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pays

1. pays [ pei ] n. m.
• v. 1360; païsXe; bas lat. page(n)sis « habitant d'un pagus, d'un bourg, d'un canton », et par ext. le pagus lui-même
1Territoire habité par une collectivité et constituant une réalité géographique dénommée; nation. Les divers pays du monde, de l'Europe. état, nation. Grands et petits pays. Pays riches et pays pauvres. Pays industriels, agricoles, producteurs de pétrole. Nouveaux pays industrialisés. N. P. I. Pays développés. Pays sous-développé, en voie de développement (P. V. D.), en développement; pays les moins avancés (P. M. A.). tiers-monde. De quel pays êtes-vous ? Les habitants d'un pays. Frontières d'un pays. « Prolétaires de tous les pays, unissez-vous ! » (Manifeste communiste). Loc. Se conduire comme en pays conquis. Ceci concerne plusieurs pays. international, multinational.
Province, circonscription quelconque. Le pays de Caux, d'Auge.
Absolt Le pays : le pays, la partie de pays dont il est question. ⇒ coin, endroit, région. Habitudes, traditions, langage du pays. Les gens du pays. autochtone, indigène, natif. Il n'est pas du pays. Produit du pays. 1. cru, terroir. Vin, jambon de pays.
2Les gens, les habitants du pays (nation ou région). peuple; région, village. « Le pays n'aspirait plus qu'à la paix » (Madelin). Tout le pays en a parlé. Être en pays de connaissance.
3 ♦ LE PAYS DE QQN, SON PAYS : patrie à laquelle on appartient par la naissance. « Et qui sert son pays n'a pas besoin d'aïeux » (Voltaire). Fig. « Je suis concitoyen de toute âme qui pense : La vérité, c'est mon pays ! » (Lamartine). Lieu où l'on est né. La Gascogne, pays de Montesquieu et de Montaigne. PROV. Nul n'est prophète en son pays. Loc. Avoir le mal du pays : être triste loin de son pays. ⇒ nostalgie. Retourner au pays.
♢ LE PAYS DE QQCH. : terre d'élection, milieu particulièrement favorable à, riche en. La France est le pays du vin. L'Allemagne, pays de la musique. patrie. C'est le pays du jazz. Fig. Le pays du rêve, des songes. domaine, royaume. « Alice au pays des merveilles », œuvre de Lewis Caroll.
4Région géographique, plus ou moins nettement limitée, considérée surtout dans son aspect physique. contrée, endroit, 1. lieu, région. Les pays chauds, froids, tempérés. Pays plat, de montagnes. Les Pays-Bas. Pays de forêts, de vignes, d'élevage. Voir du pays : voyager. — Pays de cocagne.
5Petite ville; village. Il habite un petit pays, un pays perdu au fin fond de l'Auvergne. fam. bled, 2. patelin, trou. « Un petit pays de douze et quinze feux ne peut pas toujours nourrir un magister » (Hugo).
pays 2. pays, payse [ pei, peiz ] n.
• 1605; fém. 1765; h. 1512; 1. pays
Fam. ou région. Personne du même pays. compatriote. Il descendit « dans une auberge que tenait une de ses payses » (Zola).

pays nom masculin (bas latin pagensis, du latin classique pagus, bourg) Territoire d'une nation délimité par des frontières et constituant une entité géographique : Visiter des pays étrangers. Région envisagée au point de vue d'une certaine identité ou communauté d'intérêts de ses habitants, etc. : Pays chaud. Le pays bigouden. En France, entité territoriale créée pour tirer parti de cohérences géographiques, historiques, économiques ou sociales, dans le cadre de l'aménagement du territoire. Village, agglomération : Un petit pays de quatre cents habitants. Ville, région d'où on est originaire : Avoir le mal du pays. Région considérée du point de vue de ses produits, de ses traditions : Produits du pays. Région, territoire, ville, caractérisés par quelque chose : Le pays de la musique. Ensemble des habitants, des forces économiques et sociales d'une nation : Le président de la République s'adresse au pays.pays (citations) nom masculin (bas latin pagensis, du latin classique pagus, bourg) Louis Aragon Paris 1897-Paris 1982 En étrange pays dans mon pays lui-même Je sais bien ce que c'est qu'un amour malheureux. Les Yeux d'Elsa Cahiers du Rhône André Billy Saint-Quentin 1882-Fontainebleau 1971 Il y a un pays natal dans le temps comme il y en a un dans l'espace. Le Pont des Saints-Pères Fayard Jules Barbier Paris 1825-Paris 1901 et Michel Carré Paris 1819-Argenteuil 1872 Connais-tu le pays où fleurit l'oranger, Le pays des fruits d'or et des roses vermeilles ? Livret de Mignon (opéra-comique d'Ambroise Thomas) Sidonie Gabrielle Colette Saint-Sauveur-en-Puisaye, Yonne, 1873-Paris 1954 Une femme se réclame d'autant de pays natals qu'elle a eu d'amours heureux. La Naissance du jour Flammarion Louis Émié 1900-1967 Un pays aussi beau que celui qu'on invente À l'âge où le désir ignore encore sa voix. Nocturnes Alphonse de Prât de Lamartine Mâcon 1790-Paris 1869 Je suis concitoyen de toute âme qui pense : La vérité, c'est mon pays. Poésies diverses, la Marseillaise de la paix François, duc de La Rochefoucauld Paris 1613-Paris 1680 L'accent du pays où l'on est né demeure dans l'esprit et dans le cœur, comme dans le langage. Maximes Patrice de La Tour du Pin Paris 1911-Paris 1975 Tous les pays qui n'ont plus de légende Seront condamnés à mourir de froid… Une somme de poésie Gallimard Roger Martin du Gard Neuilly-sur-Seine, 1881-Sérigny, Orne, 1958 Où qu'il soit, où qu'il aille, l'homme continue à penser avec les mots, avec la syntaxe de son pays. Les Thibault, l'Été 1914 Gallimard Henri Michaux Namur 1899-Paris 1984 En pays jeune, les lendemains vendent des surlendemains. Tranches de savoir Cercle des Arts Arthur Rimbaud Charleville 1854-Marseille 1891 J'aurai de l'or : je serai oisif et brutal. Les femmes soignent ces féroces infirmes retour des pays chauds. Une saison en enfer, Mauvais Sang Théophile de Viau Clairac 1590-Paris 1626 Dans ce climat barbare où le destin me range, Me rendant mon pays comme un pays étrange […]. Élégie Alfred, comte de Vigny Loches 1797-Paris 1863 Tous les tableaux humains qu'un Esprit pur m'apporte S'animeront pour toi quand devant notre porte Les grands pays muets longuement s'étendront. Les Destinées, la Maison du berger François Villon Paris 1431-après 1463 En mon païs suis en terre loingtaine. Ballade du concours de Blois François Marie Arouet, dit Voltaire Paris 1694-Paris 1778 Le premier qui fut roi fut un soldat heureux ; Qui sert bien son pays n'a pas besoin d'aïeux. Mérope, I, 3, Polyphonte Commentaire Ce dernier vers est repris presque textuellement par Voltaire de sa propre tragédie Ériphyle, 1732 (II, 1, Alcméon). William Pitt, dit le Second Pitt Hayes, Kent, 1759-Putney, près de Londres, 1806 Je suis déjà marié à mon pays. I am already married to my country. Commentaire Réponse à Horace Walpole qui voulait arranger un mariage entre la future Mme de Staël et lui. Cavour dira de même : « L'Italie est mon épouse, je n'en aurai jamais d'autre. » Karl Marx Trèves 1818-Londres 1883 Prolétaires de tous les pays, unissez-vous ! Proletarier aller Länder, vereinigt euch ! Fin du Manifeste du parti communiste Commentaire C'est sur cette adjuration que se termine le Manifeste du parti communiste, de Karl Marx et Friedrich Engels, publié à Londres en 1847 et bientôt traduit dans toutes les langues. « Les communistes ne s'abaissent pas à dissimuler leurs opinions et