la rue : l'endroit où deux rues se coupent. Le bistrot du coin. « Il juge souvent plus mal, plus faux que l'épicier du coin » (Sarraute). Loc. fam. On en rencontre à tous les coins de rue : c'est une chose banale.
Le coin d'un bois : l'endroit où une route coupe un bois. Loc. On n'aimerait pas le rencontrer au coin d'un bois : il a une allure inquiétante. — Par ext. Le coin de la bouche, des lèvres. commissure. Le coin des yeux. Regarder, surveiller du coin de l'œil, à la dérobée. Regard en coin. Sourire en coin, ironique ou malveillant.
♢ JEU DES QUATRE COINS, où les quatre joueurs qui occupent les angles d'un quadrilatère doivent changer de coin tandis qu'un cinquième joueur essaie d'occuper un coin libre. Jouer aux quatre coins.
4Petit espace; portion d'un espace. Chercher un coin tranquille pour pique-niquer. C'est un coin de Paris que je ne connais pas. Elle habite dans le coin. secteur. Posséder, cultiver un coin de terre. Loc. Les quatre coins de... : tous les lieux possibles dans un endroit. Voyager aux quatre coins du monde, partout. Par ext. Apercevoir un coin de ciel bleu. En appos. Salle de séjour avec coin cuisine. Le coin des disques, du bricolage d'un grand magasin. Endroit retiré, peu exposé à la vue ou peu fréquenté. recoin. Mettez cela dans un coin. Se cacher dans un coin. Chercher qqch. dans tous les coins. Loc. Rester, vivre dans son coin, à l'écart des autres.
Fam. LE PETIT COIN : les toilettes. Aller au petit coin.
5Fig. Petite partie ou endroit reculé. Dans un coin de sa mémoire. Connaître une question dans les coins, parfaitement (cf. Sur le bout du doigt). — Rubrique (dans un journal). Le coin du médecin, du philatéliste, etc.
6Loc. fig. Blague dans le coin. Tu m'en bouches un coin.
⊗ HOM. Coing.

Coin languette de papier collant, permettant de fixer des photographies par les coins dans un album.

coin
n. m.
rI./r
d1./d Angle saillant ou rentrant. Coin de table. Les quatre coins d'une pièce.
|| Aller au coin, mettre au coin, en guise de punition pour un enfant, un écolier.
|| Coin d'un bois: endroit où une route coupe un bois; lieu isolé. Je ne voudrais pas le rencontrer au coin d'un bois.
|| Veillée au coin du feu, près du feu.
|| Coins de la bouche, de l'oeil, les commissures.
Regarder du coin de l'oeil, à la dérobée.
|| Coin de la rue: endroit où deux rues se coupent.
Absol. Fam. L'épicier du coin, le plus proche.
d2./d Parcelle. Un coin de terre.
d3./d Endroit retiré, non exposé à la vue. Habiter dans un coin tranquille. Jetez cela dans un coin.
|| Fam. Le petit coin: les cabinets.
rII./r
d1./d TECH Pièce qui présente une extrémité en biseau et qui sert à fendre, à caler, etc.
d2./d GEOL Faille ayant l'aspect d'un coin, due à une compression ou à une dépression latérale.
d3./d Nom de deux incisives du cheval.

I.
⇒COIN1, subst. masc.
Outil ou partie d'un outil généralement en métal pressé dans/sur un objet dur pour en changer la forme ou l'aspect.
A.— TECHNOLOGIE
1. TECHNOL. FORESTIÈRE. Outil en fer ou en bois très dur, en forme de prisme triangulaire et servant à fendre les troncs d'arbre dans le sens de la longueur. Le coin du bûcheron. Les Californiens fendaient le bois avec un coin en andouiller qu'ils enfonçaient à l'aide d'un maillet en pierre brute (R.-H. LOWIE, Manuel d'anthropol. culturelle, 1936, p. 132).
P. ext. Un coin de bois enfoncé dans l'une de ces saignées de côté cassait le bloc à l'arrière et le séparait de la masse (R.-M. LAMBERTIE, L'Industr. de la pierre et du marbre, 1962, p. 51).
P. métaph. Enfoncer un coin. Introduire un élément de division entre deux partis, deux personnes. Avec les siècles, ce grossier état religieux [de la Grèce] deviendra insupportable. Là est le joint où Israël enfoncera son coin terrible (RENAN, Histoire du peuple d'Israël, t. 4, 1892, p. 199).
Loc., vieilli. Faire coin du même bois. Utiliser un des éléments dont une chose est composée, pour l'achever. Retourner contre une personne les arguments qu'elle a fournis.
Rem. Attesté ds Ac. 1878, BESCH. 1845, LITTRÉ, DG.
2. Morceau de bois de même forme, servant à maintenir, à assujetir certaines pièces. Coin d'une varlope, d'un rabot; coins de chemins de fer (cf. cale). La lame de la faux se raccorde au manche (...) au moyen de coins en bois (T. BALLU, Machines agricoles, 1933, p. 288). Le rail méplat (...) est fixé à l'aide d'un coin, soit au moyen d'un coussinet spécial, soit dans une fente de la traverse (J.-N. HATON DE LA GOUPILLIÈRE, Cours d'exploitation des mines, 1905, p. 685).
3. [P. anal. de forme] ANAT. ANIMALE, vx. Dent en coin. Dent incisive que l'on trouve chez certains animaux de chaque côté des crocs (cf. CUVIER, Leçons d'anat. comp., t. 3, 1805, p. 155).
B.— NUMISM. Pièce d'acier trempé, gravée en creux, servant à frapper les pièces de monnaie et les médailles :
1. Dès l'instant où la monnaie métallique revêt une forme plastique (lingot placé à chaud entre deux coins, qui, par le procédé de la frappe au marteau viennent y marquer leur empreinte) une suite presque infinie de types divers se présente à notre examen.
