couteau [ kuto ] n. m.
• 1316; coltel 1130; lat. cultellus, de culter → coutre
1 ♦ Instrument tranchant servant à couper, composé d'une lame et d'un manche. Couteau pointu. Manche de couteau en bois, en corne, en ivoire. La virole d'un couteau. Lame de couteau en acier. Fil, morfil, pointe, tranchant d'un couteau. Couteau qui coupe bien. Affûter, aiguiser, repasser les couteaux. La cuillère, la fourchette et le couteau. ⇒ 1. couvert. « la fourchette et le couteau en main, il attaquait la nourriture » (Duhamel). Fabrication des couteaux. ⇒ coutellerie. — Loc. Visage en lame de couteau, très émacié. Brouillard à couper au couteau.
♢ Couteau de poche ou couteau pliant, dont la lame se replie dans le manche. ⇒ canif; laguiole, opinel. Couteau suisse : couteau pliant à plusieurs lames et divers outils (tire-bouchon, ouvre-bouteille, etc.). — Couteau de table. Couteau à scie. ⇒ couteau-scie. Couteau à poisson, à fromage, à dessert. Couteau à beurre. Couteau à pain. — Couteau de cuisine. Grand couteau. ⇒ coutelas, couperet. Couteau à découper. Couteau de boucher. Couteau à légumes. Couteau électrique.
♢ Cet instrument, utilisé comme arme blanche. ⇒ coutelas, fam. eustache, poignard, arg. surin. Couteau à cran d'arrêt.
♢ Loc. Être à couteaux tirés, en guerre ouverte. « je déteste Poirier et j'ai toujours été à couteau tiré avec lui » (Aymé). Jouer du couteau : se battre au couteau. Coup de couteau. Enfoncer, plonger, planter un couteau dans le ventre. Remuer le couteau dans la plaie. Mettre le couteau sous, sur la gorge. — Loc. fig. DEUXIÈME ou SECOND COUTEAU : comparse, personnage de second plan. « envoyer à la tribune [...] des seconds, voire troisièmes couteaux » (Libération, 1985). — Spécialt Couteau de chasse, pour achever le cerf, le sanglier.
2 ♦ Instrument à lame, outil coupant. Couteau à papier : lame de bois, d'ivoire pour couper les pages d'un livre, ouvrir une enveloppe (⇒ coupe-papier) . Couteau mécanique de charcutier (⇒ trancheuse) . Couteau de boulanger. Couteau pour éplucher. ⇒ économe, épluche-légumes. Couteau à pierre, de marbrier. Couteau de vitrier, à mastiquer, à démastiquer. Couteau de peintre, à reboucher, à enduire. Absolt Petite truelle d'artiste peintre. ⇒ spatule. Peindre au couteau.
3 ♦ Par anal. Couteau de balance : arête du prisme triangulaire qui porte le fléau.
♢ (1754) Manche de couteau ou couteau : mollusque bivalve allongé (lamellibranches) qui s'enfonce verticalement dans le sable des plages. ⇒ solen.