leurs projets. Ils proclament ouvertement que leurs buts ne peuvent être atteints que par le renversement violent de tout l'ordre social passé. Puissent les classes dirigeantes trembler à l'idée d'une révolution communiste ! Les prolétaires n'ont rien à perdre que leurs chaînes. Ils ont un monde à gagner. Prolétaires de tous les pays, unissez-vous ! » Jonathan Swift Dublin 1667-Dublin 1745 Quiconque fait pousser deux épis de blé ou deux brins d'herbe sur un coin de terre où il n'y en avait qu'un auparavant […] rend de plus signalés services à son pays que toute la race des politiciens réunis. Whoever could make two ears of corn or two blades of grass to grow upon a spot of ground where only one grew before would […] do more essential service to his country than the whole race of politicians put together. Les Voyages de Gulliver pays (difficultés) nom masculin (bas latin pagensis, du latin classique pagus, bourg) Prononciation [&ph100;&ph89;&ph93;], comme dans la paix y règne. La prononciation [&ph100;&ph89;&ph94;&ph93;], comme dans treillis, est dialectale. Construction Préposition devant un nom de pays : en Albanie, en Iraq mais au Luxembourg, au Pakistan. → à. Orthographe 1. Le Pays basque, avec un P majuscule. Les Pays-Bas, avec un P et un B majuscules et un trait d'union. 2. Le pays d'Auge, le pays de Bray, avec un p minuscule à pays et une majuscule au nom propre qui le suit. ● pays (expressions) nom masculin (bas latin pagensis, du latin classique pagus, bourg) De pays, se dit de produits qui sont fabriqués dans une région avec les produits de base qui lui sont propres : Saucisson de pays. Familier. Faire voir du pays à quelqu'un, lui donner de l'exercice, ou lui susciter des difficultés, des soucis. Pays de la mer, région de la basse Mésopotamie proche du Golfe. (Ce fut le domaine des Chaldéens du Bit-Yakin [IXe-VIIe s. avant J.-C.].) Pays des rêves, des songes, monde imaginaire du rêve. Plat pays, rase campagne, plaine, par opposition aux lieux accidentés ou fortifiés. Voir du pays, voyager. Vin de pays, vin de table de zones de production déterminées, issu de cépages recommandés, répondant à des critères analytiques précis. ● pays (synonymes) nom masculin (bas latin pagensis, du latin classique pagus, bourg) Territoire d'une nation délimité par des frontières et constituant une...
Synonymes :
- état
- puissance
- territoire
Région envisagée au point de vue d'une certaine identité ou...
Synonymes :
- coin (familier)
- contrée
- province
- région
- zone
Village, agglomération
Synonymes :
- bled (populaire)
- bourgade
- patelin (familier)
- trou (familier)
Ville, région d'où on est originaire
Synonymes :
- terroir
Région, territoire, ville, caractérisés par quelque chose
Synonymes :
- mère
- terre
Ensemble des habitants, des forces économiques et sociales d'une nation
Synonymes :
- peuple
Pays des rêves, des songes
Synonymes :
- royaume
- sphère
- univers
pays, payse nom (de pays) Familier et vieux. Personne originaire de la même région, du même village que quelqu'un. ● pays, payse (synonymes) nom (de pays) Familier Personne originaire de la même région, du même village que...
Synonymes :
- compatriote
- concitoyen

pays, payse
n. Rég. ou plaisant Compatriote.
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pays
n. m.
d1./d Territoire d'un état; état. Les pays d'Asie du Sud-Est.
(Québec) Vieilli Les vieux pays: les états d'Europe.
|| Patrie; lieu, région d'origine. Revenir au pays.
|| Région géographique, administrative, etc.
(Québec) HIST Les Pays-d'en-Haut: V. haut (sens B, 4).
|| Absol. Les coutumes du pays. Vin de pays.
(Québec) Vieilli Du pays: fait maison, artisanalement. étoffe du pays. Sucre du pays: sucre d'érable.
d2./d Population d'un pays. Le pays est en effervescence.
d3./d Contrée, région considérée du point de vue physique, économique, etc. Les pays chauds.
Loc. Voir du pays: voyager.
d4./d Localité, village. Un pays perdu.

I.
⇒PAYS1, subst. masc.
Division territoriale habitée par une collectivité, et constituant une entité géographique et humaine.
A. —1. [Dans une accept. large] Nation, État. Les pays de l'Europe, du monde; la capitale, les frontières d'un pays. Angleterre! pays charmant, vers lequel voguent les navires; frais rivages, parcs ombragés, où vont les jeunes miss promener leur mélancolie! (TOEPFFER, Nouv. genev., 1839, p.111). Les grands hommes d'un pays, son histoire, ses moeurs, c'est presque un langage commun aux peuples (GIRAUDOUX, Siegfried, 1928, IV, 5, p.180):
1. La passion mystérieuse avec laquelle j'avais pensé autrefois à l'Autriche parce que c'était le pays d'où venait Albertine (son oncle y avait été conseiller d'ambassade), que sa singularité géographique, la race qui l'habitait, ses monuments, ses paysages, je pouvais les considérer (ainsi que dans un atlas, dans un recueil de vues) dans le sourire, dans les manières d'Albertine...
PROUST, Sodome, 1922, p.1119.
Région. (Canada). Les vieux pays. L'Europe. Ses vieux pays, c'était l'Angleterre, la mangeuse d'homme et d'argent (...) c'était la France (M. TRUDEL, Vézine, 1946, p.237 ds Richesses Québec 1982, p.1752).
SYNT. Les grands et les petits pays; un pays proche, éloigné, lointain; les pays étrangers; les pays méridionaux, septentrionaux, occidentaux, orientaux; les pays germaniques, latins, scandinaves; le beau pays de France; les habitants, les naturels d'un pays; la langue d'un pays; entrer dans un pays; découvrir, visiter, quitter un pays.
2. [Dans une accept. restreinte]
a) Partie plus ou moins étendue d'une nation: province, région, canton. Habitudes, traditions d'un pays; vin de pays. Le ciel (...) sourit toujours en Touraine, où les automnes sont magnifiques. Dans ce pays hospitalier, les vendangeurs sont nourris au logis (BALZAC, Lys, 1836, p.124). Je voudrais que vous puissiez voir l'émotion éphémère, j'en suis convaincu, obtenue par ces mesures dans un pays comme la Lorraine (BARRÈS, Cahiers, t.5, 1907, p.102):
2. [Il y avait dans la France agricole du XIXe siècle une] immense diversité des poids et mesures basés tantôt sur la journée de travail (le journal de terre de nos trisaïeuls), tantôt sur l'animal de trait (la bovée) ou sur la quantité de semences employées (la seterée) (...). Les usagers de ces mesures archaïques se claquemuraient existentiellement en petites unités régionales, les pays [it. ds le texte]. Ceux-ci sont assimilés aujourd'hui encore aux pagus, ou pagi de l'ancienne Gaule.
Le Matin, 8 juill. 1983, p.25, col. 1.
Pays + subst. ou adj.
Pays de + nom propre (formant des noms géographiques) Pays d'Auge, de Caux, de Galles. Le pauvre et peu industrieux Valaisan est resté catholique, le pays de Vaud protestant (MICHELET, Journal, 1830, p.75).
Pays + adj. tiré d'un nom propre désignant une ville, une province, etc. Pays basque, breton, niçois. Une fête de village dans le pays messin. Le dimanche, on danse; le lundi matin, il y a une messe pour les parents (BARRÈS, Cahiers, t.5, 1906, p.279). De grands monuments sur lesquels plane un souffle d'art singularisent aujourd'hui les contrées du limon et de la brique. Le pays toulousain s'oppose aux pays bordelais (VIDAL DE LA BL., Princ. géogr. hum., 1921, p.162).
