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débourrer

débourrer [ debure ] v. <conjug. : 1>
• 1346, rare av. XVIIe; de dé- et bourrer
I V. tr.
1 Débarrasser de la bourre, du poil. Débourrer le cuir. 1. dépiler, ébourrer.
2Débarrasser de ce qui bourre. Débourrer une pipe, en ôter le tabac. ⇒ vider. Débourrer une banquette.
3Équit. Débourrer un jeune cheval, en faire le dressage préparatoire.
II V. intr. Arbor. Sortir de la bourre, éclore (bourgeons). La vigne débourre au printemps. ⊗ CONTR. Bourrer, rembourrer.

débourrer verbe transitif Vider une pipe de son tabac. Donner à un jeune cheval le premier dressage à la selle et aux aides. Faire momentanément ressortir d'une pièce le foret qui y effectue un perçage afin qu'il entraîne vers l'extérieur les copeaux qu'il a formés. Enlever le bourrage et l'explosif d'un trou de mine qui est déjà chargé. Enlever la bourre qui encrasse les garnitures de carde. ● débourrer verbe intransitif En parlant d'un bourgeon, s'ouvrir en libérant sa bourre. Perdre son duvet de naissance, en parlant d'un oiseau ou d'un mammifère.

débourrer
v.
rI./r v. tr.
d1./d ôter la bourre de. Débourrer une peau avant de la tanner.
d2./d Dégarnir de ce qui bourre. Débourrer une pipe, en retirer le tabac, les cendres.
d3./d (Acadie) Déballer. Débourrer un colis. Syn. désembourrer.
rII./r v. intr. ARBOR éclore, sortir de sa bourre, en parlant des bourgeons.

⇒DÉBOURRER, verbe trans.
A.— Débarrasser de la bourre.
1. [Correspond à bourre A] TANNAGE. Gratter la bourre d'une peau d'animal.
2. [Correspond à bourre B]
a) Techn. diverses
ARM. et MINES. Ôter la bourre d'un trou de mine ou d'un canon. Des pistolets d'arçon, de gros calibre (...). Il les débourra, renouvela la charge (CHÂTEAUBRIANT, Lourdines, 1911, p. 268).
Emploi intrans. Rater, faire long feu. Le danger [du grisou] est absolument certain dans le cas (...), où le coup de mine débourre ou, comme on dit vulgairement, fait canon (CHALON, Explosifs mod., 1911, p. 333).
P. anal. Débourrer une pipe. Retirer le tabac qui reste dans le fourneau de la pipe. Il débourra posément sa pipe (GIONO, Gd troupeau, 1931, p. 118).
Rem. On rencontre ds la docum. débourre-pipe, subst. masc. Instrument métallique qui sert à débourrer une pipe; p. ext., petite mèche semi-rigide utilisée pour nettoyer le tuyau d'une pipe. En réalité, je ne sculpte pas. Plutôt je cherche à dessiner dans l'espace avec le laiton neigeux des débourre-pipe (COCTEAU, Crit. indir., 1932, p. 43). N'est pas attesté ds les dict. gén. du XIXe et du XXe s. Emploi argot. débourrer sa pipe (cf. infra B 1).
TECHNOL. Ôter la bourre qui gêne le bon fonctionnement d'une machine :
1. ... le conducteur descend de son siège [de la faucheuse] pour aller débourrer la lame de l'herbe ou de cailloux qui se sont logés entre les doigts et les sections.
T. BALLU, Machines agricoles, 1933, p. 305.
Emploi réfl. Les herses souples (...) se débourrant d'elles-mêmes des mousses qui tentent de s'accumuler le long de leurs dents (T. BALLU, Machines agricoles, 1933 p. 161).
TEXT. Nettoyer la bourre lors du cardage ou du dévidage.
P. ext. [Elle] alla débourrer sa tignasse d'un coup de peigne devant la glace (DRUON, Gdes familles, t. 1, 1948, p. 94).
b) ÉQUIT. Donner le premier dressage à un cheval :
2. — Eh bien, il [l'homme] va monter le cheval doucement, très doucement et tous les yearlings qu'on est ainsi en train de « débourrer » font leur petite promenade...
ZITRONE, Léon Zitrone vous emmène aux courses, 1962, p. 224.
c) Au fig., fam. Dégrossir, déniaiser quelqu'un. Je l'ai débourré, dégrossi tant bien que mal (HALÉVY, Mar. d'am., 1881, p. 116).
3. [Correspond à bourre C] ARBORIC., emploi intrans. Sortir de la bourre, éclore. Regarde : la feuillote du charme débourre (GENEVOIX, Marcheloup, 1934, p. 61) :
3. L'avril était là. Jeuselou se sentait comme le rossignol qui, lorsque la vigne débourre, chante toute la nuit en son jargon : « Tant que la vigne pousse, pousse, je ne dormirai plus, plus, plus! »
POURRAT, Gaspard des Montagnes, À la belle bergère, 1925, p. 105.
B.— Au fig., arg.
1. Arg. trivial. Débourrer sa pipe (et emploi abs. débourrer). Aller à la selle (cf. CARABELLI, [Lang. pop.] et BRUANT 1901, p. 105).
2. Arg. fam. [Avec un pron. réfl. indir. pour indiquer l'appartenance du compl. d'obj. désignant une partie du corps] Se débourrer le crâne. Oublier ses préoccupations. Pauvre de moi (...) en train de me bourrer et de me débourrer le crâne (CENDRARS, Lotiss. ciel, 1949, p. 222).
Prononc. et Orth. :[], (je) débourre []. Ds Ac. 1694 et 1718 s.v. desbourrer; ds Ac. 1740-1932 sous la forme moderne. Étymol. et Hist. A. 1. 1209 pronom., fig. « se nettoyer, se purifier » (RECLUS DE MOLLIENS, Miserere, 154, 12 ds T.-L.); 2. 1611 intrans. « perdre ses manières incultes » (COTGR.); 1680 trans. (RICH.); 3. 1754 man. (Encyclop. t. 4). B. 1. 1346 « débarrasser de sa bourre » (cité d'apr. DESMAZE, Curiosités des anciennes justices, 166 ds R. Hist. litt. Fr., t. 9, p. 471); 2. 1845 débourrer une pipe (BESCH.); 3. 1876, 12 avr. vitic. (Le Médocain ds Journ. des Débats, 2e p., 6e col. ds LITTRÉ Suppl.). De bourrer; préf. dé-. Fréq. abs. littér. :4.