● couteau nom masculin (latin cultellus, diminutif de culter, couteau) Instrument tranchant, composé d'un manche muni d'une (ou de plusieurs) lame(s) ; cette lame : Aiguiser les couteaux. (On distingue deux catégories de couteaux, généralement en acier inoxydable : les couteaux non fermants, de table et les couteaux fermants, de poche.) Pièce tranchante d'un appareil : Couteaux d'un mixer, d'un robot de cuisine. Bâtiment Outil servant à enduire, araser, reboucher, mastiquer, etc. Industrie du bois Lame coupante d'une dérouleuse à placages ou d'une trancheuse. Histoire du costume Nom donné aux grandes plumes rigides et plates des oiseaux, utilisées dans la parure féminine. Ganterie Outil servant à amincir les peaux du côté chair pour les gants glacés, du côté fleur pour les gants suédés. Mécanique Outil de tournage à arête perpendiculaire à l'axe de la pièce, utilisé pour charioter. Métrologie Arête du prisme triangulaire supportant le fléau ou les plateaux d'une balance. Zoologie Mollusque bivalve très commun dans le sable des plages de France, en forme de rectangle long, enfoncé verticalement à marée basse. ● couteau (citations) nom masculin (latin cultellus, diminutif de culter, couteau) Georg Christoph Lichtenberg Ober-Ramstadt 1742-Göttingen 1799 Un couteau sans manche et qui n'a pas de lame. Ein Messer ohne Klinge, an welchem der Stiel fehlt. Aphorismes ● couteau (difficultés) nom masculin (latin cultellus, diminutif de culter, couteau) Emploi 1. Être à couteaux tirés, avec couteau au pluriel. 2. Mettre, avoir le couteau sur la gorge ou mettre, avoir le couteau sous la gorge. Recommandation Préférer mettre, avoir le couteau sur la gorge à avoir, mettre le couteau sous la gorge. ● couteau (expressions) nom masculin (latin cultellus, diminutif de culter, couteau) Familier. En lame de couteau, se dit d'un visage, d'un nez très mince et allongé. Être à couteaux tirés avec quelqu'un, être en très mauvais termes avec lui. Jouer du couteau, manier le couteau, se battre à coups de couteau, à l'arme blanche. Familier. Premier, second, etc., couteau, personne qui joue un rôle important ou secondaire aux côtés d'une personnalité ; adjoint, acolyte. Couteau à armer, épée courte du Moyen Âge, qu'on portait au côté ; toute arme de taille ou d'estoc. Couteau de brèche, sabre employé au XVIe s. pour la défense des remparts. Couteau de tranchée, couteau de chasse que pouvaient utiliser, pendant la Première Guerre mondiale, les combattants surpris au corps à corps. Couteau de chaleur, lame souple servant à enlever la sueur d'un cheval en transpiration. Couteau électrique, appareil constitué d'une double lame crantée amovible et permettant de couper rapidement et régulièrement. Couteau à palette, petite truelle d'acier flexible dont les peintres se servent soit pour mélanger les couleurs sur la palette, soit pour peindre en pleine pâte. ● couteau (synonymes) nom masculin (latin cultellus, diminutif de culter, couteau) Armement. Couteau de tranchée
Synonymes :
Peinture artistique. Couteau à palette
Synonymes :
- couteau à palette
couteau
n. m.
d1./d Instrument tranchant composé d'une lame et d'un manche. Couteau de poche, à découper, à cran d'arrêt.
|| Fig. Avoir le couteau sous la gorge: subir une contrainte, une menace.
— être à couteaux tirés avec qqn, en conflit ouvert avec lui.
d2./d TECH Instrument, outil plus ou moins tranchant. Couteau de vitrier, de maçon. Peindre au couteau.
d3./d (Wallis-et-F.) Syn. de sabre d'abattis.
d4./d Prisme triangulaire qui supporte le fléau d'une balance.
d5./d Lamellibranche fouisseur, remarquable par sa coquille rectangulaire longue et étroite, fréquent sur les côtes sableuses (genres Solen et Ensis), comestible.
⇒COUTEAU, subst. masc.
A.— Instrument tranchant formé d'une lame emmanchée de forme et de longueur variables. Couteau affilé, ébréché, long, mince, pointu; le couteau coupe, tranche; aiguiser, repasser un couteau.
1. [Le couteau comme instrument domestique]
a) [Comme élément du couvert] Couteau à dessert, à fruit, à pain, à poisson. Un couteau à fromage (Lar. mén. 1926). Ni couteaux, ni cuillers, ni fourchettes : on mange avec les mains (LAMART., Voy. Orient, t. 1, 1835, p. 246) :
• 1. À l'instant où nous allons nous mettre à table, un nouveau planton arrive, porteur d'un pli. Garine ouvre l'enveloppe avec le couteau de table, s'assied devant son assiette et lit.
MALRAUX, Les Conquérants, 1928, p. 63.
b) [Comme ustensile de cuisine] Couteau à ouvrir les huîtres (ROMAINS, Copains, 1913, p. 181). Couteaux d'office; (...) couteaux économiseurs; (...) couteau à découper (MATHIOT, Éduc. ménag., 1957, p. 82).