Loc. et expr.
Battre, courir le pays. Parcourir toute la région (dans un but d'exploration, de recherche). Les garnisons de Lens, d'Hesdin et des autres forteresses couraient le pays, arrêtaient les convois, gênaient l'armée du roi (BARANTE, Hist. ducs Bourg., t.4, 1821-24, p.9). On battait tout le pays pour le rendre intenable aux réguliers chinois (MILLE, Barnavaux, 1908, p.156):
3. En quittant le coron (...), Catherine était allée à Montsou par le pavé. Depuis l'âge de dix ans, depuis qu'elle gagnait sa vie à la fosse, elle courait ainsi le pays toute seule, dans la complète liberté des familles de houilleurs...
ZOLA, Germinal, 1885, p.1242.
(Agir, se conduire) comme en pays conquis. Nous sommes dans la salle de travail, les étrangers ne peuvent pas s'y installer comme en pays conquis... Vous y viendrez à votre tour... (CUREL, Nouv. idole, 1899, II, 1, p.191).
(Être, se trouver) en pays inconnu. Être environné de personnes, de choses que l'on ne connaît pas. Anton. en pays de connaissance. Le concert commença, je ne connaissais pas ce qu'on jouait, je me trouvais en pays inconnu (PROUST, Prisonn., 1922, p.249). En pays de connaissance. Anton. en pays inconnu. Je cessai bientôt de m'interroger parce que j'avais l'impression d'être en pays de connaissance (SARTRE, Nausée, 1938, p.166).
Gagner (du) pays (vieilli). Faire du chemin, gagner du terrain. Prompt comme l'éclair [le lièvre], gagne pays, et puis s'arrête (FLORIAN, Fables, 1792, p.110).
Tirer pays (vieilli, pop.). S'enfuir. (Dict.XIXe et XXes.; J.-F. ROLLAND, Dict. mauv. lang., 1813, p.101).
Voir du pays. Effectuer de longs et lointains déplacements. Tu vas me suivre. —Quitter ma maison, je lui dis. —Cognac, il me dit, tu es jeune. Tu verras du pays et de la rigolade (SALACROU, Terre ronde, 1938, II, 1, p.173):
4. ... nous allons loin cette fois (...). On dit que le Petit Tondu, il nous emmène chez le Grand Mogol, quoi! au fin fond des Asies, en passant par chez les Cosaques et le Grand Turc... Ah! la la, on va en voir du pays; on va en manger des drôles de soupes...
ADAM, Enf. Aust., 1902, p.51.
Au fig. Faire voir du pays à qqn. Lui donner beaucoup de travail, lui faire éprouver de nombreux tourments. Synon. en faire voir (de toutes les couleurs). Et pour faire voir du pays à monsieur Fiodor, laissez-moi rire! Un homme de cette espèce-là, caressant et rusé comme une femme, aussi féroce qu'un petit chat! (BERNANOS, Joie, 1928, p.617).
À vue de pays. Sans connaître précisément la route à suivre, en se repérant sur le seul aspect des lieux. (Dict.XIXe et XXes.).
Au fig., vieilli. Au jugé, d'une manière approximative. Synon. à vue de nez. [Gobseck] pesa les pierres en évaluant à vue de pays (et Dieu sait comme!) le poids des montures (BALZAC, Gobseck, 1830, p.413). Quant à l'Académie (...) j'estimais à vue de pays que, du train dont nous y allons et pour peu que nous mourions encore, il [M. de Pontmartin] avait chance d'y arriver à son tour (SAINTE-BEUVE, Nouv. lundis, t.3, 1862, p.46).
b) Petite ville, village. Synon. fam. bled, coin, patelin. Le curé, l'instituteur du pays; habiter un petit pays, un pays perdu; rentrer au pays; c'est la fête au pays. Bien des filles du pays eussent voulu épouser ce bel homme; mais lui (...) les avait toutes évincées (CHÂTEAUBRIANT, Lourdines, 1911, p.57). On pénétrait dans le petit pays où il y avait quelques maisons, une usine de limonade et une gare de marchandise (TRIOLET, Prem. accroc, 1945, p.226):
5. ... elles passent, l'une après l'autre, la revue de tous les gens du pays qui auraient pu faire le coup... Il se trouve qu'il y en a des tas... Tous ceux-là qu'elles détestent, tous ceux-là contre qui elles ont une jalousie, une rancune, un dépit...
MIRBEAU, Journal femme ch., 1900, p.165.
c) P. anal. Grande ville, quartier d'une grande ville. Le pays Mouffetard a ses coutumes propres et des lois qui n'ont plus ni sens ni vigueur au delà du fleuve Monge (DUHAMEL, Confess. min., 1920, p.55). Curieux pays que Paris, où tous les possibles sont concevables, toutes les expériences permises (SCHAEFFER, Rech. mus. concr., 1952, p.74).
Pays latin (vieilli). Quartier latin. Un étudiant passait-il par là pour gagner le pays latin, sa vive imagination lui faisait comparer cette vie obscure et végétative à celle du lierre qui tapisse de froides murailles (BALZAC, Double fam., 1830, p.227). Ici [dans la rue Guy-de-la-Brosse] ne demeurent que de petits rentiers (...) des étudiants désireux d'étudier, de tout jeunes gens de lettres qui redoutent autour de leur solitude les tentations du pays latin (BOURGET, Disciple, 1889, p.12).
3. En partic. [Le pays est envisagé d'après différents points de vue, dans une accept. large ou restreinte]
a) [Du point de vue de sa géogr. phys.] Pays tempéré, de montagnes. Nous étions alors en novembre: le temps des pluies froides dans ces pays de plaine, où les vents de mer amènent sans cesse le brouillard (ERCKM.-CHATR., Hist. paysan, t.2, 1870, p.239). Les gens du Nord appellent la Provence un pays chaud... (COLETTE, Naiss. jour, 1928, p.31):
6. ...le contraste s'accuse entre le haut-pays dont le sol friable couvert d'une couche de terre noire a permis de pratiquer des clairières agricoles, et le bas-pays où la forêt de pins et de sapins, encore dominante, n'est interrompue que par des lacs et des marécages.
VIDAL DE LA BL., Princ. géogr. hum., 1921, p.189.
Le plat(-)pays. V. plat1 I A 1 b.
La Flandre. Avec la mer du Nord pour dernier terrain vague Et des vagues de dunes pour arrêter les vagues Et de vagues rochers que les marées dépassent Et qui ont à jamais le coeur à marée basse Avec infiniment de brumes à venir Avec le vent d'est écoutez-le tenir Le plat pays qui est le mien (J. BREL, Le Plat pays ds J. CLOUZET, Jacques Brel, Choix de textes, 1964, p.121).
SYNT. Pays accidenté, sauvage; pays pluvieux, du soleil; pays de forêts, de lacs; pays(-)bas, pays(-)haut; une étendue de pays.
Arg. (Les) pays-bas. Postérieur, sexe de la femme. (Ds FRANCE 1907, CELLARD-REY 1980).
