conclure [ kɔ̃klyr ] v. tr. <conjug. : 35>
• XIIe; lat. concludere, de claudere → clore
I ♦ (Accord)
1 ♦ V. tr. dir. Amener à sa fin par un accord. ⇒ arrêter, fixer, régler, résoudre. Conclure une affaire avec qqn. Marché conclu ! (cf. Tope là). Conclure un accord, un contrat. ⇒ passer. Conclure un traité, la paix. ⇒ signer, traiter. — Pronom. (pass.) L'accord s'est conclu en secret.
2 ♦ Littér. Tirer (une conséquence) de prémisses données. ⇒ déduire, démontrer, induire, inférer. Conclure qqch. d'une expérience. J'en conclus que (et indic., condit.). Nous en avons conclu qu'il accepterait.
♢ Tr. ind. Conclure à... : tirer telle conclusion, tel enseignement. Les enquêteurs concluent à l'assassinat. — Dr. Aboutir à la décision de. Les juges conclurent à l'acquittement. — Conclure de... à : donner comme cause d'une conséquence. Conclure de la beauté du style à l'intérêt de l'œuvre.
♢ Conclure de (et inf.). Décider de (faire qqch.), après délibération. « On conclut D'envoyer hommage et tribut » (La Fontaine).
3 ♦ V. intr. Par ext. Être concluant. Dr. Répondre par un acte de procédure aux moyens de la partie adverse. Ce témoignage conclut contre lui.
II ♦ (Fin) V. tr. Terminer. ⇒ achever, finir. Conclure un livre, un récit. Concluez, c'est trop long ! Voici, pour conclure, un aperçu des solutions envisageables. Pour conclure la soirée, on décida d'aller danser.
⊗ CONTR. Commencer, entreprendre. Exposer, préfacer, présenter.
● conclure verbe transitif (latin concludere, de claudere, fermer) Arriver à un arrangement, à une entente, se mettre d'accord après discussions ou négociations sur certains points : Conclure un marché. Finir, terminer une action par quelque chose, apporter le dernier élément qui la rendra complète, parfaite : Conclure un bon repas par un verre d'eau-de-vie. Finir un texte, un discours, etc., le terminer, y apporter une fin ; clore : Conclure une lettre par quelques mots de politesse. Donner une conclusion à une discussion, à un entretien, à un discours : Il est temps de conclure. Tirer de quelque chose une conclusion, en déduire quelque chose, dire en conclusion : J'en conclus que vous vous êtes trompé. ● conclure (citations) verbe transitif (latin concludere, de claudere, fermer) Gustave Flaubert Rouen 1821-Croisset, près de Rouen, 1880 Académie française, 1880 La bêtise consiste à vouloir conclure. Correspondance, à Louis Bouilhet, 1850 ● conclure (difficultés) verbe transitif (latin concludere, de claudere, fermer) Conjugaison Ne pas confondre la conjugaison de conclure avec celle des verbes en -er : je conclus ; il conclut ; je conclurai. - Participe passé en u : un accord conclu, une entente conclue. Construction 1. Conclure à (+ nom). Le juge d'instruction a conclu à la préméditation. 2. Conclure que (+ indicatif ou conditionnel). On conclut donc que l'hypothèse est juste. Vous en avez conclu qu'il serait préférable de partir. 3. Conclure à ce que (+ subjonctif). Le juge conclut à ce que les plaignants soient rétablis dans leurs droits. Cette construction n'est guère employée que dans la langue juridique. ● conclure (synonymes) verbe transitif (latin concludere, de claudere, fermer) Arriver à un arrangement, à une entente, se mettre d'accord...
Synonymes :
- régler
- signer
- traiter
Finir, terminer une action par quelque chose, apporter le dernier élément...
Contraires :
- amorcer
- entamer
Finir un texte, un discours, etc., le terminer, y apporter...
Synonymes :
- achever
Contraires :
- débuter
Tirer de quelque chose une conclusion, en déduire quelque chose, dire en...
Synonymes :
- déduire
- induire
● conclure
verbe transitif indirect
Se prononcer après réflexion, examen, etc., pour telle chose, en venir à telle ou telle conclusion : Conclure à la nécessité d'un changement.