♦ Couteau électrique. ,,Couteau dont la lame est actionnée par un moteur électrique au moyen d'un système bielle-manivelle ou de cames`` (Lar. encyclop.).
c) [Comme objet personnel, familier] Couteau de poche; couteau pliant, multilames. Il fouilla dans sa poche, en tira un couteau-canif (HUGO, Misér., t. 2, 1862, p. 241). Couteaux à plusieurs lames (VERNE, Île myst., 1874, p. 223). — Je n'ai qu'un couteau suisse, dit le padre (MAUROIS, Silences Bramble, 1918, p. 54) :
• 2. Là-dessus, Roch tirait un couteau de poche et commençait de se gratter les ongles d'un air rêveur. Il marmonnait :
— La croix à vingt-six ou vingt-sept ans, sans discussions, sans histoires. Fichtre!
G. DUHAMEL, Chronique des Pasquier, Le Combat contre les ombres, 1939, p. 101.
♦ Couteau (à raser). ,,Rasoir à main`` (ROB.); cf. également CARABELLI, [Lang. profess. coiffeurs].
2. [Le couteau comme arme]
a) Vx. ,,Épée courte qu'on porte au côté`` (Ac. 1878). Il ne porte qu'un couteau. Son ennemi avait une épée de longueur et lui n'avait qu'un couteau`` (Ac. 1878).
b) Arme de chasse, de combat. Il examina son couteau de chasse, qui était fort tranchant (STENDHAL, Rouge et Noir, 1830, p. 126). Le vieux Charles sortait de sa poche un couteau à cran d'arrêt et commençait à manger (DABIT, Hôtel Nord, 1929, p. 99). Il avait son couteau de guerre dans sa poche (MARTIN DU G., Thib., Épil., 1940, p. 788) :
• 3. « As-tu toujours le couteau, dit cette singulière créature à Isabelle lorsqu'elle se fut approchée de la cheminée, le couteau à trois raies rouges?
— Oui, Chiquita, répondit la jeune femme, je le porte là, entre ma chemisette et mon corsage. Mais pourquoi cette question, ma vie est-elle donc en péril?
— Un couteau, dit la petite dont les yeux brillèrent d'un éclat féroce, un couteau est un ami fidèle; il ne trahit pas son maître, si son maître le fait boire; car le couteau a soif.
T. GAUTIER, Le Capitaine Fracasse, 1863, p. 385.»
— En partic. Couteau sacré. Arme destinée à sacrifier les victimes offertes à la Divinité. Démodocus répand la libation aux pieds de la statue du poëte. La génisse tombe sous le couteau sacré (CHATEAUBR., Martyrs, t. 2, 1810, p. 182).
c) Style noble. Arme utilisée par le bourreau dans ses œuvres (hache, glaive, etc.). [Méphistophélès à Faust] Viens! viens! ou je t'abandonne avec elle sous le couteau! (NERVAL, Faust, 1840, p. 186).
— P. ext. Couperet de la guillotine :
• 4. Il m'est arrivé, dans ma vie, d'avoir l'affreuse curiosité d'une exécution capitale. Je m'y suis rendu. Je n'y ai pas assisté. Je n'ai vu ni le couteau descendre, ni la tête tomber. Je n'ai pas pu.
P. BOURGET, Le Sens de la mort, 1915, p. 278.
SYNT. Coup de couteau (dans la poitrine, en plein cœur). Je m'élançai alors sur lui et je lui enfonçai mon couteau dans la poitrine (DUMAS père, Monte-Cristo, t. 1, 1846, p. 641). Avoir le couteau au poing, entre les dents. Marcel et Octave la carabine au poing et le couteau aux dents, s'élancèrent dans le parc (VERNE, 500 millions, 1879, p. 228). Jouer du couteau; manier, tirer le couteau. Voilà les guerres de famille, voilà comme les couteaux se tirent (MUSSET, Lorenzaccio, 1834, II, 5, p. 153). On dit que tu sais jouer du couteau comme le meilleur jaque de Malaga, (MÉRIMÉE, Carmen, 1847, p. 62).
d) Expr. fig. Mettre le couteau sur (sous) la gorge. Contraindre quelqu'un par la force à agir dans un sens déterminé. Vous êtes peut-être gênées en ce moment, dites-le-moi, je ne viens pas vous mettre le couteau sur la gorge (BECQUE, Corbeaux, 1882, IV, 10, p. 243). Être à (aux) couteaux tirés. Être en complète inimitié. Ce sont là deux demi-sœurs, qui, sorties de deux pères, se crachent à la figure en se traitant de bâtardes et vivent à couteaux tirés (COURTELINE, Article 330, 1900, p. 277). Remuer le couteau (ou le fer) dans la plaie. Augmenter, raviver une peine, un chagrin. La Môme, retournant le couteau dans la plaie. — Puisque tu te maries! (FEYDEAU, Dame Maxim's, 1914, II, 9, p. 52).
