marchand, ande [ marʃɑ̃, ɑ̃d ] n. et adj.
• 1462; marcheand v. 1290; lat. pop. °mercatans, antis, p. prés. de mercatare, de mercatus « marché »
I ♦ N. Commerçant chez qui l'on achète une ou plusieurs sortes de marchandises (denrées, articles de consommation, d'utilité courante), qu'il fait profession de vendre. ⇒ commerçant, négociant; et aussi boutiquier, fournisseur, vendeur. Marchand en gros (⇒ grossiste) , au détail (⇒ débitant, détaillant) . Marchand ambulant (⇒ camelot, colporteur) . Marchand à la sauvette. Marchand forain. Gros, riche marchand. Marchande à la toilette. — Marchand de tableaux. Marchand d'étoffes, de chaussures. Marchand d'habits : fripier. Marchand de journaux. Marchand de tabac. ⇒ buraliste. Marchand de tapis . — Vieilli Marchand de vin. ⇒ bistrot. Mod. Entrecôte marchand de vin, préparée avec une sauce au vin rouge. — Marchand de marrons, de frites. Marchand d'eau, dans les pays chauds où l'eau potable est rare. Marchand de couleurs : droguiste. Marchande des quatre-saisons. Le marchand de sable a passé. — Marchand de biens : agent immobilier. — Loc. péj. Marchand de canons : fabricant d'armes de guerre. — Marchand de soupe : mauvais restaurateur; directeur affairiste d'une institution d'enseignement privé. « leur mépris commun de ces nantis, de ces profiteurs, de ces marchands de soupe » (Perec). — Marchande d'amour, de plaisir : prostituée. — Marchand de sommeil : logeur exploitant sa clientèle. « des marchands de sommeil qui font fortune en louant à des cloches des carrées dégueulasses où on s'entasse jusqu'à six ou sept » (L. Malet). — (Souvent péj.) Marchand de vacances, de main-d'œuvre.
II ♦ Adj.
1 ♦ Propre au commerce. Denrées marchandes. — Prix marchand : prix de facture, auquel le marchand a acheté ses produits. Valeur marchande : valeur commerciale. Qualité marchande, normale (par oppos. à extrafine, supérieure, etc.). — Spécialt, écon. Dont le prix résulte de la loi du marché. Service non marchand, pour lequel le prix éventuel à payer ne dépend pas du marché (service public, domestique). Économie marchande : ensemble des activités conduisant à une vente sur le marché.
2 ♦ Vx Qui fait du commerce; où l'on fait du commerce. ⇒ commerçant. « L'endroit le plus marchand de la ville » (Stendhal). — Mod. Galerie marchande. Quartier, rue marchande, où il y a de nombreux commerces.
3 ♦ Marine marchande, qui effectue les transports commerciaux. Navire, vaisseau marchand.
⊗ CONTR. Client.
⊗ HOM. Marchant.
● marchand, marchande nom (bas latin mercatans, -antis, de mercatare, du latin classique mercari, faire le commerce) Personne qui fait du négoce, qui est habile dans l'art du négoce : Une civilisation de marchands. Commerçant qui vend un certain type de marchandises, de produits : Marchand de légumes, de journaux. Personne qui ne s'intéresse qu'au profit qu'elle peut tirer du monnayage de choses ou de personnes : Marchand de sommeil. ● marchand, marchande (citations) nom (bas latin mercatans, -antis, de mercatare, du latin classique mercari, faire le commerce) Pierre Gringore ou Pierre Gringoire Thury-Harcourt vers1475-en Lorraine vers 1539 Il n'est pas marchand qui toujours gagne. Notables Enseignements, adages et proverbes ● marchand, marchande (expressions) nom (bas latin mercatans, -antis, de mercatare, du latin classique mercari, faire le commerce) Entrecôte marchand de vin, entrecôte grillée servie nappée d'une sauce au vin rouge. Marchand de biens, commerçant qui achète des immeubles pour les revendre ou qui sert d'intermédiaire dans de telles transactions. ● marchand, marchande (homonymes) nom (bas latin mercatans, -antis, de mercatare, du latin classique mercari, faire le commerce) marchande marchande forme conjuguée du verbe marchander marchandent forme conjuguée du verbe marchander marchandes forme conjuguée du verbe marchander ● marchand, marchande (synonymes) nom (bas latin mercatans, -antis, de mercatare, du latin classique mercari, faire le commerce) Personne qui fait du négoce, qui est habile dans l'art...
Synonymes :
- camelot
- commerçant
- mercanti
- négociant
● marchand, marchande
adjectif
Qui a rapport au commerce.
● marchand, marchande (expressions)
adjectif
Bâtiment, navire marchand, navire qui transporte des voyageurs et des marchandises, par opposition à bâtiment de guerre.
