CARIBBEAN BASIN INITIATIVE
CARIBBEAN BASIN INITIATIVE (C.B.I.)
En 1982, le gouvernement des États-Unis conçoit un projet économique et commercial relatif à la région des Caraïbes, zone géostratégique de première importance pour l’État fédéral. Soumis au Congrès en accord avec le Canada, le Mexique, le Venezuela et la Colombie, le Caribbean Basin Initiative (C.B.I., Projet pour le bassin des Caraïbes), présenté comme plan d’aide économique aux pays des Caraïbes, s’inscrit dans une stratégie plus large de contrôle économique et politique de cette partie du monde, lieu de passage de deux tiers des importations des États-Unis. Agréé en août 1983 par l’Assemblée fédérale, le C.B.I. entre en vigueur le 1er janvier 1984. Le développement des investissements et des relations commerciales des États-Unis est ainsi prévu avec vingt-deux pays des Caraïbes et de l’Amérique centrale: les West Indies (Caraïbes anglophones), pays membres du Commonwealth (Antigua-et-Barbuda, Barbade, Dominique, Grenade, îles Vierges, Jamaïque, Montserrat, Saint-Christophe et Niévès, Sainte-Lucie, Saint-Vincent et les Grenadines, Trinité-et-Tobago), la Guyana, le Belize, la république Dominicaine, Haïti, les Antilles néerlandaises et le Suriname, le Costa Rica, le Guatemala, Salvador, le Honduras et Panamá. Le Nicaragua, Cuba, les territoires dépendant de la France (Guadeloupe, Martinique, Guyane) et la Grenade sont exclus.
Entre-temps, en octobre 1983, 6 000 Marines américains ont débarqué dans cette dernière île, en accord avec plusieurs pays des Caraïbes orientales qui désapprouvent le gouvernement de Maurice Bishop, proche du régime cubain, établi à la Grenade depuis 1979. Un accord militaire et stratégique est conclu entre Saint-Vincent, Sainte-Lucie, la Barbade, la Dominique et Trinité-et-Tobago en novembre 1983, sous l’égide de la Grande-Bretagne et des États-Unis, ces derniers augmentant le montant de leur aide militaire aux Caraïbes orientales (excepté Saint-Vincent).
Malgré l’objectif d’établissement d’une zone de libre-échange affirmé par les promoteurs du C.B.I., un système de taxes ferme le marché nord-américain à des produits d’exportation pourtant essentiels aux tentatives de rééquilibrage de la balance commerciale des pays participant au projet. Les désillusions engendrées par le protectionnisme des entreprises et des marchés nord-américains d’un côté et, de l’autre, par des inégalités persistantes de développement économique et de capacité d’ouverture aux investissements étrangers entre pays des Caraïbes mêmes et Amérique centrale ne font que s’amplifier. Elles incitent certains gouvernements, des pays anglophones notamment, à renforcer les organismes communautaires des Caraïbes créés pendant les années 1970, après les indépendances. Ainsi les pays membres du Caricom — Marché commun des Caraïbes fondé en 1973 par les pays des Caraïbes membres du Commonwealth pour remplacer le Carifta (Association de libre-échange des États caraïbes) — établissent-ils entre eux un système de libre-échange en 1988. Leur dépendance à l’égard de l’assistance et des marchés internationaux ne s’en accroît toutefois que davantage chaque année.
Encyclopédie Universelle. 2012.