P. méton. (Un, une) pays(-)chaud. Personne originaire d'un pays chaud. Il n'y entend rien [à la jalousie], votre Shakespeare. Son Othello n'est pas un jaloux, c'est un nègre, un pays chaud, passionné, brutal, rien de plus (A. DAUDET, Pte paroisse, 1895, p.89). J'ai voulu, la première année de notre mariage, secouer ma silencieuse oisiveté de petite pays-chaud (COLETTE, Cl. s'en va, 1903, pp.8-9).
b) [Du point de vue de son écon.] Pays fertile, industriel, en voie de développement; ressources d'un pays. On peut tourmenter impunément les hommes, mais on ne peut jamais les contraindre à ce genre de travail qui fait la richesse des pays agricoles (BAUDRY DES LOZ., Voy. Louisiane, 1802, p.336). L'industrie suisse est à la veille de grandes souffrances, les impôts vont aller toujours augmentant, le pays quoi qu'on en ait dit quelquefois est pauvre (GOBINEAU, Corresp. [avec Tocqueville], 1850, p.155):
7. ... l'inégalité dynamique entre les économies nationales (...) se prolonge par les formes nouvelles de compétition internationale dont font usage les grandes économies modernes. Celles-ci implantent dans des pays développés ou dans des pays à croissance retardée, des «blocs d'investissement» et des ensembles industriels.
PERROUX, Écon. XXes., 1964, p.189.
SYNT. Pays avancé, développé, florissant, neuf, prospère, riche; pays sous-développé, en voie de développement; pays de chasse, de pêche, de culture, d'élevage; pays exportateur, importateur; mise en valeur, modernisation du pays; balance commerciale, revenu national d'un pays.
Du pays. [En parlant d'une production, alimentaire notamment] Qui provient de la région dont il est question. Jambon, vin du pays; produits du pays. Les mousselines, les draps fins, ont dégoûté des toiles et des étoffes du pays (DUSAULX, Voy. Barège, t.1, 1796, p.84). Le pâté d'Armagnac, massif, fait à la graisse d'oie, garni de prunes du pays, croustillant et onctueux à la fois (PESQUIDOUX, Livre raison, 1928, p.163).
(C'est le) pays de (qqc.). Le pays, la région est réputé(e) pour telle ou telle production.
[Le compl. désigne une chose concr.] Le Bordelais est le pays des grands vins; la Hollande est le pays des tulipes:
8. Lorsque les hommes commencèrent à entrer en rapport par delà la barrière montagneuse qui borde la Méditerranée, le Sud représenta pour l'ultramontain le pays des fruits, de même que, par une généralisation semblable, l'Europe centrale apparut au méditerranéen comme le pays des forêts.
VIDAL DE LA BL., Princ. géogr. hum., 1921, p.81.
[Le compl. désigne une réalité abstr.] Angoulême, ce pays de plaisir, de bon temps et de rien-faire... (MICHELET, Journal, 1835, p.175). Daudet revenait sur cette idée que le Midi n'est pas le pays de la couleur des images (GONCOURT, Journal, 1894, p.544).
P. métaph. La poésie populaire est le pays de la licence, de toutes les licences; on pourrait même dire que la licence est la seule vraie règle de sa versification (GOURMONT, Esthét. lang. fr., 1899, p.265).
c) [D'un point de vue admin., jur., pol.] Pays démocratique, multinational; la juridiction d'un pays; gouverner un pays. Si la loi du pays prescrit la peine de mort pour tout vol domestique, tout domestique sait que s'il vole son maître, il s'expose à la mort (MAISTRE, Soirées St-Pétersb., t.1, 1821, p.248). Le mot d'ordre de l'URSS est de rejoindre et de dépasser les pays capitalistes les plus avancés (NIZAN, Conspir., 1938, p.66):
9. Les dispositions de la présente loi peuvent être invoquées par l'auteur de toute oeuvre littéraire, scientifique ou artistique publiée pour la première fois sur le territoire français ou sur le territoire des colonies françaises, des pays de protectorat ou placés sous mandat français.
Civilis. écr., 1939, p.16-12.
SYNT. Pays communiste, républicain, socialiste, totalitaire; administrer, diriger, gérer (les affaires d')un pays; législation, parlement d'un pays; monnaie du pays, structures du pays.
HISTOIRE
Pays de concordat. Province où les bénéfices étaient soumis au concordat passé entre François 1er et Léon X. (Dict.XIXes.). Anton. pays d'obédience.
Pays coutumier, de coutume. Province régie par des coutumes locales. (Dict.XIXe et XXes.).
Pays de droit écrit. Province où l'on suivait le droit romain. V. emphythéose ex.
Pays d'élection(s).
Pays d'états. Province où les impôts étaient décidés par l'assemblée des états provinciaux. La France (...) resta (...) divisée en «pays d'élections», où l'intendant, maître de sa généralité, ne redoutait que le parlement, et en «pays d'états», où il lui fallait compter avec les états provinciaux qui accrurent leur autonomie (LEFEBVRE, Révol. fr., 1963, p.107).
Pays de franc-salé. Le bassin de Laval, cette marche du Maine, fut, avant la Révolution, la limite entre les pays où se percevait la gabelle, et la Bretagne, pays de franc-salé, qui en était exempte (VIDAL DE LA BL., Tabl. géogr. Fr., 1908, p.324).
Pays de grande, de petite gabelle. Cette ancienne marche frontière entre pays de grande et de petite gabelle, abrutie durant des siècles par une surveillance et une répression féroces (H. BAZIN, Vipère, 1948, p.16).
Pays d'imposition. Province qui n'avait ni élections ni états, et où les intendants administraient les impôts. (Ds Lar. 20e-Lar. Lang. fr.).
Pays de nantissement.
Pays d'obédience. Anton. pays de concordat (v. supra).
Pays de sapience. La Normandie (en raison de la sagesse de sa coutume). (Dict.XIXe et XXes.).
d) [D'un point de vue intellectuel, relig.] Pays civilisé, policé; pays catholique, islamique, protestant; littérature, vie culturelle du pays. Sur les moeurs de l'Angleterre pays qu'il aime, comme pays de liberté, il nous cite ces curieuses anecdotes (GONCOURT, Journal, 1865, p.130). Je viens d'un pays barbare. Nous ne sommes chrétiens que depuis le douzième siècle (AUDIBERTI, Mal court, 1947, II, p.171):
10. ... quand leurs conquêtes [des Romains] se furent étendues en Afrique, en Sicile et en Grèce; quand ils se furent régalés aux dépens des vaincus dans des pays où la civilisation était plus avancée, ils emportèrent à Rome des préparations qui les avaient charmés chez les étrangers, et tout porte à croire qu'elles y furent bien reçues.
BRILLAT-SAV., Physiol. goût, 1825, p.264.
B. —Nation, région à laquelle on appartient par la naissance (la relation d'appartenance étant généralement indiquée par le possessif).
1. [Dans une accept. large] Nation d'origine, patrie. Pays d'origine; pays natal; la gloire, le salut du pays; défendre, sauver son pays; être au service de son pays; mourir pour son pays. Je ne crains rien tant, s'il s'agit de patriotisme, que de paraître enfler la voix; nos meilleurs motifs d'aimer et de servir notre pays sont d'ordre pratique, presque tangibles et, si je puis dire, personnels (BARRÈS, Cahiers, t.5, 1906, p.267). Rappelez-vous la formule finale du serment olympique: «... pour l'honneur de notre pays et la gloire du sport» (J.-R. BLOCH, Destin du S., 1931, p.128):
11. Comment! Cette Angleterre que vous chérissez tant, votre pays, celui de vos braves aïeux, cette terre que vous appelez depuis que vous êtes au monde!... Vous ne voulez plus rien faire pour elle?... Être rien pour elle?... Vous l'oubliez?
GOBINEAU, Pléiades, 1874, p.46.
2. [Dans une accept. restreinte] Province natale, village natal. Rentrer, retourner au pays, dans son pays. Nous avions déjeuné avec un jeune homme qui retourne dans l'île de Ré, son pays, après avoir fait un tour en Allemagne (MICHELET, Journal, 1835, p.171). C'est un Breton qui revient au pays natal Après avoir fait plusieurs mauvais coups (PRÉVERT, Paroles, 1946, p.79).