L'Hist. et ses méthodes, 1961, p. 352.
Monnaie, médaille à fleur de coin. Dont l'empreinte marquée par le coin est encore très nette.
Loc. fig. Être marqué, frappé au coin de. Porter la marque, le caractère de. Celle [la fête] du ministre des relations extérieures, Talleyrand, fut marquée au coin du bon goût (LAS CASES, Le Mémorial de Sainte-Hélène, t. 1, 1823, p. 715) :
2. Jamais non plus le chapeau de Véronique, sans échapper à la stricte loi de la mode, n'était marqué au coin des banalités du jour.
JOUHANDEAU, M. Godeau intime, 1926, p. 62.
C.— JOAILL. Poinçon d'acier apposé comme marque de garantie sur certains bijoux, certaines pièces d'orfèvrerie, certaines pièces de l'argenterie :
3. ... pour un antiquaire le poids de la médaille est peu de chose en comparaison et de la pureté des lettres et de la tête et de l'ancienneté du coin.
BALZAC, Le Cabinet des antiques, 1839, p. 13.
Prononc. et Orth. Pour la prononc. cf. coin2. Admis ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. Cf. coin2.
II.
⇒COIN2, subst. masc.
I.— Angle rentrant ou saillant formé par l'intersection de deux lignes ou de deux plans; p. méton., partie d'une chose où se forme un tel angle. Coin d'une armoire, d'une feuille, d'un mouchoir, d'une table, d'un bâtiment.
A.— HABITAT HUM. Coin de, de coin.
1. [Espace clos]
a) Espace en angle rentrant dans un lieu habité ou fréquenté. Coin d'une pièce, d'appartement; les quatre coins d'une pièce. Le regard du vieux Ganse continuait d'aller lentement d'un coin à l'autre de la vaste pièce (BERNANOS, Un Mauvais rêve, 1948, p. 937).
De coin. Qui est dans un coin.
AMEUBL. Conçu spécialement pour occuper l'angle d'une pièce. Chaise, meuble de coin.
♦ Qui est dans l'angle d'un lieu clos. Place de coin :
1. Qu'aurait-il [La Bruyère] été sans ce jour inattendu qui lui fut ouvert sur le plus grand monde, sans cette place de coin qu'il occupa dans une première loge au grand spectacle de la vie humaine et de la haute comédie de son temps?
SAINTE-BEUVE, Nouveaux lundis, t. 1, 1863-69, p. 125.
Coin fenêtre. Coin situé du côté de la fenêtre d'un compartiment de chemin de fer. Le couloir latéral, avec des fauteuils-couchettes en extension bloque les occupants des coins fenêtres (P. DEFERT, Pour une pol. du tour. en France, 1960, p. 71).
Locutions
Mettre un enfant au coin. L'obliger à se tenir debout dans l'angle d'une pièce, ou p. ext. face à un mur, en signe de punition.
Acculer qqn dans son coin (fig.). L'exaspérer jusqu'à ses dernières limites. Les hommes (...) s'amusaient de la colère qui l'étouffait, l'acculait dans son coin et le submergeait sous des spectres embusqués (BARBUSSE, Le Feu, 1916, p. 136).
P. anal.
Aux quatre coins de. Dans tous les lieux possibles d'un espace considéré comme clos. P. ext. Partout. Aux quatre coins du globe, du monde, de l'horizon. Les deux journaux semaient la haine et l'incendie aux quatre coins du département (COURTELINE, Le Train de 8 h 47, 1888, 3e part., 2, p. 226).
JEUX. Jeu des quatre coins. Jeu dans lequel quatre personnes occupant les angles d'un quadrilatère doivent changer de coin en courant tandis qu'une cinquième essaie d'occuper un coin laissé momentanément vide par le déplacement d'un des quatre partenaires. Jouer aux quatre coins :
2. Elle (...) se montre fort étonnée quand je lui dis qu'il est question de béatifier le petit bonhomme, et cela la fait rire de penser qu'elle aura joué peut-être, aux quatre coins et à pigeon vole avec un saint.
GREEN, Journal, 1948, p. 162.
P. ell. Un quatre-coins :
3. Parfois, au coucher du soleil, un vol de pigeons nains s'abattant à la hâte sur un manguier auquel les chauves-souris pendaient le jour par grappes et les condamnant à errer jusqu'au matin. Un perpétuel quatre coins sur chaque arbre, qui laissait flottantes des centaines d'ailes.
GIRAUDOUX, Suzanne et le Pacifique, 1921, p. 77.
b) En partic. [L'accent est mis sur l'intimité et/ou l'étroitesse de l'espace.] Coin de
) Coin de la cheminée. Espace en angle rentrant formé par les deux côtés de la cheminée. Plus usuel coin de (du) feu.
Au coin du feu, et plus rarement, au coin de l'âtre, du fourneau, du foyer. Près du feu. Causerie au coin du feu. Charles avait la manie de bavarder au coin du feu (FLAUBERT, Madame Bovary, t. 2, 1857, p. 5). Mais au dessert les commis redescendaient au magasin, et laissaient César, sa femme et sa fille achever leur dîner au coin du feu (BALZAC, César Birotteau, 1837, p. 145) :
4. Folantin (...) avait exhalé à demi-voix, dans un accès de rage lucide, sa préférence d'une lecture silencieuse des Fleurs du Mal au coin de son feu. — Au coin de votre pot-au-feu, voulez-vous dire, avait aussitôt rectifié Apémantus, qui feignit un instant l'admiration pour le roucouleur funèbre.
BLOY, La Femme pauvre, 1897, p. 194.