Charge marchande, ensemble des passagers et du fret transportés par un avion.
Denrée marchande, denrée qui est à vendre ou qui se vend facilement.
Minerai marchand, minerai épuré ou enrichi pour être commercialisé.
Prix marchand, prix auquel les commerçants vendent et achètent entre eux.
Qualité marchande, qualité normale d'un produit (par opposition à extra, surfin, etc.).
Rue marchande, où il y a de nombreux commerces de détail.
Services marchands, services qui sont vendus aux consommateurs par l'État ou une collectivité publique, par opposition aux services non marchands, qui sont dispensés gratuitement.
Valeur marchande, valeur d'un produit dans le commerce.
Ville marchande, ville qui vit grâce au commerce.
● marchand, marchande (homonymes)
adjectif
marchant
participe présent
marchande
marchande
forme conjuguée du verbe marchander
marchandent
forme conjuguée du verbe marchander
marchandes
forme conjuguée du verbe marchander
Marchand, ande
n. et adj.
d1./d n. Personne qui fait profession d'acheter et de revendre avec bénéfice. Marchand en gros, au détail.
|| Marchand de biens, qui s'occupe de l'achat et de la revente des terres et des immeubles.
d2./d adj. Relatif au commerce. Valeur, denrée marchande.
— Prix marchand, auquel les marchands se vendent les produits entre eux.
— Qualité marchande, courante (par oppos. à supérieure, extra, etc.).
|| Rue marchande, où il y a beaucoup de commerces.
|| Marine marchande, par oppos. à marine militaire.
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Marchand
(Jean-Baptiste) (1863 - 1934) général et explorateur français; chef de la mission Congo-Nil qui traversa l'Afrique et atteignit Fachoda (Soudan) en 1898. Face aux Anglais de Kitchener, il dut se replier. V. Fachoda.
⇒MARCHAND, -ANDE, subst. et adj.
I. —Emploi subst.
A. —Personne dont la profession est d'acheter (plus rarement de fabriquer) et de revendre une ou plusieurs sortes de produits en en tirant un bénéfice. Synon. commerçant. Les marchands de fruits et de légumes débarrassaient la chaussée, remportaient leurs paniers vides (ZOLA, Terre, 1887, p.177). Le marchand vend et achète, l'escompteur prête, le poète chante, le paresseux dort (ALAIN, Propos, 1923, p. 542):
• 1. On est harcelé par une cohue de petits marchands de toutes les pacotilles: pinces à cravate, tire-chaussette, scapulaires et médailles bénites, briquets et mèches d'amadou, lunettes noires, billets de loterie, cacahuètes, crevettes roses...
T'SERSTEVENS, Itinér. esp., 1963, p. 323.
SYNT. a) [Construit avec un adj.] Gros, mauvais, petit, riche marchand; marchand ambulant (v. ambulant II A 2 a), forain (v. ce mot ex. 1), synon. camelot, colporteur. b) [En appos. à un autre nom] Marchand drapier, droguiste, parfumeur. c) [Construit avec la prép. de] ) Usuel. Marchand de bestiaux, d'étoffes, d'habits, de journaux, de meubles, de parapluies, de tabac (synon. buraliste); marchand de rue (synon. camelot, forain). ) Vieilli. Marchand de couleurs (synon. droguiste), de curiosités, de fer (synon. quincailler), de mode (synon. modiste), de nouveautés. d) Marchand au détail (synon. détaillant); marchand en gros, en demi-gros (synon. grossiste, négociant).
Rem. [D'apr. le cri du vendeur] Raccourci pop. chand pour marchand. Il a tout à fait l'air d'un chand d'habits (MAUPASS., Mt-Oriol, 1887, p. 11). V. aussi l'étymol. de chandail = marchand d'ail.
— En partic.
1. [Syntagmes désignant un commerce spéc. ou les modalités de son exercice (la plupart de ces syntagmes sont vieillis)]
a) Marchand de biens. Agent immobilier. Le marchand de biens, qui s'occupait surtout de villas et de lotissements, était plus vif, avec des yeux farceurs (SIMENON, Vac. Maigret, 1948, p.24).
♦Marchand de fonds. Agent spécialisé dans la vente de fonds de commerce. M. Mercier, marchand de fonds, lui avait donné rendez-vous sur le quai de Jemmapes (DABIT, Hôtel Nord, 1929, p. 9).
b) Marchand d'eau (dans les pays chauds). Marchand ambulant vendant de l'eau potable. Des sottes (...) photographiaient un soldat, un moine, un marchand d'eau, ce qu'elles appellent le pittoresque de la rue (MONTHERL., Bestiaires, 1926, p. 452).