débourrer [debuʀe] v.
ÉTYM. 1209, v. pron.; rare jusqu'au XVIIe; de 1. dé-, et bourrer.
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I V. tr.
1 Débarrasser de la bourre, du poil. || Débourrer le cuir, le débarrasser de son poil en le trempant dans une préparation qui dilate les pores. Dépiler, ébourrer.
0.1 Elle débourre les cocos, casse les noix pour extraire l'amande qui deviendra coprah (…)
Bernard Moitessier, Cap Horn à la voile, p. 151.
2 a Débarrasser de ce qui bourre. || Débourrer une pipe, en ôter le tabac. || Débourrer une banquette.Passif et p. p. :
0.2 Jamais un point ne manquait aux gants de M. Henry; ses pipes étaient toujours débourrées (…)
Ed. et J. de Goncourt, Sœur Philomène, p. 65.
b Vulg. Évacuer (des excréments). → ci-dessous, II., 3.
Par métaphore :
1 C'est mon ancêtre ! Si je la connais un peu la langue et pas d'hier comme tant et tant ! Je le dis tout de suite ! dans les finesses !
J'ai débourré tous mes « effets », mes « litotes » et mes « pertinences » dedans mes couches…
Céline, Guignol's band, 1951, p. 376-377.
3 Nettoyer (les cardes) en enlevant la bourre.
4 (1754). Fig. a (Équit.). Commencer à dresser (un jeune cheval). Débourrage.
b Par ext. (Personnes). Dégourdir, dégrossir, déniaiser, dessaler.
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II V. intr.
1 Arbor. Sortir de la « bourre », éclore, en parlant des bourgeons qui s'ouvrent pour former des rameaux.
2 Au printemps, lorsque les premières feuilles commencent à sortir, on dit que la vigne débourre. L'époque du débourrement diffère, non seulement d'après les caractères de la saison, mais aussi suivant les variétés ou cépages; les unes sont à débourrement hâtif, les autres à débourrement plus ou moins tardif. En outre, la taille opérée hâtivement fait avancer le débourrement, tandis qu'une taille tardive le retarde.
Omnium agricole, Vigne, p. 780.
2 (À propos du bétail). Changer de pelage.
2.1 Les bœufs ont encore leur pelage d'hiver, mais commencent à débourrer.
R. Frison-Roche, Peuples chasseurs de l'Arctique, p. 370.
3 Argot. Aller à la selle (→ supra, I., 2., b). Chier; → Chiotte, cit. 3.
3 C'est un voluptueux. Il connaît tous les cafés de Paris qui ont des W.-C. avec un siège :
— Pour bien débourrer, faut que j'soye assis, dit-il.
Il fait des kilomètres, portant précieusement dans ses flancs l'envie de chier, qu'il déposera avec gravité dans les cabinets tapissés de mosaïque mauve du Terminus-Saint-Lazare.
Jean Genet, Notre-Dame des fleurs, p. 58, 1948.
4 Pop. (en emplois négatifs; d'après se bourrer). || Ne pas débourrer : ne pas dessoûler. || Il n'a pas débourré de la semaine.
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se débourrer v. pron.
(au sens I, 1). || Ce coussin commence à se débourrer, à se vider de sa bourre.
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débourré, ée p. p. adj.
|| Coussin débourré. || Pipe débourrée.Cheval débourré.
CONTR. Bourrer, rembourrer.
DÉR. Débourrage, débourrement, débourreur.

Encyclopédie Universelle. 2012.