Fig. Chez soi, en famille.
Loc. (souvent fig.)
Cela ne se dit qu'au coin du feu (Ac. 1932). Cela ne se dit que dans l'intimité de la famille.
Souvent péj. Garder le coin du feu, rester au coin du feu, ne pas bouger du coin du feu. Rester enfermé chez soi, ne pas voyager. Vous savez qu'il y a des jours où la pluie oblige à garder le coin du feu (MUSSET, Le Temps, 1831, p. 94) :
5. L'été, ils [les nobles] habitent les châteaux qu'ils possèdent aux environs; l'hiver ils restent au coin de leur feu.
ZOLA, La Fortune des Rougon, 1871, p. 39.
Quitter le coin du feu. Sortir; partir en voyage. Allez, enfants nés sous un autre règne; Sous celui-ci quittez le coin du feu. Adieux! partez, ... (BÉRANGER, Chansons, t. 3, 1829, préf., p. 1) :
6. On dirait une enfantine impatience de savoir, comme celle des gens qui n'ont jamais quitté le coin de leur feu, quand ils se trouvent en face d'un homme qui revient de pays lointains et inconnus.
BAUDELAIRE, Paradis artificiels, 1860, p. 354.
) P. méton.
Existence dans l'intimité du foyer. Je suis sûre qu'il a mille aventures effrayantes à me conter... Cela vient à point pour me faire cet hiver un coin de feu supportable (O. FEUILLET, Scènes et proverbes, 1851, p. 182).
[En appos. avec valeur d'adj.] Je l'avais jugé tel qu'il [Maxime] est, quand je le traitais, en riant, de bourgeois monogame, de père de famille coin-de-feu... (COLETTE, La Vagabonde, 1910, p. 209).
AMEUBL. Coin-de-feu. Petit siège bas conçu pour s'asseoir près du feu.
2. [Espace ouvert où habite l'homme ou qui est proche de son habitat] Coin de
a) Coin de la rue. Angle saillant formé par une ou plusieurs maisons à l'intersection de deux rues. Tourner le coin de la rue. P. méton. Espace où se forme un tel angle. Nous avons tourné le coin de la rue où rougeoyait l'enseigne Schiltz (S. DE BEAUVOIR, Les Mandarins, 1954, p. 323).
Expr. fam. [P. réf. aux débits de boissons fréquents aux coins de rue] À tous les coins de rue, à chaque coin de rue. Partout. Il s'arrêtait à tous les coins de rue pour boire un verre (A. FRANCE, Crainquebille, 1904, p. 41).
Rencontrer qqn au coin d'une rue. Le rencontrer par surprise. Je vous en conjure, faites-le [ce garçon] envoyer dans un collège de province. Que je ne risque jamais de le rencontrer au coin d'une rue (MONTHERLANT, La Ville dont le prince est un enfant, 1951, III, 7, p. 934).
Pop. Figure en coin de rue. Figure anguleuse. Gervaise s'était calmée, toute refroidie par les figures en coin de rue des Lorilleux (ZOLA, L'Assommoir, 1877, p. 523).
b) Coin d'un bois. Angle saillant formé par l'intersection de la lisière d'un bois et du chemin qui y pénètre; p. méton., espace où se forme un tel angle :
7. Deux sauvages du parti des Français (...) sortent de leur rang sans qu'on s'en aperçoive, vont se mettre en embuscade au coin du bois, et postés derrière des arbres, ils tirent deux coups de fusil.
BAUDRY DES LOZIÈRES, Voyage à la Louisiane, 1802, p. 98.
Loc. fig. [P. réf. à l'isolement et/ou au danger d'un tel lieu]
Mourir au coin d'un bois. Mourir dans un endroit solitaire. Il [Alexandre] répétait souvent :« je mourrai au coin d'un bois, dans un fossé, au bord d'un chemin, et l'on n'y pensera plus » (CHATEAUBRIAND, Mémoires d'Outre-Tombe, t. 3, 1848, p. 157).
On ne voudrait pas le rencontrer au coin d'un bois. Il a un aspect peu rassurant. Un de ces arbres vilainement taillés par l'homme comme un mendiant avec tous ses moignons, et qu'on ne voudrait pas rencontrer au coin d'un bois (RENARD, Journal, 1906, p. 1051).
Expr. proverbiale. Cet homme a la mine de demander l'aumône au coin d'un bois. ,,Se dit de quelqu'un qui a l'aspect d'un bandit`` (Ac. 1835-1932).
B.— [Partie du visage humain] Angle entrant formé par les extrémités des lèvres, des paupières; p. méton., partie extrême de la bouche ou des paupières où se forme un tel angle. Coin de, de (en) coin. Coin de la bouche, des lèvres; coin de l'œil, des paupières; coins d'une moue (LAFORGUE, Moralités légendaires, 1887, p. 36). Il (...) s'essuyait un coin de lèvre qui saignait paisiblement (QUENEAU, Pierrot mon ami, 1942, p. 114). Elle [Moïra] écrasa du doigt une larme au coin de sa paupière (GREEN, Moïra, 1950, p. 132).
[Avec un verbe ou un subst. verbal impliquant un mouvement du visage] (Verbe +) du coin de, (subst. verbal +) au/du coin de (la bouche, de l'œil). En imprimant un certain mouvement au coin de la bouche, de l'œil. Sourire du coin de la bouche, (un) rire au coin des lèvres (seulement esquissé); regarder, observer qqn du coin de l'œil (à la dérobée). Il me disait souvent, avec un rire du coin de la bouche, un affreux rire en scie qui me froissait, m'humiliait (MIRBEAU, Le Journal d'une femme de chambre, 1900, p. 243). Il me semblait qu'il me surveillait du coin de l'œil et s'amusait (CENDRARS, Bourlinguer, 1948, p. 294).
