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colère

colère [ kɔlɛr ] n. f. et adj.
XVe; lat. cholera, gr. khôlê « bile », et fig. « colère »
I N. f.
1Violent mécontentement accompagné d'agressivité. courroux, emportement, exaspération, fureur, furie, vx ire, irritation , rage, fam. rogne. Propension à la colère. irascibilité, irritabilité, susceptibilité, violence; coléreux. PROV. La colère est mauvaise conseillère. Accès, crise, mouvement de colère. Être rouge, blême de colère; bégayer, suffoquer, trembler, trépigner de colère. Parler avec colère ( crier, injurier, jurer, pester) . Être dans une colère noire, terrible. Colère blanche, froide, qui n'éclate pas. Laisser exploser sa colère (cf. Décharger sa bile, sortir de ses gonds). Sentir la colère monter (cf. Sentir la moutarde monter au nez). État individuel de colère. Passer sa colère sur qqn, sur qqch. (qui n'est pas la cause de la colère). Rentrer, retenir sa colère (cf. Serrer les poings). Une colère rentrée. « Une profonde colère, froide et secrète, le dévorait » (Suarès).
EN COLÈRE. Être en colère : manifester sa colère. ⇒ fulminer, rager; fam. bisquer , 1. fumer, maronner, râler, 2. rogner (cf. Être furieux, hors de soi; fam. fumasse, furax, en boule, en pétard, en rogne). Être en colère contre qqn. Se mettre en colère. éclater, se fâcher, s'irriter (cf. Voir rouge, piquer sa crise, prendre la mouche). Il est constamment en colère : il ne décolère pas. Mettre (fam. foutre ) qqn en colère. agacer, courroucer, crisper, énerver, exaspérer, fâcher, fam. gonfler, irriter (cf. Échauffer les oreilles, pousser à bout; fam. foutre les boules). En colère : très mécontent et le manifestant. Les agriculteurs en colère.
2Accès, crise de colère. crise. Avoir des colères terribles, fréquentes ( coléreux) . Enfant qui fait une colère, une grosse colère.
3Relig. et littér. La colère céleste, la colère divine. Jour de colère (cf. Dies iræ). Poét. La colère des éléments, des flots. déchaînement.
II Adj. Vieilli ou région. Qui manifeste de la colère. « cette humeur colère » (Rousseau). coléreux. ⊗ CONTR. 1. Calme, douceur.

colère nom féminin (latin cholera, bile, du grec kholera) État affectif violent et passager, résultant du sentiment d'une agression, d'un désagrément, traduisant un vif mécontentement et accompagné de réactions brutales : Se mettre en colère. Manifestation de cet état, accès d'irritation : Piquer une colère.colère (citations) nom féminin (latin cholera, bile, du grec kholera) Jacques Amyot Melun 1513-Auxerre 1593 Car qui ne donne nourriture et entretenement de bois au feu, il l'éteint : aussi qui ne donne sur le commencement nourriture à son ire et qui ne se souffle soi-même, il l'évite ou la dissipe. Œuvres morales, traduit de Plutarque. entretien colère Jacques Amyot Melun 1513-Auxerre 1593 Le jugement qui s'oppose sur le champ promptement au courroux, et le supprime, ne remédie pas seulement au présent, ains fortifie et rend l'âme plus raide et plus ferme à l'avenir. Œuvres morales, traduit de Plutarque. mais Pierre Augustin Caron de Beaumarchais Paris 1732-Paris 1799 […] La colère chez les bons cœurs, n'est qu'un besoin pressant de pardonner ! La Mère coupable, IV, 18 Victor Hugo Besançon 1802-Paris 1885 Avez-vous remarqué cela ? Rien n'a l'air plus méchant qu'une tourterelle en colère. Tas de pierres Éditions Milieu du monde Jean-Baptiste Poquelin, dit Molière Paris 1622-Paris 1673 Ah ! vous êtes dévot et vous