Akademik

bourrer

bourrer [ bure ] v. <conjug. : 1>
• 1332 « maltraiter »; de 1. bourre
I V. tr.
1(XVIe) Emplir de bourre (un coussin, etc.). matelasser, rembourrer. Spécialt Bourrer un fusil, y introduire la bourre.
2Remplir complètement en tassant. Bourrer une valise. Bourrer sa pipe. Bourrer un sac de vêtements. Bourrer les urnes. Par ext. Bourrer qqn de nourriture. gaver. Pronom. Elle s'est bourrée de gâteaux. se goinfrer. Absolt, Fam. Un aliment qui bourre, cale l'estomac, gave. ⇒ bourratif.
Bourrer le crâne à qqn, lui raconter des histoires, essayer de lui en faire accroire. ⇒ bourrage. Bourrer le mou.
3Bourrer qqn de coups, le frapper à coups redoublés. « Il avait été arrêté, bourré de coups » (Martin du Gard). Par ext. Pop. Je vais lui bourrer la gueule. Pronom. (récipr.) Se battre. Ils se sont bourrés (de coups).
4Pop. SE BOURRERv. pron. réfl. S'enivrer. se cuiter, se pinter , se soûler.
II V. intr.
1Chasse En parlant d'un chien, Courir après le lièvre, au lieu de rester à l'arrêt.
2Technol. Perturber le travail d'une machine par accumulation de matériaux. Le papier bourre dans l'imprimante.
3Fam. Précipiter le mouvement, aller très vite. se presser. Il va falloir bourrer pour arriver à l'heure. Spécialt Conduire très vite. Il a bourré sur l'autoroute. bomber, foncer.
4Arg. Faire salle comble. Ce soir on a bourré.
⊗ CONTR. Vider.

bourrer verbe transitif (de bourre 1) Remplir quelque chose au maximum en tassant : Bourrer un poêle de charbon. Faire manger quelqu'un, un animal trop abondamment. En parlant d'un aliment, charger l'estomac : Un gâteau qui bourre. Remplir la tête de quelqu'un d'un grand nombre de connaissances jusqu'à saturation : Bourrer un élève de mathématiques. Broderie Faire le bourrage d'une broderie. Mines Compléter, avec des matériaux inertes, le remplissage d'un trou de mine chargé d'explosif. ● bourrer (expressions) verbe transitif (de bourre 1) Familier. Bourrer le crâne à quelqu'un, l'intoxiquer par une propagande massive. Populaire. Bourrer le mou à quelqu'un, le tromper, lui raconter des balivernes. Familier. Bourrer quelqu'un (de coups), le frapper violemment. Bourrer les urnes, introduire frauduleusement des bulletins de vote dans les urnes. Bourrer une traverse, faire pénétrer, sous les chocs répétés d'un outil approprié, les morceaux de ballast sous la traverse. ● bourrer (homonymes) verbe transitif (de bourre 1) bourrée nom féminin bourret nom masculinbourrer (synonymes) verbe transitif (de bourre 1) Remplir quelque chose au maximum en tassant
Synonymes :
- bonder
- combler
- remplir
Contraires :
- vider
Faire manger quelqu'un, un animal trop abondamment.
Synonymes :
- gaver
Remplir la tête de quelqu'un d'un grand nombre de connaissances...
Synonymes :
- accabler
- farcir
- gorger
- truffer
bourrer verbe intransitif Populaire. Aller très vite en voiture, en moto, dans un travail, etc. Forcer l'arrêt sur le gibier, en parlant du chien. Agglomérer et retenir les copeaux dont le dégagement s'effectue mal, en parlant d'un outil à bois. ● bourrer (homonymes) verbe intransitifbourrer (synonymes) verbe intransitif Agglomérer et retenir les copeaux dont le dégagement s'effectue mal...