3. Au fig.
a) [L'accent est mis sur la forme] Visage en lame de couteau. Visage mince, creux, aux angles vifs. Un homme grand, sec et mince, le visage en lame de couteau (BALZAC, Peau chagr., 1831, p. 82). L'acier terni de sa face de couteau-poignard (VILLIERS DE L'I.-A., Contes cruels, 1883, p. 202).
b) [L'accent est mis sur ses qualités] Couper, tailler au couteau. Couper avec netteté, en ligne droite. Une terre belle, vraiment. Et un peu grasse, que le soc coupait au couteau, qui ne couvait pas de basse vermine (BOSCO, Mas Théot., 1945, p. 84).
♦ Visage taillé au couteau. Visage aux traits marqués, aux contours accusés. Ta tête est bizarre, taillée à grands coups de couteau comme celle des génies (RENARD, Journal, 1888, p. 16).
♦ Brouillard à couper au couteau. Brouillard dense, très épais. Il fait un brouillard à couper au couteau (PROUST, Guermantes 2, 1921, p. 394).
4. Proverbes. [P. réf. au couteau à pain d'une famille, dont les générations successives changent alternativement la lame et le manche, tout en le regardant comme le même couteau héréditaire] Ressembler au couteau de Jeannot. Changer complètement en gardant le même nom (cf. MAURIAC, Journal 1, 1934, p. 66). L'homme s'est complètement renouvelé... — À la manière du couteau de Jeannot, et vous le croyez toujours le même, reprit Bixiou (BALZAC, Mais. Nucingen, 1838, p. 605). On vous en donnera des petits couteaux pour les perdre. On ne vous confiera plus d'objet dont vous n'appréciez pas la valeur. Oui, continuai-je (...), je vous en flanquerai, à l'avenir, des petits couteaux pour les perdre (COURTELINE, Ah! Jeunesse! Lauriers coupés, 1894, p. 181). Être (comme) un couteau de tripière (couteau possédant deux tranchants). Être hypocrite en disant du bien et du mal d'une même personne. Parmi ces caleurs et ces gourgousseurs [de l'atelier], il y en avait un de méchant comme un vieux couteau de tripière (ESPARBÈS, Printemps, 1906, p. 187).
B.— [P. anal.]
1. [De fonction] Outil métallique tranchant, grattant, etc., utilisé sous des formes et pour des usages variés dans divers domaines techniques.
a) AGRICULTURE.
♦ Couteau d'une charrue (cf. coutre1; cf. également GIONO, Regain, 1930, p. 175).
♦ Couteau d'apiculteur. ,,Désoperculateur`` (ROB.); cf. également Lar. encyclop..
♦ Couteau à greffer (ROB.). Les couteaux à greffer (...) possèdent une lame dont la face inférieure, pendant la coupe, doit être plate pour que la section obtenue soit bien plane (BRUNET, Matér. vitic., 1909, p. 51).
b) ALIM. Couteau ramasseur. ,,Couteau qui ramasse constamment la pâte de cacao sous la meule`` (LITTRÉ); cf. également GUÉRIN 1892, ROB. et Lar. encyclop..
c) CHIR. Sur un seul et même plateau on posera : (...) un ou deux couteaux à amputation (NÉLATON, Pathol. chir., t. 1, 1844, p. 226). Un couteau interosseux, ou un simple bistouri (NÉLATON, Pathol. chir., t. 1, 1844 p. 230). Un couteau à iridectomie (J. VERNE, Vie cellul., 1937, p. 30).
d) MÉD. VÉTÉR.
♦ Couteau anglais. ,,Instrument dont les maréchaux anglais se servent pour rogner la corne des sabots et qui remplace le boutoir des ouvriers français`` (LITTRÉ); cf. également ROB., Lar. encyclop..
♦ Couteau de feu. ,,Instrument qui est de fer ou de cuivre et qui, étant chauffé dans la forge, sert à brûler quelque partie malade du cheval`` (LITTRÉ); cf. également DG, ROB., Lar. encyclop..