vous emportez ! Le Tartuffe, II, 2, Dorine Napoléon Ier, empereur des Français Ajaccio 1769-Sainte-Hélène 1821 Un homme, véritablement homme, ne hait point ; sa colère et sa mauvaise humeur ne vont point au-delà de la minute. Cité par Las Cases dans le Mémorial de Sainte-Hélène François Rabelais La Devinière, près de Chinon, vers 1494-Paris 1553 Ces petits bouts d'hommes […] sont voluntiers cholériques. La raison physicale est parce qu'ils ont le cœur près de la merde. Pantagruel, 27 les pygmées Jean de Rotrou Dreux 1609-Dreux 1650 La justice est souvent le masque du courroux. Venceslas, V, 6 Horace, en latin Quintus Horatius Flaccus Venusia, Apulie, 65-Rome ? 8 avant J.-C. La colère est une courte folie. Ira furor brevis est. Épîtres, I, II, 62 Juvénal, en latin Decimus Junius Juvenalis Aquinum, Apulie, vers 60 après J.-C.-vers 130 De là les colères et les larmes. Inde irae et lacrimae. Satires, I, 168 Sénèque, en latin Lucius Annaeus Seneca, dit Sénèque le Philosophe Cordoue vers 4 avant J.-C.-65 après J.-C. La raison veut décider ce qui est juste ; la colère veut qu'on trouve juste ce qu'elle a décidé. Ratio id judicare vult quod aequum est : ira id aequum videri vult quod judicavit. De la colère, I, 18 Euripide Salamine 480-Pella, Macédoine, 406 avant J.-C. Le peuple au plus ardent de sa colère est pareil à un feu trop vif pour être éteint. Oreste, 696-697 (traduction Méridier) Bible Que le soleil ne se couche pas sur votre colère. Saint Paul, Épître aux Éphésiens, IV, 26 ● colère (difficultés) nom féminin (latin cholera, bile, du grec kholera) Construction On dit : être, se mettre en colère contre quelqu'un, et non après quelqu'un. Emploi L'emploi adjectival (ils étaient colères) est vieilli et n'est plus guère employé aujourd'hui que par plaisanterie. ● colère (expressions) nom féminin (latin cholera, bile, du grec kholera) Colère blanche, colère froide, colère contenue, sans manifestation gestuelle ni verbale. Colère bleue, noire, très violente. Familier. Faire des colères, en parlant d'un enfant, avoir de brusques et violents accès de larmes et de réactions de colère. ● colère (homonymes) nom féminin (latin cholera, bile, du grec kholera) collèrent forme conjuguée du verbe collercolère (synonymes) nom féminin (latin cholera, bile, du grec kholera) État affectif violent et passager, résultant du sentiment d'une agression...
Synonymes :
- courroux (littéraire)
- emportement
- fureur
- irritation
- rage
- rogne (familier)
Contraires :
- calme
- douceur
- impassibilité
- modération
- sérénité

colère
n. f. Réaction violente et agressive due à un profond mécontentement; accès d'humeur. être, se mettre en colère. Il est dans une colère noire.
Fam. Piquer une colère.
|| Fig., poét. La colère des éléments.

⇒COLÈRE, subst. fém.
I.— Emploi subst.
A.— 1. [En parlant d'une pers.] Vive émotion de l'âme se traduisant par une violente réaction physique et psychique. Une grande, grosse, juste, sainte, terrible, violente colère :
1. ... si nous ouvrions la bouche, ce n'étoit que pour nous accabler d'injures et de reproches sanglans relativement à ce voyage; si par hasard nos yeux se rencontroient, quoique ternes et affoiblis, ils s'enflammoient encore du feu de la colère et de l'indignation. Ces passions, que, jusqu'à ce moment, nous n'avions jamais connues, se manifestèrent tout-à-coup avec la plus grande violence, comme si quelque mauvais génie les eût subitement soufflées dans nos cœurs.