Loc. ell. En coin, de coin. Rire, sourire en coin. Rire, sourire peu appuyé et généralement malveillant. Regarder de coin, regard en coin. (Jeter un) regard de côté et peu bienveillant. Pendant qu'il [Lesable] fouillait dans les papiers étalés sur le bureau du commis d'ordre, Maze le regardait de coin en se frottant les mains (MAUPASSANT, Contes et nouvelles, t. 1, L'Héritage, 1884, p. 499) :
8. Elle [Mlle Kolouri] se décida soudain à s'asseoir sur le sommier. Je la regardai faire, un peu gêné... Mais sans doute qu'un lit n'est pas pour lui faire peur.
— Oh! dit-elle, avec un sourire de coin, vous avez un très bon sommier... Je ne bronchai pas. Elle continua, enhardie et bavarde :
— Vous devez me juger bien sévèrement...
FARRÈRE, L'Homme qui assassina, 1907, p. 216.
Pop. [En parlant d'une chose ou d'un événement qui peut faire mal] Tomber sur le coin de l'œil :
9. Une invasion de nuages lourds gagnait morceaux par morceaux le ciel (...) Ça, de la pluie? [dit la Guillaumette] Eh ben, mes gars, si y a jamais que c'te pluie-là pour vous tomber su'l'coin d'l'œil, vous n'êtes pas encore à la veille d'attraper des compères-loriots.
COURTELINE, Le Train de 8 h 47, 1888, 1re part., 7, p. 47.
C.— P. ext. Partie généralement petite d'un objet; p. méton., petit objet.
1. Partie, généralement petite, d'un objet, située à un des coins (saillants) de celui-ci. Un coin de. Elle [cette femme] a dans sa mamelle une goutte de lait pour nourrir son fils, et dans ses haillons un coin de manteau pour l'envelopper (CHATEAUBRIAND, Génie du Christianisme, t. 1, 1803, p. 261). Il [le percepteur] savait se faire apporter les coins de beurre et les saucissons de campagne (POURRAT, Gaspard des Montagnes, Le Pavillon des amourettes, 1930, p. 187).
P. métaph. Il y avait surtout un certain Boisbertrand, (...) fort soupçonné d'être attaché par un coin à la police (Mme DE CHATEAUBRIAND, Mémoires et lettres, 1847, p. 111).
Au fig. Lever un coin du voile (qui est censé cacher le visage). Kean, ... je vais allez au-devant de vos paroles... Je vais lever un coin du voile sous lequel vous cachez votre secret... (A. DUMAS Père, Kean, 1836, III, 12, p. 151).
2. Spécialement
a) RELIURE. Pièce triangulaire de métal ou de peau garnissant les angles d'un livre. On appelle, sans raison, reliure amateur une demi-reliure à coins, si toutefois dos et coins sont en peau (La Civilisation écrite, 1939, p. 1203) :
10. Il ne sort pas dix francs de la maison grise sans qu'elle ajuste ses lunettes sur son nez, inscrive la somme au livre des comptes, le fameux livre avec des coins de cuivre.
BERNANOS, Un Mauvais rêve, 1948, p. 962.
b) P. anal. Petit objet en forme de coin saillant (et donc généralement triangulaire).
Attache métallique triangulaire servant à assembler plusieurs feuillets, documents, etc., (attesté ds Lar. Lang. fr.). Synon. papet.
Attache de papier gommé triangulaire servant à fixer des photographies dans un album.
Rem. Le syntagme avoir un coin coupé sert à marquer l'absence d'un morceau en forme de coin :
11. Les cartes [perforées] de ce type ont généralement un coin coupé, pour permettre de vérifier si toutes les cartes d'un paquet sont dans le bon sens avant d'entreprendre une recherche.
J.-L. JOLLEY, Le Traitement des inform., texte fr. de Ch. Pléssis, 1968, p. 171.
c) HIST. MILIT. Formation en coin. Formation d'une troupe d'infanterie en triangle, la pointe tournée vers l'ennemi. Ces Barbares (...) s'étaient formés en coin, leur ordre accoutumé de bataille (CHATEAUBRIAND, Les Martyrs, t. 1, 1810, p. 285).
II.— P. ext. Portion d'espace de dimensions modestes.
A.— HABITAT HUM. [Espace clos]
1. Petite surface dans une maison.
En partic.
a) Place réservée à certains objets (coin à); place où sont rassemblés des objets de même nature (coin de). Le coin à balais, le coin des livres. Elle va au coin des outils; elle fouille dans la ferraille et prend la bêche neuve (GIONO, Colline, 1929, p. 192).
P. anal., JOURN. Rubrique dans la presse qui intéresse plus particulièrement des catégories de personnes aux goûts communs. Le coin des philatélistes.
b) [En constr. d'appos.] Partie d'une pièce aménagée en vue d'une utilisation spécifique. Le coin-bureau, le coin-cuisine, le coin-salon.
P. euphém. Partie de la maison aménagée pour un usage spécial. Le petit coin. Cabinets. Aller au (x) petit (s) coin (s) :
12. Autrefois celui qui avait le plus faim était celui qui retardait le plus d'attaquer son potage. Celui qui voulait aller au petit coin était celui dont le sourire était le plus large...
GIRAUDOUX, La Folle de Chaillot, 1944, II, p. 115.
P. anal. et au fig. Petite pièce où l'on travaille; petit emploi. Villemessant, pensais-je, lui trouvera bien un petit coin au Figaro, dans l'administration (A. DAUDET, Trente ans de Paris, 1888, p. 34).