♦P. anal., pop. Marchand d'eau chaude. Cafetier (cf. DELVAU 1867, p. 298 et FRANCE 1907).
c) Marchand de vin(s)
♦Vieilli. Négociant en vin tenant en même temps un débit de boissons et de restauration rapide et peu coûteuse. Une terrasse de marchand de vins-traiteur où (...) le poète dînant à crédit vit venir (...) une forme longue (VERLAINE, Œuvres compl., t. 4, Mes hôp., 1891, p. 319).
Entrecôte marchand de vin(s). Entrecôte accompagnée d'une sauce composée de vin rouge, de beurre et d'échalotes. Ce beurre s'emploie spécialement comme accompagnement de l'entrecôte grillée à la marchand de vins (MONT. 1967, p. 171).
d) Marchand d'esclaves, d'ébène (rare). Synon. négrier. Son œil était exercé comme celui d'un huissier-priseur ou d'un marchand d'esclaves (SAND, Lélia, 1833, p. 139).
e) Marchand(e) des quatre-saisons. Marchand ambulant vendant des fruits et légumes dans une petite voiture à bras:
• 2. ... l'arcade était barrée par une de ces marchandes des quatre-saisons dont le type est d'autant plus curieux qu'il en existe encore des exemplaires dans Paris, malgré le nombre croissant des boutiques de fruitières.
BALZAC, Splend. et mis., 1846, p. 364.
f) DR. COMM. Marchand(e) à la toilette. Marchand de vêtements et de colifichets d'occasion. Synon. fripier. Une grande dame russe (...) qui possède (...) un fonds de marchande à la toilette (ABOUT, Grèce, 1854, p. 431).
g) Marchande publique. Commerçante exerçant sa profession indépendamment de celle de son mari. La femme (...) n'est pas réputée marchande publique, si elle ne fait que détailler les marchandises du commerce de son mari; mais seulement quand elle fait un commerce séparé (Code civil, 1804, art. n° 220, p.41).
2. Loc., expr.
♦Loc. Le marchand de sable. Personnage fictif dont on se sert pour signifier aux enfants qu'il est l'heure de dormir. J'entends venir le marchand de sable. Il est bien tard déjà pour les petits enfants (GRACQ, Syrtes, 1951, p. 43):
• 3. Enfin, le papillon d'orange secoua ses pépins sur les paupières des enfants qui crurent sentir passer le marchand de sable.
ÉLUARD, Capitale douleur, 1926, p. 136.
P. métaph. La mort, cette marchande de sable pour tous les yeux. Elle a plus de sable à vendre que la mer (RENARD, Journal, 1902, p. 765).
♦Expressions
Il faut être marchand ou larron. Un marchand doit exercer sa profession avec honnêteté. (Dict. XIXe et XXe s.).
Être, se trouver bon (ou mauvais) marchand (de qqc.). Tirer (ou non) profit d'une affaire, être gagnant (ou perdant). Qui traite avec le diable est toujours mauvais marchand (MÉRIMÉE, Mosaïque, 1833, p. 328). Mais où est le bonheur? Où en découvre-t-on le bon marchand? (ESTAUNIÉ, Ascension M. Baslèvre, 1919, p. 31).
B. —P. ext., péj. Personne ayant acquis une mauvaise réputation, soit en raison de son esprit mercantile, soit en raison de la nature des produits qu'il vend ou des services qu'il dispense. Marchands de grec! marchands de latin! cuistres! dogues! Philistins! magisters! je vous hais, pédagogues! (HUGO, Contempl., t. 1, 1856, p. 90). Celui qui n'est pas habile aux exercices du corps passe pour «un marchand», un homme de basse espèce (TAINE, Philos. art, t. 2, 1865, p. 183):
• 4. Toutes qualités opposées à celles de l'avocat d'aujourd'hui, marchand de paroles qui donne au client des paroles pour son argent, et dont l'idéal paraît être la facilité, qui étourdit, dissout, rend mol et stupide le juge ou le juré sous le flot de l'abondance dialectique ou verbale.
THIBAUDET, Réflex. litt., 1936, p. 55.
— Locutions
1. Péjoratif
a) Marchand de canons. Fabricant d'armes de guerre. (Ds Lar. Lang. fr.).
b) Marchand de cochons. V. ce mot I A 1 c.
c) Marchand d'orviétan. Synon. charlatan. Aller s'établir (...) chez les Anglais, comme médecin, marchand d'orviétan et faire fortune avec la pierre de Goa ou pierre de lune (CENDRARS, Bourlinguer, 1948, p. 13).
d) Marchand de tapis. Personne qui marchande, discute indéfiniment sur le prix d'un article, et p. ext. qui ergote sur de menus détails sans trouver d'arrangement valable. C'est un truc de gens qui ne veulent pas payer. Une ruse de marchands de tapis (DUHAMEL, Cécile, 1938, p. 28).
e) Marchand du temple. [P. allusion au passage de la Bible où Jésus chasse les marchands du Temple (St Jean II 14)] Commerçant âpre au gain. Ces âpres petits marchands du temple font commerce de bonbons (COLETTE, Pays. et portr.,1954, p. 122).