Synonymes :
- s'engorger

bourrer
v. tr.
d1./d Garnir de bourre. Bourrer un matelas.
d2./d Remplir complètement. Bourrer une pipe, ses poches.
|| Par ext. Fam. Faire trop manger (qqn). Bourrer ses invités.
|| v. Pron. Manger avec excès, se gaver.
d3./d Fig., Fam. Bourrer le crâne à qqn, chercher à le tromper par des propos mensongers réitérés.
|| (Afr. subsah.) Fam. En faire accroire à. Ne viens pas me bourrer avec tes histoires.
d4./d Bourrer de coups: frapper à coups répétés.
d5./d (Nouv.-Cal.) Vulg. Avoir des rapports sexuels avec (qqn).

⇒BOURRER, verbe trans.
I.— Emploi trans.
A.— [L'idée dominante est celle de remplir complètement]
1. Vieilli. Remplir complètement de bourre ou de matière souple. Bourrer un coussin, bourrer un fauteuil (Lar. 19e, Lar. encyclop., Ac. 1932). Synon. plus usité : rembourrer.
Spéc., vx. Enfoncer la bourre dans une arme à feu que l'on vient de charger et la tasser avec la baguette. Bourrer un fusil, un pistolet, un canon (Ac. 1835-78) :
1. Alors, si Rebord me prêtait le sien [son fusil] ... oh! je saurais bien verser la poudre et puis bourrer, mettre la balle et puis bourrer...
RAMUZ, Derborence, 1934, p. 234.
2. P. ext.
a) [L'obj. désigne une chose à remplir] Remplir aux limites de la capacité et en tassant la matière qui sert à remplir. Bourrer une pipe, le poêle; bourrer ses poches de bonbons.
SYNT. Bourrer boudins et saucisses (PESQUIDOUX, Le Livre de raison, 1925, p. 18). Souvent part. passé employé comme adj. Valise ... bourrée de billets de banque (CENDRARS, Bourlinguer, 1948, p. 41). Son éternelle serviette bourrée de livres et de papiers (G. DUHAMEL, Chronique des Pasquier, Cécile parmi nous, 1938, p. 271).
Spéc.
CH. DE FER. Bourrer une traverse. Faire pénétrer le ballast sous la traverse en le tassant avec un outil approprié ou une bourreuse (Ch. BRICKA, Cours de ch. de fer, 1894, p. 330).
TYPOGR. Bourrer les lignes. Composer des lignes pleines. Apprentis ... sachant tout juste bourrer des lignes (A. TURPIN, De la presse à bras à la linotype, 1924, p. 33).
Absol., MINES. Exécuter le bourrage d'un trou de mine (cf. J. CAHEN, E. BRUET, Carrières, plâtrières, ardoisières, 1926, p. 79).
b) Fam. [L'obj. désigne une pers.] Bourrer qqn de nourriture. Le faire manger avec excès. Bourrer un enfant de bonbons, de gâteaux (cf. affadir ex. 6) :
2. ... au moindre rhume, leur père les [les petits Homais] bourrait de pectoraux, et jusqu'à plus de quatre ans ils portaient tous, impitoyablement, des bourrelets matelassés.
FLAUBERT, Madame Bovary, t. 1, 1857, p. 133.
P. métaph., au fig. Bourrer un enfant de grec et de latin, bourrer quelqu'un de connaissances (souvent mal assimilées). Bourrer les enfants de mathématiques (BALZAC, Le Lys dans la vallée, 1836, p. 51). Bourrer un homme de soucis, de responsabilités (MONTHERLANT, Les Lépreuses, 1939, p. 1406).
Arg., trivial. Bourrer une fille, une femme. Avoir avec elle des rapports sexuels (sens absent des dict. gén.).
♦ [En parlant d'une femme] Se faire bourrer (cf. A. SIMONIN, Touchez pas au grisbi, 1953, p. 214; ZOLA, Germinal, 1885, p. 1470).
c) Arg., fam. Bourrer le crâne à qqn. Raconter des histoires peu vraisemblables, présenter une situation compromise sous un jour mensongèrement favorable. Expr. synon. bourrer la caisse, le mou à qqn (cf. BENJAMIN, Gaspard, 1915, p. 22).
Se bourrer le crâne. Se raconter des bobards. Synon. se bourrer la caisse (cf. CÉLINE, Mort à crédit, 1936, p. 46).
d) Spéc., CHASSE, vx. ,,Se dit aussi en parlant d'un chien qui, en poursuivant un lièvre, lui donne un coup de dent, et lui arrache du poil.`` (Ac. 1798-1932).,,Le chien a bien bourré le lièvre`` (Ac. 1798-1932).