2. [L'accent est mis sur le caractère caché ou retiré de l'espace] Le percepteur (...) doit être en train de rager à cette minute, dans quelque coin de la maison (MAURIAC, Asmodée, 1938, II, 7, p. 82). « Ce petit coin obscur entre la cheminée et le bahut de chêne où tu t'allais blottir » (BACHELARD, La Poétique de l'espace, 1957, p. 133).
a) Partie retirée et tranquille d'une maison où l'on se tient dans la journée. Il [Maurice] va à la porte, à son secrétaire, à la croisée; il court ensuite se blottir, s'affaisser, se faire petit dans son coin (L. GOZLAN, Le Notaire de Chantilly, 1836, p. 248).
P. anal. ou au fig. Rester dans son coin. Jusqu'à la porte de Clichy, d'Ivry, de Vincennes, je restais dans mon coin méfiante (GIRAUDOUX, Suzanne et le Pacifique, 1921, p. 30) :
13. Mme Ligneul avait un peu négligé Mme Rabier depuis deux jours. Et celle-ci avait même le sentiment qu'elle l'avait fuie; se piquant de respecter la liberté des autres, elle resta dans son coin. Pourtant elle aimait sincèrement son amie.
DRIEU LA ROCHELLE, Rêveuse bourgeoisie, 1939, p. 61.
Fam. et au fig. Dans les coins. Dans l'intimité d'une maison. Tous les rires qui étaient dans tous les coins se sont enfuis (SCHWOB, Le Livre de Monelle, 1894, p. 135). Vous devez connaître dans les coins le double fond de ce château (GIDE, Isabelle, 1911, p. 641) :
14. C'est [ces femmes] mignon, c'est généreux, et ça papote dans les coins, en grignotant des petits fours avec d'élégants froufrous et un caquetage d'oiseaux.
E. et J. DE GONCOURT, Journal, 1887, p. 680.
b) P. ext. Je partais, fouillant de l'œil coins et recoins (J. VALLÈS, Les Réfractaires, 1865, p. 48). Les gens accourent de tous les coins et recoins du quartier (CENDRARS, Bourlinguer, 1948, p. 160). Marthe, (...) poussa Rose à porter chez un brocanteur du marché toutes les vieilleries inutiles jetées dans les coins (ZOLA, La Conquête de Plassans, 1874, p. 1071). J'allai [le coffret de fer] l'enterrer dans un coin reculé de la forêt (ABELLIO, Heureux les pacifiques, 1946, p. 372) :
15. À dix-sept ans, dans mon village des Cévennes, j'ai attrapé une pleurésie, en jouant sauvagement au rugby. Mais j'ai cogné plus fort que mes paysans, ça m'a fermé tout un coin de poumon, et tu vois, j'ai peu de souffle.
ABELLIO, Heureux les pacifiques, 1946 p. 174.
P. métaph. Il va à leur [des pensées] recherche, fait des battues dans les coins ténébreux de sa conscience (BARRÈS, Mes cahiers, t. 12, 1919-20, p. 294).
c) Loc. pop.
Blague dans le coin. Blague laissée de côté (cf. blague2).
En boucher un coin (cf. boucher1).
3. P. ext. Place assignée à une personne. Tenir son coin.
Au fig. Tenir une place modeste, mais distinguée dans la bonne société :
16. Louis XIV le remit [Gourville] au pas; l'excellent esprit de Gourville qui, de tout temps, serait allé de pair avec les plus fins, devint digne d'une époque où les honnêtes gens avaient le dessus; il y tient son coin original et distingué.
SAINTE-BEUVE, Causeries du lundi, t. 5, 1851-62, p. 579.
Vx. [Au jeu de paume] Renvoyer les coups qui viennent du côté du joueur.
B.— Espace ouvert où habite l'homme ou qui est proche de son habitat.
1. Petite surface de l'espace qui entoure ou qui surplombe une habitation.
a) Cultiver un coin de jardin; apercevoir un coin de ciel. Le soir, une bêche à la main, j'ai sondé le coin où j'avais enfoui mon trésor (A. DUMAS Père, Le Comte de Monte-Cristo, t. 2, 1846, p. 456).
b) Fam. Endroit (d'un jardin, d'un terrain exploité) qui convient particulièrement à certains animaux, à certaines plantes. Le coin à (ou des) fraises, à (ou des) violettes. Des propriétaires éclectiques organisent des battues de bécasses; on choisit à cet effet, au moment du passage en novembre, les enceintes connues comme coins à bécasses (F. VIDRON, La Chasse en plaine et au bois, 1945, p. 61).
2. Le coin. Portion de rue, quartier proche où se trouvent les commerces d'objets courants. L'épicier, le crémier du coin. Eugène irait au magasin du coin, puis lui rapporterait aussitôt la monnaie (G. ROY, Bonheur d'occasion, 1945, p. 289).
Fam. Habiter dans le coin. On était venu le prévenir [Tranchard], un homme qui n'était pas du coin... (J. DE LA VARENDE, La Tourmente, 1948, p. 117).
P. anal. Et tous les soirs, après la buvette en commun à la flaque du coin ou à la source du taillis (...) elles [les pies] répondaient à l'appel de l'ancêtre Margot, la vieille pie de la forêt (PERGAUD, De Goupil à Margot, 1910, p. 175).
Rem. On rencontre dans la docum. coinstot, subst. masc., arg. Coin, endroit. Je donnerai cher pour savoir ce que vous êtes venu faire dans le coinstot (QUENEAU, Zazie dans le métro, 1959, p. 106). Attesté également sous les formes coinsteau, coinsto et coinstôt.