2. Arg., pop. ou fam.
a) Marchand de chair humaine, d'hommes (arg. milit., vx). Agent de remplacement qui se chargeait, moyennant finances, de trouver un remplaçant à ceux que le sort avait désigné pour accomplir leur service ou partir au combat. Vous êtes solide, reprit-il en (...) toisant le vieillard comme un marchand de chair humaine toise un remplaçant (BALZAC, Cous. Bette, 1846, p. 128):
• 5. Il était marchand d'hommes. La mercière m'a expliqué que, sous Napoléon III, tout le monde n'étant pas soldat comme aujourd'hui, les jeunes gens riches «tombés au sort» avaient le droit de «se racheter du service».
MIRBEAU, Journal femme ch., 1900, p. 39.
b) Marchand de femmes, de plaisir, de viande. Proxénète, entremetteur. Mais cinq cents hommes vêtus de blanc (...) acclamèrent (...) la France et le marchand de femmes qui leur importait de l'amour (MILLE, Barnavaux, 1908, p. 3).
c) Marchand de lacets. Gendarme (d'apr. ESN. 1965).
d) Vieilli. Marchand de mort subite. Charlatan, mauvais médecin. C'était bien sûr le médecin en chef, car il avait des regards minces et perçants comme des vrilles. Tous les marchands de mort subite vous ont de ces regards-là (ZOLA, Assommoir, 1877, p. 785).
e) Marchand de sommeil. Logeur en garni qui demande un prix exorbitant pour de mauvaises conditions d'hébergement. Écoutez, Jack, il est bien tard pour chercher un marchand de sommeil (A. DAUDET, Jack, t. 2, 1876, p. 210).
f) Marchand de soupe
♦Directeur de pensionnat cherchant à tirer un maximum de profit de ses pensionnaires. Il devait pourtant «s'aider» (...) en donnant (...) des leçons de dessin aux pensionnaires d'un marchand de soupe (DUHAMEL, Désert Bièvres, 1937, 55).
♦Mauvais restaurateur. Le son de la cliquette d'un marchand de soupe, la forte odeur des graisses chinoises (MALRAUX, Conquér., 1928, p. 12).
g) Marchande d'amour. Prostituée:
• 6. De jour, si le promeneur est rare, et de nuit si le passant est nombreux (...) vous serez abordé par les marchandes d'amour dans une langue qui a quelque chose de scénique.
FARGUE, Piéton Paris, 1939, p. 96.
C. —Vieilli. Personne achetant pour son propre usage. Synon. acheteur, acquéreur, preneur. Trouver, ne pas trouver marchand; bonne marchandise trouve toujours son marchand (DG).
Rem. Ce sens ne subsiste guère que dans une expr. employée dans les ventes aux enchères publiques. Il y a marchand. Il y a preneur. Son attention fut détournée par le glapissement du crieur, qui mettait un magnifique turbot aux enchères. — Il y a marchand à trente francs!... à trente francs!... à trente francs! (ZOLA, Ventre Paris, 1873, p. 700).
II. —Emploi adj.
A. — 1. [Gén. appliqué à une pers. ou à une collectivité] Dont l'activité principale est le commerce. Nation marchande. La bourgeoisie: classe marchande, obsédée (...) par la valeur matérielle des produits qu'elle négocie (HUYGHE, Dialog. avec visible, 1955, p. 138). La Russie soviétique et les démocraties populaires ne sont pas des sociétés marchandes (PERROUX, Écon. XXe s., 1964, p. 292):
• 7. Le teint des Maures, de beaux yeux, l'ovale arrondi, un peu d'embonpoint qui révèle une race marchande fixée dans les villes et boutiquière. On leur reproche d'aimer plus le trafic que la guerre, et de pratiquer l'usure.
FROMENTIN, Été Sahara, 1857, p. 142.
— MAR. Marine marchande. [P. oppos. à marine de guerre] Ensemble des bâtiments et équipages se livrant exclusivement au transport des voyageurs et des marchandises. Dantès était simplement vêtu. Appartenant à la marine marchande, il avait un habit qui tenait le milieu entre l'uniforme militaire et le costume civil (DUMAS père, Monte-Cristo, t. 1, 1846, p.47).
♦Bateau, bâtiment, vaisseau marchand. Bras d'eau enjambés par des ponts pittoresques (...) berges riantes où se pressaient les bateaux marchands (FARAL, Vie temps st Louis, 1942, p. 8).