♦ Couteau de chaleur. ,,Latte de bois polie sur les bords, dont on se sert pour racler la surface de la peau du cheval et abattre la sueur après un exercice forcé`` (LITTRÉ); cf. également DG, ROB., Lar. encyclop..
e) PEAUSS. Le couteau à inciser (CLOSSET, Travail artist. cuir, 1930, p. 21). Couteau à dérayer (BÉRARD, GOBILLIARD, Cuirs et peaux, 1947, p. 105). Le couteau à écharner (...), un couteau à ébourrer (BÉRARD, GOBILLIARD, Cuirs et peaux, 1947 p. 44).
f) PEINT. Un couteau à reboucher et un couteau à enduire (BONNEL-TASSAN 1966, p. 137) :
• 5. Puis, la grosse affaire était le couteau à palette, car il l'employait pour les fonds, comme Courbet; il en possédait une collection, de longs et flexibles, de larges et trapus, un surtout, triangulaire, pareil à celui des vitriers, qu'il avait fait fabriquer exprès, le vrai couteau de Delacroix.
ZOLA, L'Œuvre, 1886, p. 269.
2. [De forme]
a) MODES. Longue plume rigide ornant parfois les coiffures féminines. Ce petit canotier de feutre noir, si coiffant, dont le couteau fuse, et la voilette ombre les yeux, est « Paris » (L'Œuvre, 17 mars 1941). Mme Alvarez toisa sa petite-fille, du canotier en feutre orné d'une plume-couteau, jusqu'aux souliers molière de confection (COLETTE, Gigi, 1944, p. 11).
b) TECHNOL. Petite pièce triangulaire qui supporte le fléau et les deux plateaux d'une balance. Les couteaux de la balance commençaient à se détraquer (DRUON, Gdes fam., t. 2, 1948, p. 98).
c) ZOOL. Solen; mollusque bivalve à coquille allongée vivant enfoncé dans le sable. Les Couteaux (Solen Vagina) ont une coquille tellement à part qu'ils sont connus de tout le monde (COUPIN, Animaux de nos pays, 1909, p. 417).
Prononc. et Orth. :[kuto]. Ds Ac. depuis 1694. Étymol. et Hist. 1. Ca 1130 coltel « outil tranchant » (Couronnement de Louis, éd. E. Langlois, 540); 1316 couteau sing. (Inv. des armures de Louis X ds GAY); 1586 fig. estre aux cousteaux tirer (CHOLIÈRES, 8o Apresdisnée, p. 217, Paris, J. Richer, s.d.); 1680 estre à couteaux tirez (RICH.); 2. ca 1265 faucon. (BRUNET LATIN, Trésor, éd. F.-J. Carmody, I, 147, 32 : corticus corrigé en coutiaus par l'éd.); 3. 1611 p. anal. conchyl. (COTGR.); 4. 1863 d'une balance (LITTRÉ). Du lat. class. cultellus « petit couteau », dimin. de culter, v. coutre. Fréq. abs. littér. :2 527 (couteau-poignard : 6). Fréq. rel. littér. :XIXe s. : a) 2 212, b) 4 937; XXe s. : a) 5 018, b) 3 195. Bbg. GOTTSCH. Redens. 1930, passim. — GOUG. Mots t. 3 1975, p. 198, 219. — QUEM. 2e s. t. 1 1970. — ROG. 1965, p. 94.
couteau [kuto] n. m.
ÉTYM. 1316; coutel, coltel, 1316; du lat. cultellus, de culter. → Coutre.
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1 Instrument tranchant servant à couper, composé d'une lame et d'un manche. ⇒ Canif, couperet, coutelas, dague, navaja, poignard, tranchoir (→ pop. Eustache, 2. schlass, surin). || Couteau pointu, couteau rond. || Manche, poignée de couteau en bois, en corne, en ivoire. || Virole d'un manche de couteau. || Couteau à manche travaillé. || Lame de couteau en acier. || Parties d'une lame de couteau. ⇒ Dos, fil, morfil, pointe, talon, tranchant. || Couper, tailler, séparer, ouvrir, piquer, enduire, racler avec un couteau. — Fig. || Coupé, taillé au couteau, dont le contour, la section sont nets. — ☑ Brouillard à couper au couteau. — Couteau qui coupe bien. || Se blesser en se servant d'un couteau. || Peler une pomme avec un couteau (→ Pomme à couteau). || Tailler un morceau de bois avec un couteau. || La carotte (cit. 0.5), jeu consistant à planter un couteau en terre. || Couteau branlant dans le manche (→ Couper, cit. 25.3). || Couteau ébréché, émoussé, épointé, rouillé. || Affûter un couteau avec une pierre douce, un fusil… ⇒ Affiler, aiguiser (cit. 2, 4), émoudre, repasser. || Donner un couteau à affûter au rémouleur. || Aiguiser deux couteaux lame contre lame. || Poudre à nettoyer les couteaux. || Gaine, étui, fourreau d'un couteau. || Fabrication des couteaux. ⇒ Coutellerie.