Se prononcer contre, en faveur de quelque chose, de quelqu'un après examen ou délibération : Aucun témoignage ne conclut contre lui.
Sans complément, pour une partie, dans un procès, établir, présenter ses conclusions.
conclure
v.
rI./r v. tr.
d1./d Déterminer par un accord les conditions de. Conclure une affaire.
d2./d écrire, prononcer la péroraison de. Il me reste à conclure mon exposé.
rII./r v. tr. indir.
d1./d Tirer (une conséquence), inférer. On a hâtivement conclu de la présence de l'accusé sur les lieux à sa culpabilité.
|| (S. comp.) Il faut conclure.
d2./d Décider, donner un avis après examen et réflexion. La police a conclu à un suicide.
⇒CONCLURE, verbe.
I.— Mettre un terme à quelque chose qui est en cours. Conclure qqc. avec qqn.
A.— Synon. de régler, résoudre par voie de décision et sous certaines conditions.
1. [L'obj. désigne un accord entre deux ou plusieurs groupes de pers. ou entre États] Conclure un pacte, un traité, une trêve. Négocier et conclure des préliminaires de paix (LAS CASES, Le Mémorial de Sainte-Hélène, t. 1, 1823, p. 669) :
• 1. On ajoute dans les milieux officiels de la capitale américaine qu'un accord a été également conclu au sujet des mesures à prendre par la Grande-Bretagne, par la France et par les États-Unis au cas où les communistes chinois tireraient parti d'une trêve en Corée pour se livrer à une agression en Asie du Sud-Est.
Le Monde, 19 janv. 1952, p. 1, col. 2.
SYNT. Conclure des paix séparées avec tel et tel pays; conclure un pacte de non-agression, un accord sur certaines bases; il a été conclu un armistice aux conditions suivantes.
2. Conclure une alliance, un mariage; conclure une affaire, un contrat, un marché. J'avais promis une commission à un autre bandit, Raggi, s'il m'aidait à conclure l'achat (SAINT-EXUPÉRY, Terre des hommes, 1939, p. 205) :
• 2. Puisqu'au logis de la future
Le marié ne peut tenir,
Chez lui nous voici pour conclure
Le contrat qui doit les unir.
E. LABICHE, Edgar et sa bonne, 1852, 8, p. 228.
• 3. Elle ouvrit la main comme un paysan qui conclut un marché, et demanda : « C'est dit? »
Il serra cette main tendue.
« C'est dit. »
MAUPASSANT, Contes et nouvelles, t. 1, Le Père Amable, 1886, p. 229.
— Affaire conclue :
• 4. Il [Maître Déboultot] me céderait sa servante et je lui vendrais ma jument noire, Cocotte, dont il avait envie depuis bientôt deux ans. Il me tendit la main : « Topez là, Monsieur de Varnetot. » C'était marché conclu; ...
MAUPASSANT, Contes et nouvelles, t. 2, Histoire vraie, 1882, p. 336.
— Emploi abs. :
• 5. — Eh! bien, monsieur, dit le comte en restant assis et laissant Moreau debout, nous ne pouvons donc pas conclure avec Margueron?
— En ce moment, il vendrait sa ferme trop cher.
BALZAC, Un Début dans la vie, 1842, p. 408.
B.— [L'obj. désigne une production de l'esprit] Synon. de achever, terminer (cf. conclusion I B). Conclure un discours, un livre, un récit par, sur qqc. J'aimerais conclure ce chapitre en soulignant les conséquences pratiques qui se dégagent de cette analyse (H.-I. MARROU, De la Connaissance hist., 1954, p. 144).
— Emploi abs. Je me résume et je conclus : non seulement l'occupation conduit à l'égalité; elle empêche la propriété (PROUDHON, Qu'est-ce que la propriété? 1840, p. 188). C'est assez délibérer, il faut conclure (Ac. 1798-1932) :
• 6. Je voudrais maintenant conclure.
Mon exposé, mesdames et messieurs, a dû vous donner parfois l'impression d'un nationalisme bien étroit, à une époque où la collaboration des peuples apparaît plus indispensable que jamais. Il m'est facile de vous rassurer.
