dépayser [ depeize ] v. tr. <conjug. : 1>
• v. 1200; de dé- et pays
1 ♦ Vx Faire changer de pays, de lieu, de milieu. ⇒ déraciner, exiler. « on ne les dépayserait pas impunément [...] c'est qu'ils aiment ce sol arrosé de leurs sueurs » (Sand).
2 ♦ (1690) Mod. Mettre mal à l'aise par changement de décor, de milieu, d'habitudes. ⇒ déconcerter, dérouter, désorienter; dépaysé. « Le quartier des gares le dépaysera encore plus que l'autre » (Romains).
● dépayser verbe transitif Faire rompre ses habitudes à quelqu'un en le mettant dans un pays, une région très différents de ceux où il habite par le décor, le climat, les habitudes : Aimer les pays lointains qui dépaysent. Troubler quelqu'un, le désorienter en le changeant de milieu et en le mettant dans une situation qui lui donne un sentiment d'étrangeté : Ce changement de bureau l'a complètement dépaysé. Droit Faire instruire une affaire par une autre cour. ● dépayser (synonymes) verbe transitif Faire rompre ses habitudes à quelqu'un en le mettant dans...
Synonymes :
- déraciner
Contraires :
Troubler quelqu'un, le désorienter en le changeant de milieu et...
Synonymes :
- déconcerter
- décontenancer
- dérouter
Contraires :
dépayser
v. tr. Dérouter, désorienter en tirant de son milieu, de ses habitudes. Le climat, le rythme de vie, les gens, tout l'a dépaysé.
⇒DÉPAYSER, verbe trans.
A.— Transporter quelqu'un hors du pays, du lieu où il est ordinairement implanté. (Quasi-)synon. déraciner; anton. enraciner, rapatrier. Fernand s'occupa aussitôt de dépayser sa femme et de s'exiler lui-même (DUMAS père, Monte-Cristo, t. 1, 1846, p. 332) :
• 1. ... s'il est des végétaux qu'on ne peut enlever à leur terre natale, sans les faire périr; il est aussi quelques races vivantes, qui ne peuvent supporter aucune transplantation, qu'il est impossible de dépayser, sans tarir la source qui les renouvelle, ...
CABANIS, Rapports du physique et du moral de l'homme, t. 2, 1808, p. 151.
— P. ext. Changer le décor habituel ou les habitudes de quelque chose ou quelqu'un :
• 2. La conscience doit de temps à autre se secouer pour y retrouver la liberté des présences pures et désintéressées : c'est le sens profond que l'on peut trouver au besoin surréaliste de dépayser les objets, en les forçant dans un cadre inaccoutumé d'où ils fassent irruption par effraction dans la conscience somnolente, et la réveillent à un goût de mystère : ...
MOUNIER, Traité du caractère, 1946, p. 79.
— Emploi pronom. réfl. Changer volontairement ses habitudes, son mode de vie. (Quasi-)synon. se déshabituer. Que les femmes doivent être à plaindre au moment de ces tristes séparations! Elles n'ont pas comme nous (...) les voyages pour se dépayser (DELÉCLUZE, Journal, 1825, p. 172). P. métaph. C'est par le mythe de l'innocence que l'homme se dépayse de la faute (RICŒUR, Philos. volonté, 1949, p. 31).
B.— Au fig. Déconcerter quelqu'un en le transportant dans un cadre inhabituel, en modifiant ses habitudes. (Quasi-)synon. dérouter, désorienter, égarer; anton. acclimater, familiariser. La vie du grand séminaire ne me dépaysa nullement. Elle était bien telle que je l'avais imaginée (BILLY, Introïbo, 1939, p. 38).
— P. métaph. D'abord Molière a voulu dépayser; il n'a pas fait de portrait trop ressemblant trait par trait (SAINTE-BEUVE, Port-Royal, t. 3, 1848, p. 218).
Rem. On rencontre ds la docum. dépaysagiste, subst. Personne qui dépayse, qui change le décor, le paysage. Chirico nous montre la réalité en la dépaysant. C'est un dépaysagiste (COCTEAU, Crit. indir., 1932, p. 57).