2. [Appliqué à un lieu] Qui vit principalement du commerce; où sont rassemblés un grand nombre de commerces. Synon. usuel commerçant. Place, quartier, rue marchand(e). Troyes était marchande; la draperie faisait sa richesse (A. FRANCE, J. d'Arc, t. 1, 1908, p. 474).
♦Galerie marchande. Emplacement couvert où sont réunies un grand nombre de boutiques. En passant dans la galerie marchande (...) un jeune homme l'avait croisé, méchamment, habillé de noir (JOUVE, Scène capit., 1935, p. 149).
B. —[Appliqué à un produit] Propre à la vente; qui a les qualités moyennes requises pour sa commercialisation. Farines marchandes (CRÈVECOEUR, Voyage, t. 3, 1801, p. 37). Il est extrêmement rare qu'un minerai donné au sortir de la mine soit «marchand» (RATEL, Prépar. mécan. minerais, 1908, p. 3).
♦Qualité marchande. Qualité moyenne, normale, dans le commerce, par rapport à des qualités supérieures. (Ds Lar. Lang. fr.).
— En partic.
1. Poisson marchand. Qui a la taille et la qualité nécessaires pour être mis en vente. Taille marchande. Taille réglementaire requise pour la commercialisation:
• 8. La réglementation de la taille marchande repose sur le fait que tous les poissons ayant atteint l'âge adulte et s'étant reproduits au moins une fois, ont une longueur déterminée variable avec chaque espèce.
BOYER, Pêches mar., 1967, p. 93.
2. Poids marchand. Poids conventionnel déterminé pour la vente de certains produits. J'ai vérifié qu'une douzaine d'huîtres (eau comprise) pesait quatre onces, poids marchand (BRILLAT-SAV., Physiol. goût, 1825, p. 91).
3. Valeur marchande. Valeur d'un produit sur le marché par rapport aux prix pratiqués couramment. Chaque beurre a le sien [d'arôme]. D'où sa valeur marchande (PESQUIDOUX, Livre raison, 1928, p. 221).
— Prix marchand. Prix pratiqué par les marchands entre eux. (Ds Lar. Lang. fr.).
C. — Péj. Qui est dicté ou régi par un esprit mercantile (supra I B). Les vendeuses, décolletées en toilette de concert, prenaient des grâces marchandes (ZOLA, E. Rougon, 1876, p.330):
• 9. C'est une file d'étalages [à Lourdes] où de froides imaginations marchandes ont entassé chapelets, médailles, statuettes et coupe-papier.
BARRÈS, Amit. fr., 1903, p. 214.
REM. Marcandier, subst. masc., arg. Mendiant qui prétendait être un ancien marchand à qui on avait volé tous ses biens. P. ext. Bandit de grand chemin, truand. Un marcandier à mine de juif (HUGO, N.-D. Paris, 1832, p. 460). V. cagou ex. deDU CAMP.
Prononc. et Orth.: [], fém. [-]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. I. Subst. a) masc. fin Xe s. marchedant «celui qui fait du commerce» (Passion, éd. D'Arco Silvio Avalle, 71); ca 1140 marcheant (G. GAIMAR, Hist. des Anglais, éd. H. Bell, 455); ca 1150 marchëand (WACE, St Nicolas, éd. E. Ronsjö, 1097); fin XIIIe s. marchant (Glossaire de Douai ds ROQUES, p. 39, s.v. insti(ta)tor); ca 1462 marchand (Les cent nouvelles nouvelles, éd. F. P. Sweetser, p. 128); fém. ca 1205 marcheande (Enfances Vivien, éd. C. Wahlund et H. von Feilitzen, 685); b) 1322 marchant foraint «marchand qui apporte de l'étranger ou de la province des marchandises (qu'il doit revendre non lui-même mais aux différents marchands d'une ville)» (doc. ds RUNKEWITZ, p. 55); 1606 marchand détailleur «marchand au détail» (NICOT, s.v. détail); 1723 marchande à la toilette «femme qui revend des vêtements, des parures» (SAVARY, s.v. toilette); 1840 marchand(e) des quatre saisons (Ac. Compl. 