3. Loc. et expr.
(Avoir) le mal, la maladie du pays. Un homme dans un bouge assommant à coups de rouge le mal du pays (PRÉVERT, Paroles, 1946p.283).
(C'est un) enfant du pays. (C'est une) personne originaire du village, de la localité. Mais mon village qui n'avait pas vu naître Voussard (...) ne voulut pas l'adopter. Même à l'ancienneté, Voussard ne gagna point son grade d'«enfant du pays» (COLETTE, Mais. Cl., 1922, p.170).
(Entendre) causer, parler du pays (fig.). (Se faire) prendre à partie de façon brutale. Il y a eu beau tapage une minute passée (...). Ils se sont causé du pays un bon coup (AYMÉ, Jument, 1933, p.288).
Être bien de son pays (fig., vieilli). Ne rien connaître du monde, être simple, naïf. De quel pays venez-vous? D'où sortez-vous? Vous me paraissez bien de votre pays avec les majorités que vous vous promettez (MÉRIMÉE, Lettres Panizzi, t.1, 1861, p.173).
Nul n'est prophète en son pays.
C. P. méton.
1. Ensemble des habitants, des citoyens d'une nation. Il faut dire la vérité au pays; le pays se prononce par un vote; le pays fête son héros. Aujourd'hui, vous avez pour vous l'opinion publique, les magistrats, le pays tout entier qu'on insulte, qu'on outrage, qu'on veut tyranniser (SCRIBE, Bertrand, 1833, IV, 6, p.203). Le gouvernement va demander au pays un effort énorme (ROMAINS, Hommes bonne vol., 1938, p.160):
12. Malgré l'abomination des temps, un garçon de plus n'était pas de trop, chez le père Fouchard, dont les affaires prospéraient. Tandis que râlait le pays entier, saigné aux quatre membres, il avait trouvé le moyen d'élargir (...) son commerce de boucher ambulant...
ZOLA, Débâcle, 1892, p.504.
Pays légal
HIST. [Sous la monarchie censitaire] ,,Ensemble des citoyens qui remplissent les conditions du cens électoral, par opposition à suffrage universel`` (LITTRÉ). V. aussi légal ex. 3.
,,L'ensemble des citoyens disposant du droit de vote et les gouvernants choisis par ces citoyens`` (DEBB.-DAUDET Pol. 1981). Il y a une contradiction espagnole. Face au «pays légal», bloqué, il y a un «pays réel», fluide (L'Express, 12 avr. 1976, p.82, col. 2).
Pays réel. ,,L'ensemble des individus d'une nation qui, soit ne peuvent exprimer leurs choix politiques (absence de droit de vote), soit sont en désaccord avec les gouvernants en place`` (DEBB.-DAUDET Pol. 1981). Le gouvernement de Vichy, à la fin de la guerre, correspondait au pays légal mais non au pays réel (DEBB.-DAUDET Pol. 1981). Il est parfois question de «pays réel» derrière le «pays officiel»; on pourrait parler de même du XIXe siècle (HUYGHE, Dialog. avec visible, 1955, p.155).
2. Tout le pays. Population d'un village, d'une région. Ainsi raisonnait ce bon curé, regretté de tout le pays (COURIER, Pamphlets pol., Pétition pour vill., 1822, p.144). L'exode était attendu. Tout le pays se mettait aux portes (PESQUIDOUX, Livre raison, 1928, p.176).
D. P. anal. ou au fig. Domaine fabuleux, irréel, généralement peuplé d'êtres et de choses imaginaires, rêvés. Le pays des songes; Alice au pays des merveilles (de Lewis Carroll). La musique (...) les soulevait ensemble au pays du rêve, sur les ailes sans cesse élargies du rythme (ZOLA, Joie de vivre, 1884, p.888):
13. ... peu à peu, l'Espagne de ma carte devenait, sous la lampe, un pays de contes de fées. Je balisais ce fermier, ces trente moutons, ce ruisseau. Je portais, à sa place exacte, cette bergère qu'avaient négligée les géographes.
SAINT-EXUP., Terre hommes, 1939, p.145.
Pays bleu. Pays du rêve, de l'idéal (radieux comme le ciel bleu). Ô Lune (...) Du haut des pays bleus où, radieux sérail, Les astres vont te suivre en pimpant attirail (...) Vois-tu les amoureux (...)? (BAUDEL., Fl. du Mal, 1857, p.146). Voilà des petits garçons qui sont des conquérants et des petites filles qui sont des héroïnes (...). Ils sont venus (...) de la Grèce et de Rome, et des pays bleus, pour danser ensemble (A. FRANCE, Nos enfants, 1887, p.10).
Pays de Cocagne.
Pays du Tendre. [P. allus. au pays allégorique imaginé par Mlle de Scudéry au XVIIes.] De grands bourgeois (...) eux aussi rêvent à Mlle de Scudéry, au pays du Tendre, dont ce quartier était autrefois la capitale, à l'élite des précieuses (FARGUE, Piéton Paris, 1939, p.114).
Prononc. et Orth.: [pei], []. LITTRÉ, DG, PASSY 1914, BARBEAU-RODHE 1930, WARN. 1968 ont un [j] de transition, le plus souvent en combinaison avec []. Ainsi BARBEAU-RODHE 1930: [pei], [] et WARN. 1968: [], [] dans un ,,parler de ton soutenu``, [pei] dans le ,,parler courant``. PASSY 1914, en revanche, [pei], [peji]. MARTINON Comment prononce 1913, p.190, croit à la plus grande fréq. des prononc. sans [j]. Ac. 1694: pais, pays; dep.1718: pays. Étymol. et Hist.1. 2e moitié Xes. «région géographique habitée, plus ou moins nettement délimitée» (St Léger, éd. J. Linskill, 211: Tuit li omne de ciel païs, trestuit apresdrent a venir; Et sancz Lethgiers lis predïat); ca 1050 (St Alexis, éd. Chr. Storey, 182: Est vus l'esample par trestut le païs, Que cele imagine parlat pur Alexis); ca 1100 (Roland, éd. J. Bédier, 1859: Si lungement tuz tens m'avez servit, A oes Carlon si granz païs cunquis; 2333: Cunquis l'en [Charlemagne, par Durendal] ai païs e teres tantes...); début XIIes. (BENEDEIT, St Brendan, éd. E. G. R. Waters, 1821: Ja nuvele vait par païs [per partes terrarum] Que venuz est de paräis); 2. «division territoriale considérée des points de vue géographique et humain» a) ca 1100 désigne l'Espagne (Roland, 17, 134, 266); id. la Barbarie (ibid., 1236); id. la France (ibid., 1861); ca 1200 (JEAN BODEL, Saisnes, éd. F. Menzel et E. Stengel, 352: Alemaingne ont destruite le grant païs plenier); fin XIVes. li païs d'Engleterre (JEAN FROISSART, Chron., II, § 5, éd. S. Luce, t.9, p.6); av. 1514 pais de Savoie (J. LEMAIRE DE BELGES, Exploration de pitié ds OEuvres, éd. J. Stecher, t.4, p.173); b) 1315 selonc la coustume du pay (Cart. du Mont-S.-Mart., B.N. lat. 5478, fol. 132 r° ds GDF. Compl.); 1532 pays d'Anjou (BOURDIGNÉ, Faifeu, 22 ds HUG.); 3. contrée, territoire auquel on appartient, dont on est originaire ou dont on a la charge; patrie «ca 1100 (Roland, 3207: Jo [l'émir Baligant] vos durrai un pan de mun païs); début XIIes. (BENEDEIT, op. cit., 777: Puis revendras en tun païs [ad patriam tuam redibis], Ileoc muras ù tu nasquis); ca 1170 (MARIE DE FRANCE, Lais, éd. J. Rychner, Guigemar, 70: ...S'en vait li ber en sun païs Veeir sun pere e sun seignur); ca 1200 (CHASTELAIN DE COUCI [?] Chanson, éd. A. Lerond, XXV, 5: Cascuns pleure sa tere et son païs Quant se depart de ses carnels amis); 1269-78 p.ext. (JEAN DE MEUN, Rose, éd. F. Lecoy, 5004: Mout est chetis e fols naîs Qui croit que ci soit ses païs: N'est pas vostre païs en terre, Ce peut l'en bien des clers enquerre Qui Boëce De Confort lisent); loc. a) 1611 péj. estre bien de son païs «avoir la simplicité, la rusticité de son terroir» (COTGR.); b) du pays, de pays «du terroir dont on parle» 1671 langage du païs; raisins du païs (POMEY); 1798 vin de pays (Ac.); c) 1718 avoir la maladie du pays «en avoir la nostalgie» (Ac.); 4. p.ext. a) ca 1130 désigne l'enfer (Li Ver del Juise, 68 ds T.