Rem. L'adv. bien montre qu'il s'agit de coups répétés.
B.— [L'idée accessoire de taper à coups répétés devient l'idée dominante]
1. Frapper quelqu'un ou quelque chose. Bourrer qqn de coups et absol., donner une bourrade :
3. C'était un Justin déchaîné, hurleur et renifleur. Il bourrait Laurent de coups de poings, ...
G. DUHAMEL, Chronique des Pasquier, Le Combat contre les ombres, 1939, p. 219.
Vx, fam. Donner des coups avec la crosse d'un fusil (Ac. 1798-1878). Les gendarmes l'ont bourré (Ac. 1878).
Fig. Maltraiter quelqu'un en paroles, le gourmander. Bourrer qqn dans une dispute. Le presser vivement, en sorte qu'il ne sache pas répondre (Ac. 1798; expr. considérée comme ,,vieillie`` par Ac. 1878). Il bourra tout le monde.
2. Arg. Bourrer la gueule à qqn. Le frapper. Bourrer les portes. Les claquer.
3. Spéc., CHASSE
Absol. [En parlant du chien] Forcer l'arrêt sur le gibier. Chien qui bourre (Lar. 19e, Lar. encyclop.); cf. F. VIDRON, La Chasse en plaine et au bois, 1945, p. 7.
P. anal., MAN. [En parlant du cheval] Foncer, se lancer brusquement en avant contre la volonté de son cavalier :
4. Quelque chose compte en moi, ajoute, parachève le nombre critique qu'attendent les attelages de soleils pour bourrer dans le harnais.
CLAUDEL, Art poétique, 1907, p. 142.
II.— Emploi abs. [à sens résultatif] Constituer un arrêt à la manière de la bourre ou d'un objet bourré.
A.— FOND. [En parlant du plomb qui s'arrête sur le sable et y forme des marrons] Le plomb bourre (Ac. Compl. 1842).
Rem. Attesté aussi dans BESCH. 1845, Lar. 19e, Nouv. Lar. ill., QUILLET 1965.
B.— [En parlant du rabot, de certains outils, de machines agricoles] Retenir les copeaux, certaines matières dans la lumière « ouverture » au lieu de les laisser passer. Cette varlope bourre (T. BALLU, Machines agricoles, 1933, p. 451).
III.— Emploi pronom.
A.— Sens réfléchi (cf. supra I A). Manger avec gloutonnerie. Se bourrer de pain, de gâteaux. Et absol. :
5. Il mangea les têtes des éperlans frits, pour ne rien laisser perdre, se bourra de pain, prit du fromage, au lieu d'une orange dont il avait envie, parce que le fromage est plus nourrissant.
MONTHERLANT, Les Célibataires, 1934, p. 873.
Au fig. Se bourrer de raisonnements (TAINE, Notes sur Paris, Vie et opinions de M.F.T. Graindorge, 1867, p. 192). Se bourrer de désordre (COCTEAU, Les Enfants terribles, 1929, p. 22).
B.— Emploi pronom. réciproque (cf. supra I B). Se bourrer de coups. S'accabler mutuellement de coups :
6. Des gens couraient les uns après les autres et se bourraient par amitié de coups de poing; ...
HUYSMANS, Les Sœurs Vatard, 1879, p. 135.
Prononc. ET ORTH. — 1. Forme phon. :[], (je) bourre []. 2. Homon. bourrée (danse).
Étymol. ET HIST. — 1. 1332, 4 juill. « maltraiter » (Arr. du parlem. de Paris, A. Tournai dans GDF. Compl.); 2. a) 1519 « remplir qqc. en y enfonçant de la bourre » (Miroir de Contentement, Var. hist. et litt., II, 18, ibid.); b) spéc. 1704 (Trév. : Bourrer. Mettre de la bourre, ou autre pareille chose sur la charge dans le canon de l'arme à feu); 1907 arg. et fam. bourrer le crâne (d'apr. ESN. Poilu); 3. 1694 chasse (Ac.).