C. PINEAU, La S.N.C.F. et les transp. fr., 1950, p. 140.
♦ Autre expr. cour. Pour conclure, ...
C.— P. ext. Synon. parachever, trouver le dénouement de, clore, donner une conclusion (cf. conclusion I D). Elle [Rosalie] concluait d'un ton féroce : — Eh bien, qu'est-ce que vous diriez s'il [votre fils] était mort? (MAUPASSANT, Une Vie, 1883, p. 256) :
• 7. ... elle [la cousine du mort] dit : « C'était un brave homme ». Et elle chercha un mot, un mot un peu plus cérémonieux pour le qualifier; elle était sa plus proche parente, et c'était à elle de conclure.
SARTRE, Le Sursis, 1945, p. 71.
II.— LANG. CULTIVÉE. Tirer une proposition, une conséquence d'un élément ou d'un ensemble d'éléments abstraits ou concrets à la suite d'une observation attentive ou par le moyen d'un raisonnement (cf. déduire, inférer). Que pouvons-nous conclure de cela? Que faut-il conclure de ces constatations? Il est reconnu qu'on peut, syllogistiquement au moins, conclure le vrai du faux (O. HAMELIN, Essai sur les éléments principaux de la représentation, 1907, p. 17) :
• 8. Je ne sais si le géomètre Maupertuis, chargé de mesurer en Laponie un degré du méridien pour en conclure l'aplatissement de la terre sur ses pôles, a mis beaucoup de précision dans ses opérations, mais il n'en met guère dans ses raisonnements et dans son style.
BERNARDIN DE SAINT-PIERRE, Harmonies de la nature, 1814, p. 209.
— Emploi abs. Épuiser courageusement, patiemment l'étude des faits, avant de généraliser et de conclure (GUIZOT, Hist. gén. de la civilisation en Europe, Leçon 12, 1828, p. 14). J'observe beaucoup et je ne conclus jamais, moyen infaillible de ne pas se tromper (FLAUBERT, Correspondance, 1846, p. 337).
A.— Emploi trans. indir. Conclure (de qqc.) à
1. Conclure de qqc. à qqc. Après un minutieux examen, Ortègue avait conclu à une paralysie par compression (P. BOURGET, Le Sens de la mort, 1915, p. 97). Conclure de ces ambivalences à une absence totale de conscience personnelle (MOUNIER, Traité du caractère, 1946, p. 539) :
• 9. Quant à M. de Piagnes, il ne se sentait attiré que par les jeunes filles qui ne disaient pas un mot dans les bals; il concluait de là à leur honnêteté; ...
MONTHERLANT, Les Célibataires, 1934, p. 751.
a) Spéc., dans le domaine jur. L'horreur fit conclure à l'inconscience, c'était le crime d'un idiot (ZOLA, Germinal, 1885, p. 1561). Malgré les ordres pressants qu'ils ont reçus, les enquêteurs n'ont pu conclure à la culpabilité du gouvernement serbe (R. MARTIN DU GARD, Les Thibault, L'Été 1914, 1936, p. 92).
b) [Après une enquête, en jugement...] Conclure au non-lieu, à la peine de mort. Il [l'avocat du roi] conclut contre moi à la peine d'interdiction et de réclusion à perpétuité (G. SAND, Mauprat, 1837, p. 333).
2. Conclure à ce que + subj. Au lieu de conclure à ce que la propriété soit partagée entre tous, je demande que, par mesure de sûreté générale, elle soit abolie pour tous (PROUDHON, Qu'est-ce que la propriété? 1840, p. 158) :
• 10. ... il [Messire Simon Cramault, patriarche d'Alexandrie] exposa toute la suite de l'affaire, reprit le récit de ce schisme, et conclut à ce que la cession fût poursuivie par les moyens les plus efficaces.
BARANTE, Hist. des ducs de Bourgogne, t 2, 1821-24, p. 228.
Rem. Condamné par les puristes. On préférera conclure que (cf. infra II B); toutefois cette constr. prévaut dans le lang. juridique.
3. Vx. Conclure à + inf. Décider de (en fonction de tels et tels éléments). Je conclus à rejeter toute la loi venant d'eux ou de vous (COURIER, Pamphlets pol., Lettres au rédacteur du « Censeur », 1819-20, p. 47).