1 (…) un petit couteau affilé comme l'aiguille d'un palletier dont il (Panurge) coupait les bourses (…)
Rabelais, Pantagruel, XVI.
2 C'est avec son couteau qu'il coupait le pain dur (…) c'est avec son couteau qu'il grattait les fruits pourris (…) c'est avec son couteau qu'il se taillait des bâtons de voyage (…) c'est avec son couteau qu'il exerçait tous les arts de la vie.
France, le Mannequin d'osier, Œ., t. XI.
3 Un employé, assis dans la lumière d'une grosse lampe, un couteau à la main, retaille l'extrémité du tuyau de sa pipe.
J. Romains, les Hommes de bonne volonté, t. III, VI, p. 96.
4 Le manche de corne de son couteau lui brûlait la paume de la main.
P. Mac Orlan, la Bandera, XVI, p. 191.
5 Il prit d'une main le bras nu et doré d'Aïscha et, de la pointe de son couteau, il traça une croix sur la peau fine.
P. Mac Orlan, la Bandera, XII, p. 140.
6 Le vent le flagelle, siffle à ses oreilles avec la stridence du couteau sur l'aiguisoir.
Martin du Gard, les Thibault, t. VIII, p. 148.
6.1 Querelle ne voyait pas le couteau, mais il ne voyait que lui qui devint, d'être invisible et si important dans l'issue du combat (il ferait deux morts) monumental. La lame en était blanche, laiteuse et d'une matière un peu fluide. Car le couteau n'était pas dangereux du fait qu'il était coupant : il était le signe de la mort dans la nuit.
Jean Genet, Querelle de Brest, p. 300.
♦ ☑ Loc. fig. En lame de couteau : pointu, acéré, aigu (d'une forme). || Visage en lame de couteau. — ☑ Fam. C'est comme le couteau de Jeannot (se dit d'une chose transformée tant de fois qu'il ne reste plus rien de ce qui la constituait auparavant, par allus. au couteau dont Jeannot, personnage de comédie, avait renouvelé successivement le manche et la lame).
6.2 La famille van Tricasse aurait pu s'appeler justement la famille Jannot. Voici pourquoi :
Chacun sait que le couteau de ce personnage typique est aussi célèbre que son propriétaire et non moins inusable, grâce à cette double opération incessamment renouvelée, qui consiste à remplacer le manche quand il est usé et la lame quand elle ne vaut plus rien. Telle était l'opération, absolument identique, pratiquée depuis un temps immémorial dans la famille van Tricasse, et à laquelle la nature s'était prêtée avec une complaisance un peu extraordinaire. Depuis 1340, on avait vu invariablement un van Tricasse, devenu veuf, se remarier avec une van Tricasse, plus jeune que lui, qui veuve, convolait avec un van Tricasse plus jeune qu'elle, qui veuf, etc., sans solution de continuité.
J. Verne, le Docteur Ox, p. 11.
♦ Spécialt (couteaux pour les usages domestiques). || Couteau de poche, ou couteau pliant, dont la lame se replie dans le manche, et est maintenue par un ressort ou un axe fixé à l'extrémité de celui-ci. ⇒ Canif, jambette. || Couteau pliant à virole. ⇒ Laguiole, opinel (marques). || Couteau suisse. || Ouvrir un couteau. || Couteau pliant à plusieurs lames et divers outils (tire-bouchon, ouvre-bouteille, etc.). || Cran d'arrêt, onglet d'un couteau pliant. || Couteau de poche attaché à la ceinture par une chaîne. || Couteau porté à la ceinture dans un étui. || Couteau de scout.