1842, s.v. saison); c) p. ext. ca 1200 marcheant «amateur, homme prêt à conclure le marché» (J. BODEL, Fabliaux ds Romania t. 81, p.260); 1611 bonne marchandise trouve toujours son marchand (COTGR.); 1747 trouver marchand (VOLTAIRE, Zadig, 10 ds LITTRÉ); 1798 il y a marchand (Ac.); d) 1456 bon merchant «joyeux client, gaillard, paillard ou honorable commerçant» (VILLON, Lais, éd. J. Rychner et A. Henry, 179); 1817 marchand de chair humaine (d'apr. ESN.); 1867 marchand de sommeil, marchard de soupe (DELVAU). II. Adj. a) ca 1165 nef marcëande ([CHRÉTIEN DE TROYES] G. d'Angleterre, éd. M. Wilmotte, 2377); 1765 marine marchande (Encyclop. t. 10, p. 125); fin XIIe s. marcheant «bien servi (en parlant d'une table d'hôte)» (Flore et Blancheflore, éd. M. Pelan, 1064); b) 1211 marchant «affecté aux marchands» (G. LE CLERC, Bestiaire, éd. R. Reinsch, 4076); c) ca 1208 rue marcheande «rue habitée par un grand nombre de marchands» (G. DE VILLEHARDOUIN, Conquête Constantinople, éd. E. Faral, § 203); 1812 lieu marchand «où il se fait un grand commerce» (BOISTE); d) ca 1340 ville marchande «ville où il y a un grand mouvement commercial» (Dialogues fr.-flam., E 2b ds T.-L.);e) ca 1215 marchëant «qui a les qualités requises pour être vendu» (R. DE HOUDENC, Eles, 65 ds T.-L.); 1238 froument marchant «vendable» (doc. ds RUNK., p. 55); 1611 «qu'on trouve ordinairement dans le commerce» (COTGR.); 1757 fer marchand (Encyclop. t. 7, p. 163); f)1798 prix marchand (Ac.); g) 1906 valeur marchande (Pt Lar.); h)1659 «peu distingué, vulgaire» (MOLIÈRE, Précieuses ridicules, 4). D'un lat. pop. mercatantem, acc. de mercatans, part. prés. d'un verbe mercatare «faire le marchand» que l'on restitue d'apr. l'ital. mercatare et l'a. prov. mercadar «acheter» (ca 1140-début XVe s. ds FEW t. 6, 2, p. 6a), dér. de mercatus «marché». Fréq. abs. littér. Marchand:4124. Marchande:657.Fréq. rel. littér. Marchand: XIXe s.: a) 6019, b) 8303; XXes.: a) 6184, b) 4228. Marchande: XIXe s.: a) 882, b) 1508; XXe s.: a)932, b) 672. Bbg. DUB. Pol. 1962, p.339. — MACK. t.1 1939, p.182. — QUEM. DDL t.11, 16, 17, 20.
marchand, ande [maʀʃɑ̃, ɑ̃d] n. et adj.
ÉTYM. 1486; marchant, v. 1290; marcheand, v. 1155; marchaant, v. 1050; marchedant, v. 980; du lat. pop. mercatantem, accus. de mercatans, p. prés. d'un verbe mercatare (de mercatus « marché »), du lat. class. mercari « commercer ».
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I N.
1 Commerçant chez qui l'on achète une ou plusieurs sortes de marchandises (denrées ou articles de consommation, d'utilité courante) qu'il fait profession de vendre. ⇒ Négociant, trafiquant; fournisseur (cit. 2), vendeur.
REM. L'Académie a conservé dans la huitième édition (1935) du Dictionnaire la définition qu'elle donnait dans la première (1694), à une époque où commerçant n'était pas encore admis : « Celui, celle qui fait profession d'acheter et de vendre ». Les textes juridiques (Code civil, code de commerce) emploient généralement marchand comme synonyme de commerçant. Marchand a perdu ce sens très général et ne s'applique pas à des commerçants tels que les banquiers, les agents de change, les commissionnaires… D'ordinaire, il ne s'applique pas non plus aux producteurs, industriels, artisans. Il est plus courant avec un déterminant (marchand de bois, de journaux… marchand en gros). Dans le vocabulaire économique, c'est « un mot vieilli qui ne désigne proprement ni une activité économique, ni une catégorie sociale » (Romeuf, Dict. des sc. écon.). — On retrouvera à l'article Métier les termes désignant spécialement différents marchands.
1 Marchand (…) personne qui négocie, qui trafique ou qui fait commerce; c'est-à-dire, qui achète, troque, ou fait fabriquer des marchandises, soit pour les vendre en boutique ouverte ou en magasin, soit aussi pour les débiter dans les foires et marchés, ou pour les envoyer pour son compte dans les pays étrangers.
Encycl. (Diderot), art. Marchand.
2 L'action des marchands pour les marchandises qu'ils vendent aux particuliers non marchands se prescrit par deux ans.
Code civil, art. 2272.