-L.: en enfer... lo doleros païs; b) «domaine attribué à différentes réalités ou abstractions» 1643 (CORNEILLE, Menteur, I, 1: Le pays du beau monde et des galanteries [les Tuileries]); 1668 (LA FONTAINE, Fables, III, 1: La feinte est un pays plein de terres désertes); 5. «contrée, région géographique considérée des points de vue physique, climatique» a) 1160-74 plain païs «terrain ouvert, rase campagne» (WACE, Rou, éd. A. J. Holden, II, 1056); 1376 plat païs (Modus et Ratio, 246, 33 ds T.-L.); b) 1256 caus paiis; froit paiis (Régime du corps de A. de Sienne, 50, 9: 50, 12 ds T.-L.); 1377 fort païs, bon païs «pays boisé» (GACE DE LA BUIGNE, Deduis, 9091; 10119); 6. ca 1274 «ensemble de gens habitant une contrée» (ADENET LE ROI, Berte, éd. A. Henry, 3272: Tous li païs i ert venus conmunaument; 3312: ...tres-tous li païs contre li acoroit); 7. «partie d'une nation considérée par rapport à certaines particularités administratives, économiques...» 1355 pays coustumier (Traité entre Charles de Navarre et Jean roi de France ds ISAMBERT, Rec. gén. anc. lois fr., t.4, p.738: bounes genz... de la Languedoïl et du pays coustumier); 1510 pays de droit écrit (Coutume d'Auvergne ds Nouv. coutumier gén. éd. Bourdot de Richebourg, t.4, p.1174a); 1690 pays d'Estats; pays d'Election (FUR.). Du b. lat. pagensis propr. «habitant du pagus, du canton» (2e moitié VIes., GRÉGOIRE DE TOURS ds BLAISE Lat. chrét.); «compatriote» (fin VIIIe-déb. IXes., Capit. Car. Magni ds BLAISE Latin. Med. Aev.); «paysan, campagnard» (IXes., AGOBARD, ibid.) cf. paysan. Pagensis a, dans ces sens, évincé paganus (autre dér. de pagus, v. de mot) lorsque ce dernier désigna les païens (v. ce mot). La désignation du «pays» par pagensis s'explique prob. par sa qualification, dans un 1er temps, d'un subst. désignant un territoire: ager, territorium... (Few t.7, p.471b). Bbg. DUB. Pol. 1962, p.370. —QUEM. DDL t.13, 14. —RABOTIN (M.). Le Vocab. pol. et socio-ethnique à Montréal de 1829 à 1842. Paris-Bruxelles, 1975, p.81, 84.
II.
⇒PAYS2, PAYSE, subst.
Région., fam. Personne originaire du même village, de la même région qu'une autre personne. Synon. compatriote. Quant à madame Correur, elle venait d'accepter le bras d'un lieutenant de dragons, un pays à elle, qui lui devait un peu son épaulette (ZOLA, E. Rougon, 1876, p.105). Maître Nicolas (...) lui confia qu'il était natif, comme elle, des Marches de Lorraine (...). Elle lui répondait avec confiance, comme payse à pays et amie à ami (A. FRANCE, J. d'Arc, t.2, 1908, p.243).
En partic., au fém. Promise, fiancée. Si je ne devais pas fidélité à une certaine payse dont le nom respectable est inscrit sur mon bras gauche, j'aurais déjà offert mon coeur et ma main, n'importe laquelle, à la dite citoyenne (FEUILLET, Bellah, 1850, p.40). Après avoir échangé un serment dans la langue locale, l'ouvrier saisonnier ou le soldat laisse au village sa payse, sa «promise» (Brie), sa «blonde» (Beauce) (MENON, LECOTTÉ, Vill. Fr., 1, 1954, p.106).
Prononc. et Orth.:[pei], [], [-i:z]. Att. ds Ac. dep.1798. Étymol. et Hist. 1605 pays masc. «compatriote» (Discours faict au Roy par Mathault, n'aguières venu de Paradis, 38 ds QUEM. DDL t.19: Et quoy pays? ... l'on ne boit, ny ne mange ceans?), cf. NICOT 1606, s.v. lanceman, p.366 et FUR. 1690; 1788 payse fém. (FÉR. Crit.). Tiré de pays1 [l'attest. de payse, JEAN LEMAIRE DE BELGES ds OEuvres, J. Stecher, t.4, p.455 semble douteuse, v. FEW t.7, p.472a, note 13].
STAT.Pays1 et 2. Fréq. abs. littér.:22121. (payse: 22). Fréq. rel. littér.:XIXes.: a) 36642, b) 29372; XXes.: a) 31339, b) 28223.

1. pays [pei] n. m.
ÉTYM. V. 1360, Froissart; païs, Xe; du bas lat. page(n)sis « habitant d'un pagus » (bourg, canton), et, par ext., le pagus lui-même.
1 Territoire habité par une collectivité (nation, région, province, canton, commune), et constituant avec sa population une réalité géographique dénommée.
a (Nation). || Les divers pays du monde, de l'Europe. État, nation (→ Attendre, cit. 90; diplomatie, cit. 1; équilibre, cit. 24). || La France (le Canada, l'Espagne…) est un pays qui… (→ Discorde, cit. 4; exportateur, cit.; gitan, cit. 1). || Les pays de l'Union européenne, de l'OTAN, les pays occidentaux. || Les pays du pacte de Varsovie. || Le pays d'Égypte (→ Abondance, cit. 10), d'Israël (→ Dent, cit. 13), de la Judée (→ Englober, cit. 1). || Le pays russe (→ Impénétrabilité, cit. 4)… || Grands (cit. 23) et petits pays (→ Capitale, cit. 3). || Les pays germaniques (→ Agrandir, cit. 10), de race slave, catholiques, protestants (→ Galanterie, cit. 10). || Les pays arabes, d'Islam, islamiques. || Pays barbare, civilisé, policé (→ Dette, cit. 10; habitant, cit. 12). || Pays libres, démocratiques (cit. 2), totalitaires… État (→ Inamovibilité, cit. 3; inquisiteur, cit. 4; investissement, cit. 2). || Pays riches, pauvres, développés, sous-développés, en voie de développement. || Les pays les moins avancés. 1. P. M. A. || Les pays du tiers monde. || Pays industriels (cit. 2), agricoles. || Pays exportateurs de pétrole. || Pays autrefois possesseur de colonies. Empire. || Pays neufs. || Les vieux pays.Dans tous les pays, de tous les pays, en tout pays (→ Adorer, cit. 3; aristocrate, cit. 2; meeting, cit. 2). || De quel pays êtes-vous ? (→ Huron, cit. 1). || Pays d'origine d'un immigré (cit.). || Le pays où ils sont nés, le pays natal. Sol (→ Capital, cit. 2; 3. mal, cit. 23). || Les autochtones, les habitants, les indigènes, les naturels d'un pays ( Naturaliser). || S'acclimater à un pays. || Les pays étrangers. Étranger, n. m. (→ Discipline, cit. 3; glacer, cit. 15). || Je veux quitter ce pays et m'expatrier (cit. 4). Émigrer. || Entrer dans un pays. Immigration, immigrer. || « Le bon historien n'est d'aucun temps ni d'aucun pays » (→ Flatter, cit. 45, Fénelon). || Bornes, frontières d'un pays. || Place qui commande l'entrée d'un pays ( Clé). || Pays envahi, occupé.Le pays de qqn, son pays.Aimer, détester un pays. || Quel beau pays ! || Quel sale pays, quel pays pourri !
