dérision [ derizjɔ̃ ] n. f.
• XIIIe; bas lat. derisio, de deridere « se moquer de »
1 ♦ Mépris qui incite à rire, à se moquer de (qqn, qqch.). ⇒ dédain, ironie, mépris, persiflage, raillerie, 1. risée, sarcasme. Dire qqch. par dérision. Rire, gestes de dérision. Parler de qqch. avec dérision. « Le ton dominant de l'institution était la dérision de toute sensiblerie et l'exaltation des plus rudes vertus » (Larbaud). « Pour les intellectuels, je n'ai que mépris et dérision » (Duhamel). TOURNER EN DÉRISION : se moquer d'une manière méprisante de.
2 ♦ Chose insignifiante, dérisoire. Dix francs ! c'est une dérision.
⊗ CONTR. Considération, déférence, estime, respect.
● dérision nom féminin (bas latin derisio, -onis) Moquerie dédaigneuse, raillerie mêlée de mépris, sarcasme : Ses avances furent accueillies avec dérision. Ce qui est dérisoire, insignifiant : C'est une dérision que de vouloir faire cela avec si peu de moyens. ● dérision (expressions) nom féminin (bas latin derisio, -onis) Dérision du Christ, nom donné à certaines scènes de la Passion. (Flagellation, Couronnement d'épines, Ecce Homo.). Tourner quelque chose, quelqu'un en dérision, s'en moquer. ● dérision (synonymes) nom féminin (bas latin derisio, -onis) Moquerie dédaigneuse, raillerie mêlée de mépris, sarcasme
Synonymes :
- dédain
- ironie
- mépris
- réprobation
- risée
Contraires :
- déférence
- respect
- sérieux
Ce qui est dérisoire, insignifiant
Synonymes :
Tourner quelque chose, quelqu'un en dérision
Synonymes :
- charge
- moquerie
- sarcasme
dérision
n. f. Moquerie méprisante. Je disais cela par dérision. Tourner (qqn, qqch) en dérision: se moquer de manière méprisante de (qqn, qqch).
⇒DÉRISION, subst. fém.
A.— Moquerie, raillerie mêlées de mépris. Dérision du sort; amère, véritable dérision; objet de dérision. En 1789, celui qui a bien mérité d'être appelé par dérision le divin marquis appelait de la Bastille le peuple au secours des prisonniers (ÉLUARD, Donner, 1939, p. 82) :
• 1. Il voulut connaître toute l'étendue du mal, et, à cet effet, sortit un peu de ce silence hautain et obstiné avec lequel il repoussait ses camarades. Ce fut alors qu'on se vengea de lui. Ses avances furent accueillies par un mépris qui alla jusqu'à la dérision.
STENDHAL, Le Rouge et le Noir, 1830, p. 179.
♦ Tourner en dérision. Tourner en ridicule :
• 2. Les moteurs puissants que sont le besoin sexuel, l'instinct de conservation et la volonté d'acquérir sont constamment tenus en échec par le désir encore plus puissant de jouir de l'estime de ses compagnons. Chez les Crow, les « parents de plaisanteries » d'un individu, soit les enfants des membres du clan de son père, avaient le droit de se moquer de sa couardise ou de tourner en dérision toute autre infraction qu'il aurait commise contre les lois; ...
LOWIE, Manuel d'anthropol. culturelle, 1936, p. 311.
♦ Être, finir en dérision. Si on lui avait prédit qu'elle finirait ainsi, en dérision et en misère (LOTI, Pêch. Isl., 1886, p. 221).
B.— P. ext. et p. méton. Objet sans importance, insignifiant, méprisable :
• 3. La vertu meurt, mais renaît plus farouche encore. Elle crie à tout venant une fracassante charité, et cet amour du lointain qui fait une dérision de l'humanisme contemporain. À ce point de fixité, elle ne peut opérer que des ravages. Un jour vient où elle s'aigrit, la voilà policière, et, pour le salut de l'homme, d'ignobles bûchers s'élèvent.
CAMUS, L'Homme révolté, 1951, p. 345.
Rem. On rencontre ds la docum. a) Le subst. masc. dériseur, vieilli et rare, qui est un empr. au lat. Celle, celui qui tourne en dérision les choses habituellement tenues pour sérieuses. Bianchon se glissa dans Saint-Sulpice, et ne fut pas médiocrement étonné de voir le grand Desplein, cet athée (...) cet intrépide dériseur, humblement agenouillé (BALZAC, Messe athée, 1836, p. 90). b) L'adj. dérisionnaire. Qui pratique la dérision. De même qu'une femme ivrognesse fait un spectacle infiniment plus douloureux qu'un homme soûl, (...) de même un vieillard dérisionnaire fait un scandale affreux, alors que les moqueries du jeune homme sont si souvent pleines de grâce et d'un amour secret (PÉGUY, Argent, 1913, p. 1282).
Prononc. et Orth. :[]. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 1. 1262 « moquerie, raillerie » par derisïon (J. LE MARCHAND, Miracles N.-D. Chartres, 113 ds T.-L.); 1657 tourner en dérision (BOSSUET, Vict.[or] [Panégyrique de St Victor], 1 ds LITTRÉ); 2. 1806 « chose de peu d'importance qui suscite le mépris, moqueur » (COURIER, Lettres Fr. et It., p. 701 : n'ayant point d'artillerie — car nos pièces de montagne c'est une dérision — je fais l'aide de camp). Empr. au lat. impérial derisio « moquerie, dérision » formé sur le supin derisum de deridere « se moquer de, bafouer ». Fréq. abs. littér. :458. Fréq. rel. littér. :XIXe s. : a) 657, b) 317; XXe s. : a) 558, b) 880.
dérision [deʀizjɔ̃] n. f.
ÉTYM. 1262, « moquerie, raillerie »; bas lat. derisio, de derisum, supin de deridere « se moquer de ». → Dérider.
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1 Mépris qui incite à rire, à se moquer de (qqn, qqch.). ⇒ Dédain, ironie, mépris, moquerie, persiflage, plaisanterie, raillerie, risée, sarcasme; satire. || Dire qqch. par dérision. || Rire, gestes de dérision. || Objet de dérision.
♦ ☑ (1657). Tourner en dérision : se moquer d'une manière méprisante de (qqn, qqch.). ⇒ Moquer (se), railler. || Tourner un livre en dérision par une contrefaçon ingénieuse.
1 Et tout le peuple même avec dérision,
Observant la rougeur qui couvrait mon visage (…)
Racine, Esther, III, 1.
2 Voyez comment, pour multiplier ses plaisanteries, cet homme (Molière) trouble tout l'ordre de la société; avec quel scandale il renverse tous les rapports les plus sacrés sur lesquels elle est fondée, comment il tourne en dérision les respectables droits des pères sur leurs enfants, des maris sur leurs femmes, des maîtres sur leurs serviteurs !
Rousseau, Lettre à d'Alembert.
3 Le ton dominant de l'institution était la dérision de toute sensiblerie et l'exaltation des plus rudes vertus.
Valery Larbaud, Fermina Marquez, I, p. 10.
4 Je crois avoir déclaré que, pour les intellectuels, je n'ai que mépris et dérision.
G. Duhamel, Cri des profondeurs, IV, p. 71.
2 (1806). Chose insignifiante, dérisoire. || Dix francs ! c'est une dérision. || C'est une dérision que de vous offrir un tel cadeau (⇒ Dérisoire).
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CONTR. Admiration, considération, déférence, estime, exaltation, respect, révérence.
COMP. Autodérision.
Encyclopédie Universelle. 2012.