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dévoyer

dévoyer [ devwaje ] v. tr. <conjug. : 8>
• 1155 intr.; de dé- et voie
Littér. Détourner (qqn) du droit chemin, de la morale. pervertir. « Ils accusaient sa liaison [...] de l'avoir “dévoyé”, en attendant qu'il se “déclassât” complètement » (Proust). Cour. Pronom. (réfl.) Se dévoyer. dévoyé.

dévoyer verbe transitif (de voie) Littéraire Détourner quelqu'un du droit chemin, le dégrader moralement, le pervertir. Détourner le sens d'un mot de son acception première. Déplacer de la ligne verticale un conduit, un tuyau. Dans un triage, diriger un wagon sur une autre voie que celle prévue, soit par erreur, soit volontairement, pour éviter le rattrapage d'un wagon moins bon rouleur. ● dévoyer (difficultés) verbe transitif (de voie) Littéraire Conjugaison Attention, le y devient i devant e muet : il se dévoie mais il se dévoyait. - Bien noter le i après le y aux première et deuxième personnes du pluriel, à l'indicatif imparfait et au subjonctif présent : (que) nous dévoyions, (que) vous dévoyiez. ● dévoyer (synonymes) verbe transitif (de voie) Littéraire Détourner quelqu'un du droit chemin, le dégrader moralement, le pervertir.
Synonymes :
- dépraver
- dévergonder
- perdre
- pervertir

dévoyer
v. tr. Détourner du droit chemin. Les mauvaises fréquentations l'ont dévoyé.
|| v. Pron. Se détourner du droit chemin.

⇒DÉVOYER, verbe trans.
A.— Détourner du chemin, de la voie :
1. Il [lièvre] va, tourne, revient, aux mêmes lieux repasse,
Saute, franchit un long espace
Pour dévoyer les chiens, et, prompt comme l'éclair,
Gagne pays, et puis s'arrête.
FLORIAN, Fables, 1792, p. 110.
TECHNOL. ,,Dévoyer un tuyau de cheminée, de descente, etc. Le détourner de la ligne verticale, lorsqu'il rencontre un obstacle`` (Ac. 1835-1932), cf. dévoiement.
P. métaph. Détourner de la voie que l'on estime être ou qui était jusque là la sienne :
2. Avec mon impressionnabilité trop sympathique, je me laisse toujours troubler et dévoyer par les autres, influencer et démagnétiser par mon milieu.
AMIEL, Journal intime, 1866, p. 520.
3. Mais ce qui le dévoyait surtout, c'était d'être devenu timide, en tombant amoureux. Il n'avait plus sa décision, sa hâte d'aller au but, goûtant au contraire des joies paresseuses à ne rien brusquer.
ZOLA, Pot-Bouille, 1882, p. 235.
Emploi pronom. réfl. :
4. Lecomte, tout en étant de mon avis, déclare qu'il s'est dévoyé de son passé désintéressé et tout à la Révolution de l'art le jour où il a commencé sa grande vie du boulevard et ses dîners au café américain, dans la société et les idées d'un monde qui n'était plus le monde de ses débuts.
GONCOURT, Journal, 1894, p. 588.
5. La passion italienne se dévoyait. L'humanisme, en cueillant dans l'œuvre de Platon la fleur presque fanée de l'âme antique, en avait éteint le parfum.
É. FAURE, Hist. de l'art, 1914, p. 382.
B.— En partic. [Avec une idée de dégradation morale] Détourner du droit chemin, entraîner dans l'erreur. « Mes mains sont impures, la glaise que je pétris vous ressemble, vous m'avez dévoyé » (PÉLADAN, Vice supr., 1884, p. 99) :
6. Ferdinand n'était-il pas foncièrement mauvais; si on ne l'avait pas dévoyé au collège de Saint-Margelon, il aurait pu faire un bon Haudouin de campagne.
AYMÉ, La Jument verte, 1933, p. 136.
Prononc. et Orth. :[devwaje], (je) dévoie [devwa]. Ds. Ac. 1694, 1740-1932 sous la forme mod.; ds Ac. 1718, s.v. desvoyer. Conjug. Cf. aboyer. Étymol. et Hist. Ca 1150 desveier « faire sortir du droit chemin, égarer » fig. (WACE, La Vie de Saint Nicolas, éd. E. Ronsjö, 1164). Dér. de voie; préf. dé-; dés. -er; ou peut-être formé comme anton. d'avoiier. Fréq. abs. littér. :21.

dévoyer [devwaje] v. tr.
ÉTYM. V. 1150, desveier; de 1. dé-, voie, et suff. verbal.
1 Vieilli ou littér. Détourner du chemin, de la voie. Dépister, dérouter, écarter.Figuré :
1 (…) les premiers pas, si fréquemment, dévoient si irrémédiablement quand ils semblent orienter !
Louis Madelin, Talleyrand, I, I, p. 18.
Techn. || Dévoyer un tuyau de cheminée, de descente, le détourner de la verticale ( Dévoiement, 1.). Dévier.
2 Fig. Cour. Détourner du droit chemin, de la morale, entraîner dans l'erreur. Pervertir.
2 (…) tu pleures (…) sur les enfants du prophète que le détestable Omar a dévoyés (…)
Montesquieu, Lettres persanes, CXXIV.
3 (Ils accusaient sa liaison) d'avoir développé chez lui cet esprit de dénigrement, ce mauvais esprit, de l'avoir « dévoyé », en attendant qu'il se « déclassât » complètement.
Proust, À la recherche du temps perdu, t. V, p. 22.
3.1 Raphaël s'est énervé et a répondu que les luttes étudiantes étaient dévoyées de leur vrai but par une propagande irresponsable (…)
Raymond Jean, les Deux Printemps, p. 125.
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se dévoyer v. pron.
Fig. Littér. Écarter (s'écarter du droit chemin), égarer (s'), perdre (se). || Il se dévoie de plus en plus, malgré les remontrances.
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dévoyé, ée p. p. adj.
1 Rare. Mis hors du bon chemin; qui change de direction. Spécialt, mar. || Couples dévoyés ( Couple, II., 2.).
2 Fig. || Jeune homme dévoyé.
4 En ces lieux où l'Église appelle ses enfants dévoyés (…)
Bossuet, Égl., 3, in Littré.
5 Sa curiosité est jusqu'à présent dévoyée; ou plutôt, elle est demeurée à l'état embryonnaire, au stade de l'indiscrétion.
Gide, les Faux-monnayeurs, III, XV, p. 461.
N. || Un jeune dévoyé : jeune homme, jeune fille qui a commis des actes répréhensibles ( Délinquant).
CONTR. Remettre (dans le bon, le droit chemin).
DÉR. Dévoiement.

Encyclopédie Universelle. 2012.