1 Ce n'est pas assez d'écrire et de flatter le pays où l'on est, il faut songer aux hommes de tous les pays.
Voltaire, Correspondance, 2036, 9 nov. 1761.
2 (…) quand la liberté a disparu, il reste un pays, mais il n'y a plus de patrie.
Chateaubriand, Mémoires d'outre-tombe, t. IV, p. 299.
3 L'Angleterre est un empire, l'Allemagne un pays, une race; la France est une personne.
Michelet, Hist. de France, III.
4 — Mais c'est donc tous des gredins dans ce pays ? (…) hurla le malheureux Tarasconnais (…)
— Mon cher, vous savez, les pays neufs (…)
Alphonse Daudet, Tartarin de Tarascon, III, VII.
5 Le pays où s'est formée la nation française a agi sur elle à la fois par sa nature, qui a déterminé le genre de vie des habitants, et par sa position, qui a décidé les relations de son peuple avec les autres peuples du monde.
Ch. Seignobos, Hist. sincère de la nation franç., I.
6 Entre une terre et le peuple qui l'habite, entre l'homme et l'étendue, la figure, le relief, le régime des eaux, le climat, la faune, la flore, la substance du sol, se forment peu à peu des relations réciproques qui sont d'autant plus nombreuses et entremêlées que le peuple est fixé depuis plus longtemps sur le pays.
Valéry, Regards sur le monde actuel, p. 117.
6.1 Au lendemain de la Seconde Guerre, l'agonie du colonialisme, la rapidité des communications, la création des Nations Unies et une réaction mondiale contre le racisme et les exactions nazies ont créé de nouvelles solidarités internationales, à base d'égalité de droits, qui se sont concrétisées lors de l'expression pays sous-développés (…) devenue dans la suite, par pudeur, pays en voie de développement.
A. Sauvy, Croissance zéro ?, p. 291.
Allus. hist. : || « Prolétaires de tous pays, unissez-vous », dernière phrase du Manifeste du parti communiste, de Marx et Engels.
Par métonymie. Les habitants, la population de ce pays. Nation, peuple. || Tout le pays célébrait la fête (→ Athénien, cit. 1). || Tout le pays crut à l'innocence de Dreyfus (→ Fluctuation, cit. 4), tous les Français, la France entière. || Malentendu (cit. 5) entre le pays et ses représentants. || La volonté du pays (→ Dissoudre, cit. 5). || Le pays demande, a besoin… (→ Mutuel, cit. 3). || Le pays est écœuré (cit. 4) des abus du pouvoir.Spécialt. || Pays légal.
7 Je ne sais pourquoi les historiens (…) ne soulignent pas ce grand fait que me représente la transformation de Paris en organe central de confrontation et de combinaison, organe non seulement politique et administratif, mais organe de jugement, d'élaboration et d'émission, et pôle directeur de la sensibilité générale du pays.
Valéry, Regards sur le monde actuel, p. 125.
b (Province, circonscription). Anc. Dr. || Pays d'État, pays d'élection, pays coutumiers (cit. 6), pays de droit écrit… dans la France de l'Ancien Régime (→ Fédéraliste, cit.; fédération, cit. 1 et 7). || Pays de grande gabelle (cit. 2). → Dévorer, cit. 20. || Les pays conquis, annexés depuis Louis XIII. || Les mœurs de ce singulier pays (→ 1. Goutte, cit. 9).(Dans des noms). || Le pays de Gex, le pays de Caux, le pays d'Auge… || Le pays breton : la Bretagne.Le pays basque (→ Hommage, cit. 29). Ce syntagme est plus courant de par l'absence de substantif.
c Vieilli ou régional. Village ou petite ville. || « Un petit pays de douze ou quinze feux » (→ Magister, cit. 1). || Il habite un pays perdu, un petit pays au fin fond de l'Auvergne. Bled, patelin, trou. || Ils habitent le même pays, ils sont du même pays ( 2. Pays).
Vx. || Le pays latin : le quartier latin (→ Avaler, cit. 8).
8 J'aime la rue Mouffetard (…) Le pays Mouffetard a ses coutumes propres et des lois qui n'ont plus ni sens ni vigueur au delà du fleuve Monge.
G. Duhamel, Salavin, I, V.
Loc. fig. Se croire en pays conquis.
Absolt. || Le pays, la région, la partie de pays dont il est question. Coin, endroit, région. || Les gens du pays. Indigène, naturel, natif (→ Gras, cit. 35; instinct, cit. 30; jocrisse, cit. 2; navet, cit. 2). || Habitudes (cit. 16), traditions, langage… du pays (→ Intelligible, cit. 6; indistinctement, cit. 2). || Être connu, être nouveau dans le pays (→ Lin, cit. 1). || Il n'est pas du pays (→ Matériel, cit. 13). || En usage dans le pays (→ Grand, cit. 15; levée, cit. 1). || La gazette (cit. 5) du pays. || Battre, courir le pays, tout le pays. || Produits du pays. || Vins du pays. Cru, terroir. || Vin de pays.
Par métonymie. Les gens, les habitants de la région, de la ville (→ Légitime, cit. 5; opérer, cit. 3). || Tout le pays en a parlé.
2 Le pays de qqn, son pays : la nation, la région, le lieu considéré comme sa patrie. Patrie.
a (Nation). || Mourir pour son pays (→ Immortaliser, cit. 2; moissonner, cit. 7). || Livrer (cit. 9) son pays. || Dévoué aux intérêts de son pays (→ International, cit. 1). || Sauver son pays (→ Inondation, cit. 5). || Notre pays (→ Fonder, cit. 8; français, cit. 10). Compatriote, concitoyen. || Faire honneur à son pays (→ Allouer, cit.). || Suivre les mœurs (cit. 12), les lois de son pays (→ Autorité, cit. 20; opinion, cit. 10). || « Et qui sert son pays n'a pas besoin d'aïeux » (cit. 7, Voltaire).Le pays de Shakespeare, de Molière…, l'Angleterre, la France. || C'est au pays de Voltaire que la foi (cit. 39) est la plus sérieuse.Absolt. || « Mourir pour le pays est un si digne sort… » (→ Briguer, cit. 4, Corneille). || Pas une de ses pensées qui ne fût pour le pays (→ Idolâtre, cit. 8). || Le salut du pays (→ Innocent, cit. 14), la gloire du pays (→ Insouciant, cit. 6).Le mal (cit. 22, 23 et 25) du pays.N. B. Se dit également de la nostalgie de la « petite patrie ».
9 Qui meurt pour le pays vit éternellement.
R. Garnier, Porcie, II, v. 589.
10 Combien j'ai douce souvenance
Du joli lieu de ma naissance !
Ma sœur, qu'ils étaient beaux les jours
De France !
Ô mon pays, sois mes amours
Toujours !
Chateaubriand, Poésies diverses, Souvenir du Pays de France, Œ. compl., t. III, p. 555.