♦ Clientèle d'un marchand. ⇒ Achalandage, acheteur, chaland, client… || Marchand en gros (⇒ Grossiste), au détail (⇒ Débitant, détaillant). || Marchand sédentaire, en boutique (⇒ Boutique, boutiquier; magasin). || Marchand ambulant. ⇒ Camelot, colporteur, déballeur. || Baladeuse, éventaire de marchand ambulant. ☑ Marchand à la sauvette. || Marchand qui fait son boniment. || Le bagout (cit. 1) d'un marchand. || Marchands des foires (→ 1. Foire, cit. 1). ⇒ Forain (cit. 1, 2 et 4). || Marchands des halles (⇒ Hallier), des marchés (→ Exotique, cit. 1; 3. fort, cit. 77). || Caravane de marchands, en Orient… — Marchand étalagiste, qui étale (cit. 4) sa marchandise. || Étalage, montre d'un marchand (→ Afin, cit. 6). — Gros, riche marchand. || Marchand malhonnête. ⇒ Mercanti, trafiquant. || Marchand ruiné, en faillite (→ Invendable, cit.). — Convenir (cit. 9), discuter (⇒ Marchander) d'un prix avec le marchand. || Le marchand achète, vend, trafique… (→ Larron, cit. 1). — Mercure, dieu des marchands. — Allus. bibl. || Jésus chassant les marchands du temple (Évangile selon saint Jean, II, 14).
3 (…) partout où le commerce prend un certain développement, le marchand ambulant ne tarde pas à faire place au marchand sédentaire, au boutiquier. Avant, c'était le marchand qui allait chercher le client : désormais, c'est le client qui ira chercher le marchand. Seulement, il faut alors que le marchand attire l'attention du passant : — soit par des enseignes parlantes (…) — soit par l'étalage des marchandises (…) dans des devantures resplendissantes; — soit encore, quand il faut attirer le client de loin, par des annonces, réclames, prospectus, catalogues, ou par les commis voyageurs (…)
Charles Gide, Cours d'économie politique, t. I, p. 371.
4 Il était petit marchand ambulant; il allait de village en village, portant sur son dos un gros ballot, où il y avait de tout : de l'épicerie, de la papeterie, de la confiserie, des mouchoirs, des fichus, des chaussures, des boîtes de conserve, des almanachs, des chansons et des drogues. Plusieurs fois, on avait tenté de le fixer quelque part, de lui acheter un petit fond, un bazar, une mercerie.
R. Rolland, Jean-Christophe, L'aube, p. 88.
♦ Dr. || Marchande publique : femme commerçante (→ Autorisation, cit. 3, Code civil).
♦ Hist. écon. || Communauté, corporations, corps des marchands (gilde, hanse). || Prévôt des marchands (→ Façon, cit. 26). || Artisans (cit. 4) et marchands.
♦ (Syntagmes). || Marchand de meubles (→ Inventorier, cit. 1), de tableaux (→ Croûte, cit. 9), de gravures (cit. 5). — ☑ Vx. Marchande de nouveautés; marchande à la toilette. — Marchand d'étoffes (→ Huissier, cit. 8), de chaussures. — Marchand d'habits (pop. chand d'habits; → Chand) : fripier. || « Marchand d'ail » a donné le mot « chandail ». ☑ Marchand de tapis. || Marchand de journaux (→ Belvédère, cit.). || Marchand de tabac (→ Enfourcher, cit. 3). — Vieilli. || Marchand de vin : débit de vins et de boissons alcoolisées où l'on peut consommer. ⇒ Bistrot, bougnat (→ Chambrer, cit. 3; cour, cit. 4). — Cuis., mod. || Entrecôte marchand de vin, préparée avec une sauce au vin rouge. — Marchand de marrons, de frites (cit. 1; → Friture, cit. 4). — ☑ Fig. Marchand de frites : personne qui fait commerce de diverses choses, mesquinement. — Marchande de poisson aux halles. ⇒ Poissarde. — Marchand d'eau, dans les pays chauds où l'eau potable est rare… — (1634). || Marchand de couleurs : droguiste.
5 Je suis certainement le plus malheureux de tous les hommes (…) J'ai été, de l'aveu de tout le monde, le plus célèbre marchand de fromages à la crème dans Babylone, et j'ai été ruiné.
Voltaire, Zadig, XVII.
6 Tout de même, on n'était pas mal chez le marchand de vin; on rigolait, on restait là cinq minutes. Ça ne déshonorait personne. Les poseurs seuls affectaient de crever de soif à la porte.
Zola, l'Assommoir, t. I, IV, p. 157.
7 (…) le marchand d'eau du quartier avec son outre sur les reins.
Loti, les Désenchantées, III, XIII.
8 Le visage du marchand de vêtements qui, avec sa perche, raccroche une robe à la tringle de la devanture (…)
J. Romains, les Hommes de bonne volonté, t. IV, VII, p. 59.
♦ Marchand, marchande des quatre-saisons, qui vend des fruits, des légumes et qui transporte son éventaire dans une petite voiture. — Marchand d'orviétan (→ Charlatan, cit. 3). — Marchand de biens, qui achète et revend des immeubles, des terrains, des domaines ruraux (→ Fulminer, cit. 8). || Marchand de fonds (de commerce).