B.— Conclure que
1. Conclure (de qqc.) que + ind. [pour affirmer qqc.]. Il conclut de cette affirmation que + ind. On peut conclure de ce qui précède que l'on a (...), relation exprimant la loi d'Ampère (E. ROTHÉ, Questions actuelles de géophysique théorique et appliquée, 1943, p. 397) :
• 11. ... quand ils [les républicains] arguent de ce qu'elle dure [la République] depuis quarante ans pour inférer, pour conclure, pour proposer qu'elle est durable, pour quarante ans...
PÉGUY, Notre jeunesse, 1910, p. 22.
2. Conclure (de qqc.) que + cond. [pour exprimer une hypothèse] :
• 12. L'ennui prédomine toutes mes autres sensations, et je suis porté à conclure que l'anxiété du joueur ne pourrait rien contre la force de cet ennui étrange.
BARBEY D'AUREVILLY, 2e Memorandum, 1838, p. 373.
3. De même : verbe à la forme négative + que + subj. Je n'ai pas conclu et je me garderais bien de conclure que cette hérédité dût entraîner une fatalité absolue (G. SAND, Histoire de ma vie, t. 1, 1855, p. 371). Il ne faudrait pas conclure de là que je fusse un enfant pervers ou méchant (VERLAINE, Confessions, p. 115) :
• 13. De ce qu'on les oublie vite [les gens] et de ce que leur souvenir ne réveille pas en vous la moindre parcelle de sentiment, il ne faut pas conclure que vous soyez un ingrat, ni eux plus intéressants.
E. DELACROIX, Journal, 1853, p. 64.
C.— Rare, emploi intrans. Conclure (de qqc.) contre qqn ou en faveur de qqn; conclure contre qqn. Mais se ressaisir et conclure contre le fatalisme. Qu'est-ce qui veille là? ma conscience (BARRÈS, Mes cahiers, t. 9, 1911-12, p. 283) :
• 14. Un des experts qui a conclu contre Dreyfus aurait reconnu l'identité des écritures dans le bordereau accusateur et dans une lettre émanant de celui à qui la trahison serait imputable.
CLEMENCEAU, L'Iniquité, 1899, p. 11.
D.— P. ext. [Le suj. désigne l'argument, la proposition qui conclut] Cf. concluant. Synon. prouver, démontrer. Que les royalistes ne viennent pas me dire que cette description ne conclut rien (C. DESMOULINS, Le Vieux Cordelier, 1793-94, p. 79).
Prononc. et Orth. :[]. Ds Ac. 1694-1740, s.v. conclurre. Ds Ac. 1762-1932 avec 1 seul r. GREV. 1964, § 653, met en garde contre le fait d'introd. un e au fut. et au cond. ds conclure, exclure, sur le modèle créerai, prieras, remuerait. Étymol. et Hist. 1. Début XIIe s. « enfermer » (Psautier Oxford, éd. Fr. Michel, XXX, 10) — XVIe s. ds HUG. (fig. « enfermer dans une définition, un raisonnement »); 2. a) ca 1260 conclure les raisons « établir ce qui résulte des arguments, des développements antérieurs » (BRUNET LATIN, Trésor, éd. F. J. Carmody, III, 66, 1); 1549 (EST. : conclure a la mort); b) XVe s. conclure de « décider de » (COMMYNES, livre 1, chap. VIII, éd. J. Calmette, t. 1, p. 55); 1513 alliance conclute (Traicté de la Paix ds Anc. poésies fr., éd. A. de Montaiglon, t. 6, p. 90); 3. ca 1260 conclure qqc. « terminer un raisonnement en énonçant quelque chose » (BRUNET LATIN, Trésor, III, 55, 6); 1690 absol. concluez dit-on à un avocat trop prolixe (FUR.); 4. 1584 part. prés. substantivé « ce qui démontre » (JEAN DURET, Coust. de Bourbonnais, 144 ds R. Hist. litt. Fr., t. 6, p. 468); 1587 adj. (CHOLIÈRES, Après-dînées, 328, P. Lacroix, ibid.); av. 1662 « démontrer (surtout en parlant d'une chose) » (PASC., Juifs, 13 ds LITTRÉ). Empr. au lat. class. concludere « fermer, enfermer » puis « finir », « donner une conclusion », « déduire », « arranger, résoudre (concludere pacem en lat. chrét.) », dér. de claudere (clore). Fréq. abs. littér. : 3 170. Fréq. rel. littér. :XIXe s. : a) 4 509, b) 3 072; XXe s. : a) 4 905, b) 5 037. Bbg. GOHIN 1903, p. 291. — GOUG. Mots t. 2 1966, p. 64. — GROSS (M.), Prob. des relations entre synt. et lex. Fr. mod. 1969, t. 37, p. 368.