Dér. de bourre; dés. -er; pour 3 étendu à l'emploi en manège (cf. sém. I B 3), peut-être infl. de l'a. wallon burir « se précipiter », cf. bourrir.
STAT. — Fréq. abs. littér. :405. Fréq. rel. littér. : XIXe s. : a) 153, b) 610; XXe s. : a) 812, b) 769.
DÉR. Bourratif, ive, adj. Qui bourre. Les pommes de terres sont bourratives. Ces biscuits sont bourratifs (ROB. Suppl. 1970, seule attest.). [] 1re attest. mil. XXe s.; dér. de bourrer, suff. -atif (-if).
Rem. On rencontre dans la docum. a) L'adj. verbal bourrant, ante, de même sens et de même emploi, mais moins usuel que bourratif. Ce gâteau est trop bourrant, vous n'avez rien de plus léger? (ROB. ibid.). b) Bourre, subst. déverbal masc. (cf. bourre rem.).
BBG. — BISE (G.). Gloss. du fr. région. dans la Haute-Broye fribourgeoise. Archivum romanicum. 1939, t. 23, p. 293. — GUIRAUD (P.). Le Champ morpho-sém. du mot tromper. B. Soc. Ling. 1968, t. 63, n° 1, p. 101. — RIGAUD (A.). Être à la bourre. Vie Lang. 1969, p. 654. — SAIN. Sources t. 2 1972 [1925], p. 27. — SCHUCHARDT (H.). Romanische Etymologien 2. Sitzungsberichte der philosophisch- historischen Klasse der kaiserlichen Akademie der Wissenschaften. 1899, t. 141, n° 3, p. 132. — STIMM (H.). Germanisches Wortgut im Galloromanischen. Z. rom. Philol. 1957, t. 73, pp. 420-422.

bourrer [buʀe] v.
ÉTYM. 1332, « maltraiter »; de 1. bourre.
———
I V. tr.
A (Remplir).
1 (1519). Garnir (qqch.) de bourre. || Bourrer un coussin, un matelas. Cotonner, empailler, matelasser, rembourrer.(1704). Spécialt. || Bourrer un fusil, y introduire la bourre. Tasser.
0.1 (…) les dix mille cartouches que j'ai bourrées dans mon fusil (…)
Nerval, les Filles du feu, éd. la Technique du livre, p. 97.
Mar. Vx. || Bourrer les cofferdams d'un navire.
2 Remplir complètement (qqch.) en tassant. || Bourrer sa pipe. || Bourrer une valise, un poêle.
1 (…) il s'anima seulement quand parurent les cigarettes, et il demanda du tabac français pour bourrer sa pipe (…)
Loti, Figures et Choses, p. 202.
2 (…) vous bourriez une petite valise et vous nous tiriez la révérence : vous repartiez chez vous, dans vos patelins.
G. Duhamel, Récits des temps de guerre, t. II, VIII, p. 35.
2.1 Ah, vous pouvez le dire, les poêles Godin, il n'y a rien de tel, ça vaut le chauffage central. Ça ne s'éteint jamais. On les bourre le soir, le matin il n'y a qu'à vider les cendres (…)
N. Sarraute, le Planétarium, p. 92.
Fam. || Bourrer une salle, la remplir de personnes favorables à une des parties en présence dans un débat.
Bourrer les urnes, les remplir illicitement de bulletins de vote favorables au parti qu'on veut voir gagner.
3 Fam. Tasser sans précaution pour faire tenir dans qqch. || Vous avez bourré mes papiers dans mon tiroir, je ne retrouve plus rien.Passif et p. p. || Ses affaires étaient bourrées dans une malle.
4 Bourrer (qqch., qqn) de (qqch.). a Compl. n. de chose. Remplir complètement (de qqch.). || Bourrer un sac de vêtements, un placard de vaisselle, un débarras de vieux meubles.(Abstrait). || Bourrer un discours de citations. || Bourrer un texte de chevilles. Farcir, truffer (plus cour. au p. p.; → ci-dessous).
b Compl. n. de personne. || Bourrer qqn de nourriture. Gaver.