CRÈVECŒUR, Voyage dans la Haute Pensylvanie, t. 2, 1801, p. 53.
2. Je veux dire que la plus redoutable colère vient de l'impatience de ne pouvoir maîtriser la colère. (...). Ce genre de colère, qui s'accroît par un effort maladroit pour la vaincre, est propre à l'homme, il me semble.
ALAIN, Propos, 1924, p. 586.
2. RELIGION
a) Un des sept péchés capitaux :
3. ... les formes à peine entrevues jusque-là commencent à grandir. Ce sont les sept péchés capitaux : envie, avarice, luxure, colère, gourmandise, paresse, orgueil, et une huitième plus petite, la logique. Elles voltigent comme des ombres, légèrement, tout autour de saint Antoine et projettent leur silhouette sur les rochers.
FLAUBERT, La Tentation de St. Antoine, 1856, p. 503.
b) Manifestation violente de la justice divine pour châtier l'homme pécheur. Le vent de la colère divine agitait les flots de sa [d'Ézéchiel] barbe blanche, et [que] le feu du courroux céleste brillait dans ses yeux de prophète (LAMARTINE, Voyage en Orient, t. 1, 1835, p. 298). Le peuple se prive du nécessaire pour apaiser la colère du Dieu serpent (DUPUIS, Abr. de l'orig. de tous les cultes, 1796, p. 438).
Le jour de colère. Le jugement dernier où se manifestera la colère divine. L'hymne de la colère « Dies irae » (CHATEAUBRIAND, Génie du Christianisme, t. 2, 1803, p. 323) :
4. Et voici que se lève le jour de colère, qui réduira le siècle en poudre, selon le témoignage de David et de la Sibylle.
A. FRANCE, Les Contes de Jacques Tournebroche, 1908, p. 67.
SYNT. Colère aveugle, blanche, bleue, céleste, contenue, folle, froide, furieuse, intérieure, noire, rentrée, rouge; colère d'agneau, colère du ciel, colère de Dieu; cri, geste, mouvement, transport de colère; entrer, être, se mettre en colère; fam. (se) fiche(r) en colère, faire, piquer une (des) colère(s); trembler de colère, exciter la colère, apaiser la colère, attirer (s') la colère de.
B.— P. anal.
1. [En parlant d'un animal] :
5. La nuit était très sombre, à peine distinguait-elle, en bas, le pavé de la rue des Voyards, un étroit couloir obscur, étranglé entre les vieilles maisons. Au loin, du côté du collège, il n'y avait que l'étoile fumeuse d'un réverbère. Et il montait de là un souffle salpêtré de cave, le miaulement d'un chat en colère, des pas lourds de soldat égaré.
ZOLA, La Débâcle, 1892, p. 252.
2. Poét. [En parlant des éléments ou des choses de la nature, considérée comme un animé] :
6. L'orage gronde et tord les arbres : Rilke, abrité dans la maison voudrait être dehors, non pas par le besoin de jouir du vent et de la pluie, mais pour une recherche de rêverie. Alors Rilke participe, on le sent, à la contre-colère de l'arbre attaqué par la colère du vent. Mais il ne participe pas à la résistance de la maison.
BACHELARD, La Poétique de l'espace, 1957, p. 54.
7. Prier en un moment pareil, s'attarder, ne fût-ce que quelques minutes, aggravait encore le danger qui accourait à la vitesse des nuages. Le Matterhorn accumulait l'une de ses colères foudroyantes, peut-être la suprême transe annoncée par Davidsen. Nul sommet ne se couvre avec pareille rapidité.
PEYRÉ, Matterhorn, 1939, p. 276.
3. [En parlant d'un inanimé] :
8. II. Allegretto ma non troppo du quatuor op. 95 de Beethoven. — Après les colères de l'Allegro, l'Allegretto respire le calme, « un calme triste, entrecoupé de soupirs ».