conclure [kɔ̃klyʀ] v.
CONJUG. je conclus, nous concluons; je concluais, nous concluions; je conclus, nous conclûmes; je conclurai; je conclurais; conclus, concluons; que je conclue, que nous concluions; que je conclusse; concluant; conclu.
ÉTYM. XIIe; lat. concludere, de claudere. → Clore.
❖
1 V. tr. dir. (Sujet n. de personne ou d'une force humanisée). a Amener à sa fin, par un accord. ⇒ Arrêter, fixer, régler, résoudre. || Conclure une affaire avec qqn. || Ils ont conclu l'affaire ensemble. — Pron. || Un accord s'est conclu (→ ci-dessous, cit. 4). — Au p. p. (→ ci-dessous, cit. 3). || Accord conclu. || Marché conclu, affaire conclue (cf. fam. Tope-là !). || Conclure un accord, un arrangement. ⇒ Accorder (s'), entendre (s'); passer. || Conclure un traité, la paix. ⇒ Signer, traiter.
1 Le Ciel, Seigneur, Arnolphe, a conclu mon malheur (…)
Molière, l'École des femmes, V, 6.
2 (…) vous ferez bien de ne point conclure ce mariage (…)
Molière, les Femmes savantes, IV, 4.
3 Il faut rompre la paille : une paille rompue
Rend, entre gens d'honneur, une affaire conclue.
Molière, le Dépit amoureux, IV, 4.
4 La paix se conclut donc; on donne des otages (…)
La Fontaine, Fables, III, 13.
5 Quinette obtint sans difficulté, moyennant une majoration insignifiante, de conclure la sous-location au mois.
J. Romains, les Hommes de bonne volonté, t. II, IX, p. 94.
♦ Vx. (Sujet n. de chose). Parachever. || Cela a conclu ses malheurs. ⇒ Achever, couronner, terminer.
b Spécialt. (Sujet n. de personne). Terminer un discours, un récit, un ouvrage. ⇒ Conclusion; conclusif. || Conclure un discours par une longue péroraison. || Conclure une fable, un roman, une tragédie. || Conclure à la hâte un ouvrage. ⇒ Bâcler.
6 Trouvez bon, Madame, que… je conclue ce mot, en vous faisant considérer (…)
Molière, la Comtesse d'Escarbagnas, 4.
7 Milton est le premier poète qui ait conclu l'épopée par le malheur du principal personnage (…)
Chateaubriand, le Génie du christianisme, II, I, 3.
♦ Absolt. || Vous avez assez discuté; maintenant, il faut conclure. || Concluez ! || Cet écrivain ne sait pas conclure.
♦ Mus. Amener une conclusion.
c (Avec un compl. second en par, en sur). Achever (une action). || Conclure une réunion par un repas. || Ils ont conclu leur rencontre sur une réconciliation générale.
2 Littér. ou style soutenu. || Conclure qqch. de qqch. : tirer (une conséquence) de (qqch. qui précède). || Que pouvons-nous conclure de ces événements ? || « Qu'ils en concluent ce qu'ils voudront contre le déisme, ils n'en concluront rien contre la religion chrétienne » (Pascal). ⇒ Arguer, argumenter, déduire, induire, inférer.
8 Concluons que la Providence
Sait ce qu'il nous faut mieux que nous.
La Fontaine, Fables, VI, 4.
9 (…) l'expérience que vous avez faite ne conclut rien pour tous les autres.
Molière, le Bourgeois gentilhomme, III, 15.