3 (…) elle le bourrait tellement de nourriture qu'il finissait par s'endormir.
Flaubert, Trois contes, I, 3.
Pron. || Il se bourre de gâteaux. || Ne te bourre pas de pain comme ça.
Fig. et vieilli. Accumuler. → ci-dessous Se bourrer, cit. 4.3 et supra.
3.1 Vraiment, il faut être imbécile pour servir, avec si peu de gages et tant de fidélité, des hommes qui se bourrent de millions.
Balzac, Un homme d'affaires, Pl., t. VI, p. 811.
(Abstrait). || Bourrer un enfant de grec et de latin, de mathématiques. Accabler.Pron. || Il se bourre de philosophie.
3.2 — Son précepteur ! Voyons, l'avez-vous bien bourré de grec et de latin ?
— Oh ! bourré n'est pas le mot… On ne peut pas dire qu'il en soit bourré !
E. Labiche, Deux merles blancs, I, 3, in Théâtre complet, t. VIII, p. 125.
5 Loc. fam. (1907). Bourrer le crâne, le mou, la caisse (rare) à qqn, lui raconter des histoires, essayer de lui en faire accroire. Mentir, tromper (→ Endormir qqn). || N'essaie pas de lui bourrer le mou, ça ne prendra pas.Pron. (récipr.). || Se bourrer le crâne, la caisse, le mou.
3.3 Tout ça c'est un peu raisonnable, mais c'est rempli bien plus encore d'un tas d'immondes crasseux mensonges… Les garces elles s'animent tellement fort à se bourrer la caisse toutes les deux qu'elles couvrent les bruits du piano…
Céline, Mort à crédit, Folio, p. 42.
3.4 On parle de la guerre. Nous nous rendons compte qu'on nous a encore une fois bourré le crâne.
Drieu La Rochelle, la Comédie de Charleroi, p. 200.
Pron.Se bourrer la gueule. Soûler (se). → ci-dessous, Se bourrer, 2.
6 Argot, vulg. Avoir des rapports sexuels actifs avec (qqn). 3. Bourre, I., 4.
3.5 — Y a des frangines, continuait Marco, qui peuvent aller se faire bourrer dans tous les azimuts; t'en as rien à foutre du moment qu'elles ramènent la comptée régulièrement (…)
Albert Simonin, Touchez pas au grisbi, p. 214.
B (Frapper).
1 a Vx. Frapper, donner des coups à (qqn). || « Je me mis (…) à le bourrer du mieux que je pus » (Rousseau).(Avec un compl. second). || « Les soldats bourraient la foule à coups de crosse » (Littré).
Mod. Fam. (équivaut à bourrer de coups).
3.6 Je t'ai bourré, tu m'as bourré, nous sommes quittes ?
Jacques Laurent, les Bêtises, p. 409.
b Mod. || Bourrer qqn de coups. || Être bourré de coups. || Ils se bourraient de coups. Battre, maltraiter.
4 Il avait été arrêté, bourré de coups, conduit vers les voitures de police (…)
Martin du Gard, les Thibault, t. VI, p. 286.
Pron. (récipr.). || Ils se sont bourrés (de coups).
c (Le compl. désigne une partie du corps). || Bourrer le dos, les côtes de qqn à coups de poing.
4.1 (…) mon voisin me bourra les côtes à coups de coude avec une hargne que je ne compris pas.
M. Tournier, le Roi des Aulnes, p. 28.
Loc. fam. Bourrer la gueule à qqn. || Il s'est fait bourrer la gueule. Casser.
4.2 C'est un héros. Nous n'en avons pas d'autre. J'admets qu'il a déguerpi aussi vite qu'une puce quand on lui a bourré la gueule mais il a tout de même reçu une belle torgnole.
Pierre Hamp, la Peine des hommes (Moteurs), p. 90.
2 (1694). Vx, chasse (en parlant d'un animal de chasse : chien, etc.). Arracher du poil ( Bourre) à un lièvre, un lapin en le poursuivant; le mordre en tentant de l'attraper. || Le chien a bourré le lièvre ( Bourrade, 2.).
——————
se bourrer v. pron.
Familier ou argotique.