Prononc. et Orth. :[]. Ds Ac. 1694-1932. Homon. coing. PASSY 1914 transcrit [] ou [] avec ouverture de la voyelle nasale. L'ouverture des voyelles nasales est une loi gén. (cf. G. STRAKA, La Prononc. parisienne ds B. de la Faculté des Lettres de Strasbourg, 1952, p. 4, 39 et 40). Mais pour le cas partic. de coin, G. Straka (Remarques sur les voyelles nasales, leur orig. et leur évolution en fr. ds R. Ling. rom., 1955, t. 19, p. 251) rappelle : ,,Au XIVe s., lorsque la diphtongue orale oi prononcée [], ensuite [], commençait à s'ouvrir en [], [wa], oi devant nasale prononcé [] ou [] depuis le siècle précédent ne s'est pas ouvert en [] : cuneu > coin [], pugnu > poin(g), longe > loin [], punctu > point. L'ouverture > a été empêchée par l'influence fermante de la consonne nasale subséquente qui existait toujours [, , ]. Il est intéressant de noter que cette influence l'a même emporté sur deux tendances combinées qui agissaient toutes les deux en sens inverse : ouverture de en wa et ouverture générale et naturelle des voyelles nasales``. Sans doute peut-on considérer la prononc. [] comme régionale. Étymol. et Hist. A. 1. Ca 1160 « angle, point d'intersection » (Eneas, 419 ds T.-L.); 1671, 2 déc. coin du feu (SÉVIGNÉ, Lettres, éd. Monmerqué, t. 2, p. 425 [1567 coin des tisons, J. A. de Baïf ds GDF. Compl.]); 2. 1312 coing d'une ruelle (A.N. S 3, pièce 33, ibid.); 3. a) 1530 (PALSGR., p. 209 : coing doeyl); 1640 regarder du coin de l'œil « à la dérobée » (OUDIN Curiositez); b) 1704 coins de la bouche (Trév.); 4. 1680 « pièce de métal garnissant les angles d'un livre » (RICH.). B. 1. a) Ca 1179 « pièce de fer ou de bois de section triangulaire servant à fendre le bois » (Renart, éd. M. Roques, 603); b) 1690 « instrument de forme angulaire pour serrer ou assujettir » (FUR.); 2. p. anal. fin XVe-début XVIe s. « objet quelconque en forme de coin » (Les Moyens très utiles ... pour ... faire revenir le Bon Temps ds Anc. Poésies fr., éd. A. de Montaiglon, t. 4, p. 146 : un coing de beurre); 3. a) 1164-85 monnaie « cachet servant à frapper la monnaie » (G. D'ARRAS, Eracle, 4875 ds T.-.L.); b) 1690 (FUR. : On appelle aussi coin, le poinçon, la marque qu'on met sur la vaisselle d'argent ou d'étain). C. 1. 1549 « endroit, espace limité, en général retiré » (EST. : Se retirer en quelque coing); d'où fig. 1814 (JOUY, L'Hermite de la Chaussée d'Antin, t. 5, p. 233 : il y a toujours un petit coin de bêtise dans un homme d'esprit); 1831 en parlant d'un article de journal (MUSSET, « Le Temps », p. 52 : voyez-vous la radieuse contenance de ce vaudevilliste qui découvre dans un coin du « Temps » que Scribe a été sifflé l'autre soir au gymnase?); 2. pop. 1888 en boucher un coin à qqn (L. RIGAUD, Dict. d'arg. mod., p. 399). Du lat. class. cuneus « coin à fendre ou à caler » et p. ext. désignant tout objet ayant cette forme, spéc. en lat. médiév. « morceau d'acier gravé en creux dont on se sert pour graver la monnaie » (1099 ds NIERM.).
STAT. — Coin1 et 2. Fréq. abs. littér. :10 244. Fréq. rel. littér. :XIXe s. : a) 8 257, b) 22 124; XXe s. : a) 19 493, b) 12 941.
BBG. — GOTTSCH. Redens. 1930, passim. — GOUG. Lang. pop. 1929, p. 45, 197. — ROG. 1965, p. 89. — SCHUCHARDT (H.). Ecke, Winkel. Z. rom. Philol. 1921, t. 41, pp. 254-258.

coin [kwɛ̃] n. m.
ÉTYM. XIIe; du lat. cuneus « coin à fendre ».
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I
1 Pièce de bois ou de métal, de forme prismatique triangulaire, utilisée pour fendre des matériaux, serrer et assujettir certains objets, certaines parties d'objets. || Le bondieu, l'ébuard, coins pour fendre les bûches. || Coin pour tailler les blocs d'ardoise. Alignoir. || Assujettir avec des coins ( Coinçage, coincement). || Coin de fer pour affermir le manche d'un outil. || Coin utilisé dans le boisage des puits de mines. Picot. || Coin pour caler un meuble boiteux. 3. Cale || Ôter les coins. Décoincer. || Coin de calfat. Patarasse.
1 (…) quels sont ses outils ? est-ce le coin ? sont-ce le marteau ou l'enclume ?
La Bruyère, les Caractères, XII, 20.
tableau Noms d'outils.
En forme de coin. Cunéiforme (écriture). || Os de la boîte crânienne inséré en coin. Sphénoïde. || Se rétrécir en (forme de) coin.
Techn. || Coin (ou pièce de coin) d'un conteneur. || Coins de toiture, de plancher.
2 Morceau d'acier gravé en creux qui sert à frapper les monnaies et les médailles. Matrice. || Monnaie à fleur de coin, que le frottement n'a pas encore usée et qui est aussi nette qu'à sa sortie de dessous le coin (par opposition à la monnaie fruste, usée par le frottement).
1.1 Le traiteur se retira fort content d'avoir été payé en belles pièces d'or à fleurs de coin : on n'en voyait pas d'autres dans le palais du calife.