♦ (Couteaux utilisés à table, pour manger, et faisant partie du couvert). || Couteaux et fourchettes d'un service. || Couteau inoxydable. || Couteau à poisson, à asperges, à fromage, à dessert. || Couper les aliments, les pousser sur la fourchette, les étaler sur du pain avec un couteau. || Poser les couteaux sur les porte-couteaux (⇒ Porte-couteau). || Service de couteaux rangés dans un écrin. ⇒ Coutelière (vx). || Couteau à beurre. || Couteau électrique, muni d'un petit moteur qui actionne la lame. || Couteau à scie (pour le pain, etc.). ⇒ Couteau-scie.
7 On entendait crier sous les couteaux les larges miches de pain de ménage.
M. Barrès, la Colline inspirée, p. 85.
8 De l'autre main, il jouait avec un couteau, disposait quelques miettes en une rangée régulière, sur la nappe.
J. Romains, les Hommes de bonne volonté, t. II, XX, p. 216.
♦ Couteau de cuisine. || Grand couteau. ⇒ Couperet, coutelas. || Couteau à viande. || Couteau à saigner (⇒ Saignoir), à découper, à dépecer (⇒ Dépeçoir), à hacher (⇒ Hachoir). || Couteau à couper le lard. ⇒ Tranchelard. || Couteau à légumes. || Couteau pour éplucher. ⇒ Épluchoir. || Couteau à lame de forme variable, servant à couper les légumes crus selon diverses formes. ⇒ Coupe-légumes. || Couteau à frites. || Jeu de couteaux. — Vx. || Couteau à conserves, pour découper le couvercle des boîtes. ⇒ Ouvre-boîte.
♦ Cet instrument, utilisable comme arme blanche. ⇒ Coutelas, navaja, poignard, scramasaxe (hist.). || Couteau catalan. || Couteau à cran (cit. 4) d'arrêt. || Couteau-poignard des parachutistes.
♦ ☑ (1586). Loc. Être à couteaux tirés, en guerre ouverte. — ☑ Jouer du couteau : se battre au couteau. — Coup de couteau. || Donner des coups de couteau à qqn. || Frapper à coups de couteau ⇒ (vx et argot) Chouriner, piquer, suriner. — Enfoncer, plonger, planter un couteau dans le ventre (→ Crever le ventre), entre les côtes… — ☑ Fig. Enfoncer, remuer le couteau dans la plaie : aviver un chagrin. — Trancher la gorge avec un couteau. || Poser la pointe d'un couteau sur la gorge de qqn pour le menacer. — ☑ Fig. (littér.). Mettre le couteau sur la gorge (à qqn) : contraindre par la menace, le chantage. Plus cour. ☑ Avoir le couteau sous la gorge (→ Être acculé). || Il a accepté ce marché le couteau sous la gorge.
♦ Spécialt. || Couteau de chasse, pour achever le cerf, le sanglier…
♦ Couteau sacré, couteau du sacrifice, qui servait à égorger les victimes dans les anciens sacrifices. ⇒ Fer.
9 Furieuse, elle vole, et sur l'autel prochain
Prend le sacré couteau, le plonge dans son sein.
Racine, Iphigénie, V, 6.
10 (Qu') On lui fasse en mon sein enfoncer le couteau.
Racine, Athalie, V, 6.
11 Elle sortit de son corsage le couteau de Chiquita, l'ouvrit, en tourna la virole et le plaça près d'elle à portée de sa main.
Th. Gautier, le Capitaine Fracasse, t. II, p. 193.
12 Imaginez-vous une grande salle tapissée de fusils et de sabres, depuis en haut jusqu'en bas; toutes les armes de tous les pays du monde : carabines, rifles, tromblons, couteaux (…)
Alphonse Daudet, Tartarin de Tarascon, I.
13 (…) il saisit son couteau, … il l'ouvre, veut l'enfoncer dans son cœur : la lame rencontre une côte et se replie sur la virole qui a cédé et il s'entame deux doigts.
France, Les dieux ont soif, p. 234.
14 (…) le matelot échappé, qui battait les gendarmes ou jouait du couteau contre les alguazils (…)
Loti, Mon frère Yves, VIII, p. 35.
15 Comme chez un individu qui aurait la hantise d'un crime, on essayerait de loger l'idée qu'il ne pourra pas faire ce crime, que sa main tremblera, que le couteau lui échappera.