1 S'enrichir (→ S'en mettre plein les poches). → aussi ci-dessus, cit. 3.1.
4.3 « … Je pourrais me sucrer davantage ! Mes femmes me suffisent. Je pourrais faire de la munition ! On me l'a proposé !… Y en a de plus cons que moi qui se bourrent !… »
Céline, Guignol's band, p. 83.
2 Pop. S'enivrer, se saouler. Beurrer (se). || Il se bourre régulièrement tous les samedis soir.
———
II
A V. intr.
1 Chasse (en parlant d'un chien). Courir après le lièvre au lieu de rester à l'arrêt.
2 (Sujet n. de personne). Fam. Aller très vite, se dépêcher. Foncer; 3. bourre, 2. bourrée. || Il va falloir bourrer si on veut finir à temps.Spécialt. Conduire très vite. || Il a bourré comme un dingue pour arriver avant la nuit.
B Emplois absolus.
1 (Sujet n. de personne). Fam. Donner des coups violents et répétés (→ ci-dessus I., B.); attaquer en frappant.
4.4 Il rentre, mon père, juste à ce moment… Il était pas du tout refroidi… Il se met à bourrer dans la table, et tant que ça peut dans les cloisons !… À deux poings fermés !
Céline, Mort à crédit, Folio, p. 195.
(Avec un compl. prépositionnel) :
4.5 Tu bourres sur l'ennemi comme un bouc (…)
Bernanos, Sous le soleil de Satan, in Œ. roman., Pl., p. 183.
2 (Sujet n. de chose). Fam. Caler l'estomac, donner une sensation de réplétion. || Un aliment qui bourre. Bourrant, bourratif.
3 Argot des spectacles. Faire salle comble. || Ce soir on a bourré.
——————
bourré, ée p. p. adj.
1 Complet, empli, plein, rassasié. || Une valise bourrée à craquer. || Portefeuille bourré de billets de banque. || La salle est bourrée ce soir. Comble.
Son texte est bourré d'erreurs, de fautes. || Une lettre bourrée de fautes d'orthographe.Il est bourré de complexes.
5 Il y a à peine huit jours que je suis installé, j'ai déjà la tête bourrée d'impressions et de souvenirs (…)
Alphonse Daudet, Lettres de mon moulin, I.
6 Bourré de grec, bourré de latin, bourré d'anglais et d'allemand, ex-élève sorti premier de l'École des Langues Orientales.
Courteline, Messieurs les ronds-de-cuir, I, I, III.
6.1 (…) il a entendu ce cri, une sorte de râle plutôt (…) ou n'importe quel bruit du port tout proche, bourré de jonques et de sampans qui servent d'habitation à des familles entières.
A. Robbe-Grillet, la Maison de rendez-vous, p. 128.
2 Fam. Soûl. Ivre; beurré, plein. || Être bourré comme une huître.
7 J'ai eu la touche avec elle, mardi dernier, elle était bourrée, elle voulait tout le temps m'inviter à danser.
Sartre, les Chemins de la liberté, t. I, XI, p. 188.
7.1 Je suis absolument désolé de t'avoir réveillé mais… je suis saoul. Oui, c'est ça, je suis bourré.
R. Gary, Clair de femme, p. 61.
3 Argot. (→ Se bourrer, 1.). Riche, fortuné. Plein (aux as).
8 Max est un vrai pante, parce que Toni-l'Élégant qui a fait l'affaire à ma place est aujourd'hui bourré à craquer, avec château en Sologne, chasses, bateau et tout ?
Albert Simonin, Touchez pas au grisbi, p. 32.
9 C'était pas un homme méchant, mais aigri à cause du climat, il faisait du pognon voilà tout… il voulait retourner au soleil… Chez lui en Calabre et bourré !
Céline, Guignol's band, p. 53.
CONTR. Débourrer. — Vider. — Jeûner (faire jeûner).
DÉR. Bourrade, bourrage, bourrant, bourratif, 3. bourre, bourreau, 1. bourrée, 2. bourrée, bourreur, bourroir. — V. 2. Bourre.
HOM. 1. Bourrée, 2. bourrée.

Encyclopédie Universelle. 2012.