Prononc. et Orth. :[] ou p. harmonisation vocalique [depeize]; dépayse []. [] ouvert ds LAND. 1834, NOD. 1844, LITTRÉ, DG, Pt Lar. 1968 et, pour le lang. soutenu, ds WARN. 1968; [e] fermé ds FÉR. Crit. t. 1 1787, GATTEL 1841, BESCH. 1845, FÉL. 1851, PASSY 1914, DUB., Pt ROB., Lar. Lang. fr. et, pour le lang. cour., ds WARN. 1968. On intercale yod de passage [dep()ej-] ds DG et PASSY 1914 et facultativement ds BARBEAU-RODHE 1930 qui n'enregistre que dépaysement. Le verbe est admis ds Ac. 1694 sous l'anc. forme dépaïser; ds Ac. 1718-1932 sous la forme mod. Étymol. et Hist. 1. 1195-1225 « quitter son pays » (Galeron de Bretagne, 807 ds T.-L. : il fu despäysiés), ,,vx`` ds Lar. Lang. fr.; 2. 1648 « transporter le sujet d'une œuvre dramatique dans un autre pays » (CORNEILLE, Le Menteur, Au lecteur, éd. Ch. Marty-Laveaux, t. 4, p. 132 : j'ai entièrement depaysé les sujets pour les habiller à la françoise); 2. 1690 « désorienter quelqu'un en le changeant dans ses habitudes » (FUR.). Dér. de pays; dés. -er; préf. dé-. Fréq. abs. littér. :47. Bbg. ARICKX (I.). Les Orthoépistes sur la sellette. Trav. Ling. Gand. 1972, n° 3, p. 125.
dépayser [depeize] v. tr.
ÉTYM. V. 1200; de 1. dé-, pays, et suff. verbal -er.
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1 Vx. Faire changer (qqn) de pays, de lieu, de milieu. ⇒ Déraciner, exiler.
1 (…) on ne les dépayserait pas impunément (ces paysans), c'est qu'ils aiment ce sol arrosé de leurs sueurs, c'est que le vrai paysan meurt de nostalgie sous le harnais du soldat, loin du champ qui l'a vu naître.
G. Sand, la Mare au diable, II, p. 24.
♦ Par anal. || Dépayser qqn, en changeant ses habitudes, ses relations. — Pron. || Se dépayser. || Il se dépayse en voyageant. — Par métaphore :
2 On cherche à se dépayser en lisant, et les ouvriers sont aussi curieux des princes que les princes des ouvriers.
Proust, À la recherche du temps perdu, t. XV, p. 34.
2 (1690). Mod. Mettre mal à l'aise par changement de décor, de milieu, d'habitudes. ⇒ Déconcerter, dérouter, désorienter.
3 Le quartier des gares le dépaysera encore plus que l'autre, surtout au-dessus de la gare de l'Est; malgré les trams et le métro.
J. Romains, les Hommes de bonne volonté, t. II, IX, p. 94.
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dépaysé, ée p. p. adj.
♦ Mal à l'aise, par changement de décor, de milieu, d'habitudes. ⇒ Perdu. || Étranger dépaysé dans une ville inconnue. || Se sentir, se trouver dépaysé dans une société où l'on ne connaît personne, devant un sujet sur lequel on est incompétent. || Avoir l'air dépaysé.
4 Au milieu de ces hommes simples, nous ne nous trouvions pas dépaysés.
Lamartine, Graziella, Épisode VI, p. 27.
5 Ici, maintenant, au milieu de ces réalités pauvres, je me trouvais, comme lui sans doute, dépaysé et mal à l'aise.
Loti, Mon frère Yves, LX, p. 143.
6 Je me sens toujours très dépaysé dans ce Paris où tout est nouveau pour moi.
Martin du Gard, Jean Barois, Ire partie, p. 41.
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CONTR. Rapatrier. — Conduire, guider, orienter. — Assuré, désinvolte, naturel. — Aise (à l'aise).
DÉR. Dépaysant, dépaysement.
Encyclopédie Universelle. 2012.