10 Que conclure à la fin de tous mes longs propos ?
C'est que les préjugés sont la raison des sots.
Voltaire, Poème sur la loi naturelle, IV.
11 (…) je crois avoir le droit de conclure que jusqu'à la grande tempête de la guerre, il y a eu plutôt animation que dépression de l'industrie en France.
Jaurès, Hist. socialiste…, t. II, L'œuvre de la Constituante, p. 258.
♦ Pop. (d'après se dire) :
11.1 Ma position (…) est que la vie humaine est sacrée. D'où je me conclus qu'un individu n'a pas le droit d'en tuer un autre.
M. Aymé, Travelingue, p. 253.
♦ Conclure que… || Je conclus que vous avez tort. || Conclure de qqch. que… : déduire ou induire que… || On conclura de cette affirmation qu'il se trompe, qu'il peut, qu'il pourrait se tromper. || « Il ne faut pas conclure que vous soyez un ingrat » (Delacroix).
♦ (Sujet n. de chose). Faire aboutir à la conclusion que…
12 (…) tout ce que de vous je viens d'ouïr contre elle
Ne conclut point, parent, qu'elle soit criminelle.
Molière, Sganarelle, 12.
♦ Absolt. Donner une conclusion.
13 La rage de vouloir conclure est une des manies les plus funestes et les plus stériles qui appartiennent à l'humanité.
Flaubert, Correspondance, t. III, p. 270.
14 Aucun génie n'a conclu et aucun grand livre ne conclut, parce que l'humanité elle-même est toujours en marche et qu'elle ne conclut pas.
Flaubert, Correspondance, t. III, p. 87.
15 Quand Flaubert dit que l'art ne doit pas conclure, et qu'il se défend lui-même de conclure, tout cela est bon en théorie, mais la vie apporte toujours une conclusion.
A. Thibaudet, Gustave Flaubert, p. 114.
3 V. tr. ind. Littér. || Conclure (de qqch.) à (qqch.) : induire qqch. de qqch. || Conclure de la beauté du style à l'intérêt de l'œuvre.
15.1 La réalité révolutionnaire concluait à la République avant que la conscience française fût préparée à conclure de même…
Jaurès, Hist. socialiste, t. I, La Constituante, p. 291.
15.2 (…) et les sages conclurent, comme toujours, du néant de la réclame au néant de l'œuvre.
Léon Bloy, le Désespéré, II, p. 97.
♦ Conclure de (et l'inf.) : décider de (faire qqch.), après délibération.
16 Après divers avis, on résout, on conclut
D'envoyer hommage et tribut.
La Fontaine, Fables, IV, 12.
♦ Vx. || Conclure à qqch. : décider de…
17 Ils conclurent à faire baptiser l'ingénu.
Voltaire, l'Ingénu, 2.
♦ Rare. || Conclure à ce que… (et subj.). || Il conclut « à ce que la cession fût poursuivie » (Barante, in T. L. F.).
♦ Dr. || Conclure à (qqch.) : aboutir à la conclusion de (qqch.), après examen. || Les enquêteurs concluent à l'assassinat. — (En jugement). || Conclure au non-lieu, à la peine de mort. ⇒ Prononcer (se prononcer pour).
18 De vingt-deux juges, il n'y en en eut que neuf qui conclurent à la mort.
Voltaire, le Siècle de Louis XIV, 25.
4 V. intr. (Sujet n. de personne). Style soutenu. || Conclure contre, en faveur de… : se prononcer contre, en faveur de…
♦ (Sujet n. de chose). Être concluant. || Ce témoignage conclut contre lui.
——————
se conclure v. pron.
19 Les principes se sentent, les propositions se concluent; et le tout avec certitude, quoique par différentes voies.
Pascal, Pensées, IV, 282.
♦ S'achever. || Les négociations se sont conclues sur, par un échec.
♦ Absolt. || Il se conclut de cet argument que… : on peut en conclure que…
——————
conclu, ue p. p. adj.
♦ Voir ci-dessus à l'article.
❖
CONTR. Amorcer, commencer, débuter, entreprendre. — Exposer, préfacer, présenter.
DÉR. Concluant.
Encyclopédie Universelle. 2012.