9 (…) je me charge de vous avoir la terre au meilleur marché possible par un sous-seing privé, comme cela se fait pour les marchands de biens (…)
Balzac, le Cousin Pons, Pl., t. VI, p. 732.
10 Jérôme Crainquebille, marchand des quatre-saisons, allait par la ville, poussant sa petite voiture et criant : Des choux, des navets, des carottes !
France, Crainquebille, II.
♦ ☑ Péj. Marchand de canons : fabricant et vendeur d'armes de guerre.
♦ ☑ Loc. fig. Marchand de soupe : mauvais restaurateur, et, fig., affairiste d'une institution d'enseignement privé, qui ne songe qu'à tirer le plus de profit possible des élèves pensionnaires ou demi-pensionnaires. — ☑ Marchand de chair humaine : trafiquant d'esclaves (⇒ Négrier); proxénète. — ☑ Marchande d'amour, d'illusions, de plaisir… : prostituée. — ☑ Marchand de sommeil : logeur qui exploite sa clientèle en louant un emplacement pour dormir. || Un marchand de sommeil qui héberge des ouvriers immigrés dans sa cave.
♦ Fig. (souvent péj.). || Marchands de vacances, de voyages, de cinéma, de sexe, de culture, de main-d'œuvre.
11 Marchands de grec ! marchands de latin ! cuistres ! dogues
Philistins ! magisters ! je vous hais, pédagogues !
Hugo, les Contemplations, I, XIII.
12 Les émanations des liqueurs répandues se mêlaient à l'odeur des corps et à celle des parfums violents dont la peau des marchandes d'amour est pénétrée (…)
Maupassant, la Femme de Paul, p. 13.
♦ ☑ (Fam., vieilli). Loc fig. Marchand de mort subite : médecin.
13 (…) le médecin en chef (…) avait des regards minces et perçants comme des vrilles. Tous les marchands de mort subite vous ont de ces regards-là.
Zola, l'Assommoir, t. II, XIII, p. 259.
➪ tableau Noms de métiers.
2 Par ext. Vx. S'est dit aussi « de tous ceux qui achètent, quoiqu'ils n'en fassent pas métier » (Académie 1694). || Attirer, faire venir, tromper les marchands. || Trouver marchand, acheteur, preneur (au propre et au fig.).
———
II Adj.
1 Comm. Propre au commerce. || Denrées marchandes. — Par ext. || Prix marchand : prix de facture, auquel le marchand a acheté ses produits. — Cour. || Valeur marchande : valeur commerciale (→ Assigner, cit. 13; estimation, cit. 3).
14 Évidemment, la valeur marchande d'une œuvre ne saurait renseigner sur sa valeur réelle. M. Georges Ohnet ne s'est-il pas énormément vendu ?
Bernanos, les Grands Cimetières sous la lune, p. 335.
♦ Qualité marchande, courante (par oppos. à extra-fine, surfine, supérieure, etc. ⇒ Qualité).
♦ Taille marchande, propre à la vente. — Par ext. Qui a la taille marchande.
14.1 Pour être « marchande », l'huître doit avoir au minimum 5 cm pour la plate et 6 pour la portugaise, la moule 4 cm (…)
Louis Lambert, les Coquillages comestibles, p. 100.
2 Vx. Qui fait du commerce; où l'on fait du commerce. ⇒ Commerçant. || Place marchande, où l'on vend bien. || Nations marchandes. ⇒ Mercantile (vx).
♦ Mod. || Quartier marchand, ville marchande, qui vit grâce au commerce. || Galerie marchande, où se trouvent de nombreux commerces.
15 (…) une grande maison appartenant à la commune de Verrières, vieille, mais vaste et commode, et située vis-à-vis de l'église, dans l'endroit le plus marchand de la ville.
Stendhal, le Rouge et le Noir, I, XXIII.
3 Mod. || Marine marchande, qui effectue les transports commerciaux (par oppos. à marine de guerre, marine militaire. → Arsenal, cit. 1). — Navigation marchande (→ Cabotage, cit. 1). || Navire, vaisseau marchand (→ Cale, cit. 1). — Capitaine marchand, d'un navire marchand.
4 Fig., vx. Péj. « Qui sent le bourgeois et la manière d'agir de marchand » (Richelet). ⇒ Bourgeois.
16 Il ne se peut rien de plus marchand que ce procédé.
Molière, les Précieuses ridicules, IV.
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CONTR. Client.
DÉR. Chand, marchander, marchandise.
HOM. Marchant.
Encyclopédie Universelle. 2012.