A. Galland, les Mille et une Nuits, t. III, p. 28.
1.2 Si l'on considère qu'un coin pouvait battre environ quinze mille pièces avant d'être remplacé, on peut estimer la valeur de ces émissions à quelque 120 000 livres.
Georges Duby, Guerriers et Paysans, p. 149.
Poinçon de garantie pour marquer les bijoux, les pièces d'argenterie et d'orfèvrerie.
Fig. Empreinte, marque, sceau.Loc. Cela est frappé, est marqué à tel coin : on y reconnaît tel caractère, tel cachet.Une réflexion marquée au coin du bon sens.Marqué au coin de l'auteur, de l'ouvrier (cit. 11).
2 (Des vers) marqués au coin de l'immortalité !
Boileau, Épîtres, X.
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II
1 Angle rentrant ou saillant formé par la rencontre de deux ou trois lignes, de deux ou trois surfaces. || Figure géométrique à quatre coins ( Carré, quadrilatère). || Coin d'une feuille de papier replié. Corne. || Marquer la page en repliant le coin. || Coins de métal, de cuir qui garnissent les angles d'un registre, d'un livre.Manger sur le coin d'une table. || Le coin d'un mouchoir, d'un tapis. || Coins datés (d'une feuille de timbres).
3 À terre, un coin du tapis est relevé, le milieu du tapis forme un pli disgracieux, et le dessin usé cache à peine la corde.
J. Romains, les Hommes de bonne volonté, t. V, XXI, p. 165.
Les quatre coins d'une chambre, les quatre angles. Encoignure, renfoncement; fam. coinstot.Punir un enfant en le mettant au coin.
3.1 Quand on n'était pas sage, on allait au coin avec une queue d'artichaut dans la bouche pour bien comprendre l'amertume de la faute.
J. Prévert, Choses et autres, p. 35.
Étagère, meuble de coin, de forme triangulaire. Écoinçon, encoignure.Par ext. || Au coin du feu.Coin-de-feu : siège carré à dossier angulaire; vêtement d'intérieur. — ☑ Fig. Ne pas quitter le coin de son feu, son chez-soi.
4 C'était un temps à garder le coin du feu.
Mme de Sévigné, 1248, 1er janv. 1690.
5 Nous passâmes cette première soirée chez nous, assis au coin du feu comme en hiver.
Alphonse Daudet, le Petit Chose, II, XIV.
6 Il revoit le divan, le coin où il s'est mis, les coussins où il s'est appuyé.
J. Romains, les Hommes de bonne volonté, t. II, X, p. 104.
Les coins d'un compartiment de wagon. || Retenir une place de coin, un coin. || Coin fenêtre, coin couloir.S'asseoir, se chauffer au coin de la cheminée, à l'angle de la cheminée.
6.1 Julie l'accompagna, elle lui avait retenu un coin fenêtre de troisième classe (…)
R. Queneau, le Dimanche de la vie, p. 70.
Le coin de la rue : l'endroit où deux rues se coupent.
7 Envoyez des soldats à chaque coin des rues.
Corneille, Héraclius, III, 4.
Fam. Allez donc chez le marchand du coin, le plus proche. || Le marchand, le bistrot, l'épicier… du coin : le premier (marchand, bistrot, etc.) venu.
7.1 Montrez-lui quelque chose de très simple (…) n'importe quoi, un objet quelconque, un homme, une œuvre d'art, il juge souvent plus mal, plus faux que l'épicier du coin (…) il ne comprend absolument rien (…)
N. Sarraute, le Planétarium, p. 306.
Rencontrer qqn au coin d'une rue, par surprise.
Le coin d'un bois : l'endroit où une route coupe un bois; la corne que fait l'orée d'un bois. — ☑ Fig. Mourir au coin d'un bois, d'une haie, sans secours et sans assistance.Avoir une mine à demander l'aumône au coin d'un bois : avoir une mine patibulaire.On n'aimerait pas le rencontrer au coin d'un bois (même sens). Bois.
8 (…) si jamais je le rencontre au coin d'un bois, il passera un mauvais quart d'heure.
A. Jarry, Ubu roi, I, 1.
Par ext. || Le coin de la bouche, des lèvres. Commissure. || Coins de la bouche qui montent jusqu'aux oreilles (→ Bouche, cit. 4, et aussi cit. 5 et 7).Le coin des yeux.(Au, du coin…). || Avoir des rides au coin de l'œil. || Regarder du coin de l'œil.Regarder en coin, de côté.Sourire en coin, imperceptible et railleur.
9 (…) ma belle-fille regarde les Rochers du coin de l'œil, comme moi, mourant d'envie d'aller s'y reposer.
Mme de Sévigné, 1175, 11 mai 1689.
10 M. Morin avait la face pleine et de grosses lèvres dont les coins retroussés rejoignaient des favoris poivre et sel.
France, le Petit Pierre, XVI, p. 94.
10.1 Moi, je rêvais d'en être (de la police). Je m'en ouvris à Sieffer, un inspecteur de la mondaine que j'avais eu la chance de rencontrer. Il m'écouta, sourire en coin mais avec une sollicitude paternelle et voulut bien me prendre dans son service.
Patrick Modiano, les Boulevards de ceinture, p. 149.
Jeu des quatre coins; les quatre coins : jeu où les quatre joueurs qui occupent les angles d'un quadrilatère doivent changer de coin tandis qu'un cinquième joueur essaye d'occuper un coin libre. || Jouer aux quatre coins.Par compar. :
10.2 Quantité de gros lézards gris fuient devant nos pas et regagnent le tronc de l'arbre le plus proche, comme à un jeu des quatre coins.
Gide, Voyage au Congo, in Souvenirs, Pl., p. 687.