J. DE MARLIAVE, Les Quatuors de Beethoven, 1925, p. 202.
9. ... le latin en ous alternait dans sa classe [de Papel] sordide et noire avec les bénédictions ou les colères des cloches voisines...
A. DAUDET, Les Rois en exil, 1879, p. 60.
II.— Emploi adj.
A.— [En parlant d'une pers.] Que son caractère porte à se mettre facilement en colère :
10. Je me suis aperçu depuis longtemps que les gens colères soutiennent toujours qu'ils ne sont pas colères, que ceux qui ont peur, disent souvent qu'ils n'ont pas peur; ...
NAPOLÉON Ier, Lettres à Joséphine, 1806, p. 119.
P. métaph. :
11. Les grosses pierres, arrêtant le cours, avaient autour d'elles un bourrelet d'eau, une sorte de cravate terminée en nœud d'écume. Par places, c'étaient des cascades d'un pied, souvent invisibles, qui faisaient, sous les feuilles, sous les lianes, sous un toit de verdure, un gros bruit colère et doux; ...
MAUPASSANT, Contes et nouvelles, t. 2, La Petite Roque, 1885, p. 1018.
B.— P. ext. [En parlant du comportement d'une pers.] Qui est marqué par la colère. Air, humeur, regard, ton, voix colère.
Rem. L'adj. colère exprime un état durable : on naît et on meurt colère. En colère exprime une manière d'être passagère. ,,Elle était, elle est, elle sera en colère [...]. Au dix-septième siècle, coléreux et colérique étaient des mots de médecin [...]. Aujourd'hui, coléreux et colérique, devenus communs, menacent sérieusement l'existence de l'adjectif colère`` (Ch. BRUNEAU ds Le Figaro littér., 27 févr. 1954, p. 9; cf. également A. Moufflet ds La Dépêche du Midi, 12 déc. 1957, p. 2).
Prononc. et Orth. :[]. Homon. collèrent (du verbe coller). Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 1. Ca 1265 colere « bile » (B. LATINI, Trésor, éd. Chabaille, p. 103) — XVIe s., HUG.; 2. 1416 collere « état affectif violent » (Le Livre Caumont, p. 50, éd. Galy ds R. Hist. litt. Fr., t. 6, p. 460); 1505 adj. « emporté par la colère » (GRINGORE, Folles entreprises, éd. Ch. d'Héricault et A. de Montaiglon, t. 1, p. 57 ds Romania, t. 65, p. 169 : leur cerveau fier, colère et trop chault); 1550 d'une pers. (RONSARD, Odes, L. 1, ode II, éd. P. Laumonier, t. 1, p. 71); 1762 « qui marque la colère » (ROUSSEAU, Émile, L IV ds LITTRÉ : humeur colère); 3. entre 1556 et 1577 fig. « déchaînement violent » (R. BELLEAU, Œuvres, t. 1, p. 65 ds IGLF : les plus ardantes coleres du ciel). Empr. au lat. impérial cholera « maladie bilieuse, bile », b. lat. « colère » (Jérôme ds TLL s.v., 1015, 12), lui-même empr. au gr. (choléra). Fréq. abs. littér. :8 335. Fréq. rel. littér. :XIXe s. : a) 10 415, b) 13 328; XXe s. : a) 12 545, b) 11 873. Bbg. COLLIN (C.). Fr. chagrin « ledsen »; colère « ond ». In : [Mél. Vising (Johan)]. Paris, 1925, pp. 55-60. — GOUG. Lang. pop. 1929, p. 140; Mots. t. 1, 1962, p. 25, 130-133. — LAUREN (P.). Contribution à l'hist. du lex. fr. Romania. 1939, t. 65, pp. 167-170. — STEFENELLI (A.). Der Synonymenreichtum der altfranzösischen Dichtersprache. Wien, 1967. — TOURNEMILLE (J.)., Il n'y a pas de synon. colère, ire, courroux. Déf. Lang. fr. 1968, n° 41, pp. 12-13. — VALTER (R.). Einige Bemerkungen zum romanischen Wortschatz... Beitr. rom. Philol. 1972, t. 11, n° 1, p. 146.