11 Puis, à l'aspect de ces riches et sublimes tableaux, je pensais amèrement au mépris que nous professons, jusque dans nos livres, pour notre pays d'aujourd'hui. Je maudissais ces pauvres riches qui, dégoûtés de notre belle France, vont acheter à prix d'or le droit de dédaigner leur patrie en visitant au galop, en examinant à travers un lorgnon les sites de cette Italie devenue si vulgaire.
Balzac, la Femme de trente ans, Pl., t. II, p. 776.
12 Tout homme a deux pays, le sien et puis la France !
H. de Bornier, la Fille de Roland, III, 2.
13 La patrie, c'est bien en effet la grande amitié qui contient toutes les autres. J'aime la France, parce qu'elle est la France, et aussi parce que c'est le pays de ceux que j'aime et que j'ai aimés.
Michelet, le Peuple, III, 1.
13.1 Mon pays ce n'est pas un pays c'est l'hiver.
Gilles Vigneau, Mon pays (chanson).
Figuré :
14 Chacun est du climat de son intelligence;
Je suis concitoyen de toute âme qui pense :
La vérité, c'est mon pays !
Lamartine, Poésies diverses, Marseillaise de la Paix (→ Patrie, cit. 11).
b (Région, ville, village). || Elle a quitté le village où elle était née, pour aller loin de son pays (→ Dot, cit. 6). || Il était (cit. 73) de Brignoles, et de son pays par l'accent. || Il est bien de son pays, on voit bien qu'il n'en est guère sorti. Clocher (il n'a pas quitté son); campagne. || Ces moulins faisaient (cit. 35) la joie et la richesse de notre pays (→ Meunerie, cit.). || Le pays de ses parents (→ Incartade, cit. 6). || La Gascogne, pays de Montesquieu et de Montaigne (→ Indifférence, cit. 10). || Revenir dans son pays. — ☑ Prov. Nul n'est prophète en son pays (→ Ailleurs, cit. 1).Absolt. || Ils parlèrent des choses du pays (→ Bâbord, cit. 2). || Le mal du pays. || Quitter le pays, revenir au pays. Foyer.
15 Pays, Patrie, ces deux mots résument toute la guerre de Vendée; querelle de l'idée locale contre l'idée universelle, paysans contre patriotes
Hugo, Quatre-vingt-treize, III, I, VI.
c Le pays de (qqch.) : terre d'élection, milieu particulièrement favorable à, riche en… || L'Allemagne, pays de la musique. Foyer, patrie. || Les pays du soleil (→ Mystère, cit. 12), du perpétuel été (→ Devoir, cit. 10). || Banlieue (cit. 2), pays des petites maisons… || Agen, pays des pruneaux.
Le pays de… (et n. de personne au plur.) : celui qui convient à… || La Bourgogne, le Bordelais, pays des amateurs de bons vins.
3 Région géographique, plus ou moins nettement limitée, considérée dans son aspect physique ou humain. Contrée, endroit, lieu, région. || Description des pays et des continents. Géographie. || Des pays chauds, froids, tempérés… humides, arides, nus, déserts… (→ Aride, cit. 2; dune, cit. 2; erg, cit. 2; irrigation, cit. 2; moscovite, cit. 1). || Pays du Nord, du Midi (cit. 13). || Un pays plat, accidenté, de plaines, de montagnes… (→ Caillouteux, cit. 1; désert, cit. 4; mamelonné, cit.; montée, cit. 9). || Pays plat. || Le plat pays : spécialt, les Flandres. || Le haut, le bas pays : région haute, basse. || Pays de forêts, de vignes (→ Bien-être, cit. 5; fardier, cit. 1). || Pays de petite ou de grande culture (cit. 3), d'élevage… || « Connais-tu le pays où fleurit (cit. 2) l'oranger ? » || Pays voisins, d'alentour. Parage, zone (→ Bain, cit. 9; friche, cit. 2; mystique, cit. 2). || Pays proches de la mer. Bord. || Un voyage en lointain pays (→ Assez, cit. 40, La Fontaine). || Pays perdu (→ Balayer, cit. 16). || Nos pays : les pays situés dans la même zone de la planète que celui du locuteur (→ Chaleur, cit. 2; invraisemblable, cit. 1). || Loin de nos pays, en d'autres pays. Ciel (cieux), climat. — ☑ Fig. Être en pays de connaissance, en pays inconnu (→ Emprunter, cit. 27).
16 (…) tout ce pays était fleuri comme un éden (…)
Loti, Mon frère Yves, L.
17 Je demandais pour le cas où il arriverait n'importe quoi à ma belle-mère et où elle aurait besoin de ne pas se sentir là-bas en pays perdu, si vous y connaissez du monde ?
Proust, À la recherche du temps perdu, t. I, p. 180.
18 Voilà un pays de belle chasse, broussailleux, boisé (…) peuplé de bêtes dessus et dessous ! Un pays frémissant de bruits d'ailes, de galopades furtives, mystérieux et terrible avec ses tentations vivantes (…)
M. Genevoix, Raboliot, III, III.
4 (Au sing. seulement). Vx. (Dans des loc.). Terrain, espace plus ou moins étendu. Terrain, terre.Gagner du pays, gagner pays : gagner du terrain, prendre de l'avance.Tirer pays : s'en aller, s'enfuir.Battre du pays : parcourir beaucoup de lieux différents.
19 Je ne vous dis point tous les pays que j'ai battus, ni tous les chemins que fait mon imagination (…)
Mme de Sévigné, 808, 11 mai 1680.
Fig. || Des étendues de pays (→ Extension, cit. 12). || Dix lieues carrées de pays invendables (→ Négrier, cit. 1).
Mod.Voir du pays : voyager.Faire voir du pays à qqn, lui en faire voir. — ☑ Vieilli. À vue de pays. Vue.
(Pays imaginaires). || Le pays des fées (→ Attente, cit. 11), des enchanteurs.Spécialt. || Pays de Cocagne (cit. 2) : pays fabuleux où tous les biens sont en abondance (→ Exclure, cit. 12; macaronique, cit. 1). Eldorado.
Par métaphore. Domaine, royaume. || La science conquiert des pays nouveaux, inconnus. || Le pays des chimères (→ 1. Idéal, cit. 1). || Voyager au pays des rêves. || Ce n'est point ici le pays de la vérité (→ Errer, cit. 14). || Le pays des âmes : l'au-delà (Chateaubriand).
20 Quelque découverte que l'on ait faite dans le pays de l'amour-propre, il y reste encore bien des terres inconnues.
La Rochefoucauld, Réflexions morales, 3.
21 (…) ce pays où l'amour l'a conduite et que la souffrance lui a expliqué, et qui s'appelle le bonheur.
Claudel, Positions et Propositions, Heures du foyer.
DÉR. Paysage, paysan.
COMP. Arrière-pays. — Dépayser.
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2. pays, payse [pei, peiz] n.
ÉTYM. 1605 au masc., in D. D. L.; au fém., 1765; attestation isolée, 1512; → 1. Pays.
Régional (ou stylistique : par plais., iron.). Personne du même pays (au sens de « région », « village »). Compatriote. || Rencontrer un pays, une payse. || C'est sa payse. || Bonjour, pays !
1 À Rouen, où Jacques arriva à cinq heures moins vingt, il descendit, près de la gare, dans une auberge que tenait une de ses payses.
Zola, la Bête humaine, XI.
2 Un seul soir il s'était grisé avec des pays, parce que c'est l'usage; ils étaient rentrés au quartier, toute une bande se donnant le bras, en chantant à tue-tête.
Loti, Pêcheur d'Islande, II, V.
3 (…) ce peuple sacrifié, qu'a défendu jadis contre l'égoïsme des grands mon « pays », le vieux Vauban aux yeux bleus.
R. Rolland, Jean-Christophe, Dans la maison, I, p. 947.
CONTR. Étranger.

Encyclopédie Universelle. 2012.