2 Petit espace (d'une maison, d'un pays); portion de champ, de domaine. || Être logé dans un petit coin. || Se retirer dans un coin. — ☑ Loc. Coin de terre. || Posséder, cultiver un coin de terre.
11 (…) cachée en un coin de ce vaste édifice (…)
Racine, Athalie, V, 1.
12 Elle (Mme de la Tour) résolut de cultiver avec son esclave un petit coin de terre (…)
Bernardin de Saint-Pierre, Paul et Virginie, p. 16.
13 (…) le réchaud à repasser, équipé en gril à braise, encombrait un coin de la terrasse (…)
Colette, la Naissance du jour, p. 60.
13.1 Ce petit coin de forêt nous paraît plus beau que tout ce que nous avons vu dans notre longue promenade aux environs d'Eala.
Gide, Voyage au Congo, in Souvenirs, Pl., p. 706.
Fureter dans les coins.
14 Mon chameau de concierge est censé me faire mon ménage trois jours par semaine. Je ne suis pas sur son dos. Je vous dirai que j'aime autant qu'elle ne furète pas trop dans les coins.
J. Romains, les Hommes de bonne volonté, t. V, XXI, p. 166.
Au figuré :
15 Chez Mauriac, le renouvellement n'est pas dans le décor, ni dans la troupe, mais dans l'analyse des passions. Il creuse toujours le même coin de terre, mais chaque fois plus profondément.
A. Maurois, Études littéraires, F. Mauriac, t. II, V, p. 60.
Par ext. || Apercevoir un coin de ciel bleu. (Avec un subst. en appos.). || Salle de séjour avec coin cuisine. || Coin repas. || Coin bureau.
3 Endroit retiré, peu exposé à la vue ou peu fréquenté. fam. Coinstot. || Jetez cela dans un coin. || Se cacher dans un coin. || Chercher qqch. dans tous les coins et recoins.Vivre dans un coin de province. || Un coin retiré dans la campagne. || Acheter une maison dans un petit coin tranquille. || Je ne suis jamais allé dans ce coin-là.C'est un coin idéal pour la pêche. || Pêcheur qui a ses coins (→ ci-dessous, cit. 20.1).
16 Je vous plains : car pour moi, dans ce péril extrême,
Je saurai m'éloigner, ou vivre en quelque coin.
La Fontaine, Fables, I, 8.
17 Il se cache en un coin, respire et prend courage.
La Fontaine, Fables, IV, 21.
18 Qu'heureux est le mortel qui, du monde ignoré,
Vit content de soi-même en un coin retiré.
Boileau, Épîtres, VI.
19 Dans quelque coin du monde que j'achève ma vie, soyez sûr, Monseigneur, que je ferai continuellement des vœux pour vous.
Voltaire, Au roi de Prusse, 26 août 1736.
20 C'est si bien le coin que je cherchais, un petit coin parfumé et chaud, à mille lieues des journaux, des fiacres, du brouillard (…)
Alphonse Daudet, Lettres de mon moulin, « Installation ».
20.1 L'ancien bras de la Filature, où ne stagnait d'ordinaire qu'un peu d'eau croupie sous les ronces, coulait à plein, comme autrefois, avant 1914. Deux ou trois vieux du pays en parlaient encore comme du meilleur coin pour les grosses truites — et l'eau courait sous mes yeux, indubitable.
André Hardellet, Lourdes, lentes…, p. 157.
Emplacement réservé (à des objets, une activité). || Le coin des livres, des disques. || C'est le coin des balais. || Le coin du bricolage.Partie (d'un espace) que l'on réserve à son usage personnel. || Ici, c'est mon coin.Fig. Rester dans son coin.
Par euphém.Le petit coin : les cabinets. || Aller au petit coin.
Rubrique réservée à une activité (dans un périodique). || Le coin des philatélistes, du bricoleur. Rubrique.
4 Loc. Les quatre coins de… Bout, extrémité. || Les quatre coins du pays, du monde. || Chercher aux quatre coins de la ville. Partout.
21 Cet esprit de discorde et de défiance qui soufflait la guerre aux quatre coins de l'Europe.
Racine, Disc. à l'Académie.
22 (…) comme des appels successifs de trompe pour un rassemblement qui doit se faire des quatre coins de l'horizon.
J. Romains, les Hommes de bonne volonté, t. IV, XXIII, p. 253.
5 Partie infime (d'une surface).
23 Je vis d'elle (Bella) le seul coin de chair qui fût fatigué, qui portât trace de la vie, ses paupières.
Giraudoux, Bella, II, p. 43.
Fig. Petite partie ou endroit reculé. || Avoir une idée dans le coin de la tête. || Garder un souvenir dans le coin de sa mémoire. || Fouiller les coins de sa conscience.
24 Il fallait ramasser dans tous les coins de ma conscience un tas de vieux péchés qui traînaient là depuis sept ans.
Alphonse Daudet, le Petit Chose, I, I.
6 Loc. (Idée de lieu retiré, difficile d'accès). Connaître une question dans les coins, parfaitement.
25 Oh ! nous continuerons d'écrire (…) Vous dites : « Souveraines et vastes chimères », et nous ne comprenons pas. Nous remuons la tête avec un sourire, car nous la connaissons, celle-là, et dans les coins.
J. Renard, Journal, avril 1896.
(1859). Loc. fig. Blague dans le coin ( 2. Blague, cit. 1.2) : blague laissée de cô; sérieusement. → 1. Plante, cit. 1.
En boucher un coin à qqn, le remplir d'étonnement. 1. Boucher (cit. 2.2, 2.3 et supra).
CONTR. Centre, milieu.
DÉR. et COMP. Coincer, coinstot, écoinçon, encoigner, recoin. V. Cogner.
HOM. Coing, coint.

Encyclopédie Universelle. 2012.