colère [kɔlɛʀ] n. f.
ÉTYM. 1416, collere; du lat. cholera, du grec khôlê « bile », et fig. « colère ».
———
I
1 Mécontentement violent et passager qui s'accompagne d'agressivité dans le comportement ou le discours. Courroux (littér.), emportement, exaspération, fureur, furie, irritation, rage, rogne. || Propension à la colère. Irascibilité, irritabilité, susceptibilité, violence. || Franc jusqu'à la colère. → Pousser, cit. 18. || Accès, crise, mouvement de colère. || Être rouge, blême de colère; suffoquer, trembler, trépigner de colère. || Parler avec colère (→ Bougonner, crier, injurier, jurer, pester).Être dans une colère noire, bleue, terrible.Être dans une colère blanche : éprouver une colère froide qui fait pâlir le visage. || La colère de qqn, sa colère. || S'abandonner à sa colère. || Laisser exploser sa colère (→ Décharger sa bile, sortir de ses gonds). || Sentir la colère monter (→ Sentir la moutarde monter au nez). || Passer sa colère sur qqn, sur qqch. || Rentrer, retenir sa colère (→ Serrer les poings).
En colère. || Être en colère : manifester sa colère. Hors (de soi); fam. bisquer, fulminer, fumer, maronner, rager, râler, rogner. || Se mettre en colère (→ cit. 2). Éclater, fâcher (se), irriter (s'). || Il est constamment en colère : il ne décolère pas. || Mettre qqn en colère ( Agacer, courroucer, crisper, énerver, exaspérer, fâcher, irriter).
1 Agréable colère !
Digne ressentiment à ma douleur bien doux !
Je reconnais mon sang à ce noble courroux (…)
Corneille, le Cid, I, 5.
2 — Sire, répond l'agneau, que Votre Majesté
Ne se mette pas en colère (…)
La Fontaine, Fables, I, 10.
3 La colère du roi, comme dit Salomon,
Est terrible, et surtout celle du roi lion (…)
La Fontaine, Fables, VIII, 14.
4 (…) je suis contre elle dans une colère épouvantable.
Molière, l'Amour médecin, I, 3.
5 On ne fait point de distinction dans les espèces de colères, bien qu'il y en ait une légère et quasi innocente, qui vient de l'ardeur de la complexion, et une autre très criminelle, qui est, à proprement parler, la fureur de l'orgueil.
La Rochefoucauld, Maximes supprimées, 601.
6 Je n'ai jamais vu un pareil regard : quand la colère y montait, la prunelle étincelante semblait se détacher et venir vous frapper comme une balle.
Chateaubriand, Mémoires d'outre-tombe, VII, p. 26.
7 Je sortis indigné, le cœur gros de colère et de haine.
France, le Petit Pierre, VII, p. 34.
8 Une profonde colère, froide et secrète, le dévorait (…)
André Suarès, Trois hommes, I, « Pascal », p. 13.
8.1 Quand un petit enfant pleure et crie, il se produit un phénomène purement physique que lui-même ne soupçonne pas (…) Ses cris lui font mal à lui-même et l'irritent encore plus. Les menaces, les éclats de voix, grossissent encore l'avalanche. C'est la colère même qui entretient la colère.
Alain, Propos, 8 mai 1913, Effervescence.
8.2 (…) une femme en colère, à quoi bon l'écouter ? (…) Un homme en colère n'offre pas un texte plus clair. Quand un homme jure après ses bottes, ou après son bouton de col, ce discours ne vaut pas qu'on l'écoute. Ce qui est juste à dire, c'est que la femme en colère a peut-être plus de volubilité; elle est insensée plus ingénuement (…) Ce n'est toujours que du bruit.
Alain, Propos, 6 avr. 1913, Savoir écouter.