J. Romains, les Hommes de bonne volonté, t. III, XXII, p. 294.
♦ Vx. Courte épée. ⇒ Dague, rapière.
♦ Par ext. (littér.). Instrument de supplice. || Le couteau du bourreau. ⇒ Hache.
16 L'abandonnerez-vous à l'infâme couteau
Qui fait choir les méchants sous la main d'un bourreau ?
Corneille, Horace, V, 3.
♦ Partie tranchante (de la guillotine).
17 « envoie-moi à la guillotine; moi aussi, fais-moi trancher la tête ! »
Et, à l'idée du couteau sur sa nuque, toute sa chair se fondait d'horreur et de volupté.
France, Les dieux ont soif, p. 224.
18 (…) comme un chirurgien avec son couteau affilé et à deux tranchants à la main (…)
19 Quand les chirurgiens ont décidé l'amputation, ils n'attendent pas un mois pour prendre le couteau.
G. Duhamel, Chronique des Pasquier, X, 8, p. 429.
➪ tableau Lexique de la chirurgie.
♦ Par métonymie. ☑ Deuxième (second) couteau : personnage de second plan.
2 Techn., cour. Outil, instrument formé d'une lame coupante et d'un manche. || Couteau à papier : lame de métal, de bois, d'ivoire… pour couper les pages d'un livre (⇒ Coupe-papier, plioir), pour marquer la page (⇒ Liseur). || Petit couteau pour effacer. ⇒ Grattoir. || Couteau pour couper les ficelles (→ Coupe-ballot). || Couteau mécanique. || Couteau mécanique de charcutier (→ Coupe-jambon). || Couteau de boulanger (→ Coupe-pâte). || Couteau ramasseur, instrument du chocolatier. || Couteau à tabac. || Couteau à rogner (le papier), couteau à parer, utilisés en reliure. || Couteau à pierre, de marbrier. || Couteau à étain. || Couteau à placage. || Couteau de vitrier, à mastiquer, à démastiquer. || Couteau de peintre, à reboucher, à enduire. || Couteau à palette. || Couteau pour broyer les couleurs. ⇒ Amassette. || Couteau de doreur. || Couteau de tanneur, de corroyeur. ⇒ Demi-rond, drayoir. || Couteau à deux manches. ⇒ Allumelle, plane. || Couteau d'apiculteur. ⇒ Désoperculateur. || Couteau à greffe ou (plus cour.) couteau à greffer (→ ci-dessous, cit. 20). ⇒ Écussonnoir, entoir, greffoir. — Vétér. || Couteau anglais (vx), pour rogner la corne des sabots. || Couteau de feu : instrument destiné, une fois chauffé, à brûler la partie affectée d'un animal. || Couteau de chaleur : latte de bois pour racler la peau d'un cheval et en ôter la sueur après un violent exercice. — Couteau à ruban.
20 L'homme qui venait greffer gardait toujours sur lui son couteau à greffe, qui comportait une douce et courte petite lame d'ivoire en forme d'amande, accoutumée à décoller les écorces sans blesser les aubiers, à ménager les « yeux ».
Colette, Flore et Pomone, in Gigi, p. 175.
♦ Peint. Petite truelle de peintre. || Peindre au couteau.
➪ tableau Noms d'outils.
3 Élément tranchant (d'un instrument). || Le couteau d'une charrue. ⇒ Coutre.
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II Par anal.
1 (1863). Arête du prisme triangulaire qui porte le fléau (d'une balance). || Le couteau d'une balance.
2 Plume droite (garniture d'un chapeau de femme). || « Canotier en feutre orné d'une plume-couteau » (Colette, Gigi, 1944, in T. L. F.).
3 (1754). Zool. || Manche de couteau ou couteau : coquillage bivalve rappelant par sa forme le manche d'un couteau de table. ⇒ Coutelier, solen.
21 (…) bientôt, le coquillage formel, cette coquille d'huître ou (…) ce « couteau », m'impressionnera comme un énorme monument (…)
Francis Ponge, le Parti pris des choses, p. 74.
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DÉR. Couteler, coutelet, coutelier. — V. Coutelas, coutille.
COMP. Couteau-scie. — Porte-couteau.
Encyclopédie Universelle. 2012.