9 Ni ce matin ni ce soir, trancha madame Brigitte, blême de colère.
F. Mauriac, la Pharisienne, IX, p. 124.
10 Elle joue un peu féroce, s'exaspère vite et semble savourer sa colère comme un plaisir (…)
Colette, la Paix chez les bêtes, « La Shâh », p. 37.
11 La colère me rend malade, elle m'empoisonne. Je respire mal, mon cœur bat au hasard, mes articulations sont pleines de sable, je me sens l'estomac houleux (…)
G. Duhamel, Chronique des Pasquier, VI, VI, p. 318.
12 Je t'écris dans le feu d'une colère dont je ne peux me rendre maître.
G. Duhamel, Chronique des Pasquier, III, VI.
13 (…) Clemenceau, lui, est orateur comme certaines femmes sont belles. Par sursauts. Il faut qu'on le foute en colère.
J. Romains, les Hommes de bonne volonté, t. V, XXIV, p. 216.
Absolt. || La colère est l'un des sept péchés capitaux.
2 (Une, des colères). Accès, crise de colère. Crise. || Avoir des colères terribles, fréquentes, faciles (→ Être soupe au lait).Fam. Piquer, prendre, faire une colère. || Cet enfant pique des colères incompréhensibles.
14 Berthe Sammécaud partit, là-dessus, dans une de ces colères, où l'éducation disparaît soudain comme un maquillage dans la sueur.
J. Romains, les Hommes de bonne volonté, t. V, X, p. 150.
15 Le seul défaut de caractère qu'on lui trouve, c'est une disposition à des colères violentes, quand on le contrarie sur un détail quelquefois infime.
J. Romains, les Hommes de bonne volonté, t. V, X, p. 160.
16 Papa se mit à sourire, son calme devint effrayant et nous comprîmes tous qu'il était parti, sans retour, pour une colère majuscule, une colère telle qu'un homme n'en fait pas trois d'aussi belles dans sa vie.
G. Duhamel, Chronique des Pasquier, XIX, p. 208.
3 Relig. et littér. || La colère céleste, la colère divine. || Jour de colère (lat. Dies iræ). || Les enfants de colère (Bible, Épître de saint Paul aux Éphésiens II, 3), qui sont réprouvés par la colère divine.
17 Pressé de toutes parts des colères célestes (…)
Corneille, Pompée, I, 1.
18 Ô Satan (…)
Père adoptif de ceux qu'en sa noire colère
Du paradis terrestre a chassés Dieu le Père.
Baudelaire, les Fleurs du mal, « Révolte », CXX.
Poét. Déchaînement violent des éléments. Fureur, tempête. || La colère du vent, des flots.
———
II Adj. (1505; vx). Vieilli ou régional. Porté, par tempérament, à la colère. || Il, elle est colère.
19 (…) je lui dis que sa femme, c'était la plus difficile, la plus méchante, la plus colère du monde (…)
Mme de Sévigné, 433, 21 août 1675.
19.1 (Kirilov, chez Dostoïevski) est puéril et colère, passionné, méthodique et sensible.
Camus, le Mythe de Sisyphe, in Essais, Pl., p. 184.
Vx, littér., ou avec une intention d'archaïsme plaisant. Qui dénote la colère. || Un regard, une voix colère.Qui est en colère. || Bébé est colère.
20 La vanité ne me donnait que trop de penchant à cette humeur colère.
Rousseau, Émile, IV.
21 Le passereau est l'oiseau de tous les pays du monde; nous l'avons trouvé partout (…) et toujours avec son caractère vif, pétulant et querelleur, toujours avec son piaulement incisif et colère.
É.-R. Huc, Souvenirs d'un voyage dans la Tartarie…, t. I, p. 293.
CONTR. Calme, douceur, modération.
DÉR. et COMP. Colérer, coléreux, colérique. — Décolérer, encolérer.

Encyclopédie Universelle. 2012.